La journée des couriters sous le signe de l’ouverture

9 novembre 2018

La 25ème édition de la journée du courtier s’est tenue le 14 septembre au BNIC. L’occasion pour ces professionnels de prendre connaissance de l’organisation de la campagne et de se projeter sur l’avenir autour d’une thématique abordée en seconde partie de matinée : la récurrence des aléas climatiques.

Un rendez-vous attendu, propice aux échanges et enrichi par de nombreuses interventions.

Une journée dense sous la présidence de Patrick Raguenaud (Président du BNIC), de Jérôme Prince (Président de la Fédération Nationale des Courtiers en vins et spiritueux) et en présence de Xavier Coumau (Président du Syndicat des Courtiers en Vin de Bordeaux).

Patrick Béguin (Président des Courtiers de la région délimitée Cognac), en maître de cérémonie, déroule l’emploi du temps de la matinée. Le temps est compté et le programme chargé.

 

 

Organisation de la campagne et dématérialisation de la DRM

 

Première intervention avec Céline Rayer et Laurent Pinard (BNIC) au sujet de l’organisation de la campagne 2018/2019. Après un retour rapide sur les chiffres de production 2017 et un point sur la dématérialisation, les actualités de la campagne sont présentées. Le rendement annuel de chaque filière est annoncé (Cognac, Pineau, Vin de Pays, Autres débouchés) par ses représentants. On souligne par ailleurs, l’attention particulière portée au sujet des pieds morts ou manquants pour la campagne 2018/2019 (information détaillée dans la lettre d’information Campagne 2018/2019 reçue par tous les opérateurs) et l’on fait quelques rappels concernant le registre des entrées de raisins à la propriété ou encore sur les modalités de sortie de réserve climatique.

Les nouveautés de la déclaration de récolte 2018 sont présentées et Emilie Billotte, Directrice du Syndicat des Producteurs de Pineau revient sur le caractère obligatoire de la dématérialisation de déclaration de fabrication de Pineau cette année

Enfin autre nouveauté et non des moindres : la dématérialisation de la DRM. Un groupe pilote, représentatif de l’ensemble des acteurs de la filière, a été constitué par les services du BNIC en septembre. L’idée est d’appréhender les différents cas de figure possibles lors de l’établissement de la DRM. En attendant l’obligation de dématérialisation programmée pour les récoltants au 1er aout 2019, différents points d’étape viennent jalonner le parcours. En premier lieu l’inscription des opérateurs au service DRM et CIEL (logiciel des douanes, contributions indirectes en ligne) de septembre à décembre 2018. L’intégration de nouveaux utilisateurs se fera au cours du 1er trimestre 2019. (démarche détaillée, voir article dématérialisation de la DRM).

 

 

Actualités douanières et présentation du logiciel CIEL

 

La parole est ensuite laissée à M. Navarro, chef du pôle d’action économique à la direction régionale des Douanes de Poitiers. Il vient présenter comme à l’accoutumée les actualités douanières. Avant de revenir sur la question de la dématérialisation de la DRM, il évoque rapidement la problématique du Breixit et de ses conséquences sur le trafic de marchandises trans-manche (les effectifs des douanes seront renforcés, les recrutements sont inscrits dans la loi de finances pour 2019) ainsi que l’augmentation de la taxe intérieure sur les produits énergétiques pour laquelle un système complexe de remboursement a été mis en place (les distillateurs sont dans les champ des exonérations, les dossiers seront étudiés au cas par cas).

Pour compléter l’information délivrée par le BNIC au sujet de la DRM, M. Navarro vient présenter l’interface douanière de dématérialisation : « CIEL ».

La balance mensuelle des différents comptes de la comptabilité matières sera désormais transmise sur ce téléservice. Seront donc dématérialisés le compte principal des produits détenus en suspension de droits, le compte principal des produits en droits acquittés et le compte des capsules représentatives de droits (CRD). Objectifs attendus : simplification, modernisation et sécurisation de la chaîne déclarative avec en ligne de mire la date butoir du 31 décembre 2019 où la télédéclaration sera obligatoire pour tous les opérateurs. (

Les douanes et le BNIC travaillent de concert sur ce sujet afin d’harmoniser et de simplifier les processus de saisie.

Mais il est pour l’heure important de valider un certain nombre de prérequis : être inscrit sur Prodou@ne, posséder un statut d’Entrepositaire Agréé, signer la convention d’adhésion et d’habilitation à CIEL (téléchargeable sur le site du BNIC), signer le formulaire d’utilisation du service DRM BNIC (téléchargeable sur le site du BNIC). Cette première étape à échéance fin 2018, concerne tout de même près de 5000 professionnels.

