La préparracheuse Delorier arrache les ceps et ameublit le sol

24 juillet 2014

L’arrachage des ceps morts dans les vignes en place est une intervention délicate à réaliser pour arriver à bien extraire les racines et les souches mortes, à créer de bonnes conditions d’ameublissement du sol et faciliter la mise en terre des greffés-soudés. Bernard Baratange, un viticulteur de Touzac, s’était bricolé dans son atelier un prototype d’arracheuse de vigne qui lui donnait satisfaction. Dans le courant de l’hiver, une rencontre avec Jean Noël Delorier et Bruno Bouchet a débouché sur le développement d’une machine à arracher innovante et simple : une Préparracheuse. Après plusieurs semaines d’essais, l’équipement est désormais
opérationnel.

 

 

p42.jpgLa période d’arrachage des souches dans les vignes en place se déroule du début de l’automne à la fin du printemps, dans des périodes où les sols souvent humides ne sont pas toujours faciles à travailler. L’opération la plus importante n’est pas l’arrachage des souches mais la préparation du trou de plantation. En effet, la qualité de reprise des plants est directement conditionnée par une série d’éléments comme l’état d’ameublissement de la terre au moment de la plantation, la période de plantation et ensuite l’entretien du jeune plant. Dans notre région, les différences de nature des sols entre des terres de champagne, des groies, des doucins et des argiles du pays bas rendent nécessaire la mise en œuvre de conditions de préparation des sols spécifiques. La notion d’itinéraire agronomique pour préparer le sol est complètement intégrée dans la réflexion des viticulteurs quand ils réalisent de nouvelles plantations alors que pour les entreplantations c’est rarement le cas. Les démarches de remplacement des ceps manquants dans les vignes en place sont abordées souvent en sous-estimant l’importance de la préparation des sols, car ces interventions sont rarement planifiées dans le calendrier des travaux d’hiver.

Des phénomènes de lissage et de compactage pénalisants pour le développement des racines

La qualité de la structure des sols au moment de la mise en terre d’un greffé-soudé dans une nouvelle plantation ou dans une vigne en place joue un rôle fondamental sur le développement ultérieur des jeunes plants. Dans tous les sols, les phénomènes de lissage et de compactage dans les horizons de terre de 20 à 40 cm de profondeur lors des interventions d’arrachage peuvent ensuite gêner considérablement le développement des racines des plants. Les conséquences sont d’autant plus importantes lorsque les travaux d’extraction des ceps morts se déroulent en conditions humides et avec des outils amplifiant l’effet de lissage. Les sols présen-tant de fortes teneurs en argile, en limon sont bien sûr les plus sensibles à ces problèmes. La présence importante de pierres dans certaines parcelles au niveau de la couche de terre arable engendre aussi une mise en œuvre d’efforts importants lors de l’arrachage. Les viticulteurs qui maîtrisent les chantiers d’entreplantation sont généralement attentifs aux conditions d’arrachage et à la préparation des sols. C’est le cas de Bernard Baratange qui exploite à Touzac 11 hectares de vigne. Le vignoble de cette exploitation est implanté sur des terres de champagne très calcaires plus ou moins profondes selon leur situa-tion. La présence parfois importante de pierres rend les interventions d’arrachage difficiles à réaliser avec la plupart des matériels.

