l’approche innovante du traitement des effluents de l’Union agricole Segonzac-Chérac

21 août 2019

L’engagement rationnel d’un acteur de proximité dans une prestation environnementale clés en main

            Le traitement des effluents de lavage des pulvérisateurs devient depuis quelques années un centre d’intérêt pour les propriétés engagées dans des démarches de mises aux normes environnementales. L’investissement à titre individuel dans une plateforme de chargement et de lavage fixe ou souple représente l’aspect des choses le plus simple à réaliser alors que le traitement des effluents pose généralement plus de problème. L’équipe de la coopérative de Chérac a eu l’initiative de créer une unité collective permettant à la fois le lavage des pulvérisateurs et le traitement des effluents. Le site est accessible aux propriétés proches avec leur matériel et aussi à celles qui sont éloignées. En effet, une organisation logistique avec la mise à disposition et de transports de conteneurs de stockage permet à des viticulteurs situés à 10, 20,30, 50 km de l’unité de faire traiter leurs effluents pour un coût compétitif. C’est un projet environnemental novateur et bien pensé qui a été construit pour les viticulteurs.

 

L’aboutissement de certaines initiatives demande parfois beaucoup d’implication et un intervalle de temps plus ou moins long avant de se concrétiser. La plateforme de lavage et de retraitement des effluents collective créée par l’Union Agricole de Chérac-Segonzac inaugurée à la fin du mois d’avril, en est la parfaite illustration. Cette initiative pensée à partir des attentes locales des viticulteurs s’est transformée en un projet pilote à la fois ambitieux et réaliste. La coopérative de Chérac de par son statut d’acteur économique moyen construit en permanence son développement en étant bien enracinée dans le territoire viticole des Borderies. Tout a commencé par quelques réflexions pleines de bon sens d’un ou deux adhérents : « A titre individuel, le lavage des pulvérisateurs et surtout le traitement des effluents sont souvent complexes et couteux à mettre en œuvre. La création d’une structure collective serait un moyen astucieux de disposer de moyens technologiques performants et de minimiser les charges de fonctionnement. Pourquoi la Coop ne serait-elle pas le pilote d’une telle initiative ? ». La réflexion a capté l’intérêt de l’équipe de de la coopérative de Chérac qui a décidé de relever ce défi.

 

 

Un choix de s’investir dans les enjeux environnementaux

 

            Francis Faure et son équipe vivent au rythme des propriétés viticoles, entretiennent un dialogue quotidien avec les hommes et les femmes travaillant dans les vignes et s’attachent à déployer des conseils et des services rationnels. Cette PME de proximité gérée de manière saine a grandi au cours des dernières années avec la reprise de l’activité de la coopérative Cantonale de Segonzac en 2016. La bonne dynamique de développement du vignoble fait émerger de nouveaux besoins en matière de conseils, de services et d’encadrement technique. La Coopérative de Chérac a fait le choix de développer de nouveaux services en phase avec les enjeux environnementaux en créant un poste de spécialiste dédié à cette activité. Joye Bertin Vignaud, la technicienne Environnement qui est la référente de toutes ces problématiques s’est fortement impliquée dans la réalisation de la plateforme de lavage et de retraitement des effluents.

Un projet initié par la commune et finalisé par la coopérative
            Tout a commencé en 2010, par l’idée d’un conseiller municipal, viticulteur de profession qui a suggéré que la commune pourrait engager une réflexion pour créer une plateforme de lavage des pulvérisateurs collective. L’équipe municipale de l’époque a perçu le bien-fondé de la démarche, et lancé l’étude d’un projet en essayant de mobiliser les instances politiques locales. La réflexion semblait bien engagée quand la fusion des intercommunalités a perturbé le montage technico-financier de la future plateforme de lavage. Ce n’était plus la priorité du moment pour les décideurs. Les deux ou trois viticulteurs de Chérac qui avaient été à l’origine de l’initiative, étaient forcément très déçus. Des discussions  «bout de vignes» sur ce sujet sont forcément remontées jusqu’à la coopérative de Chérac et le conseil d’administration a décidé de reprendre en main le projet en lui donnant une dimension plus large.

 

 

Les points clés de l’unité collective de lavage des pulvérisateurs et de traitements des effluents  de Chérac :

– Un projet conçu et entièrement par la coopérative de Chérac-Segonzac

– Un investissement de 440 000 € financé à 60 % par la coopérative

– Les aides uniquement de l’Agence de l’eau Adour-Garonne ont représenté 40 % de l’investissement.

