La flavescence dorée : toujours aussi préoccupante

7 octobre 2011

La Rédaction

La flavescence dorée continue de se développer dans le vignoble de Cognac et la précocité des vendanges 2011 a considérablement perturbé le travail de prospection. De nouveaux foyers de fortes intensités ont été découverts à l’intérieur et à l’extérieur du périmètre de lutte obligatoire et, indéniablement, la situation est très préoccupante. L’identification précoce des symptômes est le seul moyen de lutte pour pouvoir éliminer l’inoculum de la maladie dans les parcelles. Réaliser en fin d’été des prospections de symptômes est un acte majeur pour préserver la pérennité du vignoble, mais tous les viticulteurs ne semblent pas encore convaincus de l’intérêt de ce travail. On ne peut que regretter que cette intervention ne soit pas encore intégrée systématiquement dans le calendrier des travaux des propriétés.

Le climat très sec du premier semestre 2011 a permis de voir très tôt en saison les premiers symptômes de flavescence dorée. Les repérages des foyers ont commencé à partir de la deuxième quinzaine de juin alors qu’habituellement, ce n’est qu’à partir de la fin juillet ou début août que la maladie s’extériorise. Agnès Normandin, la responsable flavescence dorée de la FREDON de Cognac, ne cache pas que le contexte climatique de l’année ne facilite pas les choses pour la mise en œuvre des prospections : « La sécheresse tout à fait exceptionnelle des mois d’avril, mai et juin a favorisé l’expression précoce de symptômes sur les feuilles. Les jaunissements des limbes au départ ont pu être confondus avec les effets de la sécheresse mais, ensuite, le dessèchement des grappes et l’absence d’aoûtement des sarments ont malheureusement confirmé la présence de FD. L’autre élément spécifique de l’année concerne le vol de cicadelles qui a été beaucoup plus long. Nous avons observé dans les zones de vignoble non infestées par la maladie des éclosions qui se sont étalées de la mi-juillet au 10 septembre. Il est probable que les papillons adultes vont voler jusqu’aux premières gelées. Dans les zones traitées (à l’intérieur du PLO), la protection insecticide a permis de contrôler les populations dès le début de saison et réaliser un traitement supplémentaire ne servirait à rien. Par contre, ce vol prolongé de cicadelles suscite plus d’inquiétude en périphérie des foyers découverts à l’automne 2010. »

Une précocité des vendanges pénalisante pour le déroulement des prospections

Suite aux efforts de communication déployés cette année, l’équipe de la FREDON se montre à la fois satisfaite du niveau de retour de feuilles de prospections plus important et s’inquiète du manque de participation aux journées d’information sur la maladie. Indéniablement, le nombre croissant de déclarations spontanées de ceps isolés touchés extériorisant des symptômes à l’intérieur du PLO atteste des efforts de lutte des viticulteurs concernés par la FD en 2010. Par contre, dans les zones de vignobles considérées jusqu’à présent comme saines, la dynamique de recherche de la maladie par les viticulteurs paraît toujours aussi faible. Ce constat traduit toute la difficulté à créer une sensibilisation globale dans la région délimitée. Beaucoup de viticulteurs situés dans des zones pour l’instant saines ne se sentent pas du tout concernés par la flavescence dorée alors que plus d’un hectare sur deux de la région délimitée est intégré dans le périmètre de lutte obligatoire. L’équipe de la FREDON de Cognac a en charge la gestion du dossier « Flavescence dorée » dans le cadre de sa mission de surveillance du vignoble. Cette année, 4 techniciens réalisent des prospections dans les communes de sécurité et dans les communes limitrophes du PLO. Dans les zones contaminées, la FREDON intervient pour organiser la gestion des foyers en mettant en œuvre une démarche globale. Au départ, cela commence par la quantification précise des dégâts qui débouche sur l’établissement de la cartographie du foyer. Le taux d’infestation des parcelles impliquant un arrachage obligatoire est fixé à 20 % des souches atteintes dans une même parcelle.

Pas assez de remontées d’informations dans les zones considérées comme saines

p24.jpgEn ce début de mois de septembre, les premiers constats de la situation flavescence dorée sont-ils toujours aussi alarmants ? A. Normandin semble assez préoccupée car les déclarations spontanées de ceps isolés sont déjà plus importantes qu’en 2010, malgré une campagne de prospection pour l’instant moindre : « Cette année, les vendanges précoces n’ont pas laissé le temps aux viticulteurs de réaliser des prospections fin août et début septembre. La fréquentation en nette baisse aux 5 réunions d’information à partir de la mi-août s’explique à la fois par la préparation des vendanges et les vacances. Par ailleurs, beaucoup de personnes même à l’intérieur du PLO ne connaissent pas encore suffisamment les symptômes. Pour l’instant, les actions de prospection dans les propriétés ont été moins importantes, ce qui renforce notre inquiétude vis-à-vis de la situation. C’est d’ailleurs dommage car le mauvais état du feuillage de certaines parcelles risque de s’amplifier après le passage des MAV. Il n’y a pas assez de déclarations spontanées de nouveaux foyers et l’assainissement durable de la situation paraît difficilement envisageable. Les nouveaux foyers découverts en cette fin d’été ont été identifiés par les techniciens de la FREDON, ce qui laisse planer une véritable incertitude sur la gravité de la situation. L’année où un cep est contaminé, aucun symptôme n’est extériorisé. Il faut attendre un an et parfois deux ans avant de voir la maladie s’exprimer. C’est pour cet ensemble de raisons que l’on craint que les dégâts non déclarés en 2011 engendrent en 2012 une diffusion de la maladie encore plus importante. Quand nous avons peu de remontées du terrain pour nous signaler des ceps douteux, le ciblage des prospections de l’équipe de la FREDON devient très aléatoire. Le repérage de ceps porteurs de symptômes est encore possible pendant les vendanges et ensuite jusqu’à la chute des feuilles. Notre souhait est d’inciter les viticulteurs à prospecter leurs parcelles et nous nous tenons à leur disposition pour confirmer la présence de symptômes douteux. »
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De nouveaux foyers à l’intérieur et à l’extérieur du PLO

