La Chaudronnerie Cognaçaise est une entreprise actuellement bien installée dans l’univers des constructeurs d’alambics charentais. Le développement de l’activité a été porté depuis dix ans par la forte demande d’équipements de distillation dans la région. La société de 32 salariés a réalisé au cours du dernier exercice 5 millions de chiffre d’affaires. L’implication d’hommes expérimentés et l’association des compétences de tous les métiers de la distillation ont été les clés de la réussite. Bruno Perez, le
dirigeant de l’entreprise, souhaite cultiver cette stratégie qu’il considère être un gage de pérennité.
Au début des années 2000, les grandes difficultés de la société Prulho inquiétaient un certain nombre de distillateurs de la région qui craignaient de ne plus avoir d’interlocuteurs pour assurer la maintenance des équipements technologiques. Suite à la cessation d’activité de ce cons-tructeur, cinq cadres ont créé, en 2003, la Chaudronnerie Cognaçaise pour assurer la maintenance des automatismes et l’entretien des alambics.
La petite structure de maintenance a doublé son activité en trois ans
Les cinq actionnaires de départ, Jean-Michel Defoulonoux, Bruno Perez, Jean-Yves Gilaud, Didier Fouquet et Stéphane Ro-geon, avaient des compétences dans tous les corps de métiers de la distillation, la chaudronnerie, la combustion, les échanges thermiques et les automatismes. La petite équipe de 8 personnes s’est installée dans des locaux modestes près de la base
aérienne de Cognac et les travaux de maintenance ont tout de suite généré une bonne activité (un chiffre d’affaires de 1 million d€/an). Très rapidement, la demande des clients a évolué vers l’installation d’alambics d’occasion. Au début de l’année 2006, la toute jeune société s’est installée sur le site actuel où des ateliers vastes ont permis d’installer toutes les machines nécessaire à la fabrication des alambics. L’effectif a rapidement augmenté pour atteindre 18 personnes en 2006 et l’activité a plus que doublé dès cette même année.
La création d’un bureau d’études et les premières innovations
En 2006, les départs à la retraite de J.-M. Defoulonoux et de S. Rogeon ont engendré un transfert de parts du capital social au profit de B. Perez, le gérant, de Stéphane Chauvin, le nouveau responsable commercial et de Jérôme Acker, l’ingénieur en mécanique. Durant la période de 2006 à 2012, le bon développement de l’activité a permis à l’entreprise de se structurer et de se doter d’un bureau d’étude dès la fin de l’année 2006. La solide expérience de B. Perez en matière d’automatismes et de combustion a été à l’origine du développement de diverses réflexions technologiques concernant le pilotage à distance des alambics (les systèmes de supervison), les économies d’énergie et les échanges thermiques au niveau de la cellule de combustion. Des prototypes de divers produits ont été testés au sein de l’entreprise et dans quelques distilleries pilotes avant de les commercialiser. Dès 2007, les premiers systèmes de préchauffage en ligne des vins avec des échangeurs multitubulaires ou à plaques ont été montés en utilisant les eaux chaudes produites par les alambics. Ces nouveaux produits permettent de gérer le préchauffage des vins en temps réel et en respectant leur qualité. Ils remplaçaient les historiques réchauffe-vins dont l’utilisation ne satisfaisait pas tous les acteurs de la région délimitée.
La nouvelle cellule de combustion a « dopé » l’activité
Le bureau d’étude s’est aussi mobilisé sur les problèmes d’optimisation de la combustion au niveau des foyers afin de ré-
duire les consommations de gaz. Le prix de ce combustible en constante augmentation devenait une préoccupation importante. À la fin de l’année 2007, une nouvelle cellule de combustion intégrant le brûleur à air soufflé Weishaupt a été testée. Les innovations concernaient à la fois la conception du foyer avec des matériaux isolants performants et l’utilisation d’un brûleur ayant un meilleur rendement de combustion. Le nouveau produit a été testé durant les hivers 2007-2010 dans plusieurs distil-leries. La mise au point pour l’optimisation du brûleur nouvelle génération a nécessité une phase d’essais assez longue pour l’adapter à l’environnement, aux contraintes de la distillation et aux exigences de coulages des différentes méthodes de distillation. À l’issue de ces deux campagnes de tests, la cellule de combustion s’est avérée opérationnelle et intéressante au niveau des économies d’énergie. Elle permettait de réduire la consommation de gaz de 15 à 20 %. La commercialisation dès 2011 de cette innovation a encore fait progresser l’activité de l’entreprise dont le chiffre d’affaires a franchi la barre des 3,5 millions d’€. A ce jour, plus de 150 brûleurs de nouvelle génération fonctionnent et sont entretenus par l’entreprise. La nouvelle cellule de combustion équipe 95 % des ventes d’alambics neufs fabriqués par la Chaudronnerie Cognaçaise.