– Un projet pensé pour satisfaire les besoins de tous les adhérents, ceux           proches du site et aussi ceux qui sont plus éloignés

– Une réflexion économique pour proposer des coûts de prestations compétitifs aux adhérents .

– L’infrastructure est opérationnelle depuis le début du mois d’avril

-Une unité constituée d’une plateforme de lavage collective et d’une station de traitement des effluents.

– Des caissons de stockage des effluents de 1000 l (de type Varibox)  mis à disposition et transportés par la coopérative auprès des propriétés éloignées

La conception et la réalisation du projet ont été gérées en partenariat  de la société Axe Environnement

-15 à 20 propriétés proches viennent laver leurs pulvérisateurs sur le site

-Un sytème de collecte des effluents avec des conteneurs Varibox de 1000 l pour les propriétés plus éloignées.

-Une trentaine de viticulteurs ont adhéré au système collectif de collecte et de traitements des effluents

-Des moyens technologiques performants pour traiter les effluents permettant d’envisager un développement de l’activité.

 

Concevoir une unité adaptée aux besoins de tous les adhérents

 

             Le nouvel objectif était de proposer une unité adaptée aux besoins de l’ensemble des adhérents qu’ils soient proches ou pas du futur site logistique. Si beaucoup de viticulteurs considéraient l’implantation de plateformes de lavage comme envisageable, le traitement des effluents leur posait plus de problèmes. C’était un aspect de choses à titre individuel complexe à gérer et coûteux à mettre en place. La coopérative de Chérac voulait créer une unité adaptée aux besoins à la fois des viticulteurs proches (dans un rayon de 3 à 4 km) souhaitant laver leur matériel sur place et aussi pour les propriétés plus éloignées en proposant un service de transport et de retraitement des effluents. La démarche qui au départ pouvait paraître ambitieuse a reçu un bon accueil auprès des adhérents. Le futur site d’unité de proximité de la coopérative a été conçu avec une aire de lavage et un site de traitement des effluents.

 

Une approche économique rationnelle pensée pour des besoins à d’avenir importants

 

            F Faure a décidé de lancer la création de la future unité en ayant une approche économique à la fois rationnelle et offrant des perspectives de développement dans l’avenir. Les charges de fonctionnement de l’unité devaient concilier la rentabilité de la structure et des coûts de prestations réalistes pour les utilisateurs : « Dans la mise en œuvre de ce type de projet, l’approche économique est facile à prévoir car les niveaux d’investissements sont calculés en tenant compte du volume d’effluents traités. Néanmoins, notre difficulté était de savoir combien d’adhérents allaient s’impliquer dans l’initiative. Nous avons mené une étude interne qui situait le point d’équilibre économique du projet autour de cinquante à soixante utilisateurs. Fallait-il limiter l’infrastructure à ces besoins ou être plus ambitieux ? Le conseil d’administration a fait le choix de créer une unité qui soit en mesure de traiter des volumes plus importants. En effet, il est probable que d’ici quelques années toutes les propriétés viticoles devront être en mesure de traiter leurs effluents, d’où notre choix de sur dimensionner les infrastructures par rapport aux besoins actuels. Plus l’unité sera en mesure de traiter des volumes importants, plus le coût des prestations baissera. C’est un pari sur l’avenir !».

 

Un partenariat avec des spécialistes, la société Axe Environnement

 

            La création du site dédié au lavage local pour 15 à 30 pulvérisateurs et de l’unité de traitement des effluents pour au départ 50 à 60 propriétés nécessitait des infrastructures performantes et la mise en œuvre d’une organisation logistique rigoureuse pour imaginer un système de collecte des effluents. F Faure ne cache que ce dossier a mobilisé beaucoup d’énergie et son aboutissement a demandé un peu de temps : « Notre objectif de créer un site de lavage et de traitement des effluents sur place a été abordé en respectant les obligations réglementaires. C’est un travail de spécialiste que nous avons confié à un partenaire, la société Axe Environnement. Nous avons choisi le procédé agréé de traitement BF-Bulles (filtration sur des cartouches au charbon actif) qui permet d’absorber des volumes conséquents. La disponibilité d’un terrain à proximité du siège de la coopérative à la fois, vaste, accessible au réseau routier et suffisamment éloigné des zones urbanisées permettait d’envisager l’accueil des tracteurs et des camions (transportant les bacs d’effluents) sans contraintes particulières ». La société Axe Environnement a été le maître d’œuvre au niveau du génie civil, du poste de lavage, du stockage et du traitement des effluents et des aspects d’accès et de sécurité du site. La coopérative a mis en place une logistique de transport de containers auprès des adhérents ayant déjà leur propre aire de lavage. L’unité est fonctionnelle depuis le début du mois d’avril et pour l’instant, les retours des premiers utilisateurs sont positifs.

