la vie n’est pas un long fleuve tranquille

27 mars 2013

C’est normal ! Vie privée comme vie économique connaissent régulièrement des changements de rythme, des césures, des inflexions, des tournants… qui engendrent parfois des problèmes. Seule solution : y faire face au mieux.

Prenons le cas des phtalates en Chine. Ce qui n’aurait dû rester qu’une « banale » affaire de norme analytique, comme le Cognac en a déjà tant connu et en connaîtra beaucoup d’autres, a pris des proportions insoupçonnées. La faute à l’emballement médiatique d’internet et des réseaux sociaux. Désormais, c’est une certitude, nous vivons dans un monde globalisé où les informations sont reprises et parfois déformées, y compris avec leurs inexactitudes de départ. Un cas d’école à soumettre aux étudiants d’HEC ! Pas seulement. Derrière, il y a des hommes et des femmes, des viticulteurs, des salariés, des groupes, une filière générant un chiffre d’affaires de 2,4 milliards d’euros. Depuis janvier 2013, l’interprofession de Cognac suivait la mise en place d’une nouvelle procédure de contrôle douanier destiné à évaluer les taux de phtalates dans l’ensemble des denrées et produits agro-alimentaires, locaux et importés. Toute l’industrie agro-alimentaire était concernée et pas seulement l’univers des vins et alcools. Ambassades, Union européenne ont travaillé en étroite collaboration avec les autorités chinoises – et continuent de le faire – pour que cette procédure se mette en place dans les meilleurs délais. Malgré tout, des ralentissements dans le dédouanement des produits agro-alimentaires et du Cognac ont pu être observés. Mais, le 28 février, les événements prirent un tour particulier, sous l’impulsion des médias. Durant quelques jours, les équipes du BNIC et les deux familles se retrouvèrent fortement mobilisées. Elles ont agi en concertation, au mieux des intérêts de la filière. Dans ce contexte, l’interprofession du Cognac a souhaité apporter un complément d’information, à destination des acteurs locaux comme de l’extérieur : « Depuis toujours, la qualité de nos produits constitue la priorité absolue des maisons de Cognac, qui partagent avec les autorités chinoises une même exigence : offrir aux consommateurs des produits conformes aux plus hauts standards de qualité. Notre filière a conduit de nombreux tests sur ses produits, afin de fournir aux autorités chinoises les certificats d’analyses nécessaires pour permettre leur entrée sur le territoire chinois. Tous les tests effectués par des laboratoires indépendants montrent que les cognacs sont conformes aux normes actuellement en vigueur. En conséquence, la situation est aujourd’hui en voie de normalisation. Le dédouanement des premiers containers a été autorisé par les autorités chinoises, suite à la bonne délivrance des documents administratifs requis. La mise en place de ces nouvelles procédures administratives de contrôle a créé des perturbations temporaires sur les dédouanements, sans incidence avérée sur les ventes locales, notamment pendant les fêtes du Nouvel An chinois. »

La vie n’est pas un long fleuve tranquille. Début février, la société Martell a annoncé qu’elle était « en négociation exclusive pour l’acquisition de la société Le Maine au Bois SAS* ». Qu’un vendeur veuille vendre et qu’un acheteur veuille acheter, quoi de plus naturel, surtout dans une période faste comme celle que traverse le Cognac aujourd’hui. Pourtant, ce projet d’achat a fait l’effet d’une mini-bombe dans le landerneau cognaçais. Il faut dire que la distillerie du Maine au Bois, appartenant à Pierre-Hubert Lassalle, figure dans le périmètre Courvoisier (groupe Beam). Avec d’autres bouilleurs de profession, la distillerie du Maine au Bois participe à l’approvisionnement de la maison de Cognac, comme prestataire de services mais aussi via les relations qu’elle entretient avec un certain nombre de viticulteurs. Quel sens donner à cette initiative ? Quelle répercussion va-t-elle engendrer ? Est-elle symptomatique d’un changement dans les positions des uns et des autres, voire d’une certaine volatilité ? Un « drapeau bleu » (celui de Martell), flottant sur Archiac et sa région ne serait pas anodin non plus. Si rien ne filtre aujourd’hui des intentions des protagonistes, il est clair que les discussions, les réflexions vont bon train. Pour la plupart de observateurs, une chose est sûre : la politique contractuelle va être obligée d’évoluer. Il y aura un avant et un après. « Ce genre d’initiative plaide pour une sécurisation des relations contractuelles entre les viticulteurs et les maisons de négoce, mais aussi entre les négociants et leurs bouilleurs de profession. » Une avancée des engagements contractuels que la viticulture appelle régulièrement de ses vœux.

La vie n’est pas un long fleuve tranquille. Les Etapes du Cognac sont bien placées pour le savoir. Fondées il y a 12 ans, en 2000, les Etapes du Cognac s’occupent depuis l’origine de la qualification et de l’animation de l’offre œnotouristique viticole de la région de Cognac. Et « fort bien » selon tous les témoignages. Elles reçoivent le soutien financier des collectivités territoriales (pays, départements, région) et du BNIC. Mais, l’an dernier, la Région a supprimé sa subvention de 20 000 € et récidive cette année (baisse de l’aide du Conseil général Charente-Maritime). Dans un contexte budgétaire déjà très serré pour l’association, c’est un peu « la goutte d’eau qui fait déborder le vase ». Pierre Hitier, le président des Etapes, s’avoue très inquiet. « Si aucune solution n’est trouvée, nous ne pourrons pas assurer le fonctionnement des Etapes au-delà d’un an et demi. » A noter que la Région n’a pas complètement fermé la porte mais souhaiterait être mieux identifiée. Ce que le président de l’association entend tout à fait. « Nous sommes prêts à nous remettre en cause vis-à-vis de nos partenaires. » Il attend de la profession un soutien très fort. Qui semble être acquis aux Etapes. Sur environ 300 viticulteurs pratiquant la vente directe dans la région délimitée, l’association compte plus d’une centaine d’entre eux. Un taux de pénétration tout sauf négligeable.

* Distillerie située à Saint-Eugène, près d’Archiac.

Dernière minute – Alors que le Parlement européen, réuni en session plénière, débat de la PAC, la Commission européenne n’a toujours pas abandonné le projet d’assigner une date de fin (2021) au nouveau régime d’encadrement des plantations. La profession réagit. Voir le site internet de la revue www.lepaysanvigneron.fr

 

 

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