La Longévité du vignoble : Une Préoccupation d’Actualité

6 mars 2009

La Rédaction

longevite_vignoble.jpgLa longévité du vignoble serait-elle redevenue une préoccupation prioritaire pour les viticulteurs ? De nombreux éléments le laissaient à penser depuis quelques années et la manifestation organisée au mois de décembre par Philippe Ménard, le conseiller viticole de la Chambre d’agriculture de la Charente, l’a confirmé. Une intervention comme l’entreplantation des manquants, que l’on considérait « comme dépassée » sur le plan économique il y a dix ans, est devenue aujourd’hui l’alternative unique pour maintenir le potentiel de productivité de plantations encore jeunes et pas toujours amorties. L’arrêt de l’utilisation de l’arsénite de soude et la succession d’années atypiques sur le plan climatique semblent avoir accéléré le vieillissement de nombreuses parcelles. Et par ailleurs, les moyens techniques pour réaliser l’entreplantation ont considérablement évolué.

M. Philippe Ménard, le conseiller viticole de la Chambre d’agriculture de la Charente, avait organisé au début du mois décembre une journée technique consacrée à la longévité du vignoble. Cette manifestation a connu un franc succès puisque plus de 250 viticulteurs de la région délimitée ont participé aux différentes communications qui se sont déroulées sous la forme d’ateliers tournants. La journée n‘a pas été abordée sous la forme d’une présentation traditionnelle en salle mais avec le souci de créer un climat de dialogue concret qui s’appuie sur le vécu d’un viticulteur, M. Michel Constantin, qui pratique régulièrement l’entreplantation sur son vignoble à Angeduc. Il avait accepté d’accueillir la manifestation sur son exploitation et cela a permis de proposer aux participants un circuit de cinq ateliers tournants par groupe d’une cinquantaine de personnes. Cette formule a permis d’établir un dialogue intéressant entre les viticulteurs et les différents intervenants. Indéniablement, le thème de cette journée correspondait aux attentes de bon nombre de producteurs qui, au moment de la taille, prennent la pleine mesure « de l’état de santé » de leurs souches. D’ailleurs, beaucoup de réflexions allaient dans le même sens : une forte inquiétude devant la montée en puissance des maladies du bois ; l’augmentation de la mortalité des ceps dans des parcelles encore jeunes et un regain d’intérêt autour de la pratique d’entreplantation. On ne peut plus nier que les démarches techniques concernant la longévité des ceps de vigne redeviennent un sujet de pleine actualité et totalement en phase avec l’environnement économique des propriétés. L’objectif de cette journée a été de créer une réflexion globale sur toutes les démarches d’entretien du vignoble en intégrant l’intérêt économique de l’entreplantation, la présentation des sept maladies du bois susceptibles d’amputer la durée de vie des souches, des moyens de lutte contre le pourridié, les facteurs de longévité du vignoble, et la présentation de la technique d’entreplantation et de provignage.

La longévité du vignoble n’a pas été la préoccupation de la décennie 90

La longévité du vignoble a toujours été une préoccupation culturelle dans les propriétés viticoles et le maintien d’un maximum de ceps en état de pleine productivité représentait un enjeu de pérennité majeur, d’autant que le renouvellement des plantations a toujours représenté un investissement lourd sur le plan financier et en matière de charge de travail. Cependant, des choses dans ce domaine ont profondément évolué cours des dix dernières années et la notion d’entretien « du capital vignoble » a été malmenée voire supplantée par les exigences de rentabilité et tout particulièrement la baisse de coût de production. Beaucoup de viticulteurs ont été dans l’obligation de faire preuve de réalisme économique et les impératifs de gestion ont fortement influencé les méthodes de conduite du vignoble. La rationalisation des interventions manuelles et mécaniques allait souvent à l’encontre des différentes interventions d’entretien des parcelles (entreplantation régulière des manquants, provignage dans les vieilles vignes, préventions des maladies du bois…), d’autant que l’intérêt de ces pratiques jusqu’à ces dernières années ne faisait pas l’unanimité auprès des viticulteurs et même de certains techniciens. Indéniablement, tous les aspects concernant le potentiel de longévité des ceps de vignes ont été mis « entre parenthèses » durant la décennie 90 et cela ne s’est absolument pas ressenti au niveau de la productivité globale du vignoble.