 

440 000 € d’investissement porté à 60 % par la coopérative

 

            L’investissement global dans la plateforme de lavage et de traitement des effluents qui s’est élevé à 440 000 € est financé uniquement par la coopérative de Chérac. Le projet a bénéficié des subventions de l’agence Adour Garonne (à hauteur de 40 %) mais les instances de l’intercommunalité et départementales n’ont pas souhaité y apporter leur soutien. Les acteurs locaux ont d’ailleurs assez mal vécu le manque d’intérêt des élus ayant en charges les problématiques environnementales vis-à-vis de leur projet. On peut s’étonner que dans une aire de production proche de la Charente et de diverses zones de captage, cette initiative de maîtrise de la qualité des eaux rejetées dans l’environnement n’ait pas été considérée comme une démarche d’utilité collective. Pour la coopérative de Chérac, un tel investissement est important et témoigne du sens des responsabilités et de la volonté de l’entreprise d’accompagner les viticulteurs dans leurs réflexions environnementales.

 

Les spécificités de la plateforme de lavage :

 

  •  
    • Une plateforme de lavage spacieuse, accessible et dotée de moyens de nettoyage performants

    • Différents moyens de lavage, de l’eau froide à gros débit, de l’eau chaude à hautes pressions et l’utilisation de produits de nettoyage.

    • La présence d’un automate permet de piloter les opérations de lavage, de comptabiliser les volumes d’eaux utilisés et d’enregistrer les quantités d’effluents produites.

    • Chaque utilisateur est identifié et possède  un badge personnalisé permettant l’accès au site

    • Le badge personnalisé est utilisé pour faire fonctionner  la station de lavage et l’automate.

    • L’aire de lavage est accessible à tous les matériels agricoles et aux machines à vendanger.

    • Le coût forfaitaire pour accéder à la station de lavage s’élève à 150 €/an.

       

      « Conseiller en environnement, une mission nouvelle pour notre coopérative »

       

      F Faure considère que cette activité fait désormais partie des nouvelles missions de conseil et de service de la coopérative : « Le fait de créer un site de proximité performant pour traiter les effluents fait partie des nouveaux services dont les viticulteurs ont aujourd’hui besoin. C’est le prolongement naturel de notre métier d’acteur de conseils de proximité. Nous partageons au quotidien le vécu des viticulteurs et des agriculteurs et notre rôle est d’imaginer les moyens permettant de les accompagner sur ces sujets nouveaux. Le métier des viticulteurs évolue et le nôtre aussi ! L’apport de conseils et d’encadrement technique pour maîtriser les enjeux environnementaux est sans aucun doute une activité d’avenir pour l’entreprise ». L’installation présente l’avantage de maîtriser parfaitement la qualité des eaux retraitées et d’être autonome sur le plan des volumes consommés. Au cours de l’été, les quantités d’eau retraitées seront supérieures aux besoins de l’aire de lavage. Les volumes excédentaires d’eau traitée seront soit rejetées dans l’environnement soit éventuellement réutilisés (pour l’arrosage des plantations, …  ).

       

      Un automate pilote le lavage et comptabilise les consommations

       

                  Le site de lavage des pulvérisateurs et de retraitement des effluents a été implanté à 200 mètres la coopérative dans un endroit distinct et facile d’accès. L’infrastructure est constituée de deux éléments à la fois différents et indissociables, une plateforme de lavage et une unité de stockage et de traitement des effluents. La plateforme de lavage spacieuse dispose d’un local technique bien équipé avec un système de prélavage à gros volume d’eau froide, un laveur à hautes pressions d’eau chaude et un module d’utilisation de produit de nettoyage. L’accès à la plateforme de lavage s’effectue pour chaque propriété grâce à un automate sur lequel chaque utilisateur sélectionne le type de lavage qu’il souhaite effectuer. L’équipement enregistre les consommations d’effluents produites qui serviront à établir ultérieurement la facturation des prestations.

