Le Contexte Idéal De l’Essai De La Chambre d’Agriculture 16

23 février 2009

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Yoann Lefèbvre, technicien viticole de la Chambre d’agriculture de la Charente.

2006 était une année idéale pour conduire des expérimentations de stratégies de lutte contre l’oïdium. L’équipe de la Chambre d’agriculture de la Charente a su tirer profit de ce contexte de pression de parasitisme exceptionnel avec l’expérimentation mise en place à Barret. La comparaison de plusieurs stratégies de lutte a permis, en autres, de conforter la pleine efficacité des démarrages de protection au stade boutons floraux séparés.

 

 

La Chambre d’agriculture de la Charente a conduit cette année à Barret un essai stratégie de lutte contre l’oïdium dans un contexte de pression de maladie très élevé. M. Yoann Lefèbvre, le technicien viticole de la Chambre d’agriculture qui avait en charge cette expérimentation, avait le souhait depuis plusieurs années de travailler sur les stratégies de lutte contre l’oïdium pour tester de nouvelles spécialités commerciales et aussi mieux comprendre le développement des épidémies. Le hasard d’un contact dans l’été 2005 avec un viticulteur qui rencontrait des problèmes d’oïdium sur des cépages destinés aux vins de pays a permis de trouver une parcelle d’Ugni blanc de coteaux exposée au nord qui présentait une sensibilité à la maladie depuis quelques années. L’idée d’implanter un essai dans un lieu ayant un passé oïdium a tout de suite séduit l’équipe technique de la Chambre d’agriculture de Cognac qui s’est investit dans le projet. Le protocole construit par les conseillers viticoles, Jean-François Allard, Yoann Lefèbvre et Laura Mornet avait comme objectif de mesurer l’incidence des traitements avant le stade boutons floraux séparés avec du soufre mouillable, de comparer plusieurs programmes associant des produits différents et de tester l’efficacité secondaire anti-oïdium de deux nouvelles spécialités anti-botrytis. L’homogénéité végétative de la parcelle et le contexte propice du cycle végétatif 2006 ont permis d’obtenir des résultats très enrichissants dans un essai de plein champ sans contamination artificielle.

Des programmes de traitements cohérents par rapport aux pratiques régionales

Le tableau page 38 présente les 5 stratégies de traitements qui ont été testées. La modalités 1 et 8 assurent une protection du stade 4 feuilles étalées jusqu’à la fin de la fermeture de la grappe. Dans les trois autres situations, la protection commence au stade boutons floraux et se termine aussi à la fermeture de la grappe. La modalité 2 correspond à un programme de traitement assez courant dans la région avec trois IBS (du tébuconazole/le Corail) suivi d’un quinoxyfen. La modalité 1 commence par deux traitements de soufre mouillable précoce et se poursuit par la suite avec un programme de traitements identique à la précédente. La modalité 4 intègre deux traitements de métrafénome, un nouveau produit (le Vivendo de BASF), puis deux kresoxim méthyl (le Stroby DF, une strobilurine), ce qui permet d’alterner deux familles de matières actives durant toute la saison. La modalité 5 s’inscrit dans cette même volonté d’alterner des familles de produits, puisque la première intervention est effectuée avec du dinocap, puis les deux suivantes avec du quinoxyfen et la dernière avec du myclobutanil. Le positionnement d’un dinocap en début de saison a pour objectif de tester « la capacité de nettoyage » de ce produit qui est mise en avant par certains prescripteurs.

La modalité 8 reprend le même programme que la n° 1 mais en y incluant une intervention anti-botrytis avec de la mepanipyrim (du Cockpit) au moment de la nouaison pour apprécier l’effet secondaire sur oïdium de ce produit. L’essai a été mis en place avec de nombreuses répétitions pour tenir compte des disparités de pression de parasitisme et le traitement statistique des résultats atteste de la parfaite fiabilité du dispositif expérimental.

La stratégie des traitements précoces dès le débourrement n’apporte aucune efficacité supplémentaire

L’épidémie d’oïdium s’est installée assez tôt en saison et dès la mi-juin des symptômes caractéristiques étaient présents dans les témoins. Les résultats des notations du 27 juin permettent de se rendre compte de la virulence exceptionnelle de l’oïdium dans cette parcelle puisque l’ensemble des feuilles et des grappes présentent des symptômes. Au cours du mois de juillet, la pression d’oïdium n’a cessé de monter en puissance pour atteindre un niveau de destruction des baies de 90 %, ce qui est exceptionnel dans un essai de plein champ. La comparaison des programmes de traitements 1 et 2 avait pour objectif d’apprécier l’efficacité des deux traitements précoces avec du soufre mouillable supplémentaire. Au vu des résultats des notations du 27 juin et du 1er août, aucune différence significative existe puisque les taux de destruction de baies sont équivalents.

L’incidence des traitements précoces n’est pas du tout validée par cet essai et à l’inverse, le démarrage de la protection à partir du stade boutons floraux est conforté. Dans un contexte de pression oïdium aussi fort (90 % de la récolte détruite dans les témoins), ces deux programmes de traitements ont donné d’excellents résultats puisque les niveaux d’efficacité sont supérieurs à 90 %.

Des différences entre les programmes de traitements en fin de saison

La deuxième partie de cette expérimentation était consacrée à la comparaison dans les modalités 2, 4 et 5 de stratégies de luttes différentes entre le stade boutons floraux séparés et la fermeture de la grappe. Lors de la première notation du 27 juin, les trois programmes de lutte donnaient des résultats équivalents. Par la suite, la montée en puissance de l’oïdium dans l’essai durant tout le mois de juillet a révélé des différences tout en assurant une protection de bonne qualité. Le programme n° 4 associant deux Vivendo et deux Stroby DF est le moins bon puisque le taux de destruction des grappes atteint 14,9 %. Néanmoins le niveau d’efficacité de cette modalité reste correct puisque les témoins sont à cette même période détruits à 90 %. La modalité 5 qui avait pour finalité de tester la capacité « de nettoyage » du dinocap en début de saison n’a pas réellement atteint ses objectifs par rapport au niveau d’efficacité du programme associant trois Corail et un Legend.

Le dernier volet de cette expérimentation a permis de tester l’effet secondaire d’un produit anti-botrytis, le Cockpit, positionné à la fermeture de la grappe en complément d’un programme de traitement anti-oïdium. Les résultats attestent effectivement d’un gain d’efficacité qui est conforté par l’analyse statistique. Le programme de traitement 8 assure la meilleure protection anti-oïdium de cet essai. Néanmoins, le gain d’efficacité reste limité par rapport au programme de référence 1. Pour réellement juger de l’efficacité secondaire du produit, il aurait fallu le tester en substitution d’un traitement oïdium spécifique.

M. Yoann Lefèbvre considère que le principal enseignement de cet essai réside dans le fait que les traitements précoces de l’oïdium avant le stade boutons floraux séparés n’apportent aucun gain d’efficacité supplémentaire. Le contexte de très forte pression du site de Barret ne remet pas en cause la préconisation nationale. La réalisation d’une parfaite couverture entre le stade boutons floraux séparés et la pleine fermeture de la grappe avec seulement quatre traitements (modalité 2) assure sur ce site une bonne protection à un coût très compétitif. 

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