L’approche de lutte innovante du GDON du Libournais

13 juin 2012

La Rédaction

Le Gdon du Libournais, créé en 2007, est devenu en quelques années une structure technique de référence en matière de lutte contre la flavescence dorée. La mise en place sur un territoire de 12 200 ha de la méthode innovante des cercles de lutte donne des résultats convaincants. Le fondement de cette initiative repose à la fois sur des transferts de connaissances scientifiques et une volonté permanente de coller aux réalités du territoire viticole. L’apport de technicité s’est concrétisé par la mise en place d’un dispositif de surveillance biologique du territoire rigoureux et facilement accessible à tous les acteurs de l’aire de production. Après quatre années de lutte, le Gdon du Libournais est à la fois peu touché par la maladie, peu traité et surtout bien surveillé !

p22.jpgLe bon sens et la volonté d’anticiper le développement de foyers de fortes intensités d’une dizaine de responsables de propriétés issus des ODG viticoles du Libournais (1) ont permis de construire un projet global fondé sur la surveillance biologique du territoire viticole. L’idée de départ était de connaître avec précision le degré d’implantation de la maladie sur la totalité du territoire pour ensuite mettre en place une stratégie de lutte innovante permettant de gérer la couverture insecticide de façon différenciée entre les zones réellement infestées et les secteurs sains.

Maîtriser la maladie tout en respectant l’environnement

Philippe Bardet, l’un des vignerons ayant joué un rôle moteur au moment de la création du Gdon, considère que les aspects environnementaux ont joué un rôle majeur pour la mise en œuvre de cette démarche : « L’apparition de foyers de FD dans diverses zones du vignoble bordelais nous inquiétait depuis quelques années, mais le vignoble du Libournais n’était pas encore touché. La découverte de quelques ceps infestés dans la grande zone du St-Emilionnais à l’automne 2006 a changé totalement le contexte. Le danger était à quelques kilomètres de nos vignobles et avec quelques collègues soucieux de concilier efficacité et respect de l’environnement, on s’est dit qu’il fallait mettre en place une stratégie de lutte globale et raisonnée. Si la maladie n’était pas détectée précocement, son développement allait être spectaculaire. Par ailleurs, à l’intérieur des PLO, la perspective de réaliser une couverture insecticide permanente pendant des années ne nous paraissait pas être une solution satisfaisante vis-à-vis des attentes environnementales justifiées des consommateurs et des objectifs de réduction des intrants dans le cadre du projet Ecophyto. Le petit groupe de vignerons partageant cette philosophie est arrivé à convaincre l’ensemble des collègues du grand Libournais de mettre en place une démarche technique de surveillance biologique du territoire inédite. C’était un vrai challenge qui, quatre ans plus tard, a démontré son efficacité. »

Un banc d’essai pour la méthode des cercles de lutte sur 12 200 ha

Le Gdon du Libournais couvre actuellement un territoire de 12 200 ha répartis sur 16 communes comprenant 1 300 châteaux. Cette aire de production représente une entité homogène qui possède deux limites géographiques naturelles, d’un côté l’Isle et de l’autre la Dordogne. Seule une zone est directement concomitante à d’autres vignobles, ceux des Côtes de Castillon et de Bordeaux. En 2007, le périmètre d’activité du Gdon englobait d’ailleurs plusieurs communes de cette zone représentant 1 000 ha qui se sont retirées de l’action au bout d’une campagne. Les responsables n’ont pas souhaité pérenniser à l’époque leur adhésion au projet de lutte, compte tenu de l’absence de FD. Or, deux ans après ces communes ont vu réapparaître la maladie et ont intégré d’autres Gdon en 2010 et 2011. Au printemps 2007, une fois la constitution du Gdon officialisée par l’ODG, le recrutement d’une équipe technique a été lancée pour mettre en place un dispositif de surveillance des vols de cicadelles autour des deux foyers qui avaient été identifiés de façon fortuite. Antoine Verpy, un jeune ingénieur de Bordeaux Sciences Agro (l’Enita de Bordeaux), a été recruté pour mettre en la place la stratégie de lutte en s’appuyant sur la technique des cercles créée par M. Maarten Van Helden, enseignant chercheur à l’Enita de Bordeaux.

