Le Dynamisme De La Cave Des Hauts De Gironde

17 mars 2009

village_et_vignes_opt.jpegLa cave des Hauts de Gironde est devenue un acteur incontournable de l’aire de production du nord-Gironde au cours des deux dernières décennies. La culture de cette entreprise fondée sur le développement de moyens techniques au vignoble et au chai en phase avec les débouchés commerciaux semble toujours d’actualité. L’exercice 2006-2007 clos au 30 août dernier atteste du bien-fondé de cette stratégie qui permet aux 500 viticulteurs sociétaires de dégager des niveaux de revenus satisfaisants par rapport à leurs collègues de la région. Le contexte de commercialisation des vins de Bordeaux n’a pas encore retrouvé le dynamisme du début des années 2000 mais un certain nombre d’indicateurs tendent à prouver que le niveau des transactions sur les vins rouges commence à s’améliorer. La stratégie de développement présentée l’année dernière par le conseil d’administration commence à rentrer dans une phase opérationnelle et une mise en commun des moyens commerciaux est en train de se mettre en place avec la coopérative Alliance Bourg.

La récolte 2006 a été bonne en volume et en qualité et la coopérative a pu tirer le meilleur profit de la qualité des raisins. Les aménagements des équipements de vinification sur les sites de Saint-Gervais, de Générac et d’Anglade et l’engagement des adhérents dans des itinéraires culturaux plus qualitatifs commencent à porter leurs fruits au niveau de la qualité des vins. La symbiose entre les quatre unités de terroirs est maintenant « digérée » et l’équipe dirigeante de la cave souhaite conserver un conseil d’administration de 33 membres pour assurer une meilleure représentativité géographique des 500 viticulteurs sociétaires.

Établir des relations d’efficacité et de confiance entre la cave et ses adhérents

Le président, M. Stéphane Héraud, considère que l’avenir de la coopérative et des sociétaires résident dans la capacité de l’entreprise à élaborer des productions qui soient en phase avec les attentes de la filière commerciale. Le contexte difficile du marché des vins de Bordeaux n’a pas empêché la cave de faire preuve de dynamisme en présentant l’année dernière son projet d’entreprise à l’horizon 2012. Le développement de la production des vins blancs, une meilleure adaptation des sélections de terroirs aux différentes qualités de vins rouges et des investissements conséquents dans de nouvelles démarches de commercialisation font partie des axes stratégiques de développement et le projet commence à entrer progressivement dans une phase opérationnelle.

S. Héraud affiche une certaine sérénité vis-à-vis de l’état d’esprit de la cave des Hauts de Gironde qu’il entend continuer de « cultiver » : « Les méthodes de productions que nous avons mises en œuvre depuis plus de 10 ans pouvaient être qualifiées de trop contraignantes au début des années 2000 alors qu’aujourd’hui, elles s’avèrent indispensables à la recherche de débouchés à plus fortes plus-values. Depuis son origine, la cave des Hauts de Gironde a toujours essayé de travailler en partenariat avec des opérateurs du négoce qui étaient à la recherche de qualités de vins bien spécifiques. Cet engagement dans des démarches de productions qualitatives et contractuelles s’est révélé intéressant pour la cave et ses adhérents au cours des dernières années. Par contre, l’élaboration de produits en blancs comme en rouges plus qualitatifs repose sur une démarche globale de production au niveau du vignoble et des méthodes de vinification. Au fil des années, les résultats de ces efforts ont permis de construire des relations de travail contractuelles dans la pérennité avec de grands négociants de la région de Bordeaux. Faire de la qualité permet d’accéder à des débouchés dégageant une meilleure valorisation et cela renforce l’image de professionnalisme et de sérieux de notre entreprise dans le milieu du vin. Les trois caves (Anglade, Générac et Saint-Gervais) qui sont venues nous rejoindre, il y a quelques années, sont maintenant parfaitement intégrées dans l’organisation de l’entreprise. Établir des relations d’efficacité et de confiance avec tous les sociétaires est pour nous une priorité car la qualité des raisins est au centre de nos préoccupations. L’équipe de techniciens viticoles de la cave entretient un dialogue réaliste avec les viticulteurs pour les aider à maîtriser la conduite des vignes et leur proposer une série de prestations qui contribuent à améliorer leur compétitivité économique. Notre philosophie est d’essayer d’apporter un maximum de services aux adhérents en leur proposant des initiatives concrètes comme la possibilité d’acheter des produits phytosanitaires à des conditions compétitives, des formations, des suivis de vignobles tout au long de l’année. L’esprit des Hauts de Gironde ne se limite pas aux seuls aspects techniques, nous essayons aussi d’informer les adhérents sur l’activité commerciale de l’entreprise et de les impliquer dans des démarches d’animations commerciales sur les points de vente en grande distribution. Au départ, ce travail d’investissement personnel des viticulteurs au service de la commercialisation des productions a été perçu comme une contrainte mais maintenant c’est beaucoup mieux compris. Certains considèrent que le fait de dialoguer directement avec les consommateurs en France ou en Angleterre donne un sens supplémentaire à leur métier de viticulteur sociétaire d’une coopérative. »

