Rentrer dans le ventre du tonneau

13 mars 2009

Partir de la vigne et non du chai ou de la distillerie pour faire découvrir l’activité viticole. C’est l’idée de Juliette et Jean-François Quéron de Macqueville, près de Matha, dont le parcours ludique à thème viticole restitue un peu de la magie de l’enfance. Un concept original, inauguré cet été.

jean_francois_et_juliette_queron.jpgTrois ans de travail, des centaines d’heures consacrées à valider le scénario, à enregistrer les voix, à installer les chalets, à creuser les tranchées, à passer des câbles électriques dans les rangs de vignes… Avant d’être ludique, le parcours aura été du combattant ou du moins sportif. Toute la famille s’est mobilisée autour du projet, le couple, ses deux enfants, avec le renfort des proches et des amis. Les Quéron ont toujours eu le goût de l’accueil et des échanges. « Si je n’avais pas été viticulteur, j’aurais aimé être hôtelier », avoue J.-F. Quéron. Producteurs de Cognac, de Pineau et de Vins de pays, les Quéron pratiquent déjà la vente directe, à domicile et sur les foires et salons. C’est bien mais ils veulent aller plus loin. Désenclaver ce petit coin de Val de Saintonge loin des grands axes. Ils ont l’exemple tout proche de l’écomusée du Cognac, à Migron, en tout point remarquable. Mais naturellement, il ne s’agit pas de reproduire à
l’identique ce qui existe déjà. Et puis Jean-François Quéron est mû par une intuition : partager sa passion de la vigne. Une autre idée lui trotte dans la tête, qui s’inspire des rêves d’enfance : « faire rentrer des gens dans un tonneau ! » Le concept du parcours ludique à travers vignes a trouvé ses bases. il suffit juste de lui adjoindre des compétences. Ce sera l’affaire de trois années de travail avec le coordinateur Thierry Mattera (voir encadré) où toute une équipe va travailler en symbiose, du scénariste au dessinateur en passant par l’atelier graphique, l’éclairagiste, le créateur d’effets spéciaux ou l’illustrateur musical. Juliette Quéron insiste sur le côté familial de l’aventure. « Il fallait que l’histoire que nous allions raconter corresponde à ce que nous sommes. Nous voulions transmettre un patrimoine. » Chaque étape de la création du parcours est validée par la famille, quitte à y consacrer plus de temps. Antoine et Arthur, les deux fils de la maison, s’impliquent à plein dans le projet. Ils passent 7 heures en studio pour enregistrer avec leurs parents les dialogues qui serviront de fil conducteur au parcours. De cette idée de passage de relais entre deux générations se dégage une émotion juste et sensible, perçue par les visiteurs.

Scènes de vie Dans les vignes

C’est sur une parcelle de 30 ares, à proximité de l’exploitation et du magasin de vente, qu’a été implanté « le Cep enchanté », l’espace découverte baptisé aussi « la vigne ludique ». Le tracé du parcours, plus ou moins labyrinthique, a nécessité l’arrachage de nombreux pieds de vignes, pour sauter d’une allée à l’autre. Pincement de cœur assuré au moment de l’arrachage. Les thèmes s’égrènent au fil du cheminement : le foudre magique, les travaux d’hiver, la vigne au printemps, les vendanges, le pressoir, le Pineau, la distillation, le vieillissement, le temple du vin… A chaque étape ou presque son chalet. Les structures en bois proviennent de Roumanie et tous les aménagements intérieurs ont été confiés à des professionnels (voir encadré). « Aujourd’hui, nous pensons avoir créé quelque chose de très original et innovant », constate J.-F. Quéron. Sa femme et lui se remémorent tous ces mois à avoir « bossé comme des forcenés », dans la discrétion et l’anonymat car il ne s’agissait pas de la « ramener », ces années à s’être laissé dévoré par le projet. « Les derniers temps, on ne parlait plus que de cela à table. » Les moments de découragement succèdent aux moments d’euphorie et il faut du courage pour relancer la machine. Sur une exploitation qui continue à développer ses propres exigences sur les parties production, vieillissement, bouteille, il faut savoir « sectoriser ». En même temps, la famille a le sentiment de vivre quelque chose d’exceptionnel et d’intense. Elle fait son miel des rencontres avec les différents intervenants, contacts qui les entraînent loin des préoccupations locales. Le côté innovation
s’avère très stimulant. D’ailleurs, J.-F. Quéron l’avoue. « J’ai besoin de tels challenges. J’ai pris un énorme plaisir à développer ce projet, tant sur le plan intellectuel que technique. » Le circuit de visite a ouvert le 19 juillet dernier, alors que la saison touristique était déjà bien entamée. Le site a néanmoins accueilli de nombreux visiteurs, tous assez « bluffés » par l’endroit et l’atmosphère qui s’en dégage. Les mois d’hiver vont être mis à profit pour travailler le côté communication, un peu négligé dans l’urgence du lancement. L’an prochain, le parcours ouvrira ses portes au mois de mai, week-end, jours fériés et sur réservation ; et à partir du mois de juin, tous les jours, de 10 heures à 23 heures. Ce qui fait dire à J.-F Quéron : « Nous sommes la seule activité touristique à être ouvert tous les soirs jusqu’à 23 heures. » L’entrée, payante, est de 5 € pour les adultes et de 3,5 € pour les enfants. En terme de financement, le projet a bénéficié des aides de la région Poitou-Charentes via le Pays Val de Saintonge ainsi que du soutien européen du Feoga. Les subventions représentent 40 % du budget total (deux fois 20 %). Reste un autofinancement de 60 %, dont le montant constitue une indéniable prise de risque . J.-F. Quéron n’en fait pas mystère. « J’avais le choix entre changer ma machine à vendanger ou créer un parc ludique. J’ai opté pour le Cep enchanté. »