Une stratégie de lutte implantée dans l’urgence en 2007

p23.jpgL’animateur entouré de deux proches collaborateurs a construit en quelques semaines un réseau de piégeage des cicadelles et un outil de communication avec les vignerons. L’objectif était de mettre en place une cartographie des vols de cicadelles pendant toute la saison à l’intérieur du PLO pour moduler les applications d’insecticides et s’assurer aussi de leur bon positionnement. A. Verpy estime aujourd’hui que la réussite du Gdon intègre une dimension humaine qu’il ne faut pas sous-estimer : « Dès le départ, notre priorité a été de fédérer tout le monde en proposant un projet équitable et correspondant aux attentes de tout le territoire et de toutes les propriétés. Contrairement à certaines idées reçues, la prospérité économique du cœur de la zone de Saint-Emilion ne devait pas transformer la démarche du Gdon en un produit élitiste. L’enjeu a toujours été de proposer une prestation technique de qualité proche des réalités et la moins coûteuse possible. L’aire de production du Gdon concerne des zones à des niveaux de valorisation élevés, moyennes et aussi plus modestes. Le modèle de fonctionnement de l’organisation devait donc être accessible au plus grand nombre pour être pérennisé, d’où l’obligation de ne pas dépasser un coût/ha dépassant 20 € ht/ha. Notre chance a été de pouvoir construire les fondations du Gdon en s’appuyant sur une poignée de professionnels qui avaient depuis longtemps l’envie de créer un service technique indépendant. La FD n’a été que le déclencheur d’un large projet de surveillance biologique du territoire viticole du Libournais. L’initiative ne pouvait réussir dans le temps que si elle faisait ses preuves en terme d’apport technique et d’efficacité au niveau de la communication. Il a été décidé d’éditer un bulletin d’information hebdomadaire qui serait envoyé par mail à toutes les propriétés. Un site internet permet également à tous les acteurs, viticulteur, techniciens d’autres organismes et de la distribution d’accéder à toutes les informations de la campagne en cours. La création du Gdon a permis de tester à grande échelle la méthode des cercles de lutte Maarten Van Helden. Elle n’avait été testée jusqu’à présent que sur de petites surfaces à Léognan et durant seulement deux ans en 2003 et en 2004. Son principe repose dans un premier temps sur l’identification des foyers qui permettent ensuite d’établir plusieurs cercles de lutte tenant compte des capacités de vol des cicadelles. Plus on s’éloigne du cœur du foyer, plus le risque de dissémination de la maladie diminue. La couverture insecticide est modulée en tenant compte de l’éloignement des foyers et du suivi des vols de cicadelles. »

Les zones limitrophes plus infestées de ceps isolés en 2011

2007 a été l’année « du baptême du feu » pour le Gdon du Libournais après que le SRAL Aquitaine ait validé la feuille de route de cette nouvelle entité. Les responsables du Sral et tout particulièrement son chef de service, M. Simon, ont soutenu le projet et fixé des objectifs de travail en souhaitant la réalisation des prospections sur l’ensemble des surfaces. La création de la structure étant intervenue au mois de mars ne permettait pas d’envisager la mise en œuvre de prospections avant l’automne suivant. Néanmoins l’identification à l’automne 2006 de deux foyers distants de 5 km (l’un à Lussac et l’autre à Montagne) a permis de constituer deux cercles de lutte autour des zones infestées. Une surveillance des vols de cicadelles a été mise en place sur le territoire en implantant plus de 300 pièges qui, de fin mars à début octobre, étaient relevés deux fois par semaine (une fois par le technicien et une fois par le vigneron). La densité des pièges varie en fonction du niveau de risque FD (1 piège/5 ha à proximité des foyers et 1 piège/40 ha à plus de 2 km). La lutte insecticide est également modulée en fonction du gradient de risque. Dans un rayon de 0 à 500 m autour du foyer, les trois traitements sont obligatoires. Ensuite, entre 500 m et 2 km et au-delà 2 km, le premier traitement reste obligatoire mais les autres sont positionnés en fonction des captures de cicadelles. Ce principe a évolué au fil des années en tenant compte de la gravité des foyers. Un foyer de 5 ceps contaminés représente un danger potentiel moindre pour l’environnement proche que 50 ou 80 souches porteuses de la maladie. Au cours du mois d’août 2007, la prospection de l’ensemble des surfaces a été organisée en faisant appel à un prestataire de travaux viticoles régional, la société Banton Lauret. L’équipe de techniciens du Gdon a organisé les prospections sur toutes les communes en passant dans les vignes étroites et basses tous les 4 rangs. Les résultats des prospections 2007 ont révélé la présence de deux nouveaux foyers (5 ceps). Les années suivantes, les prospections ont été volontairement limitées à ¼ des surfaces pour que les coûts de la prestation demeurent acceptables. Les résultats restent très encourageants même si, au cours des deux dernières années, la proportion de ceps isolés porteurs de la maladie est en augmentation dans certaines zones du Gdon limitrophes d’autres secteurs viticoles infestés plus récemment.

