Le développement durable devient une thématique viticole

20 avril 2010

Au début des années 2000, le développement durable était un sujet que de nombreux observateurs qualifiaient de futuriste et d’effet de mode. A peine 10 ans plus tard, c’est devenu une réalité qui concerne tous les secteurs d’activité et tous les produits. Toutes les grandes sociétés produisant et distribuant des vins et spiritueux dans le monde se sont engagées dans ces démarches pour satisfaire à une demande d’information de la société civile sur ce sujet. En effet, une frange de consommateurs de plus en plus importante semble porter un intérêt grandissant à la qualité environnementale des produits qu’ils achètent.

 

 

lafage.jpgLe développement durable est un concept récent dans l’univers des grandes entreprises et le groupe Rémy Cointreau fait partie des acteurs qui se sont fortement investis dans cette démarche. La notion de développement durable reste assez difficile à cerner précisément par de nombreux observateurs, même si le sens de ces trois termes peut être associé au respect de l’environnement. Dans la période actuelle, le respect de l’environnement est devenu une problématique de société importante que les consommateurs cautionnent.

« Qu’est-ce que le développement durable »

Qu’est-ce que le développement durable et en quoi un groupe comme Rémy Cointreau peut être concerné par cette problématique ? Christian Lafage, le directeur développement durable au sein de cette société, répond à cette question avec des arguments à la fois concrets et forts : « Le développement durable au sein d’une grande ou d’une petite entreprise est un concept de développement qui repose sur un équilibre entre trois piliers : l’activité économique de l’entreprise, sa responsabilité sociale (vis-à-vis du personnel, des fournisseurs…) et la responsabilité environnementale, c’est-à-dire la maîtrise des impacts environnementaux de son activité. Au sein du groupe Rémy Cointreau, cette notion est apparue au début des années 2000 à l’issue de réflexions internes et très rapidement elle est rentrée dans une phase concrète avec la création de mon poste en 2003. On s’est alors mis à parler de responsabilité sociale et environnementale, la notion de RSE des entreprises. Le développement durable est une réflexion toujours en phase de progression dont la finalité est d’atteindre un point médian, un point d’équilibre. C’est une approche à la fois différente et complémentaire des méthodes de certification existant déjà (certification 14001) qui s’inscrit dans une démarche d’amélioration continue et réaliste. La première phase de la mise en œuvre du DD au sein de notre groupe a été une vaste campagne d’information auprès des différentes filiales et divers services. La réaction des équipes a été dans un premier temps un peu distante compte tenu du caractère novateur du concept. Au fur et à mesure que les équipes ont pris conscience que déjà le DD faisait partie de leurs missions quotidiennes sans être formalisées, le projet à conquis les hommes avec parfois un degré d’investissement surprenant. »

« Le Cognac doit devenir exemplaire sur le plan environnemental »

L’autre question que l’on peut se poser est de savoir ce que peut apporter l’engagement dans des démarches de DD à un groupe comme Rémy Cointreau. La réponse de Ch. Lafage atteste de la forte évolution de concept dans les échanges commerciaux mondiaux :

« En 2003, lorsque le groupe a décidé de lancer la démarche de DD, cette thématique ne représentait qu’un centre d’intérêt marginal dans l’univers commercial des vins et spiritueux alors qu’aujourd’hui c’est devenu une argumentation souvent demandée. La qualité environnementale de nos produits s’intègre progressivement aux éléments de communication incontournables. On est de plus en plus souvent questionné sur tous ces sujets. Au-delà la qualité intrinsèque de nos produits qui est très importante, la qualité environnementale de nos méthodes de production et de celles de nos fournisseurs devient un sujet d’intérêt de la part des distributeurs, des clients et de certains consommateurs. Le Cognac en tant que produit haut de gamme doit devenir exemplaire sur le plan environnemental, d’où l’importance du développement durable et des responsabilités de chaque acteur de l’activité à quelque niveau que ce soit. Chaque collaborateur de Rémy Cointreau doit désormais intégrer la notion de responsabilité environnementale ». A l’échelle mondiale, le développement durable est passé d’une phase embryonnaire en 2000 à un stade d’efficience en 2010. La validation des démarches de développement durable est bien la caution de toute la démarche. En 2000, le pacte mondial de l’ONU a lancé un volet environnement dans le Global Compact auquel les entreprises peuvent adhérer spontanément. En 2003, Rémy Cointreau faisait partie des 10 premières entreprises à y adhérer alors qu’aujourd’hui 5 236 sociétés s’y sont engagées (dont 575 françaises). La démarche repose sur une charte intégrant un volet environnemental conséquent adapté aux entreprises ayant une activité mondiale. Chaque année, une évaluation de la conformité de chaque entreprise aux principes de la charte a lieu en s’appuyant sur des indicateurs mesurables. A l’issue de ces audits, l’adhésion à la charte est remise en cause et tous les ans des radiations ont lieu si les efforts n’ont pas été suffisants (700 à 900 entreprises exclues/an au cours des dernières années). »

Six thèmes d’action bien identifiés

La mise en place d’une stratégie de développement durable au sein du groupe Rémy Cointreau a reposé sur une politique globale qui se décline en 6 thèmes d’action.