Une machine imaginée par un viticulteur ingénieux

B. Baratange est un viticulteur ingénieux, bricoleur et très attentif aux conditions de développement de la vigne. Pour faire face à la mortalité des souches plus importante depuis 10 ans, la réalisation des entreplantations est devenue une pratique systématique qu’il cherche à effectuer en mettant toutes les chances de son côté. Les conditions d’arrachage des ceps sont abordées en essayant de créer un bon ameublissement de la terre. Après avoir observé le travail des tarières et des fers en U des mini-pelles, ce viticulteur n’était pas convaincu des performances des équipements au niveau de l’ameublissement de la terre : « L’arrachage des souches avec des tarières arrière s’effectue correctement, mais la position de travail est fatigante pour le chauffeur. Le matériel fait de gros trous de plantation dans lesquels beaucoup de terre est sortie. La plantation du greffé-soudé demande plus de travail pour justement ramener la terre et reboucher le trou. L’utilisation des fers à U des mini-pelle n’a pas cet inconvénient, mais le travail est plus difficile dans des conditions pierreuses. Les temps de déplacement relativement lents de l’équipement dans les rangs représentent aussi un handicap sur le plan économique. Au début des années 2000, j’ai décidé de me fabriquer une arracheuse maison avec des matériaux de récupération. Mon souhait était d’une part d’avoir une parfaite vision sur le matériel au travail et d’autre part de bien ameublir le sol sans sortir trop de terre des trous. J’ai récupéré un châssis de décavaillonneur hydraulique entre-roues sur lequel j’ai positionné un axe rotatif vertical portant à son extrémité une hélice d’environ 250 mm de diamètre. Un moteur hydraulique récupéré sur une MAV faisait tourner l’axe rotatif qui pénétrait dans le sol. Les premiers essais se sont avérés concluants sur le plan de la conduite, de l’arrachage et de l’ameublissement de la terre. Le positionnement du matériel entre les roues avant et arrière du tracteur me permettait d’avoir une bonne vision sur le matériel au travail. L’hélice d’arrachage, qui ne tournait pas trop vite, rendait la pénétration dans le sol progressive. Par contre, en présence de pierres, le moteur manquait de puissance et la rotation de l’hélice se bloquait. Je me suis servi de cette arracheuse maison pendant plusieurs années en passant régulièrement à l’atelier. Plusieurs voisins ont aussi utilisé l’équipement et le principe donnait satisfaction. »

Le principe d’un foret équipé d’une hélice hélicoïdale est simple

Au début de cette année, B. Baratange a montré son arracheuse à Jean-Noël Delorier qui a tout de suite décidé de s’intéresser à ce produit. La Seda Delorier est une entreprise de fabrication et de distribution de matériel vitivinicole, implantée à Ligniè-res-Sonneville, qui fabrique des rampes à désherber, des dérouleurs de fils, des enrouleurs de fils, des cultivateurs. J.-N. Delorier ne cache pas que la conception de la machine de B. Baratange lui a tout de suite plu du fait de sa simplicité et de sa facilité de conduite : « A l’atelier, nous côtoyons beaucoup de viticulteurs qui nous font part de leurs réflexions sur l’utilisation de nombreux matériels. En matière d’arrachage des ceps morts dans les vignes en place, les équipements exis-tants, les tarières, les outils rotatifs, les fers à U sur les mini-pelles ne semblaient pas faire l’unanimité. Le principe différent du prototype de B. Baratange m’a tout de suite paru intéressant. Le système d’hélice présentait des avantages, une bonne extraction des ceps coupés à 15 cm du sol, un ameublissement de la terre sur 20 à 40 cm de profondeur, un moindre phénomène de lissage-compactage et peu de remontée de terre. Après réflexion, on a décidé de s’engager dans la fabrication d’un appareil fonctionnant sur ce principe. Le développement d’une machine assurant la double fonction d’arrachage et d’ameublissement de la terre nécessite de la puissance et de la fiabilité, car les conditions de sols sont parfois difficiles. Le projet a été mené à bien en s’entourant des compétences d’un bureau d’études spécialisé dans les domaines industriel et viti-vinicole. »

Des études spécifiques pour concevoir un matériel fonctionnel et fiable

Depuis la fin janvier, la société Delorier travaille sur le développement de cette nouvelle machine dont les deux fonctions (l’arrachage du cep et la préparation du sol) sont réalisées en une seule opération. L’intervention mécanique pour réaliser un arrachage nécessite un matériel doté de puissance et aussi très robuste pour faire face aux efforts dans le sol. Cette spécificité a amené l’entreprise à s’entourer de compétences pour définir la structure de la machine et choisir des composants fiables. La conception du matériel a été abordée en faisant appel au bureau d’étude BE3D de Bruno Bouchet, qui est spécialisé dans la création de process et de produits
industriels, agricoles et viti-vinicoles. L’investissement pour le développement de la Préparracheuse est porté par les deux sociétés, la Seda Delorier et le bureau d’étude BE3D. Le premier prototype a été testé dans les vignes de B. Baratange depuis le début du mois d’avril.