Des vins blancs qui se « vendent » toujours bien

La cave des Hauts de Gironde a toujours cru dans l’avenir de la production des vins blancs secs et au milieu des années 90, elle a incité les viticulteurs à conserver leurs surfaces de Sauvignon. A cette époque, les responsables ont même demandé aux viticulteurs de reconvertir d’autres cépages blancs en Sauvignon.

Cette volonté stratégique de pérenniser la production de vins blancs secs aromatiques s’avère être aujourd’hui un atout important pour la coopérative qui est devenu le premier producteur de Sauvignon du Bordelais. S. Héraud ne cache pas que la filière vins blancs des Hauts de Gironde se porte bien malgré un seul problème, le manque de vin : « Grâce au travail que nous avons engagé depuis des années avec des partenaires négociants, la cave est devenue le leader de la production de Sauvignon de qualité en Gironde. La demande de vins de la part des acheteurs est supérieure à notre capacité de production. Depuis la récolte 2006, nous avons fait adhérer et vinifier la production de surfaces en Sauvignon supplémentaires de deux nouvelles caves, Le Fleix et Périssac. Cela nous a permis d’augmenter notre production et de pouvoir commercialiser 25 000 hl en 2006. Les niveaux de valorisation des Sauvignon ont été en 2006 de 1 100 €/tonneau et en 2007, nous atteindrons le niveau de 1 200 €/tonneau. »

des viticulteurs réticents pour planter du sauvignon

Dans le cadre du projet d’entreprise à l’horizon 2012, une volonté d’augmenter les surfaces de Sauvignon de 200 ha supplémentaires a été clairement affichée. Or, les viticulteurs semblent ne pas adhérer pour l’instant à cette démarche de reconversion de surface de cépage rouge en Sauvignon. En fait, la forte sensibilité de ce cépage aux maladies du bois explique les réticences des producteurs. La perspective de renouveler des parcelles de Sauvignon au bout de seulement 20 ans constitue aujourd’hui un frein majeur au développement de cette production alors que les niveaux de valorisation/hectare restent très intéressants. Les techniciens de la cave ont effectué une analyse économique qui met en évidence un gain de revenu de 1 000 €/ha/an pour les Sauvignon même si les plantations sont amorties sur une durée plus courte de 15 ans au lieu de 25 ans.