L’information sera bien entendu relayée par les courtiers et M. Béguin propose de faire un point d’étape en janvier 2019.

 

Retour sur le référentiel viticulture durable

 

Laetitia Four, Responsable du développement durable au BNIC, prend le relai. Elle rappelle les objectifs de la démarche viticulture durable initiée il y a deux ans et présente la stratégie de communication mise en place par l’interprofession sur le sujet. Le salon VINITECH (20 au 22 novembre à Bordeaux) sera l’occasion d’annoncer à un large public de professionnels l’engagement de la filière Cognac. Car il faut le souligner, l’environnement est inscrit pour la première fois au cahier des charges de l’appellation avec deux mesures agro-environnementales pour limiter l’utilisation du désherbage chimique. Par ailleurs, des flyers « voisin » sont à la disposition des viticulteurs concernés, des vidéos consultables sur youtube et un site internet dédié à cette démarche (www.vitidurable.cognac.fr). Objectif, adhésion de l’ensemble des viticulteurs d’ici 2021. Patrick Béguin valide : « en dépit du contexte actuel avec des rendements forts et des attaques de mildiou, la filière doit avoir une vision long terme et perdurer dans cette démarche ».

 

 

Tour de table des différentes filières 

 

Julien Nau rappelle le contexte de création d’un observatoire de prix à l’initiative du Syndicat des courtiers et du Syndicat des marchands en gros. Cet outil répond à une demande forte des partenaires de la viticulture (banques par exemple) et constitue une base informative pour la région en dressant un état des lieux des courants d’affaires.

 

On souligne par ailleurs l’attention particulière portée par Franceagrimer sur les vins sans IG. Afin d’éviter les débordements, un niveau de sanction dissuasif a été instauré (6000 €/ha) pour les opérateurs qui ne respecteraient pas leur engagement…

 

 

Présentation du référentiel de métier de Courtier

 

Nous prenons maintenant connaissance du livret de 20 pages distribué en début de matinée. C’est un référentiel synthétique organisé en huit thématiques qui vient préciser et promouvoir, dans un contexte chahuté, la profession de courtier. Pivot de la négociation commerciale, relais d’information, expert … autant de qualificatifs à mettre en avant dans un document réalisé collectivement. (Photo)

 

De belles perspectives pour le Cognac

 

« Le métier de viticulteur va changer » telle est la conclusion de M. Raguenaud considérant les évolutions administratives en cours et les enjeux de la viticulture durable exposés dans la matinée. La finalité de tout « ça », il tient à le rappeler, est de vendre. Or le contexte est excellent avec près de 200 millions de bouteilles expédiées sur la campagne 2017-2018. Mis à part deux accidents (crise de 2008 et austérité en Chine 2012/2014), la tendance des expéditions de Cognac depuis 15 ans est en croissance continue avec une accélération notoire ces deux/trois dernières années. C’est du solide dit il, mais continuer avec un tel niveau de croissance n’est pas tenable pour des raisons techniques. On constate que les approvisionnements sont difficiles et que certains négociants procèdent à des allocations. Malgré ce bémol, la multiplicité des marchés et la premiumisation des qualités sont autant d’indicateurs qui viennent conforter la robustesse de la croissance.

 Le contexte général est excellent : les consommateurs s’intéressent au Cognac (pour sa qualité d’où l’importance de la traçabilité) et les investissements industriels ou en communication vont progresser.

Le rendement annuel Cognac est de nouveau expliqué avec en corolaire la nécessité de planter et la difficulté à constituer de la réserve climatique.

Sur la question du développement durable, il rappelle l’importance de l’enjeu pour les marchés et les consommateurs et les courtiers sont invités à transmettre ce message. Cette démarche est un challenge car modifier le mode de conduite de la vigne en limitant les itrans et en supprimant le désherbage en plein est un travail de longue haleine.

 

Synthèse de la synthèse : Jérôme Prince, Président de la Fédération Nationale des Courtiers

 

La qualité de la journée est saluée par M. Prince. Puis il conclut sur la « saga » de la réforme des courtiers. Dans le cadre de la modernisation de la vie économique et face à la menace de dérèglementation qui aurait eu pour conséquence l’anéantissement du métier, la Fédération s’est battue pour défendre la profession. Après 5 ans de combat et l’emploi de lobbyistes sur la scène nationale et européenne, la publication du décret sur le registre du courtier est attendue.

