Sauf changement de dernière minute, Dominique Bussereau, ministre de l’Agriculture, sera à Cognac le 28 octobre prochain, de 16 heures à 18 heures. La précédente visite d’un ministre de l’Agriculture remonte à septembre 2000. A l’époque, Jean Glavany, ministre du gouvernement Jospin, avait fait le déplacement à la fois pour lancer les CTE (Contrats territoriaux d’exploitation) et pour baptiser le SGV Cognac qui avait tenu son assemblée constitutive quelques heures plus tôt. Alors que le rendement agronomique allait s’appliquer pour la première fois aux Charentes, le ministre se faisait le chantre de la maîtrise des rendements. « Tout le monde doit comprendre que la course au rendement est une mauvaise solution pour le vignoble. » Les ministres passent et avec eux leurs certitudes. Aujourd’hui, les « hauts rendements » appliqués à des débouchés spécifiques sont considérés comme un des piliers de la réorganisation du vignoble charentais et comme un facteur de compétitivité pour l’ensemble de la viticulture française. La présence de Dominique Bussereau à Cognac répond semble-t-il à une conjonction de souhaits : souhait de l’interprofession de recevoir le ministre, exprimé dès sa nomination ; souhait du ministre de venir en Charentes et souhait des syndicats de s’exprimer devant le ministre. La réunion du 28 octobre se tiendra dans les locaux du BNIC. La liste d’invités compte environ 80 personnes, les 34 membres de l’assemblée plénière, les élus –députés, sénateurs, conseillers généraux – chargés de porter le plan d’avenir viticole, l’administration concernée ainsi que deux personnes du Modef, à la demande du ministre. Sans présumer des propos de D. Bussereau ce jour-là, des sources concordantes assurent que le ministre « vient donner un dernier élan au projet de réorganisation de la région ». A l’ordre du jour sont prévues une présentation de la région par un membre du BNIC et une présentation de l’OCM par quelqu’un du ministère. Par des exemples chiffrés, le BNIC illustrera les avantages et les inconvénients du système d’affectation parcellaire. « Nous sommes bien conscients que ce n’est pas une réforme qui résoudra tous les problèmes mais elle permet de répondre à une première question : après l’OCM, on fait quoi ? »
De belles espérances de qualité malgré l’impact de la sécheresse
La récolte 2005 fait partie de ces millésimes où beaucoup de conditions ont été réunies pour élaborer des productions de très bonne qualité. Le climat extrêmement sec mais pas brûlant du printemps et de l’été 2005 a permis de mûrir les raisins progressivement, de pousser assez loin les maturités en respectant l’expression de la typicité traditionnelle des terroirs. D’une façon unanime, les raisins de Chardonnay, de Sauvignon, de Colombard, d’Ugni blanc, de Merlot et de Cabernet avaient un état sanitaire parfait au moment de leur récolte et les vendanges se sont déroulées dans des conditions sèches et sous un climat assez tempéré. Le bon équilibre sucres/acidité, la présence de précurseurs d’arômes en quantité suffisante, des teneurs en matière colorante intéressantes et des rendements moyens constituent des éléments propices à l’élaboration de vin de qualité. Le seul bémol à ce discours général optimiste sur la qualité du futur millésime est bien sûr l’impact de la sécheresse sur les zones les moins arrosées. Cela a amplifié les différences de comportement des parcelles et l’hétérogénéité de production au sein d’une même propriété s’avère importante. Certaines vignes se sont littéralement bloquées à partir du 20 août et malgré les petites pluies de septembre elles n’ont pas récupéré. La succession de récoltes généreuses depuis plusieurs années et les itinéraires culturaux fortement empreints d’un réalisme économique incontournable ne sont sûrement pas étrangers à « ce coup de fatigue » dont on espère qu’il n’aura pas de conséquences sur la productivité à venir de ces parcelles.
Dans les zones plus sévèrement touchées par la sécheresse, le millésime 2005 est décevant sur le plan des volumes et même de l’équilibre des vins, et ce qui est paradoxal cette année c’est que cela touche des propriétés réparties dans l’ensemble de la région délimitée. Il ne s’agit donc pas d’un phénomène local mais d’un contexte plus général à l’ensemble du vignoble des deux départements. L’impact de la sécheresse et des stress hydriques s’est extériorisé par une forte hétérogénéité de la charge et du poids des grappes liés à la nature du sols, à l’entretien des sols et aussi à la gestion globale de l’itinéraire agronomique des parcelles depuis plusieurs années. ll n’est pas rare d’observer sur une même exploitation que deux parcelles, l’une produisant 90 ou 100 hl/ha et l’autre 130 ou 140 hl/ha aient un TAV potentiel identique voire en défaveur du faible rendement. La diminution des rendements sur certaines propriétés de 10 à 20 hl/ha risque de pénaliser la trésorerie des exploitations pour l’année à venir.
Expéditions records sur le mois d’août 2005
Avec 37 700 hl AP de Cognac expédiés au cours du mois d’août 2005 (dont 36 872 hl AP à l’export), la région signe un record historique. Depuis que le Cognac est Cognac, c’est la première fois que des sorties mensuelles atteignent un tel niveau. Le marché américain y concourt pour plus de 60 % des volumes. A quoi doit-on cette bonne aubaine ? A des achats d’anticipation réalisés en vue des fêtes de fin d’année qui se décaleraient dans le temps ? Depuis deux ou trois ans déjà, les traditionnels bons mois d’octobre-novembre avaient tendance à glisser vers septembre-octobre. Dorénavant, le mois d’août s’imposerait t-il comme la dernière « date line », date limite de grossistes en mal de projection dans le temps ? Ou faut-il tout simplement porter cette performance au crédit de la belle vitalité du commerce et de ses acteurs. Sans faire chavirer les têtes, ce score est à savourer sans restriction. D’autant plus qu’il s’inscrit dans un bon «trend ». L’année mobile arrêtée au 31 août 2005 figure comme la troisième meilleure année mobile de toute l’histoire du Cognac, après septembre 1988/août 1989 et septembre 1989/août 1990. A cette époque, les sorties de Cognac avaient atteint respectivement 479 749 hl AP et 496 766 hl AP, chiffres à comparer aux 460 687 hl AP enregistrés sur les douze mois.
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