Cet argument économique n’a pas pesé assez « lourd » par rapport aux aspects de vieillissement des parcelles et à la lourdeur des travaux de complantation et de renouvellement plus rapide des plantations. S. Héraud ne désespère pas de convaincre ses collègues viticulteurs de planter de nouvelles surfaces de Sauvignon : « Je suis convaincu que pour la pérennité économique de nos propriétés et de la cave, la production de vins blancs de Sauvignon est vraiment une diversification très intéressante. Notre objectif reste de produire 10 000 hl de Sauvignon supplémentaires dans les 10 ans à venir. Il faut que l’on réfléchisse à de nouveaux moyens pour développer la production de Sauvignon. »

75 % de la production de vins rouges sont pré-vendus

La production de vins rouges représente environ 80 % des volumes de la coopérative et les conditions de marché restent encore assez difficiles. Dans le cadre du projet d’entreprise 2007-2012, l’analyse du potentiel de production de vins rouges a révélé que 75 % de la production étaient commercialisés d’une façon dominante grâce à des partenariats avec des sociétés de négoce et ensuite par les débouchés bouteilles directement maîtrisés par la cave. Par contre, environ 30 000 hl de vins les moins qualitatifs sont moins bien valorisés et le conseil d’administration s’est fixé des objectifs à moyen terme pour remédier à cette situation. S. Héraud tient sur ce sujet un discours réaliste qui fait partie des objectifs du projet d’entreprise 2007-2012 : « Sur l’ensemble des sites de la cave, 75 % des volumes de vins rouges sont pré-vendus de façon contractuelle auprès du négoce bordelais et grâce à nos débouchés bouteilles propres. Nos priorités sont d’essayer d’améliorer le revenu des adhérents et de pérenniser les structures de la coopérative, et pour atteindre ces objectifs nous cherchons en permanence à répartir les risques économiques en diversifiant les types de production, les partenariats avec le négoce et en investissant dans le développement des ventes en bouteilles. Dans le cadre du projet d’entreprise 2007-2012, le volume de 30 000 hl de vins rouges mal valorisés a été au centre de nos préoccupations et trois initiatives majeures ont été engagées. La première consiste à reconvertir une partie des surfaces de cépages rouges en Sauvignon blanc, la seconde est de développer la production de vins rosés et la troisième est d’améliorer la qualité des vins rouges. Le travail de fond qui a démarré depuis deux ans sur l’appréciation des potentialités des différents terroirs commence à porter ses fruits. A chaque qualité de raisins correspond un type de vin et des moyens de vinifications adaptés. Il est capital pour les œnologues de la cave de connaître le potentiel de qualité des raisins avant de les récolter. »

m_stphane_hraud_opt.jpegPour les Merlot et les Cabernet, un gros travail de sélection de terroir a été engagé depuis deux ans et la production des parcelles est soit destinée à des vins rosés ou en rouges avec des méthodes de vinification différentes. Les vins rouges sont vinifiés selon des approches très différentes, un esprit de grande garde avec des cuvaisons longues de trois à quatre semaines, un schéma traditionnel avec des cuvaisons de 10 à 15 jours et une approche plus technologique avec la thermovinification. Le travail en amont au vignoble des viticulteurs permet de tirer le profit de chaque terroir et de réguler les niveaux de production en fonction des objectifs qualitatifs à atteindre.

Un net développement de la production de vins rosés depuis 2 ans

L’élaboration de vins rosés est une piste de diversification de la production que la coopérative a fortement développée au cours des deux dernières récoltes. Cela a permis d’affecter à cette production un ensemble de parcelles dont la maturité phénolique avait du mal à être atteinte alors qu’elles présentaient des potentialités sur le plan de l’expression aromatique. Le développement de cette nouvelle « famille » de produits s’est mis en place grâce à l’aboutissement de contacts commerciaux avec des négociants bordelais. 2006 a été une année test et c’est vraiment en 2007 que des volumes conséquents ont été élaborés. S. Héraud considère que la production de vins rosés est actuellement une filière aussi intéressante que les vins blancs au niveau des revenus bruts dégagés : « La volonté de faire des rosés s’inscrit dans notre stratégie de recherche de nouvelles pistes de valorisation. Comme nous disposons d’infrastructures technologiques performantes pour vinifier des blancs, l’élaboration de vins rosés n’a pas nécessité d’investissements supplémentaires et sur le plan technique nos œnologues étaient en mesure de satisfaire aux exigences des cahiers des charges qui nous étaient imposées. Nous avons réalisé une affection parcellaire spécifique pour les rosés et la récolte est intervenue assez tôt (juste après les Sauvignon) car nous avons cherché à élaborer des produits frais, d’une couleur claire et franche, et souvent issus de pressurage direct. Cela a démarré doucement en 2006 et en 2007 on a vinifié 10 000 hl qui sont pré-vendus. Pour les viticulteurs, les rosés sont valorisés sur une base de prix compris entre 1 050 et 1 100 € le tonneau. Avec des rendements qui sont près de 55 hl/ha, on arrive à des revenus bruts/ha proches de ceux des Sauvignon. »