       

      Une quinzaine d’utilisateurs de la plateforme de lavage

       

                  Une quinzaine de propriétés proches de la coopérative ont signé pour la saison 2019 un contrat de lavage de leurs pulvérisateurs et de traitement des effluents. Après un gros mois d’utilisation, il semble que les consommations d’eau et les productions d’effluents pour des lavages complets soient proportionnelles à la complexité des matériels (50 à 100 l pour un appareil aéroconvection et jusqu’ à 150 1 pour des tunnels confinés 2 rangs ou des pneumatiques face/face). Les utilisateurs accèdent au site clos grâce à un des badges personnalisés qui leur servent aussi à faire fonctionner l’automate de l’aire de lavage. La plateforme de lavage dispose d’un éclairage qui permet de la faire fonctionner le soir tard et en fin de journée  pour le lavage des MAV.

                 

      Les spécificités de l’unité de traitement des effluents :

       

  • – Un stockage des effluents dans deux cuves enterrées à double parois de 30 m3

  • Chaque cuve de 30 m3 possède deux compartiments ce qui permet un traitement des effluents en continu.

  • – Un traitement des effluents avec le système BF-bulles

  • – Deux étapes dans le procédé de traitement :

    •  
      • – 1 : Une phase de floculation et de clarification des liquides

      • – 2 : Une phase de filtration sur des cartouches de charbon actif

                    – Un process de traitements maîtrisé et contrôlé sur le site par les techniciens de la             Sct Axe Environnement.

                    Les volumes d’eau à l’issue du traitement des effluents sont recyclés au niveau de        la station de lavage.

  •  
    • – Les cartouches de filtration colmatées sont recyclées auprès de sociétés agrées pour cette activités.

    • – Une organisation logistique par camion pour collecter les conteneurs d’effluents auprès des adhérents éloignés.

      – Un coût des prestations de retraitement variant entre 250 à 300 € / m3 en fonction des volumes

       

       

      Une unité de traitement des effluents en continue

       

                  Le deuxième pôle de l’unité est l’unité proprement dite de stockage et de traitement des effluents. À côté de la plateforme de lavage, les effluents s’écoulent et sont stockés dans deux citernes enterrées (à doubles parois) de 30 m3 et dotées de deux compartiments. Le système de double cuve permet d’avoir en permanence un volume de stockage important et de traiter les effluents en continue. La première phase du traitement, l’étape de floculation, permet de clarifier les effluents par l’adjonction d »une solution de chlorure ferrique et de lait de chaud. Au bout de 24 à 48 heures les effluents ont atteint un niveau de turbidité qui permet de commencer leur filtration avec le système BF-Bulles. Ensuite, le liquide passe à travers des cartouches de Charbon actif qui retiennent tous les composés polluants (les résidus de produits phytosanitaires). À l’issue de ce traitement, les eaux potables sont renvoyées dans la citerne assurant le fonctionnement de l’aire de lavage. Le bon déroulement opérations de floculation-décantation et en ensuite de la filtration sur le charbon est piloté et contrôlé par les techniciens de la société Axe Environnement. Le débit du filtre BF-bullles avec quatre cartouches permet le traitement de volumes d’effluents correspondant largement aux besoins dactuels de la soixantaine de propriétés utilisant le site Les cartouches de filtration quand colmatées sont recyclées par la société Axe-Environnement auprès d’organismes agréés pour cette activité.

       

      Une organisation du transport des conteneurs bien organisée


                  La coopérative a signé des contrats de traitement d’effluents de lavage des pulvérisateurs avec une trentaine de propriétés (de 20 à 100 ha) en leur mettant à disposition des conteneurs à doubles parois Varibox de 1 000 1. Cette prestation intègre la location et l’enlèvement et le retour des conteneurs durant toute la campagne. Elle est parfaitement adaptée aux viticulteurs ayant déjà leurs aires de lavages fixes ou souples mais qui n’assurent pas ou qui n’ont pas toujours la possibilité d’effectuer le traitement des effluents. Les eaux de lavage des pulvérisateurs sont pompées dans les conteneurs et ensuite transportés avec un camion de la coopérative pour leur traitement à Chérac. En général, un, deux à trois conteneurs Varibox sont installés dans chaque propriété de façon à avoir en permanence des volumes libres de stockages. Les premiers retours des conteneurs semblent indiquer que le transport avec le camion équipé d’une grue donne satisfaction. Un chauffeur  formé par la coopérative est dédié à cette activité spécifique .