L’intégration de nouvelles compétences
Au début de l’année 2010, Maxime Perez, après avoir suivi un cursus d’ingénieur en informatique industrielle, a intégré le bureau d’étude de l’entreprise. Le jeune technicien s’est rapidement immergé dans l’univers de la distillation des eaux-de-vie de Cognac en profitant de l’expérience de son père et de celles tous les hommes de l’entreprise. La Chaudronnerie Cognaçaise a connu une période de prospérité depuis 2010, liée à la fois à des niveaux de fabrications d’alambics neufs élevés (20 à 25 chaudières/an) et à une demande d’automatisation forte. L’activité a été en constante progression au cours des der-niers exercices, ce qui a permis de renforcer les capitaux propres et les structures humaines et technologiques de l’entreprise. M. Perez est devenu depuis cette année
responsable du bureau d’études et il encadre 4 techniciens, dont Jérôme Acker et Didier Fouquet. Les investissements dans la recherche de nouveaux produits sont permanents et abordés en faisant preuve de sens de l’écoute des besoins des distillateurs de la région. Christophe Delavallade, le gendre de B. Perez, est entré dans l’entreprise en 2007 après avoir occupé des postes à responsabilités dans des sociétés de maintenance. Il occupe actuellement la fonction de responsable de l’organisation de l’ensemble des chantiers et de leurs suivis, en collaboration avec Jean-Yves Gilaud qui encadre aussi l’atelier de chaudronnerie. J.-Y. Gilaud, qui est chaudronnier cuivre depuis les années 60, assure la transmission de son savoir-faire à la nouvelle équipe de jeunes ouvriers. Stéphane Chauvin, le directeur commercial et B. Perez ont en charge les aspects commerciaux et les relations avec la clientèle.
Des hommes d’expérience totalement impliqués dans l’entreprise
Courant 2013, B. Perez a souhaité racheter l’ensemble des parts de la société aux autres actionnaires. Le projet s’est finalisé début juillet et désormais le capital de la Chaudronnerie Cognaçaise est détenu par B. Perez, M. Perez, Julie Perez et Ch. Delavallade. B. Perez considère que cette évolution de la structure capitalistique représente un gage de pérennité pour l’entreprise : « Le parcours de la Chaudronnerie Cognaçaise depuis 2003 est une belle histoire dans laquelle des hommes d’expérience se sont totalement impliqués. La réussite actuelle est l’aboutissement de leurs efforts et je leur suis pleinement reconnaissant. Le fait d’avoir associé dès le départ une complémentarité des savoir-faire a été l’une des clés de la réussite. Cette stratégie est à mon sens toujours d’actualité et nous souhaitons travailler prioritairement pour les distillateurs de la région de Cognac. Mon souhait depuis quelques années était de pérenniser les structures de l’entreprise et l’implication de ma proche famille dans ce projet a été essentielle. L’objectif a toujours été de créer une entreprise de proximité totalement impliquée dans les métiers de la distillation. L’équipe actuelle de 32 personnes avec des chaudronniers cuivre expérimentés, des électriciens, des automaticiens, des thermiciens, essaie de faire preuve de sens de l’écoute, de professionnalisme et de réactivité. La force d’une PME comme la nôtre réside dans les hommes et la capacité à transmettre le savoir-faire aux nouvelles générations. »
Toutes les interventions sur un alambic nécessitent des compétences
L’installation d’un alambic neuf ou la rénovation d’une distillerie existante nécessite aujourd’hui un pool de compétences indissociables. Les chaudronniers cuivre sont de vrais experts pour former les chaudières trois parties, les chapi-teaux et les cols de cygne. Leurs gestes efficaces ne s’acquièrent pas en quelques semaines de formation. C’est un métier dur qui demande beaucoup d’intelligence pour « dompter » le cuivre. L’installation de la cellule de combustion mobilise les compétences de spécialistes de la combustion et d’automaticiens pour piloter les brûleurs à la fois de façon économe et performante vis-à-vis des exigences qualitatives de la distillation charentaise. Les aspects de maîtrise thermiques au niveau du préchauffage des vins et des températures de coulages des différentes fractions de distillats sont devenues essentielles depuis quelques années. Les attentes en matière de maîtrise des consommations de gaz sont toujours un sujet de préoccupation récurrent pour les distillateurs. B. Perez est très respectueux de l’implication des hommes dans la fabrication et la réparation des alambics : « Toutes les interventions sur un alambic sont complexes et nécessitent des compétences que nous devons la plupart du temps développer en interne. Les notions de savoir-faire, de transmission des compétences, de formation et d’échange entre les hommes de toutes les générations sont essentielles. Cela constitue la richesse de notre entreprise. »
De nouveaux automatismes testés l’hiver prochain
Durant l’hiver prochain, la Chaudronnerie Cognaçaise va tester une nouvelle génération d’automatismes dont le pilotage sera géré en tenant compte à la fois des mesures en continu de débits et de TAV (corrigé) des distillats. Ces informations enregistrées en temps réel permettront d’ajuster le pilo-tage des brûleurs pour obtenir des courbes de distillation les plus adaptées aux différentes méthodes.
L’objectif est de pouvoir gérer les brûleurs automatiquement en fonction des débits choisis par l’opérateur. Les bénéfices d’une telle évolution sont optimisés par le principe technologique des nouveaux foyers fermés, équipés de brûleurs à air soufflé. La stabilité de fonctionnement de la cellule de combustion rend le déroulement des coulages plus homogène, ce qui se matérialise par des débits de distillats moins soumis à des fluctuations. Avec les brûleurs atmosphériques (et les foyers ouverts), l’incidence de l’environnement extérieur aux foyers est toujours plus importante. Les nouveaux process d’automatisation plus progressifs et plus modulants atté-
nuent fortement ces perturbations et améliorent la stabilité des débits de coulage.
Un autre avantage de ce type d’automatisme sera la simplification de l’agencement à la sortie des porte-alcomètres. Les systèmes de distillats, souvent complexes, seront remplacés par un unique équipement : un débimètre massique de dernière génération
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