Une réaction objective face à la situation 2011 dans le Libournais et en Gironde

p24.jpgLes techniciens ont accru les surfaces prospectées en 2011, compte tenu des retards des années précédentes. Le renforcement des prospections avait pour objectif de mieux cerner le développement de la maladie à l’issue de la campagne 2010 et d’adapter la méthode de lutte à ce nouveau contexte. Les 148 ceps de FD infestés en 2011 sont répartis dans 60 à 70 parcelles, ce qui est à la fois un sujet de satisfaction et d’inquiétude. En effet, la découverte dans une parcelle d’un ou deux ceps contaminés confirme que la détection intervient de façon précoce avant que le foyer n’ait eu le temps de disséminer. Autre constat, les zones limitrophes du PLO sont les plus concernés par l’apparition des symptômes. L’équipe du Gdon considère que tout relâchement de la surveillance du territoire du PLO conduit, au bout de quelques années, à des risques accrus de réapparition de la maladie. La méthode des cercles de lutte et les prospections ciblées sur ¼ du territoire chaque année donnent-elles pleinement satisfaction ? A. Verpy répond à cette question avec objectivité : « Il est bien évident que l’on aurait préféré ne pas observer une remontée des symptômes au cours des deux dernières années. Objectivement, la stratégie de lutte mise en place au sein du Gdon donne des résultats positifs sur le territoire par rapport aux autres secteurs viticoles du Bordelais. Dans l’ensemble du département de Gironde, la FD a connu un développement spectaculaire avec la découverte de gros foyers nécessitant des arrachages de parcelles entières. Dans le Libournais, la recrudescence de la maladie observée depuis 2 ans se limite à quelques ceps isolés dans les parcelles. Cela démontre à la fois l’efficacité et la réactivité de nos actions et aussi le besoin d’adapter en permanence le dispositif de lutte à l’évolution du contexte. Par contre, on n’a peut-être pas assez traité dans certaines zones compte tenu de la pression de FD ? Nous allons revoir nos approches de traitements en 2012. Le vécu de la maladie depuis quatre ans nous permet de faire des observations qui interpellent et nous obligent à faire évoluer nos méthodes de travail. La sécheresse a aussi facilité l’apparition précoce des symptômes. L’état de stress hydrique de certaines parcelles n’engendre pas une augmentation de la concentration en phytoplasmes dans les souches, mais leur multiplication a été plus rapide (travaux de l’INRA). On se demande également si certaines souches ne masquent pas les symptômes pendant plusieurs années et les révèlent quand elles sont confrontées à un contexte difficile. L’état physiologique d’affaiblissement de certaines souches en 2011 a été plus propice à l’extériorisation de la maladie. Le merlot semble globalement moins sensible que le cabernet. Au sein du Gdon, la présence de viticulteurs bio nous a aussi amené à nous intéresser à l’efficacité des traitements insecticides à base de Pyrévert. Les niveaux d’efficacité sont variables selon les conditions d’utilisation et nous avons conduit une expérimentation sur ce sujet. »