L’arrêt des traitements d’hiver et les excès climatiques ont fait évoluer les choses rapidement

Depuis trois ou quatre ans les choses ont évolué rapidement à la faveur de circonstances climatiques extrêmes et du retrait de l’arsénite de soude. Les rendements moyens régionaux attestent d’une baisse de productivité et ces chiffres cachent aussi une forte disparité d’une propriété à une autre, voire d’un îlot de parcelles à un autre. Le fait qu’il n’existe plus de moyens de protection chimique pour stabiliser l’expression des maladies du bois est sans aucun doute en train d’accélérer le vieillissement des parcelles. L’expression des symptômes est désormais en mesure de s’extérioriser sans contraintes et dans des plantations où il manque déjà 10 % des ceps, la réflexion sur la longévité redevient un sujet de pleine actualité. Le cycle épidémique des maladies du bois très lent (variant entre 5 à 10 ans) laisse à penser que l’impact de l’esca, de l’eutypiose et du BDA va s’accroître et seuls les moyens prophylactiques permettent actuellement d’en minimiser les conséquences. Les viticulteurs se sentent complètement impuissants devant l’augmentation du taux de mortalité des ceps. La seule alternative dans les parcelles « dans la force de l’âge » est donc de remplacer les manquants en pratiquant régulièrement l’entreplantation. Le remplacement des pieds morts dans des parcelles de moins de 20 ans a démontré son intérêt pour maintenir le potentiel de productivité à des niveaux corrects jusqu’à 30 ans et voire plus si possible. L’entreplantation est une pratique qui donne de bons résultats dans la mesure où l’opération est parfaitement maîtrisée jusqu’à l’établissement de la nouvelle souche. Les conditions d’implantation du jeune plant dans une parcelle existante jouent un rôle déterminant sur le comportement végétatif ultérieur du futur cep. La réussite d’une entreplantation repose sur une organisation du travail spécifique l’année même de la plantation mais aussi ultérieurement jusqu’à l’établissement du jeune cep. Les débats autour du bien-fondé de l’entreplantation ne sont pourtant pas clos car certains vignerons continuent de penser que renouveler leurs vignes au bout de 30 ans demeure une approche économique logique alors que d’autres considèrent cette intervention de préservation de la longévité comme rentable et incontournable pour « faire durer » les parcelles bien établies (par rapport aux exigences de qualité et de mécanisation).

Le retour en grâce de l’entreplantation et de toutes les pratiques propices à la longévité

 

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Un plant entreplanté de 4 ans

Indéniablement, une série d’arguments plaident en faveur d’un certain retour en « grâce » de la technique d’entreplantation. Les premiers résultats de l’observatoire maladies du bois confirment une montée en puissance de l’esca, du BDA et de l’eutypiose avec de fortes disparités selon les sites. Un autre constat concerne l’apparition des symptômes de maladies de bois sur des parcelles jeunes (parfois de moins de 10 ans), ce qui traduit l’importance du développement des maladies bois. Par ailleurs, le nombre de pieds manquants augmente de manière inquiétante dans des parcelles âgées de 10 à 20 ans et ce phénomène s’avère pénalisant dans les parcelles à faible densité. Le phénomène de compensation naturelle de production de l’Ugni blanc souvent mis en avant comme régulateur de productivité des parcelles s’exerce toujours mais dans une moindre proportion dans des parcelles où il reste moins de 2 000 ceps/ha. Enfin, la mise en œuvre de moyens techniques et mécaniques nouveaux permet à la fois d’organiser de manière plus rationnelle les travaux et de créer des conditions favorables au développement des nouveaux ceps de vigne. On est en mesure d’aborder l’entreplantation dans une approche de chantier de travail parfaitement maîtrisée dont certaines opérations comme l’arrachage des ceps (et la réalisation des trous) peuvent être réalisées à des périodes de travaux creuses. Par ailleurs, l’utilisation de caches de désherbage ou de plants surdimensionnés permet aux plants de bien se développer sans qu’il soit nécessaire de remettre en cause les pratiques de désherbage chimique sous le rang. L’entretien des jeunes plants ne génère aucune contrainte dans l’approche globale de gestion des travaux dans la parcelle. Par ailleurs, un certain nombre d’éléments concrets et préventifs directement à l’implantation et la conduite de la vigne influencent fortement la durée de vie des ceps. Avant la plantation d’une parcelle, la préparation du sol doit être abordée avec une pleine cohérence au niveau des risques de viroses lors de replantation sur des parcelles existantes, de la préparation du terrain en surface comme en profondeur, de la prise en considération d’un risque éventuel de pourridié et des règles. La bonne adaptation du plant à (le clone, la nature du porte-greffe raisonnée en terme de vigueur, de résistance au calcaire, à la sécheresse et à l’humidité) l’environnement dans lequel il sera amené à se développer, constitue un facteur de réussite important pour la pérennité de la plantation. Les fortes productions de raisins en 2e et 3e feuilles contribuent à pénaliser un bon enracinement et peuvent fragiliser durablement l’installation des souches. Lors de l’établissement des pieds, la réalisation de grosses plaies de tailles constitue des voies d’entrées privilégiées pour les maladies du bois et peut aussi gêner l’alimentation ultérieure de souches. Les opérations d’établissement en vert sont nettement préférables à la taille de formation hivernale et, d’une manière générale, sur les vignes adultes l’égourmandage est aussi préférable aux coupes hivernales. Le raisonnement des fertilisations dans le temps (sans excès ni insuffisance vis-à-vis des composés minéraux et de la matière organique) et la maîtrise de la vigueur doivent être gérés et modulés pour assurer une bonne alimentation de la vigne durant tout le cycle végétatif quelles que soient les conditions climatiques. La qualité de la taille joue également un rôle déterminant notamment par la mise en œuvre de trois principes essentiels, le respect des courants de sève, le fait de privilégier la place des bois de taille à la production de l’année et de savoir adapter la charge à la vigueur. Enfin, le repérage des premiers symptômes d’esca et d’eutypiose est essentiel pour pouvoir pratiquer un recépage précoce avant que les champignons ne soient descendus trop bas dans le tronc. Les techniciens sont unanimes pour dire que l’ensemble de ces pratiques préventives joue un rôle qualitatif sur la pérennité des souches qui se matérialise par une « espérance de vie » plus longue mais, séparément, il est bien impossible d’en discerner l’importance.