Une hélice avec des pales hélicoïdales pour perforer le sol

Le matériel monté à l’avant d’un tracteur comporte un mât télescopique supportant le foret de perforation. Cet élément, d’une hauteur totale de 500 mm, possède à son extrémité inférieure une hélice ayant des caractéristiques très spécifiques. L’hélice est constituée de deux pales hélicoïdales supportant quatre doigts dont la fonction est d’accrocher la base des ceps au moment de la perforation. Cela facilite la pénétration dans le sol et limite les phénomènes de lissage. Un moto-réducteur hydraulique à fort couple (très puissant et demandant des débits hydrauliques limités de 20 à 25 l/mn maximum) assure la rotation du foret. La perforation se déroule de façon lente pour créer de bonnes conditions d’ameublissement et éviter des sorties de terre trop importantes sur les côtés des trous. Le diamètre de l’hélice de perforation de 350 mm permet de positionner facilement le matériel dans l’axe des rangs même en présence des fils releveurs au niveau du sol.

Un principe de perforation lent qui respecte et ameublit la terre

La perforation s’effectue de manière très rapide après quelques tours de foret qui permettent d’explorer le sol sur une profondeur de 30 à 40 cm. La remontée du foret est réalisée assez lentement en le faisant tourner à contre-sens, ce qui présente des avantages. Les horizons de sol superficiels souvent désherbés ne sont pas mélangés aux couches de terre plus profondes qui seront en contact avec les racines des greffés-soudés. Les remontées de terre à la surface et sur les côtés des trous sont très limitées, ce qui facilite considérablement le travail de plantation. Une rotation plus rapide du foret provoquerait des remontées de terre importantes et amplifierait les phénomènes de lissage et de compactage de terre dans le fond des trous de plantation. Les deux pales hélicoïdales montées sur le foret sont fabriquées avec de l’acier Hardox, très résistant à l’abrasion. La puissance du moto-réducteur assure un fonctionnement efficace du matériel dans les sols superficiels très caillouteux. La demande réduite en débit d’huile (de 20 à 25 l/mn) permet de monter le matériel sur tous les tracteurs.

Des performances de 70 à 90 trous/heure

La machine est installée sur un châssis coulissant qui possède un déport latéral hydraulique de 500 mm. Cela permet au chauffeur de ne pas se positionner trop près des rangs et d’avoir une bonne visibi-lité pendant le déroulement de la perforation. Un joystick implanté dans la cabine du tracteur centralise toutes les commandes des fonctions de la machine, l’approche latérale, la descente et la remontée du foret, les sens et la vitesse de rotation. Le mât télescopique supportant le module de perforation est protégé par un carter métallique qui évite les dégâts au niveau du palissage et de la végétation.

Lors des essais chez B. Baratange, l’opération de perforation des trous de plantation demandait 15 à 20 secondes dans des conditions de sol normales et 25 à 30 secondes dans des terrains durs et très pierreux. En moyenne, le débit de chantier dans les conditions de sols de cette exploitation se situait entre 70 à 90 trous/heure, en fonction des temps de déplacement dans les parcelles.

Après un bon mois d’utilisation, J.-N. Delorier et B. Bouchet considèrent que la Préparracheuse est au point et sa commercialisation a commencé.

 Les points clés de la Préparracheuse Delorier

● Un principe de perforation avec un foret doté d’une hélice de 350 mm.
● Une hélice avec des pales hélicoïdales supportant des doigts qui accrochent les ceps.
● Une rotation lente du foret à double sens qui ameublit la terre sans mélanger les différents horizons.
● Un principe de fonctionnement qui limite les phénomènes de lissage et de compactage dans les trous de plantation.
● Une conception qui privilégie la fiabilité et la puissance de perforation.
● Une demande hydraulique faible.
● Des performances de 70 à 90 trous/heure.
● Prix de base de la préparracheuse non montée : 7 950 E HT.
● Constructeur et concepteur :
– Seda Delorier, chez Regaillaud,
16130 Lignières-Sonneville. Tél.
05 45 80 50 29 – Email : seda.
delorier@wanadoo.fr
– Bureau d’étude BE3D. Tél. 06 09 56 38 45.

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