Un spécialiste du « tourisme à thèmes » à Neuvicq-le-Château

tourisme_a_theme.jpgLa Charente-Maritime a beau être l’un des premiers départements touristiques français, Neuvicq posséder un authentique château Renaissance, il y a quelque chose d’inattendu à trouver une société d’ingénierie touristique dans cette commune rurale du Val de Saintonge. Et pourtant Thierry Mattera y a fondé en 1996 sa société « Tourisme à thèmes ». Que recouvre le barbarisme de « Tourisme à thèmes » ? Les années 90 ont vu fleurir les routes touristiques, les week-ends de remise en forme et autres « packages ». Dorénavant, aux simples lieux de visites, se substitue l’idée de « produits touristiques ». C’est le concept de tourisme culturel – la route de Saint-Jacques-de-Compostelle, le circuit des églises romanes… – celui de tourisme industriel, ou œnologique… Propriétaire d’une maison de famille à Neuvicq-le-Château, Th. Mattera fut tour à tour cadre supérieur du tourisme pour les collectivités publiques, directeur régional du tourisme outre-mer pour les Antilles et la Guyane. De retour en métropole, il crée sa propre entreprise et conduit plusieurs projets, dans ses trois régions d’élection que sont la Bretagne, les Landes et bien sûr le Poitou-Charentes. Parmi les dernières études en date, le concepteur cite la création de quatre routes touristiques dans les Landes sur les thèmes du sel, de l’eau, du bois et du chemin de Saint- Jacques, un musée de la Résistance en Bretagne sur le site d’un des plus gros maquis du lieu, un pôle structurant autour de la musique bretonne, une étude sur une mine de fer de 25 ha, toujours dans la région ouest, un chemin de la Paix pour la commune de Matha, doublé d’un arboretum et d’un jardin des connaissances. Il fut aussi « l’inventeur » du port miniature de Saint-Savinien, souvenir d’un voyage en Afrique du Sud où, enfant, il avait vu des bateaux à moteur évoluer dans le port de Durban. A ce jour, il existe 85 ou 90 ports miniatures de ce genre, un peu partout en France. Th. Mattera se désigne comme un polyvalent, capable de réaliser l’interface entre plusieurs métiers, du géo-marketing à l’analyse des besoins techniques d’un site touristique. Il comprend le langage des techniciens – éclairagistes, scénaristes, costumiers, ingénieurs du son – et peut donc les faire travailler ensemble. Tel fut son rôle chez Juliette et Jean-François Quéron, en plus de bien saisir leurs attentes. « Nous nous sommes mutuellement alimentés », dit-il.

Que peut apporter un profil comme le sien à une exploitation viticole ? « Nous pouvons aider les exploitants à se démarquer, trouver une nouvelle forme de notoriété et un public captif. » Il constate que sur le site du Cep enchanté, neuf visiteurs sur dix sont passés par le magasin acheter un produit. « Quelque part, c’est bien là le but », note Th. Mattera.

 

 

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