 

Bien ameublir en profondeur le sol

L’étude économique réalisée par M. Ph. Ménard à partir de l’initiative de M. Michel Constantin sur son vignoble de 16 ha conforte l’intérêt de l’entreplantation avec un gain de 1 000 € en moyenne et sur le plan technique les résultats sont concluants. La visite de plusieurs parcelles âgées d’une trentaine d’années complantées trois fois démontre, d’une part, que les remplacements marchent bien et, d’autre part, que la vigne est encore en mesure d’assurer une bonne production. Des moyens techniques modernes permettent de faciliter la réalisation concrète du travail et aussi d’améliorer considérablement le taux de reprise. L’arrachage des ceps et la préparation des trous de plantation peuvent être désormais réalisés plus rapidement et avec efficacité. L’utilisation de tarière hydraulique à déport hydraulique ou d’une mini-pelle équipée d’une lame en U permet d’intervenir sur deux rangs de vignes à la fois en réalisant un trou de profondeur suffisante. Le sol est bien ameubli en profondeur, aéré et les grosses racines sont en général extraites. La puissance de ces outils permet de réaliser le travail sur les sols les plus difficiles, en toute saison et même en période sèche (parfois, en été, avant les vendanges ou juste après). Dans les situations humides, la mini-pelle présente l’avantage de pouvoir passer sans trop abîmer la structure des sols mais, par contre, elle a l’inconvénient de se déplacer moins rapidement dans la parcelle et entre deux parcelles. La tarière hydraulique est un matériel puissant, simple à utiliser qui se déplace rapidement et peut s’utiliser facilement en co-propriété. Les performances de ces deux équipements sont étroitement liées à la proportion de pieds manquants et aux distances parcourues. Plusieurs prestataires de services nous ont indiqué que les performances pouvaient 60 à 130 trous/heure. L’idéal est de réaliser le trou de plantation quelques semaines avant de mettre en terre le plant pour laisser le sol s’aérer en profondeur.