       

      Le coût du traitement des effluents fluctue entre 250 et 300 €/m3

       

                  Le sens de la rationalité économique a toujours été au cœur des préoccupations des responsables de la coopérative au moment de la création du projet et ensuite pour établir les coûts des différentes prestations. Le principe général a été de proposer une tarification juste et calculée sur des bases privilégiées pour les adhérents. Les utilisateurs de la plateforme de lavage doivent acquitter un droit d’accès aux infrastructures de 150 € chaque année plus une prestation de retraitement variant entre 250 € et 280 €m3 (de 1 à 3 m3 280 €/ m3 , de 4 à 5 m3 270 €/ m3 et à partir de 6 m3 à 250 €/ m3). Le coût du traitement des effluents de lavage du matériel agricole et des machines à vendanger a été fixé à 40 €m3. Les exploitations utilisant des conteneurs Varibox de 1 000 1 devront acquitter une location annuelle (incluant le transport) proportionnelle au nombre de contenants utilisés (1 Varibox 150 €, 2 Varibox 240 €, 3 Varibox 340 €, 4 Varibox 400 €, 5 Varibox 500 € et 6 Varibox 600 €). Il se rajoute à cela une prestation de retraitement des effluents phytosanitaires facturée à un coût de 250 à 300 € m3 en fonction du volume (de 1 m3 à 3 m3 300€ /m3, de 4 m3 à 5 m3 280 /€ m3 et plus de 6 m3 250 €/m3).

       

      Plus on va traiter de volumes, plus le coût des prestations baissera

       

                  F Faure avoue que le démarrage de cette nouvelle activité de la coopérative se déroule plutôt bien mais il reste aussi prudent : « Le lancement d’une nouvelle activité dans une entreprise à dimension humaine comme la nôtre, est forcément un événement. L’équipe s’y est beaucoup impliquée et financièrement, cela représente pour la coopérative un investissement important. Cette activité fait évoluer le cœur de notre métier et c’est à mon sens une opportunité pour l’avenir. On se devait d’avoir une approche réaliste et compétitive au niveau du coût des prestations sinon, les adhérents n’auraient pas suivi. Les premiers retours semblent pour l’instant positifs mais ce n’est réellement qu’à la fin du mois de septembre que l’on pourra faire une analyse objective. Néanmoins, je reste convaincu que le système de collecte et de transport des conteneurs d’effluents va se développer. Plus on traitera de volumes, plus les coûts baisseront. On ne s’interdit pas d’ouvrir la prestation de retraitement des effluents à d’autres coopératives d’approvisionnement ou à des agriculteurs non adhérents ».

                                                                                                   

                                                                                                                           

                     

              Les premiers retours d’expériences d’utilisateurs encourageants

       

                  Après deux mois de fonctionnement, l’unité de lavage et de traitement semble donner satisfaction aussi bien pour les viticulteurs venant laver leurs pulvérisateurs sur le site que pour les propriétés utilisant les conteneurs Varibox. Les premiers retours d’expériences permettent aussi d’observer que les pratiques de nettoyages des pulvérisateurs sont gérées de façon à limiter la production des effluents. D’une manière générale, la plupart des viticulteurs effectuent un nettoyage partiel des appareils (seulement les organes de pulvérisation et les cabines de tracteurs) après chaque traitement et les laver totalement seulement deux ou trois fois durant la saison. Les matériels sont généralement protégés avant le début des traitements par l’application de paraffine en début de saison joue un effet protecteur, limite l’adhérence des embruns de pulvérisation et facilite les interventions de lavage. L’adhésion au système collectif de lavage et de traitement des effluents de la coopérative de Chérac concerne des propriétés de toutes surfaces ayant  la volonté de « se mettre aux normes » en profitant d’une démarche, simple, fonctionnelle etsans réaliser d’investissement lourd.

       

      250 ha de vignes à traiter et             6 pulvérisateurs à laver

       

        Dans les grosses structures de production, l’implantation des plateformes de lavages et de remplissage sont fréquentes mais par contre le traitement des effluents est plus problématique. Les volumes des eaux de lavage de lavage sont importants et leur traitement nécessite des moyens importants et du temps. Lucie et Bernard Georgeon exploitent un vignoble de 70 ha autour de Segonzac et gèrent une activité d’entreprise de travaux viticoles importante. Ils assurent les traitements d’une surface de vignes de 250 ha avec un parc de 6 pulvérisateurs.