Des techniciens formés encadrent des équipes de marcheurs-prospecteurs salariés

p25.jpgL’organisation du travail de prospection nécessite un certain professionnalisme surtout quand il mobilise des équipes de plusieurs dizaines de personnes sur un territoire qui leur est inconnu. A. Verpy et ses collègues du Gdon ont mis en place une organisation des prospections tenant compte du contexte spécifique du vignoble du Libournais. La présence de beaucoup de parcelles de petites surfaces et de vignes à fortes densités rend l’organisation des prospections plus complexes. Le fait de faire appel a du personnel salarié pour « marcher dans les rangs » de vignes rend nécessaire la mise en place d’un encadrement rigoureux. L’équipe du Gdon recrute des techniciens temporaires (des jeunes étudiants de BTS ou d’école d’ingénieurs) pour accompagner techniquement le travail des équipes de prospecteurs de la société Banton & Lauret. Leur mission est de planifier quotidiennement le déroulement des prospections à partir d’une cartographie précise du parcellaire. Chaque groupe de 10 marcheurs-prospecteurs est encadré par un chef d’équipe qui reste en recul et oriente le travail dans les parcelles à partir des cartes préétablies. Cette personne fait le relais avec le technicien qui a la charge du bon déroulement des prospections sur l’ensemble du territoire. En cas de découverte de ceps extériorisant des symptômes, le technicien authentifie le lieu de l’infestation potentielle et effectue ensuite les prélèvements de feuilles en vue des analyses. Avant de démarrer chaque campagne de prospection, les techniciens, les marcheurs-prospecteurs et les chefs d’équipe sont formés à la reconnaissance des symptômes dans des parcelles infestées. Les prospections sont réalisées avant les vendanges durant 5 à 6 semaines car c’est la période où les symptômes sont les plus visibles. Pour assainir un cercle de lutte, il faut que les résultats des prospections démontrent une absence de ceps contaminés pendant deux années consécutives. Dans l’organisation des territoires à prospecter, la priorité est d’explorer les zones contaminées, les parcelles pas visitées depuis 4 ans et les cercles de lutte récents.

Adapter les méthodes de prospection aux spécificités du territoire viticole

A. Verpy estime que l’organisation des prospections au sein du Gdon du Libournais donne satisfaction : « La méthode de travail que nous mettons en œuvre pour réaliser les prospections nous semble adaptée aux spécificités des vignes de notre zone. Le fait de faire appel à un prestataire de service qui dispose de personnel indépendant des propriétés et habitué à réaliser des travaux manuels dans le vignoble représente à notre sens un avantage non négligeable. La proportion de petites parcelles à forte densité représente une contrainte pour la recherche des symptômes à laquelle les techniciens sont particulièrement sensibilisés. Ils jouent un rôle essentiel dans le bon déroulement des travaux. C’est pour cela que nous faisons appel à des gens bien formés et soucieux de s’investir dans un travail rigoureux. Dans une zone à prospecter, aucune parcelle ne doit être oubliée, sinon tout le dispositif s’effondre. Nous n’avons pas la prétention de penser que notre méthode d’organisation des prospections est un modèle susceptible d’être mis en œuvre dans toutes les zones viticoles touchées par la FD. L’un des points clés pour réussir la lutte est de toujours mettre en œuvre des méthodes de travail adaptées aux spécificités du contexte de production local. C’est ce que l’on a cherché à faire au niveau des prospections et de la surveillance biologique du territoire. Dans d’autres Gdon, l’organisation des prospections est envisagée autrement, soit avec le personnel salarié des grandes propriétés ou soit avec des équipes de prospecteurs salariés plus réduites travaillant sur une longue période (de la mi-juillet à la chute des feuilles) et cela donne de bons résultats aussi. »

70 à 80 % d’économie de traitements obligatoires

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Le suivi des vols de cicadelles sur tout le territoire du Gdon est également une démarche capitale pour moduler la lutte insecticide d’une façon maîtrisée. Chaque année, un réseau de 200 pièges est surveillé de début mars à la fin septembre. Cette action mobilise des compétences humaines bien structurées avec la présence sur le terrain de deux ingénieurs à plein-temps (Antoine Verpy et Frédéric Gil) et de trois techniciens pendant 6 mois. Passer dans chaque parcelle une fois par semaine, formaliser ensuite les résultats, les transmettre aux 1 000 propriétés de la zone et nourrir la banque de données du site internet du Gdon (2) représentent un pool d’activité permanent pendant toute la phase végétative. A l’issue de la campagne 2007, le réseau d’observation biologique des cicadelles a donné parfaite satisfaction pour piloter la couverture insecticide de manière différenciée sur toute l’aire du Gdon.

