Cognac Blues Passions du 2 au 7 juillet 2013

2 juillet 2013

Et bien plus pour cette musique rurale née dans les années 1880 au fin fond du delta du Mississipi. Mais à Cognac, le Festival fête ses vingt ans. Il a accueilli les plus grands, les B.B. King, Junior Welles, Little Milton… Aujourd’hui, l’événement musical n’a plus grand-chose à voir avec le format des débuts. Les vieux blues men sont morts ou trop âgés pour se produire sur scène. Le festival est en train de se réinventer autour des musiques afro-américaines. Mais l’esprit demeure, fait d’un curieux mélange de liberté, d’indépendance, un côté universel qui colle comme un gant à un Cognac, produit « global » vendu à travers le monde.

 

 

p49.jpgAu début fut l’abolition de l’esclavage. Une multitude de petits paysans noirs quittèrent les anciens quartiers d’esclaves pour se lancer massivement sur les routes. Dans ce Sud profond (Deep South) naquit le mythe du « musicien vagabond », marchant au hasard dans la campagne. Il « fait la route », il anime des « Jame-sessions ». Sa solitude, il l’appelle indépendance. Il exprime un désir de fuite, pour ne pas dire de sauve-qui-peut individuel. Un philosophe du Blues comme Philippe Paraire* y voit les prémices « de l’éthique personnelle de nos contemporains. Entre le jeune guitariste ou le rappeur qui “monte” à Paris, New York ou Londres, il n’y a que la différence de huit ou dix décennies. Tous ont choisi l’errance active et solitaire comme solution de vie. »

Contrairement à la « musique assise » (dans les salles de concert), le blues, le folk, la soul, le rock, le hip-hop et toutes leurs déclinaisons actuelles sont des « musiques debout ». Le Blues des musiciens vagabonds est devenu une musique universelle, une morale « sans prêche ni prière ». Certains y voient l’influence du griot africain.

Une infinie mixité

Tout cela pour dire qu’à Cognac aujourd’hui, le Blues joue l’infinie mixité. La programmation 2013 en est l’impeccable illustration. Michel Rolland, le directeur du festival, s’est laissé porter par les opportunités, les envies et aussi parfois, il faut bien le dire, les déprogrammations de dernière minute. Au final, la proposition est éclectique, intuitive et inventive. A la programmation de la grande scène Blues Paradise (dans le jardin public de la ville) s’ajoute une multitude de concerts à découvrir dans de nombreux lieux. Un festivalier heureux est un festivalier actif. Un festivalier « debout » et en marche, comme les vagabonds du Blues des origines.

* Philosophie du Blues, une éthique de l’errance solitaire, par Philippe Paraire – Les éditions de l’Epervier – Prix : 14 €.

Programmation Blues Paradise
21 h 15 – Cody Chesnutt
23 h 15 – Erykah Badu
21 h 15 – Asaf Avidan (Jarnac au cœur du Blues)
22 h 45 – Jimmy & Syleena Johnson (Jarnac au cœur du Blues)
21 h 15 – Sinead O’Connor
23 h 15 – Beth Hart
21 h 15 – Georges Thorogood & The Destroyers
23 h 15 – The Hives
21 h 15 – Cody Chesnutt
23 h 15 – Erykah Badu
21 h 15 – Tia & The Patient Wolves
23 h 15 – Ben harper & Charlie Musselwhite
Les autres scènes :
Tonic Day (scène gratuite ou payante, Jardin public)
Expérience Cognac (scène gratuite ou payante, Jardin public)
Groove au Château (scène payante, Château François 1er)
1715 avenue du Blues (scène payante, Martell & Co)
Toute la programmation à retrouver sur le site internet : www.bluespassions.com

Sharon McDonnell
L’empreinte du Blues
Cette plasticienne américaine, installée dans l’Etat du Mississipi, s’est lancée sur les traces du Blues par un prisme très particulier, celui des visages des grands musiciens noirs âgés ou défunts. L’âme du Blues, elle le grave dans le plâtre. Un travail de mémoire et une exposition que la maison Martell accueille jusqu’au 15 août.
L’installation rappelle étrangement ces guerriers de terre cuite enterrés en Chine sous l’ère de l’empereur Qin, 200 ans avant J.-C. Une même impression de gravité et de sérénité s’en dégage. Il faut dire que la scénographie colle parfaitement au propos. Les masques blancs, révélés par trait de lumière, sont accrochés sur des murs noircis par le temps et le torula. Cette plongée dans l’âme du Blues est d’autant plus émouvante que, parmi la cinquantaine de visages exposés, une dizaine de musiciens sont venus à Cognac depuis le début du festival : Otis Redding, Taj Mahal, Odetta, Bobby Rush… La maison Martell, partenaire historique du festival, s’est réjouie d’accueillir cette exposition. « Elle rajoute une autre dimension à notre participation. » Alors que la scène « 1715 avenue du Blues » entame sa 3e édition dans la cour de la Maison du fondateur, l’exposition de Sharon McDonnell sera visible tous les jours 7 place Edouard-Martell, jusqu’au 15 août (entrée gratuite).

 

 

 

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