       

                  Les vignobles Georgeon utilisent un parc d’appareils de traitements constitué d’un équipement sur MAV (cellule pneumatique 4 rangs), de 4 aéroconvections biturbines et triturbines et d’un tunnel de confiné Lipco. La propriété est équipée depuis longtemps d’une plateforme de remplissage et de lavage installée au sein du siège d’exploitation qui est située dans le bourg de Segonzac. Jusqu’à l’année dernière, les effluents étaient collectés dans des citernes et ensuite épandues dans les vignes à des périodes déterminées.

       

      Traiter des effluents dans le bourg de Segonzac allait générer des nuisances

       

                  L et B Georgeon ont mis en place une organisation des lavages des pulvérisateurs qui donnait satisfaction mais n’était pas totalement en phase avec les attentes environnementales actuelles : « Notre activité d’entreprise viticole et la propriété nous amènent à produire de gros volumes d’effluents dont on a toujours essayé de maîtriser le devenir. Nous avons installé une aire de lavage depuis plus de 10 ans incluant un système de stockage des effluents. La situation de cette infrastructure près du siège de l’exploitation au cœur du bourg de Segonzac ne permettait pas d’y associer un système de traitement individuel. On craignait que cela ne génère des nuisances pour le voisinage. Le choix de l’épandage à des périodes adaptées nous paraissait être une solution aussi cohérente sur le plan du respect de l’environnement que le lavage des pulvérisateurs à la parcelle. Nous savions que cette solution n’était pas conforme aux exigences actuelles en matière de certification environnementales et on souhaitait évoluer ».

       

      Un nettoyage partiel des appareils après chaque traitement

       

                  L’organisation des lavages des pulvérisateurs est gérée dans cette propriété en ayant le souci de minimiser les volumes d’effluents produits. Après chaque traitement, les 6 appareils sont seulement nettoyés partiellement en intervenant uniquement au niveau des organes de pulvérisation. Les lavages complets interviennent une à deux fois par an et très souvent en fin de saison avant le remisage des matériels. L et B Georgeon quantifient parfaitement les volumes d’eau consommés. Un petit coup de Karcher est passé sur les buses et les rampes sans toucher au reste des organes des appareils. Pour la machine à vendanger, seule les pendillards de la rampe sont lavés durant toute la saison. Le nettoyage des tracteurs se limite au niveau des cabines et très souvent les vitres sont lavées à l’éponge. En moyenne, ces interventions « de dégrossissage » consomment entre 60 à 80 l d’eau et mobilisent peu de temps.

       

      Un système autonome et facile à gérer

       

                  Le choix de faire traiter les effluents par la coopérative de Chérac-Segonzac a été motivé par la recherche d’une solution rationnelle et surtout simple à gérer : « En moyenne, nous produisons 1 000 1 d’effluents tous les deux traitements ce qui est important. Leur épandage avec une citerne à lisier demandait du temps et n’était pas conforme aux nouveaux enjeux environnementaux. On devait aborder les choses autrement et la présentation par le technicien de la coopérative du système de collecte et de traitement des effluents nous a tout de suite intéressés. Le fait de ne pas mobiliser de temps pour réaliser cette intervention représente pour nous un réel avantage. Nous avons loué 2 Varibox de 1 000 l qui sont installés à côté de la plateforme de lavage. Tous les deux traitements, la production d’effluents remplit un contenant qui est transporté et traité par la coopérative sans aucune intervention de notre part. L’intérêt de ce système réside principalement dans son autonomie pour un coût qui ne nous paraît pas si élevé. On ne pas passe pas de temps et aucun investissement n’a été réalisé. Une telle  organisation nous paraît rationnelle. Il nous faut simplement l’optimiser en étant attentif aux  volumes d’effluents produits ».

                                                                            

       

      Traiter en collectif les effluents de 70 ha, un choix rationnel

       

                  Le traitement des effluents de lavage au niveau d’une propriété de surface conséquente qui utilise trois pulvérisateurs ne peut-il pas être abordé à titre individuel ? Freddy Jamain s’interrogeait depuis 5 à 6 ans sur le bien-fondé d’investir dans un tel équipement mais il a préféré le projet collectif de la coopérative de Chérac. Cette solution lui paraît être fonctionnelle et aussi probablement pas plus coûteux.