La profession se structure afin de gagner en visibilité, de fédérer l’ensemble des courtiers et de prendre ainsi le leadership sur les débats politiques. Les mouvements de pensée vont vite, il faut se placer au cœur du système…

 

La matinée se clôture sur cette nouvelle positive. La journée du courtier : un rendez-vous attendu, propice aux échanges et enrichi par de nombreuses interventions ? Oui, certainement.

 

Pieds morts ou manquants (PMM) 

 

Campagne 2018-2019 : mise en œuvre du dispositif : disposer d’une liste des parcelles « non conformes ».

 

Rappel des dispositions relatives aux PMM définies dans le cahier des charges :

 

  • Si densité à la plantation ou à l’issue de la transformation inférieure ou égale à 2500 pieds : 20% maximum de pieds morts ou manquants

  • Si densité à la plantation ou à l’issue de la transformation supérieure à 2500 pieds et inférieure ou égale à 2900 pieds : 25% maximum de pieds morts ou manquants.

  • Si densité à la plantation ou à l’issue de la transformation supérieure à 2900 pieds : 35% maximum de pieds morts ou manquants.

     

    Au-delà de ces seuils, une diminution de rendement proportionnelle au taux de pieds morts ou manquants doit être appliquée. Les professionnels de la filière Cognac travaillent actuellement avec l’INAO sur une adaptation de la règle de calcul de la diminution de rendement pour tenir compte des spécificités Cognac. Par conséquent, aucun manquement ne sera relevé que la campagne 2018-2019. Le sujet fera l’objet d’une communication pour la campagne 2019-2020.

     

    Campagne 2018/2019, mise en œuvre du dispositif : établir une liste des parcelles non conformes

     

    Chaque viticulteur doit procéder au recensement des PMM de son exploitation et tenir la liste des parcelles concernées  à disposition des auditeurs internes ODG Cognac et Certipaq.

    Si des parcelles « non conformes sont intégrées dans un programme d’arrachage lié aux plantations anticipées, cette information doit être indiquée sur la liste.

     

    Comment procéder au recensement ?

     

  • choisir 2 rangs représentatifs de la forme de la parcelle ou du regroupement de parcelles.

  • Pour chaque rang, définir une zone de 50 emplacements de pieds consécutifs.

  • Procéder au comptage des PMM sur les deux zones.

  • Tenir compte de l’incertitude de mesure : 15%.

  • Vérifier que le taux de PMM est conforme au cahier des charges (voir plus haut).

  • Si taux de PMM non conforme alors indiquer la parcelle ou le regroupement de parcelles sur une liste et préciser si elles sont intégrées dans un programme d’arrachage compensateur de plantations anticipées.

     

     

    AOC Pineau des Charentes : recensement et tenue d’une liste obligatoires également.

     

     

     

     

    Nouveautés déclaration récolte 2018

     

    Déclaration de récolte 2018 : les nouveautés en six points

     

    1/ Opérateurs « Consommation Familiale » :

    Plus de dépôt de déclaration de récolte :

    L’information a été transmise par la DRDDI aux mairies concernées.

    Les opérateurs concernés ont reçu par courrier une information conjointe DRDDI et BNIC courant septembre.

     

    2/ Envoi papier :

    2018 est la dernière année d’envoi du document papier aux opérateurs « commercialisants ». Mise à disposition de tous les opérateurs d’un brouillon en ligne sur leur compte e-bnic pour préparer la saisie en ligne de leur déclaration.

     

    3/Opérateurs avec contrat de métayage :

    A compter de 2018, 1 seule déclaration en ligne déposée par le métayer reprenant sa récolte et celle du propriétaire en métayage.

    L’information sera transmise aux opérateurs concernés avec l’envoi de la déclaration de récolte papier.

    La saisie en ligne est disponible.

     

    4/Aléas climatiques 2018 :

    Reconduction du dispositif d’achat de moûts et vendanges fraîches.

    La liste des communes concernées et la circulaire de mise en œuvre sont disponibles sur le site du BNIC.

    Le dispositif est intégré dans l’application dématérialisée de la déclaration de récolte.

     

    5/Mise à disposition des données entre opérateurs de la filière :

    Cette fonction mise en place par le BNIC permet à un viticulteur de donner un droit de consultation à un opérateur sur les déclarations choisies.

    Elle peut s’appliquer dès la déclaration de récolte 2018, sur la fabrication 2018 et enfin sur la déclaration d’affectation 2019-2020.

    Le droit de consultation concerne le document ainsi que toutes les rectifications qui pourraient intervenir.

    Ce droit est révocable à tout moment.

