Le bon, les déceptions, les surprises, …

16 janvier 2018

      Que retiendra-t-on de l’année 2017 dans la région de Cognac ? Du bon, des déceptions, des surprises et des inquiétudes ! Ce millésime aura été marqué par une série d’événements « hors-norme » qui resteront gravés dans les mémoires. Des performances commerciales exceptionnelles avec un niveau d’expéditions annuel dépassant 555 000 hl d’AP, un gel d’envergure impactant les volumes de production, les prémices des débats de fond sur l’accroissement de la surface du vignoble.

 

      Les progressions volumiques et en valeur des ventes de Cognac concernent tous les grands marchés et toutes les qualités. Les États-Unis toujours portés par des ventes de VS dynamiques ; l’Asie dominée par l’expansion des qualités VSOP et XO ; des débouchés fermes au sein de l’union Européenne, une nette reprise en Russie et l’apparition de divers marchés émergeants. Les grandes maisons ont été les moteurs de cette conjoncture dynamique et les retours de leurs équipes commerciales témoignent de des belles perspectives pour les prochaines années. Au niveau du petit et moyen négoce dont les débouchés sont beaucoup plus segmentés, la dynamique a été globalement positive, plus mesurée et diverse selon les entreprises. Cette conjoncture euphorique renforce la psychose du manque d’eaux-de-vie d’ici quelques années.

 

      La récolte 2 017 a été fortement impactée par un gel de printemps d’envergure ayant touché plus d’un hectare sur deux. Au final, le rendement moyen régional devrait se situer autour de 8,65 hl d’AP/ha ce qui est une belle surprise. La climatologie favorable de fin de saison et le bon potentiel agronomique des îlots épargnés par le gel ont limité les conséquences « du coup de froid printaniers ». Le potentiel de distillation total du millésime serait légèrement supérieur à 630 000 hl AP sans la réintroduction des volumes de réserve climatique. Un tel niveau de production représente une belle performance et témoigne du professionnalisme des viticulteurs. À titre de comparaison, lors de la gelée historique de 1991, le niveau de rendement moyen avait été de 4,60 hl d’AP/ha et les quantités d’eaux-de-vie distillées dépassaient à peine 350 000 hl d’AP. Néanmoins, le niveau du rendement moyen de 2017 masque de fortes disparités de production. Les zones très impactées par le gel n’ont produit que 2 à 5 hl d’AP/ha et d’autres dépassent allégrement 12 hl d’AP/ha. Les propriétés ayant déjà subi des pertes de productions conséquentes liées aux aléas climatiques de 2014, 2 015 ou 2 016 voient donc leur équilibre économique profondément fragilisé. Il faut espérer un millésime 2 018 généreux.

 

 

      Les débats interprofessionnels au cours de l’année ont été riches et porteurs de bonnes et mauvaises nouvelles. Le début de l’année a commencé de manière sombre avec le sinistre dossier des « Vautours » qui contournaient le système des autorisations de plantations propre à la région. La mobilisation  de tous les acteurs de l’interprofession a permis de trouver une solution solide dans le cadre d’une modification de la réglementation Européenne visant à interdire les acquisitions d’autorisations de plantation dans d’autres bassins de production. Ensuite, le renouvellement des membres de l’ODG et les élections au BNIC ont suscité leurs lots de tractations et de surprises résultants de l’émergence de plusieurs dossiers sensibles et fondamentaux pour l’avenir de la filière Cognac. L’adaptation du business-plan, l’accroissement de la surface du vignoble, la segmentation de l’offre commerciale, les approches réglementaires régissant les produits nouveaux, …. déjà au coeur de l’actualité de l’année passée vont continuer de nourrir les débats interprofessionnels de 2018.

     

      Le sujet « hypersensible » concerne l’extension du vignoble Cognac souhaitée par certains acteurs de la viticulture et le grand négoce pour répondre aux besoins des développements commerciaux. Les professionnels ont mis en place le business-plan pour gérer les besoins de production dans le court et moyen terme. Les conclusions actuelles de cet outil d’aide à la réflexion   plaident en faveur d’un accroissement raisonné des surfaces. La plantation éventuelle de 10 000 ha en 5 ans engendrerait une production d’eaux de vie de 100 000 hl d’AP supplémentaire soit l’équivalent des ventes actuelles du N° 2 ou 3 du Cognac. L’outil business-plan prend-il suffisamment en compte les risques  de retournement de conjoncture  et les engagements financiers liés aux investissements dans le capital vignoble ?

 

      On peut penser que ces débats stratégiques risquent d’être animés dans les mois à venir d’autant qu’ils restent « hantés » par les crises de surproduction des décennies 70, 80 et du début des années 2 000. Les aspects de valorisation des productions deviennent également des préoccupations majeures pour faire face aux nouveaux enjeux de viticulture durable. L’augmentation des niveaux de charges inhérents à la production des vins de distillation et des eaux de vie est désormais une réalité incontournable pour maîtriser de façon saine, la gestion des propriétés dans le long terme. Des attentes de revenus suffisantes et stables pour les producteurs représentent aussi un gage de stabilité pour la filière Cognac. Souhaitons que l’état d’esprit de sagesse, d’ouverture et de concertation débouche en 2018 sur une réponse adaptée à la fois aux exigences du développement des ventes de Cognac et à un juste retour de plue-value pour les viticulteurs.

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