       

                  Freddy Jamain exploite un vignoble de 70 ha à Chérac et porte une attention particulière à la mise en œuvre des traitements. Son souhait est d’assurer la protection de l’ensemble des surfaces en une grosse journée de travail. Il a mis en place une organisation performante en utilisant trois appareils adaptés aux différentes structures de vignes. En effet, la spécificité de cette propriété est qu’elle comporte une proportion de vignes étroites (jusqu’à 2,50 m d’écartement) assez importante, presque 1/3 des surfaces. Le premier pulvérisateur, un pneumatique Hardi 1 500 1 face par face (3 rangs) traite les 45 ha de vignes larges à 3 m et les deux autres, des pneumatiques Berthoud de 1 000 1 (4 faces traitées) sont utilisés dans les vignes étroites de 1,80 à 2,50 m.

       

      Une aire de remplissage et de lavage souple

       

                  Le remplissage et le lavage des pulvérisateurs sont réalisés en utilisant une aire souple. L’équipement a été installé à proximité d’une ancienne citerne à lisier dans laquelle les effluents de lavage sont recueillis. Ils sont ensuite épandus dans des parcelles de terres à des périodes déterminées de l’année. Cette organisation simple et fonctionnelle donnait satisfaction mais n’était pas aux normes vis-à-vis des nouvelles attentes environnementales. F Jamain n’a pas envisagé de faire installer une installation de traitement des effluents individuelle par manque de place dans sa ferme actuelle et aussi en raison du niveau d’investissement.

       

      Des pulvérisateurs « dégrossis » après chaque traitement

       

                  Le lavage des trois pulvérisateurs et géré avec un souci de recherche d’un compromis de temps et efficacité. Les appareils sont lavés partiellement après chaque traitement et nettoyés totalement 2 à 3 fois pendant la saison. Le jeune viticulteur considère que cette organisation présente une certaine cohérence : « Le nettoyage parfait des appareils après chaque traitement n’est pas un objectif prioritaire pour moi. J’essaie de trouver un juste compromis entre le temps passé, l’efficacité recherchée et la production d’effluents. La première de mes priorités est d’essayer d’effectuer les traitements dans des moments de la journée ou de la nuit ou le vent est faible. C’est important pour la qualité des applications, pour limiter les effets de dérives (pouvant occasionner des nuisances pour le voisinage) et pour l’entretien des pulvérisateurs. Après chaque traitement, je dégrossis les organes de pulvérisation des appareils et les cabines des tracteurs. Je n’effectue un véritable nettoyage complet que deux fois durant la campagne. Cette organisation me donne satisfaction et n’affecte pas le vieillissement du matériel ».

       

      700 l d’effluents après quatre traitements

       

                  À l’issue de chaque traitement, le nettoyage partiel se limite aux rampes et à tous les organes de pulvérisation. L’utilisation d’un Karcher à eau chaude limite les consommations et accroît l’efficacité de cette intervention. Les deux pulvérisateurs pneumatiques utilisés dans les vignes étroites (équipés de mains et canons) se salissent en général moins et leur lavage ne demande que 50 à 60 d’eau. Le pulvérisateur pour les vignes larges avec les pendillards se lave plus difficilement et il faut environ 80 l d’eau pour bien « le dégrossir ». Cette année, à l’issue des 4 traitements, un volume de 700 l d’effluents ont été recueilli.

       

      Un système simple sans contrainte et très fonctionnel

       

                  F Jamain qui fait partie du conseil d’administration de la coopérative a bien sûr adhéré à initiative de plateforme de lavage et de traitement des effluents. Le jeune viticulteur considère que c’est une démarche novatrice et rationnelle qui correspond parfaitement à ses attentes : « Dès que le directeur nous a présenté ce projet, j’avoue que j’ai tout de suite adhéré. Le fait de monter un projet collectif de traitement des effluents satisfait les attentes de beaucoup d’adhérents quelle que soit leur surface en vignes. Les plus proches viennent directement laver leur pulvérisateur et le système de collecte des conteneurs est un concept novateur. Même si j’habite à 2 km de la plateforme de lavage, j’ai choisi d’utiliser le système de conteneurs Varibox car j’utilise déjà une aire mobile. Je souhaite également avoir des horaires de travail les plus souples possible. J’ai loué un seul conteneurs qui après 4 traitements est rempli au 2/3. Les effluents sont pompés avec un vide-cave. C’est simple, fonctionnel, sans contrainte et économiquement pas si coûteux que cela ».