     

    6/Déclaration d’élaboration de Pineau des Charentes :

    Attention : dématérialisation dès la récolte 2018 pour l’ensemble des opérateurs concernés (voir article complet déclaration de fabrication de Pineau).

    Intégration de la déclaration de fabrication de Pineau dans l’interface de la déclaration de récolte.

     

     

     

     

     

     

     

    Dr Jean-François Berthoumieu, climatologue

    La récurrence des aléas climatiques

    Fils d’agriculteurs originaire de Revel en Haute Garonne, Jean-François Berthoumieu a été sensibilisé aux changements climatiques à l’occasion de son Post Doc au Canada. De retour en France au début des années 1980’ il a fait le choix de mettre au service d’une association de climatologie son expertise (Interreg Atlantic, Cluster Eau & Climat situé à Agen).

    Le changement climatique est confirmé nous dit-il, l’historique des courbes de températures depuis les années 1987/1988 sur la ville d’Agen (zone de référence de ses expérimentations) l’attestent (voir schéma) avec une augmentation moyenne des températures de l’ordre de 1,3°. Alors que fait-on après un tel constat ? Se laisser endormir et s’habituer ou faire en sorte, comme il le propose, que l’agriculture devienne une part centrale des solutions du changement climatique ? Une agriculture résiliente.  Cette intervention sonne juste car depuis le 1 er octobre les représentants gouvernementaux de 195 pays sont réunis à Incheon (Corée du Sud) pour travailler sur une grille de lecture commune du réchauffement climatique et de ses impacts. 

    Focus sur notre territoire, Jean François Berthomieu revient sur les aléas que sont le gel, la grêle et la sècheresse et propose de solutions de bon sens.

    La chaleur n’exclue pas le gel nous dit-il. C’est un événement rare mais toujours probable.

    Après avoir fait le constat d’un risque élevé au printemps et de deux typologies de gel (gel de rayonnement et gelée d’évaporation), il évoque la solution des tours à vent comme outil d’assèchement du végétal.

    Sur la grêle, la variabilité saisonnière montre que 13% de l’ensemble des orages produisent de la grêle et que 57% des orages en produisent notamment entre novembre et mars. La variabilité temporelle quant à elle situe à hauteur de 92% le risque grêle entre 14h00 et 3 heures du matin. Il démontre également que les pertes économiques sont corrélées à la taille des grêlons et suggère comme protection les filets para grêle. C’est la seule solution qui selon lui a fait ses preuves.

    La gestion de l’eau fait l’objet d’une présentation plus étayée. L’eau et le changement climatique étant au cœur de l’activité de son association. Pourquoi ? Parce que nous dit-il avec plus de 50 ans d’expérience dans le domaine de l’agriculture nous avons pu démontrer que l’irrigation de précision permet de lutter contre la sècheresse tout en garantissant une meilleure valorisation de la ressource en eau. Ce constat s’appuie sur l’analyse des données collectées par 24 184 sondes capacitives (Sentek) réparties sur l’ensemble du territoire français afin d’identifier les besoins en eau des cultures. D’autres technologies telles que les satellites ou les radars viennent compléter ce dispositif en cartographiant les températures de surface. Noté. Encore faut-il qu’il y ait de l’eau. Justement le Sud-Ouest est bien positionné pour recevoir les pluies océaniques souligne-t-il même si le Gulf Stream diminuait. Avec une atmosphère plus chaude, les précipitations seront plus abondantes alors pourquoi ne pas en profiter ? Il faut trouver un moyen de capter, stocker et diffuser cette ressource en appliquant les principes d’une écologie Méditerranéenne. Telle est sa proposition. L’irrigation de la vigne n’est plus un tabou, des systèmes performants d’irrigation existent. Cette eau économisée et stockée pourrait être utilisée les jours de canicule. A défaut, on peut aussi réduire les flux de ruissellement : trouver un moyen d’accroître les macroporosités des sols (haies irriguées par exemple). Pour la conduite de la vigne, le bon sens doit s’appliquer en considérant la typologie du sol, l’orientation des plantations, la présence de haies etc…

    Jean-François Berthoumieu est convaincu : l’eau et la végétation pourraient être des moyens d’atténuation et d’adaptation au changement climatique. Pour conclure son propos, il interroge : « et vous, quelle pourrait être votre propre adaptation pour être plus résilient faces aux événements climatiques extrêmes ? ». Et bien justement, cette action de sensibilisation vient conforter l’orientation de la filière dans le sens d’une viticulture durable.

     

     

     

     

     

     

 

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