Le premier état des lieux de la situation 2011 suscite déjà beaucoup d’inquiétudes. La confirmation des premières prospections confirme une extension de la maladie dans des foyers déjà identifiés et aussi dans des zones considérées jusqu’à présent comme indemnes. L’extension de la maladie dans les communes contaminées pour la première fois en 2010 est à la fois logique et préoccupante. Plusieurs foyers touchés à plus de 20 % (impliquant l’arrachage des parcelles) ont été identifiés à Arces, Saint-Sauvant, Bresdon, Passirac et Champagnolles. D’autres foyers touchés à plus de 20 % ont été repérés dans les communes de sécurité à Javrezac, Courcoury et Ecoyeux. La découverte d’une parcelle très infestée à Ecoyeux, une commune qui était en phase de sortie du PLO, suscite de nouvelles interrogations. L’autre très mauvaise surprise concerne la découverte d’un nouveau foyer touché à plus de 20 % dans une zone extérieure au PLO à Brie-sous-Mortagne. La gravité de la situation sur ce site confirme une implantation ancienne de la maladie qui va conduire à un arrachage cet hiver. Un repérage des symptômes il y a deux ou trois ans aurait permis de contenir les dégâts à quelques pieds isolés. L’extension de la maladie sur la zone nord du vignoble dans le prolongement du foyer de Bresdon se confirme avec l’identification de ceps isolés sur les communes d’Auge-Saint-Médard et Anville (2 communes de sécurité). Dans ce secteur, d’autres ceps isolés ont été déclarés mais pas encore confirmés par les résultats d’analyses. Une forte suspicion de la présence de la maladie existe aussi sur les communes de Sainte-Sévère et Dompierre-sur-Charente (2 communes de sécurité) car les prélèvements de rameaux n’ont été réalisés que récemment. D’autres résultats d’analyses concernant une vingtaine de communes de la région délimitée (situées dans et en dehors du PLO) sont attendus d’ici la fin octobre.

Prospecter les symptômes, c’est préserver la pérennité du vignoble

Cp25.jpge premier état des lieux révèle une dynamique d’expansion de la flavescence dorée toujours positive, et le faible niveau des prospections en 2011 est vraiment préoccupant. A. Normandin considère qu’une lutte efficace contre la flavescence dorée ne peut être envisagée sans l’élimination de l’inoculum dans les parcelles. L’arrachage des souches infestées est le seul acte permettant d’éradiquer la maladie, d’où l’importance de réaliser les prospections. La lutte insecticide n’a qu’un effet indirect à court terme sur un vecteur qui, en l’absence de ceps contaminés, est inoffensif pour la vigne. La flavescence dorée n’est pas une maladie honteuse dont il faut chercher à cacher la présence. 3 ou 4 ceps porteurs de la maladie non identifiés se transforment, en deux-trois ans, en 400 ceps contaminés, ce qui engendre l’arrachage d’une parcelle entière. La recherche des symptômes n’est pas un travail aussi fastidieux que certains l’imaginent. Il faut 1 h 30 à pied pour parcourir un hectare de vigne large et il est possible d’utiliser un quad ou un petit tracteur (à petite vitesse) pour circuler plus facilement dans les rangs. Dans les communes situées à l’intérieur du PLO et celles qui sont limitrophes, les prospections doivent être envisagées de manière exhaustive dans toutes les parcelles. L’intérêt individuel et collectif des viticulteurs réside dans la rigueur du travail de prospection. C’est l’unique moyen permettant, au bout de quelques années, de pouvoir éradiquer la maladie. Prospecter la FD doit devenir une intervention viticole indispensable au même titre que la taille. Il y va de la pérennité d’une parcelle, du vignoble d’une commune, d’un canton et de celui de l’ensemble de la région délimitée. Découvrir chez soi un foyer de flavescence dorée n’a rien de honteux ! C’est déjà arrivé à de nombreux viticulteurs qui font très bien leur travail. Ne pas être en mesure de reconnaître les symptômes est compréhensible. La maladie était inconnue en Charentes il y a 20 ans et dans la plupart des cursus de formation viticole, l’information sur la flavescence dorée est restée très succincte jusqu’à la fin des année 90. Par contre, ne pas prêter attention à l’aspect végétatif douteux de quelques souches s’apparente à une prise de risque individuelle et collective. Il ne faut pas hésiter à contacter des techniciens compétents pour lever un doute et faire état de son inquiétude.

 

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