Pour Loic Le Cunff, chercheur dans l’UMT Géno-Vigne®(1), les gènes de résistances feront, à moyen-terme partie intégrante du panel d’outils mis à la disposition des viticulteurs pour lutter contre les maladies et réduire l’utilisation des traitements contre les principales maladies de la vigne (oïdium, mildiou et black rotp). Mais quel que soit le nombre de gênes protecteurs, un risque de contournement reste possible. Les viticulteurs doivent se faire à l’idée qu’ils devront toujours pratiquer des stratégies de lutte traditionnelles intégrant l’observation, la modélisation, la prophylaxie et les applications phytosanitaires (avec une réduction de 80 à 90% mais pas une absence totale de traitements). « Dans la nature, les pathogènes font preuve d’une redoutable capacité d’adaptation pour contourner les résistances. Nous avons déjà identifié plusieurs cas de contournement de gênes que l’on croyait pourtant robustes. Le plus emblématique a eu lieu aux Etats-Unis où, récemment, le géne de résistance à l’Oïdium de muscadinia dit « Run1 » a été contourné. Le danger de ces mutations est que les nouveaux pathogènes sélectionnés soient aussi plus agressifs pour toutes les variétés de vigne, y compris Vitis-Viniféra » indique Loic Le Cunff. Face à ce danger, les chercheurs capitalisent plutôt sur les solutions polygéniques car plus les sources de résistance sont multiples, plus le contournement est rendu difficile pour le pathogène et donc la résistance durable.
Pour étoffer la « génothèque » l’INRA et l’IFV, un important chantier de recensement des cépages résistants vient d’être lancé sur la collection du domaine de Vassal. Ce programme appelé VITIRAMA coordonné par l’INRA de Montpellier ne se limite pas aux seuls Mildiou et Oïdium ; ce projet utilise la richesse des ressources accumulées à Vassal depuis des décennies sur l’ensemble de la collection plus de 7800 accessions provenant d’une cinquantaine de pays. Objectif : cibler les ressources génétiques et identifier des variétés dont le comportement présente un intérêt vis à vis de plusieurs agents pathogènes de la vigne (Eutypiose, ESCA-BDA, Erinose, Pourriture grise, Excoriose) pour mieux les caractériser et trouver si possible de nouveaux gênes utiles la lutte face aux pathogènes.
En parallèle, le travail de caractérisation génétique progresse pour des variétés résistantes au black-rot, au court noué, à la flavescence dorée et aux maladies du bois. Pour certaines d’entre elles de nouveaux hybrides sont en cours d’obtention… La résistance s’organise…
(1) Géno-Vigne® est une organisation technique qui associe des compétences de l’INRA, l’IFV et de Sup Agro Montpellier. Elle a pour objectif d’optimiser la gestion, la conservation, la caractérisation et la valorisation des ressources génétiques vigne au profit de la filière viti-vinicole.