Le marché régional des vins rouges dans une phase de léger redressement

Le marché régional des vins rouges de Bordeaux génériques semble être entré dans une phase de léger redressement qui est liée à une augmentation des ventes à l’exportation et aussi à une diminution des stocks. La récolte 2007 assez proche de celle de 2006 en volume peut laisser espérer que le cycle baissier des dernières années s’est inversé.

S. Héraud reste néanmoins très prudent vis-à-vis de cette nouvelle conjoncture qu’il qualifie de moins défavorable : « La progression des ventes à l’exportation, la volonté des producteurs de réduire les volumes de production depuis plusieurs années semblent être à l’origine de la remontée des cours du vrac des Bordeaux rouges depuis 6 mois. Les cours du vrac ont augmenté de 100 à 150 €/tonneau et aujourd’hui on atteint le seuil des 950 €. Ce redressement est bien sûr une bonne nouvelle mais il convient de rester prudent pour l’avenir car le contexte économique mondial est incertain. »

Au niveau des cépages rouges, la valorisation de la récolte 2006 va permettre aux viticulteurs d’obtenir des niveaux de revenus bruts moyens proches de 5 500 à 6 000 €/ha (frais de vinification déduits). Les responsables de la coopérative sont à la fois soucieux d’optimiser les coûts d’exploitation de l’entreprise et volontaristes sur le plan de la commercialisation.

Une Union commerciale entre Alliance Bourg et la cave des Hauts de Gironde

Dans le courant de l’année 2007, le rapprochement des coopératives Bourg-Tauriac, de Lansac et de Pugnac s’est effectué sous la forme d’une seule entité : Alliance Bourg. La nouvelle coopérative qui est devenue le premier producteur de vins de Côtes de Bourg (65 000 hl de vin dont 50 000 hl de Côtes de Bourg) collecte la production de 275 viticulteurs représentant une surface en vigne de 1 300 ha. Suite à cette évolution, des discussions informelles se sont engagées entre les conseils d’administration d’Alliance Bourg et de la cave des Hauts des Gironde qui évoluent sur des territoires à la fois complémentaires et dont les types de production sont assez comparables. Le dialogue entre les responsables a révélé un certain nombre de préoccupations communes des deux entreprises au niveau d’une part de leur attachement respectif à leurs aires de production et d’autre part au niveau de la mise en marché de leurs productions.

Par ailleurs, des connexions naturelles de territoire existent entre ces deux vignobles et leurs productions viticoles. Un projet d’une collaboration qui respecte l’ancrage local de chaque entité s’est donc progressivement formalisé et cela a débouché sur la mise en place de structures de commercialisation communes. L’accord de partenariat entériné à la fin du mois de décembre dernier entre la coopérative Alliance Bourg et la cave des Hauts de Gironde concerne la mise en place des structures de commercialisation communes pour les productions de vrac et les ventes en bouteilles.

Une union de coopératives, Alliance « Côtes en Bordeaux », a été créée pour harmoniser les démarches techniques de production et la commercialisation des productions en vrac. La commercialisation des produits conditionnés des deux coopératives et la gestion de l’ensemble des magasins de ventes seront confiées à la SAS de Tutiac (anciennement la SAS des Vignerons des Hauts de Gironde) dont le siège social va s’implanter à Pugnac. L’objectif est d’essayer de tirer profit de l’effet de synergie des gammes de vins des Côtes de Bourg et des Côtes de Blaye pour se donner les moyens de commercialiser dans de meilleures conditions la production totale de 220 000 hl de vin.

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