Quatre types de plants pour complanter

Les préconisations en terme de date de plantations ne sont pas très précises puisque seules les plantations tardives postérieures à la fin mars sont déconseillées. D’une manière générale, les pépiniéristes conseillent de réaliser les entreplantations assez tôt en saison (de novembre à février) dans des sols normalement ressuyés, de façon à ce que les pluies tassent bien la terre au niveau des racines. Il faut savoir que lorsque les bourgeons d’un plant de vigne commencent à bouger, cela fait environ un mois que l’activité racinaire a démarré. Actuellement, les entreplantations peuvent être réalisées avec quatre types de plants, des greffés soudés traditionnels, des plants en containers de 2 l, des plants surdimensionnés et des Ceptonic. Le greffé soudé traditionnel (prix indicatif de 1,22 € ht) doit être planté le plus tôt possible en saison et le développement de la végétation doit être obligatoirement protégé par un cache de désherbage qui joue un rôle protecteur vis-à-vis des applications d’herbicides dans la parcelle et canalise les rameaux vers le premier fil de palissage. Les plants en containers de 2 l sont des greffés soudés de 2 ans qui ont passé la deuxième année en serre dans une motte de terreau. Ils sont conditionnés dans des pots de 1 ou 2 l totalement colonisés par les racines et leur prix de vente se situe autour de 1,52 € ht. Ce type de plant possède une meilleure capacité de reprise pour les entreplantations car le système racinaire est déjà complètement fonctionnel. Leur aptitude à bien se développer est également valorisée par une plantation précoce avant la fin du mois de février. Néanmoins, l’entreplantation des plants en containers peut être envisagée du début novembre à la fin mars. Les plants surdimensionnés sont des greffés soudés traditionnels dont la longueur de porte-greffe est de 0,70 m au lieu de 27 cm habituellement. La mise en terre de plants surdimensionnés supprime l’utilisation des caches de désherbage et simplifie considérablement les opérations d’établissement du nouveau cep. Il se commercialise à un prix d’environ 1,82 € HT et le surcoût de 0,60 € ht s’amortit presque intégralement par les économies de main-d’œuvre au moment de l’établissement. Les pépiniéristes conseillent de mettre en terre les plants surdimensionnés assez tôt en saison pour bénéficier de l’effet de tassement naturel du sol. L’autre intérêt des plants surdimensionnés est de limiter les plaies de taille sur le tronc au moment de l’établissement des pieds. Les Ceptonic sont un concept de plants greffés soudés produits dans un fourreau en plastic moulé qui a été développé par la société Mercier depuis 10 ans. Les jeunes plants en racines nues sont introduits dans ce fourreau de 60 cm de hauteur totale dont la partie basse de 25 cm contient du terreau propice au développement des racines. L’extrémité du fourreau est perforée afin de laisser les racines s’implanter dans le sol. La partie supérieure (de 30 cm de hauteur) joue le rôle de cache de désherbage et permet de canaliser la végétation vers le premier fil de palissage et remplace le traditionnel marquant. Le principe même du Ceptonic facilite la reprise de plant et simplifie l’opération d’entreplantation. Un système d’ouverture et de fermeture du cache supérieur permet l’hiver suivant de réaliser la taille facilement et ensuite son rôle de canalisateur de végétation. Le seul inconvénient du système est le devenir du fourreau au bout de trois ans. Il est nécessaire de l’enlever en ouvrant la cellule et en exerce une action verticale (l’idéal est de réaliser ce travail en hiver et en conditions humides). Le prix du Ceptonic se situe autour de 2 € HT et le coût supplémentaire de 0,80 € ht est partiellement compensé par les économies réalisées au moment de la plantation et du tuteurage.

Le choix du porte-greffe est important mais pas celui des apports de fumure

Au-delà le type du plant mis en terre, les viticulteurs se posent beaucoup de questions sur le choix du porte-greffe et l’opportunité d’apporter ou pas de fumure. Les réponses à ces deux interrogations s’appuient plutôt sur des expériences pratiques que sur des expérimentations. Le choix du porte-greffe est un sujet important vis-à-vis du potentiel de production de la parcelle. D’une manière générale, il n’y a aucune raison de choisir pour les plants entreplantés un porte-greffe différent de celui du reste de la plantation dans la mesure bien sûr où celui ci est adapté aux caractéristiques du sol. Certains pépiniéristes conseillent d’utiliser des PG légèrement plus vigoureux afin de faciliter un établissement rapide des nouveaux plants et de minimiser les phénomènes de concurrence liés à la proximité des souches adultes. Quant aux apports de fumure minérale dans les trous de plantations au moment de la mise en terre des greffés soudés, cette pratique est assez controversée. D’une manière générale, dans les sols riches l’apport de fumure lors de l’entreplantation ne se justifie pas réellement et par ailleurs il convient d’être prudent vis-à-vis de la manière de l’apporter. En effet, les jeunes racines des plants supportent mal le contact avec les granulés d’engrais mal mélangés à la terre, ce qui peut carrément les brûler et conduire à un phénomène de foltage. L’approche est la même pour les amendements organiques dont le parfait mélange avec la terre avant la plantation constitue la meilleure garantie de neutralité vis-à-vis des racines des jeunes plants. Dans les situations de sols très pauvres, l’absence d’apports de fumure s’avère tout de même un handicap en matière de vigueur pour l’établissement des souches. Ces observations concernant les apports de fumure ont été confortées par un essai conduit par la Chambre d’agriculture de Gironde il y a quelques années.