Le premier concerne la viticulture liée aux produits Champagne et Cognac. Le groupe souhaite soutenir une viticulture compétitive sur le plan économique et aussi respectueuse de l’environnement, d’où l’intérêt du modèle agriculture raisonnée. Le deuxième thème concerne les relations avec l’ensemble des fournisseurs de matières sèches et de consommables, eux-mêmes impliqués dans les mêmes démarches.

Le troisième thème concerne les sites de production du groupe RC où seront réalisées des études sur les consommations d’énergies, d’eau, le recyclage et la valorisation des déchets, et au final tout cela débouchera sur l’établissement du bilan carbone. Le quatrième thème concerne la communication et la consommation responsables autour de nos produits. La commercialisation des vins et spiritueux s’inscrit dans une démarche économique et sociale fondée sur des approches sages et cohérentes.

Le dernier thème concerne l’engagement des entreprises à être partie prenante dans le développement durable dans les territoires où sont implantées leurs activités. L’enjeu est d’inciter les fournisseurs à partager cette même philosophie de DD.

La viticulture durable est a imaginer et à construire

Les viticulteurs travaillant avec la société Rémy Martin sont donc concernés par la démarche d’engagement dans le DD du groupe Rémy Cointreau, mais à un degré bien différent des autres fournisseurs compte tenu des relations en profondeur qui ont été tissées au fil des décennies. L’importance de la notion de territoire est capitale dans la démarche de production des eaux-de-vie de Cognac et les nouvelles approches de DD tendent à la renforcer. Ch. Lafage considère que les aspects de viticulture durable sont intégrés dans le cadre du deuxième volet du Grenelle de l’environnement : « Dans le cadre de la future réglementation du Grenelle 2 de l’environnement, l’engagement éthique des agriculteurs et des viticulteurs pourra déboucher sur des démarches volontaires de certification de pratiques agricoles à hautes valeurs environnementales. »

La notion d’AHVE (agriculture à haute valeur environnementale) repose sur la mise en œuvre d’une démarche cohérente et globale qui se décompose en plusieurs phases successives : un engagement dans la réalisation d’un diagnostic environnemental d’une propriété, l’identification des points à améliorer, la mise en place d’un plan d’action progressif dans le temps et ensuite l’évaluation du résultat des démarches engagées pouvant aller jusqu’à un audit débouchant sur une certification. La certification intègre des valeurs sur la biodiversité qui représentent des pistes de réflexion pour le futur. C’est une évolution fondamentale de l’agriculture qui se mettra en place plus ou moins vite.

L’environnement doit devenir une préoccupation de production au même titre que les aspects qualitatifs

La société Rémy Martin a engagé en 2008 et en 2009 auprès des livreurs de la coopérative associée Alliance Fine Champagne une démarche d’information importante sur tous ces aspects en s’appuyant sur la nouvelle stratégie de production des domaines Rémy Martin. L’objectif était de sensibiliser les viticulteurs sur l’état d’avancement du Grenelle de l’environnement, de les alerter sur les évolutions probables au cours des cinq prochaines années et d’exposer l’implication du groupe Rémy Cointreau dans les démarches environnementales au travers des indicateurs sur la biodiversité, sur le recyclage des emballages, des démarches de consommation responsables… Ch. Lafage explique que l’évolution des consommateurs sur tous ces aspects est rapide : « Nous sommes convaincus que déjà un certain nombre de consommateurs au moment de l’acte d’achat de nos produits intègrent dans leurs critères de choix une recherche d’information sur les produits les moins pénalisants pour l’environnement. Dans un avenir proche, il est probable que ces nouveaux comportements d’achat vont se développer et un groupe comme le nôtre se doit d’être en mesure d’y faire face. Les actions de sensibilisation que nous avons menées auprès des viticulteurs de la coopérative Alliance Fine Champagne s’inscrivent dans cette démarche au même titre que le travail de fond qui a été accompli au niveau des domaines Rémy Martin. Les vignobles sont un site pilote pour essayer de définir des itinéraires de production conciliant la rentabilité économique, la recherche de qualité et le respect de l’environnement. Des résultats intéressants ont été obtenus et cela a débouché sur l’obtention de la certification Agriculture Raisonnée des domaines Rémy Martin. Nous commençons à avoir quelques échanges sur l’environnement avec certains viticulteurs mais d’ici 5 ans cela deviendra sûrement une véritable thématique de concertation au même titre que les aspects de qualité le sont aujourd’hui. En matière d’environnement et d’agriculture, il faut reconnaître que tout n’est pas noir et tout n’est pas blanc. Par contre, il faut bien reconnaître que le monde agricole véhicule une image environnementale peu positive. C’est dommage car beaucoup d’efforts ont été faits au niveau du traitement des effluents, de la réduction d’utilisation des intrants, du stockage des produits phytosanitaires…

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