                                                                                                   

      Une prestation complète  attractive et appréciée

       

                  Quand on exploite, 8, 10 à 20 ha de vignes, l’investissement à titre individuel dans des moyens de lavage et de traitement des effluents ne se justifie absolument pas. La solution des démarches collective s’impose mais elles sont encore trop rares. Dès la finalisation du projet de la coopérative de Chérac, François Robin n’a pas hésité une minute et il ne le regrette pas. Après quatre traitements cette saison, son pulvérisateur et son tracteur n’ont jamais été aussi propres ! L’utilisation de cette infrastructure représente pour lui, une opportunité pour travailler dans de bonnes conditions.

       

                  François Robin exploite à Saint Laurent de Cognac un petit vignoble de 8,5 ha dont le siège d’exploitation est situé à 3 km de la coopérative de Chérac. Le viticulteur avoue qu’il attendait avec impatience que cette infrastructure soit fonctionnelle. La situation des bâtiments d’exploitation dans un village exigu, la proximité de la Charente à 400 m et une zone Natura 2 000 de l’autre côté ne lui permettaient pas d’envisager de monter une plateforme de lavage (même mobile). De toute façon, l’investissement que cela allait nécessiter, était aussi disproportionné par rapport à sa surface

       

      Un pulvérisateur et un tracteur qu’il lavait peu

       

                  Le viticulteur, l’avoue : « Jusqu’à l’année dernière, je lavais peu mon pulvérisateur et mon tracteur durant toute la saison. D’ailleurs monter dans un tracteur sale n’était pas agréable ». La seule solution pour F Robin était d’envisager un lavage en bout de parcelle a mais son parcellaire ne s’y prêtait pas très bien. Le nettoyage avant l’hivernage en fin de saison était forcément un moment difficile car le matériel était très sale. L’utilisation du laveur haute pression devait être complétée par le brossage dans certaines zones d’accumulation. Tout au long de la saison, le tracteur n’était jamais vraiment propre ce qui n’était pas plaisant pour les autres travaux mécaniques.  Désormais, le pulvérisateur Berthoud aéroconvection turbine basse traîné de 800 1 fait l’objet d’une attention qu’il n’avait au paravent jamais connu.

       

      80 à 90 l’ d’eau utilisé pour un coût de 12 €/ traitement

       

                  En tant qu’adhérent de la coopérative, F Robin a suivi le projet de création de plateforme de lavage et c’est aujourd’hui un utilisateur régulier. Comme son vignoble est assez dispersé, le chantier de traitement est organisé pour terminer dans les parcelles les plus proches du site. L’accès à l’aire s’effectue grâce à un badge personnalisé qui sert aussi à piloter le lavage. Le fonctionnement du site lui donne pleine satisfaction : « Pour l’instant, j’ai été lavé trois fois mon appareil et cela’ s’est bien passé. C’est pratique et il n’y a jamais d’attente même en fin de journée. J’ai reçu les premières factures ce qui permet d’avoir une idée très précise des consommations d’eau. Le lavage complet et poussé de l’aéroconvection turbine basse 800 l et du tracteur nécessite environ 80 à 90 1 d’eau et dure en moyenne 15 à 20 minutes. Tout le matériel est bien lavé et j’avoue que c’est agréable de monter dans un tracteur propre. Chaque lavage m’est revenu à 12 € HT ce qui est abordable ».

A lire aussi

Campagne PAC 2024 : Tout ce qu’il faut savoir 

Campagne PAC 2024 : Tout ce qu’il faut savoir 

Depuis le 1er avril et jusqu’au 15 mai 2024, les télédéclarations de demande d’aides au titre de la campagne 2024 sont ouvertes.Voici tout ce qu’il faut savoir pour préparer au mieux sa déclaration.

La Chine et le cognac : un amour inséparable

La Chine et le cognac : un amour inséparable

Avec plus de 30 millions de bouteilles officiellement expédiées en Chine en 2022, la Chine est le deuxième plus important marché du Cognac. De Guangzhou à Changchun, ce précieux breuvage ambré fait fureur. Plutôt que se focaliser sur les tensions actuelles, Le Paysan...

error: Ce contenu est protégé