D’autres prestations de suivi biologique pérennisent l’activité du Gdon

Très rapidement, les ingénieurs et quelques professionnels ont proposé aux vignerons d’utiliser les réseaux d’observations pour la surveillance d’autres organismes nuisibles (les vers de la grappe, la cicadelle verte) et la mise en place d’un réseau de parcelles témoins dédié au suivi de l’apparition de maladies cryptogamiques comme le mildiou, l’oïdium et le botrytis. Cette évolution de l’activité du Gdon a permis à la fois de pérenniser l’investissement technique dans la lutte contre la FD et d’en amortir plus facilement le coût en proposant d’autres prestations. Cela traduit aussi l’engagement des vignerons du Libournais de s’engager durablement dans une démarche de réduction d’utilisation des produits phytosanitaires et dans une stratégie de préservation de la biodiversité au sein de leur territoire. Chaque année, une enquête sur les pratiques de traitements est réalisée pour apprécier l’impact de l’investissement technique du Gdon. En 2011, la lutte insecticide obligatoire contre la cicadelle de la FD n’a concerné que 19 % des surfaces, ce qui représente une réduction de traitements de 81 %. En moyenne, les réductions d’utilisation d’insecticides se situent entre 70 et 80 % depuis 2008.

20 €/ha de charges supplémentaires générant une économie de plus de 40 €/ha

p27.jpgLe dispositif collectif de surveillance biologique du territoire du Gdon du Libournais est une cellule technique unique mise en place et gérée directement par les professionnels de l’ODG. Leur objectif d’origine, qui était de proposer à tous les vignerons un outil de lutte conciliant l’efficacité, le respect de l’environnement et l’indépendance de toutes les contingences commerciales, semble atteint. L’initiative a eu dès le départ le soutien financier de divers partenaires, le Feder, le CIVB, l’agence de l’eau Adour Garonne, le Conseil général de la Gironde et le ministère de l’Agriculture (par le biais de la DRAAF et du SRAL Aquitaine). Le coût de fonctionnement du Gdon s’est élevé en 2011 à 268 400 € ht, soit 22 € ht/ha. Les vignerons de l’ODG ont à leur charge une prestation d’un montant de 20 € ht/ha, ce qui représente une somme assez modique vu les économies de couverture insecticide réalisées. En effet, si ce même territoire avait été soumis à une couverture insecticide obligatoire de 2 à 3 traitements insecticides, l’investissement en intrants pour 12 200 ha aurait atteint près de 500 000 € ht, soit environ 40 € ht/ha et l’équilibre biologique du territoire viticole aurait été nettement moins respecté. L’apport technique lié à une meilleure maîtrise des vols de vers de la grappe, des cicadelles vertes et des réseaux de témoins a aussi permis des économies d’utilisation d’intrants qui sont aussi significatives (voir la synthèse des enquêtes annuelles d’utilisation d’intrants sur le site internet). L’activité du Gdon semble actuellement parfaitement opérationnelle et toujours porteuse d’avenir car l’objectif des ingénieurs est d’adapter en permanence les démarches de lutte à l’évolution du contexte parasitaire de ce territoire. Cette réflexion concerne tous les ravageurs, les maladies cryptogamiques et la flavescence dorée. Alors, dans de telles conditions, est-il envisageable dans les années à venir de relâcher le dispositif de surveillance biologique de cette maladie si le territoire est assaini. La réponse d’A. Verpy est sans équivoque : « Les quatre années de recul au niveau de la lutte contre la FD au sein du Gdon montrent que nous avons affaire à une maladie difficile à combattre. Même si à l’intérieur de notre territoire la FD semble globalement bien maîtrisée, la situation reste incertaine dans le long terme. La réapparition d’un seul cep contaminé et un risque de déséquilibre. Cela représente un danger latent qu’il ne faut pas sous-estimer. Dans d’autres régions viticoles, des zones assainies (après 5 à 6 ans de lutte sérieuses), où la surveillance biologique a été arrêtée, ont été brutalement recolonisées par la maladie. Il me semble que maintenir une surveillance à long terme est indispensable car un environnement sain peut être déstabilisé rapidement. »