La piste de réflexion sur les trichoderma ne doit pas être négligée

L’apport dans le trou de plantation de Trichoderma Harzianum, un champignon naturel bon colonisateur sur les supports organiques, représente aussi un sujet d’interrogation. Le mode d’action particulier de ce champignon en fait « un véritable nettoyeur des sols » qui, selon les fabricants, crée une barrière biophysique en émettant des enzymes qui inhibent le développement de certains champignons pathogènes responsables de maladies de dépérissement comme le pourridié et peut-être les agents responsables des maladies du bois. M. Ph. Ménard a mis en place sur le sud de la Charente avec un groupe de viticulteurs « bio » une étude d’impact d’apports des Trichoderma Harzianum dans des vignes en place. L’essai qui a été implanté en 2003 chez M. Decroix à Saint-Laurent-des- Combes avec la société Galso a pour finalité de quantifier l’impact d’apports tous les quatre ans de 1 tonne/ha de Tricoderma H. vis-à-vis du développement des maladies du bois. Actuellement, l’utilisation des Tri.H. est surtout concentrée dans les cultures légumières et en arboriculture sur les pruniers, les pommiers, les noyers, les noisetiers et les châtaigniers. La cible d’action des T.H. est l’ensemble des maladies de dépérissement touchant les racines ou les bois. Dans certaines régions viticoles comme le Bordelais et le grand Sud-Ouest, les viticulteurs « bio » sont devenus de gros utilisateurs pour réduire la sensibilité de cépage comme le Sauvignon et le Cabernet Sauvignon à l’eutypiose. Dans l’attente des premiers résultats de cette expérimentation, M. Ph. Ménard considère que l’apport d’une poignée ou deux de T.H. dans le trou de plantation ne peut que contribuer à l’assainissement d’un milieu où restent présentes des racines en état de décomposition plus ou moins avancée. Les responsables de la société Galso, un des fabricants de Trichoderma sur support organique, mettent aussi en avant des niveaux d’efficacité vis-à-vis du pourridié équivalents à ceux des produits chimiques homologués comme l’Esaco et l’Enzone. Le mode d’action du champignon dans le sol repose sur un phénomène d’antagonisme direct de l’Amillaria mellea, l’agent responsable du pourridié qui est totalement détruit après une phase de 6 mois de colonisation. Ces efficacités ne sont pas actuellement cautionnées par une homologation du produit. Le coût des démarches d’homologation semblent aujourd’hui inadapté aux structures financières des entreprises commercialisant les T.H. qui ont des productions locales et pas toujours pérennes. L’avantage de ces types de produits est par contre leur respect de toutes les autres familles de champignons du sol et aussi de la population de lombrics dont l’intérêt est de plus en plus mis en avant par les agronomes.

 

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La visite des parcelles entreplantées de M. Michel Constantin

Des traitements localisés pour traiter de petits îlots de pourridié disséminés dans les parcelles

 

Dans les parcelles où du pourridié est présent, des solutions de traitements localisés permettent aujourd’hui d’éliminer ce champignon avant de réaliser l’entreplantation. La société Calliope, qui commercialise l’Enzone, propose une technique spécifique de réaliser un traitement localisé aussitôt l’arrachage des souches en utilisant un système de pompe doseuse (se fixant sur les bidons de 25 l). L’application de 100 à 300 ml de produits (dose à moduler selon la densité et la nature du sol) s’effectue directement dans le fond du trou de plantation et il est nécessaire de remettre aussitôt l’infiltration du produit terminée 10 à 15 cm de terre dans le fond du trou. Ensuite, il faut apporter 10 à 30 l d’eau pour assurer la diffusion du produit dans le sol. La mise en terre du jeune plant ne pourra intervenir qu’au bout de 3 semaines à un mois et lors des interventions de traitements et d’apports d’eau, l’opérateur devra être équipé d’un masque (à cartouche A8282), de lunettes, de gants, de bottes et d’une combinaison de protection. Le traitement doit intervenir au printemps ou à l’automne lorsque la température du sol à 10 à 15 cm de profondeur se situe au moins à 10 °C.

La société Cerexagri, qui commercialise l’Esaco depuis maintenant un an, propose une démarche de traitement localisé dont la mise en œuvre s’appuie sur un système d’injection par pompe doseuse et canne. Le traitement intervient une fois que le trou de plantation est effectué en enfonçant la canne dans le sol assez profondément et en injectant 0,2 l de produit. Ensuite, il faut reboucher complètement le trou et la plantation ne pourra s’effectuer que deux mois après. L’idéal est de réaliser une injection par m2 (une seule injection pour un pied atteint) en ayant pris le soin de s’assurer que la température du sol soit comprise entre 10 et 25 °C. La société conseille aux applicateurs de prendre des précautions normales (utilisation de gants et de bottes) lors des manipulations vu le classement toxicologique du produit (CCN nocif par contact).

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