Partir de la vigne et non du chai ou de la distillerie pour faire découvrir l’activité viticole. C’est l’idée de Juliette et Jean-François Quéron de Macqueville, près de Matha, dont le parcours ludique à thème viticole restitue un peu de la magie de l’enfance. Un concept original, inauguré cet été.
l’identique ce qui existe déjà. Et puis Jean-François Quéron est mû par une intuition : partager sa passion de la vigne. Une autre idée lui trotte dans la tête, qui s’inspire des rêves d’enfance : « faire rentrer des gens dans un tonneau ! » Le concept du parcours ludique à travers vignes a trouvé ses bases. il suffit juste de lui adjoindre des compétences. Ce sera l’affaire de trois années de travail avec le coordinateur Thierry Mattera (voir encadré) où toute une équipe va travailler en symbiose, du scénariste au dessinateur en passant par l’atelier graphique, l’éclairagiste, le créateur d’effets spéciaux ou l’illustrateur musical. Juliette Quéron insiste sur le côté familial de l’aventure. « Il fallait que l’histoire que nous allions raconter corresponde à ce que nous sommes. Nous voulions transmettre un patrimoine. » Chaque étape de la création du parcours est validée par la famille, quitte à y consacrer plus de temps. Antoine et Arthur, les deux fils de la maison, s’impliquent à plein dans le projet. Ils passent 7 heures en studio pour enregistrer avec leurs parents les dialogues qui serviront de fil conducteur au parcours. De cette idée de passage de relais entre deux générations se dégage une émotion juste et sensible, perçue par les visiteurs.
Scènes de vie Dans les vignes
C’est sur une parcelle de 30 ares, à proximité de l’exploitation et du magasin de vente, qu’a été implanté « le Cep enchanté », l’espace découverte baptisé aussi « la vigne ludique ». Le tracé du parcours, plus ou moins labyrinthique, a nécessité l’arrachage de nombreux pieds de vignes, pour sauter d’une allée à l’autre. Pincement de cœur assuré au moment de l’arrachage. Les thèmes s’égrènent au fil du cheminement : le foudre magique, les travaux d’hiver, la vigne au printemps, les vendanges, le pressoir, le Pineau, la distillation, le vieillissement, le temple du vin… A chaque étape ou presque son chalet. Les structures en bois proviennent de Roumanie et tous les aménagements intérieurs ont été confiés à des professionnels (voir encadré). « Aujourd’hui, nous pensons avoir créé quelque chose de très original et innovant », constate J.-F. Quéron. Sa femme et lui se remémorent tous ces mois à avoir « bossé comme des forcenés », dans la discrétion et l’anonymat car il ne s’agissait pas de la « ramener », ces années à s’être laissé dévoré par le projet. « Les derniers temps, on ne parlait plus que de cela à table. » Les moments de découragement succèdent aux moments d’euphorie et il faut du courage pour relancer la machine. Sur une exploitation qui continue à développer ses propres exigences sur les parties production, vieillissement, bouteille, il faut savoir « sectoriser ». En même temps, la famille a le sentiment de vivre quelque chose d’exceptionnel et d’intense. Elle fait son miel des rencontres avec les différents intervenants, contacts qui les entraînent loin des préoccupations locales. Le côté innovation
s’avère très stimulant. D’ailleurs, J.-F. Quéron l’avoue. « J’ai besoin de tels challenges. J’ai pris un énorme plaisir à développer ce projet, tant sur le plan intellectuel que technique. » Le circuit de visite a ouvert le 19 juillet dernier, alors que la saison touristique était déjà bien entamée. Le site a néanmoins accueilli de nombreux visiteurs, tous assez « bluffés » par l’endroit et l’atmosphère qui s’en dégage. Les mois d’hiver vont être mis à profit pour travailler le côté communication, un peu négligé dans l’urgence du lancement. L’an prochain, le parcours ouvrira ses portes au mois de mai, week-end, jours fériés et sur réservation ; et à partir du mois de juin, tous les jours, de 10 heures à 23 heures. Ce qui fait dire à J.-F Quéron : « Nous sommes la seule activité touristique à être ouvert tous les soirs jusqu’à 23 heures. » L’entrée, payante, est de 5 € pour les adultes et de 3,5 € pour les enfants. En terme de financement, le projet a bénéficié des aides de la région Poitou-Charentes via le Pays Val de Saintonge ainsi que du soutien européen du Feoga. Les subventions représentent 40 % du budget total (deux fois 20 %). Reste un autofinancement de 60 %, dont le montant constitue une indéniable prise de risque . J.-F. Quéron n’en fait pas mystère. « J’avais le choix entre changer ma machine à vendanger ou créer un parc ludique. J’ai opté pour le Cep enchanté. »
Un spécialiste du « tourisme à thèmes » à Neuvicq-le-Château
Que peut apporter un profil comme le sien à une exploitation viticole ? « Nous pouvons aider les exploitants à se démarquer, trouver une nouvelle forme de notoriété et un public captif. » Il constate que sur le site du Cep enchanté, neuf visiteurs sur dix sont passés par le magasin acheter un produit. « Quelque part, c’est bien là le but », note Th. Mattera.