(1) Les ODG viticoles du Libournais regroupent les appellations de St-Emilion (St-Emilion, St-Emilion Grand Cru, Lussac St-Emilion, Montagne St-Emilion, Puisseguin St-Emilion et St-Georges-de-St-Emilion), les appellations de Pomerol (Lalande de Pomerol et Pomerol) ainsi qu’une partie des appellations Bordeaux et Bordeaux supérieur situées sur les communes des Artigues-de-Lussac, Libourne et St-Sulpice-de-Faleyrens.
(2) site : www.gdon-libournais.fr

Les points clés du Gdon du Libournais
• Un PLO de 12 200 ha réparti sur 16 communes et touchant 1 200 châteaux.
• Création du Gdon en 2007, suite à ladécouverte de 2 foyers.
• Prospection totale des surfaces en août 2007, puis d’un quart des surfaces chaque année.
• Les prospections sont réalisées en faisant appel à un prestataire de travaux viticoles régional, la société Banton & Lauret.
• Une surveillance biologique permanente du territoire depuis 4 ans.
• Un réseau de suivi des vols de cicadelles s’appuyant sur 300 pièges.
• Une équipe technique constituée de 2 ingénieurs à plein-temps et de trois techniciens présents d’avril à octobre
• Le développement d’autres actions techniques de suivi des tordeuses et d’un réseau de parcelles témoins.
• Une diffusion hebdomadaire par mail d’un bulletin d’information de début avril à octobre.
• Un site Internet pour accéder à l’intégralité des actions techniques : www.gdon-libournais.fr
• Un coût à la charge des vignerons de 20 € ht/ha.

Le Pyrévert® est aujourd’hui l’unique substance commerciale homologuée en Agriculture Biologique pour la lutte contre les cicadelles de la flavescence dorée. Cette courte synthèse rappelle les modalités d’application de ce produit pour maximiser son efficacité.
Les bonnes pratiques lors de l’application
Le Pyrévert® est un pyrèthre naturel qui agit par action de choc. Bien utilisé, son efficacité est quasiment comparable à des spécialités commerciales de synthèse. Toutefois, son origine naturelle le rend facilement dégradable. Voici les 8 étapes clefs de la réussite du traitement :
Quantifier l’efficacité des traitements
L’éclosion des oeufs de cicadelles de la flavescence dorée est généralement très échelonnée. Différents stades larvaires sont présents à la même date dans la vigne. Le Pyrévert® ayant une rémanence d’action relativement limitée, il est parfois difficile voire impossible de détruire toutes les larves avec un unique traitement, particulièrement dans le cas de fortes populations initiales.
Le comptage larvaire est un excellent moyen de quantifier l’efficacité du traitement. Les larves de cicadelles de la flavescence dorée sont des petites larves blanches, situées en face inférieure des feuilles de vignes. Elles ressemblent grossièrement à des larves de cicadelles vertes mais se distinguent par 2 critères : la présence de 2 points noirs en bas de l’abdomen et leur comportement « sauteur » lorsqu’on les dérange (au contraire les larves de cicadelles vertes se déplacent en crabe et ne sautent pas).
Un comptage sur 100 feuilles dure en moyenne 10 minutes. On peut trouver jusqu’à 130 larves pour 100 feuilles de vigne dans les cas de fortes populations.
Environ 3 à 4 jours après le traitement, il est possible de passer à nouveau dans les vignes pour qualifier son effet. Si les résultats du comptage démontrent un maintien d’une population de cicadelles de la flavescence dorée survivante supérieure à 3 %, un nouveau traitement doit alors être appliqué.
Ce message résume les conclusions de la réunion technique « Pyrévert ® » 2011. Elle a rassemblé les GDON de Gironde, la FREDON et le SRAL Aquitaine, le CIVAM BIO 33, AgroBioPérigord, le Syndicat des Vignerons Bio d’Aquitaine, la Chambre d’Agriculture de Gironde, la firme phytosanitaire SAMABIOL.
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