La certification « Cognac » exigeante et collective !

10 avril 2018

La Rédaction

Le référentiel viticulture durable de la région de Cognac se veut ambitieux, à l’image des objectifs de la filière du Cognac. Pour l’instant, la montée en puissance de l’outil se fait progressivement mais comme la totalité des acheteurs de Cognac en ont fait un axe prioritaire pour l’avenir, il est fort à croire que la certification de la majeure partie du vignoble du Cognac sera atteinte à brève échéance.

Pour en faciliter la mise en œuvre, le BNIC a développé une plateforme simple et accessible sur son site extranet afin que chaque viticulteur puisse réaliser son autodiagnostique et plannifier ses mises en conformité. L’interprofession insiste sur la dimention participative et collective du projet car les idées vertueuses ne font contagion que si elles sont directement mises en commun… de viticulteur à viticulteurs.

Ce 10 janvier 2018 au matin, dans la salle de formation de la chambre d’agriculture de la Charente Maritime, on ne pouvait pas dire que les stagiaires présents débordaient d’enthousiasme. La plupart ne s’en cachaient pas : L’idée d’une démarche administrative de plus ne les emballait pas et, s’ils étaient présents, c’était à la demande insistante de leur acheteur. Mais Valérie Baumann, l’œnologue conseil qui animait le stage les a rassuré : « La démarche se veut participative pour mettre en commun les bonnes et même les mauvaises expériences. Le bilan du stage est généralement riche d’enseignement pour tous ! ». Effectivement, après seulement quelques minutes, les langues se sont déliées laissant apparaître bien des similitudes dans le quotidien des exploitants. Là où certains peinent à se mettre en conformité avec des exigences environnementales, les autres font part de leur expérience avec des solutions simples et pragmatiques. Au fil de la formation, les viticulteurs analysent la conformité de leur exploitation, échangent avec les animateurs sur des aspects techniques et réglementaire et surtout relativisent sur l’ampleur des contraintes. En fin de formation, la plupart des personnes présentes étaient plutôt surprises du niveau de conformité de leur structure et du peu d’effort restant pour satisfaire au niveau 1 de la démarche. « Ce type d’échange et de mise en commun des pratiques, c’est précisément ce que nous recherchons, indique Laetitia Four, responsable du pôle développement durable de la station viticole, car c’est de loin la meilleur méthode pour convaincre chacun de l’intérêt et de la faisabilité du projet. »

 

Pourquoi le Cognac a-t-il opté pour une démarche de filière ?

La démarche viticulture durable entamée par la filière Cognac vise un équivalent de certification environnementale de niveau 2. Alors pourquoi ne pas avoir directement opté pour le dispositif officiel ? Laetitia Four, en charge du dossier à la station viticole du BNIC explique que les raisons de ce choix ont été multiples. D’abord, le référentiel HVE prôné par la France est un dispositif qui n’a pas de reconnaissance sur les marchés internationaux ce qui est potentiellement un problème pour le spiritueux régional. La certification HVE intègre un volet irrigation qui ne concerne pas la viticulture ou des notions de fertilisation pas toujours pertinentes. D’autre part le Champ d’application évalue d’office la globalité de l’exploitation. L’interprofession a voulu donner la possibilité, pour les exploitations en polyculture, de se focaliser d’abord sur les aspects viti-vinicoles pour aller plus vite. Enfin, HVE est un support plutôt généraliste qui, par principe, ne peut pas prendre en compte des sujets très spécialisés tels que l’utilisation des produits phytosanitaires figurant sur la liste verte du BNIC ou des exigences spécifiques de filières telles que la limitation du désherbage chimique au cavaillon.

En résumé, le référentiel viticulture durable est un dispositif HVE qui a été allégé sur les points qui ne concernaient pas la viticulture et renforcé sur tout ce qui est spécifique au Cognac. Il est en certains points plus engageant et plus communicable. L’idée est donc d’en faire un véritable outil de promotion des valeurs du Cognac aussi bien dans l’aire de production que sur les marchés si nécessaire.

 

Obligatoire ou facultatif ?

Aujourd’hui, les principaux négociants de la place qui représentent la quasi-totalité des achats régionaux ont incité leurs livreurs à s’inscrire à une formation pour matérialiser le niveau 1 de la démarche viticulture durable, c’est dire la formation et l’auto-diagnostique. Rémy Martin, de son côté, s’est fixé l’objectif HVE Bien sûr, il n’y a pas d’obligation à proprement parlé mais la recommandation étant très insistante, les producteurs ont vite intégré quel était l’enjeu. A ce jour, 1200 viticulteurs ont officiellement atteint ce but mais les sessions de formation battent toujours leur plein et ce score ne cesse de progresser. Les négociants cognaçais se sont pour la plupart fixés des objectifs et il est probable qu’à l’échéance 2025 la grande majorité des exploitations contractualisées le soient, soit au travers du référentiel viticulture durable (= certification environnementale niveau 2) voire directement avec la reconnaissance « Haute valeur environnementale ».

Pour dire les choses très clairement, la certification n’est pas une obligation… pour l’instant… Mais du fait qu’elle impose parfois des aménagements voire des mises aux normes, il est préférable de s’y attaquer dès aujourd’hui.

 

Amplifier et valoriser les démarches de progrès

La viticulture charentaise n’a heureusement pas attendu que des référentiels environnementaux voient le jour pour limiter l’impact de leurs pratiques sur l’environnement. Voilà déjà 30 ans que les groupes de viticulture raisonnée cherchent à réduire l’utilisation des pesticides. Les publications de la station viticole du BNIC et des chambres d’agriculture départementales ont été nombreuses pour accompagner les viticulteurs dans leurs initiatives et en 2004, le premier guide des bonnes pratiques viticoles et environnementales recensant l’essentiel des connaissances techniques a été diffusé à l’ensemble des viticulteurs exploitants. En 2015, la filière s’est engagé à travers un accord-cadre avec l’agence de l’eau Adour Garonne et le plan national ECOPHYTO pour améliorer la qualité de l’eau. La certification viticulture durable, s’inscrit donc dans la continuité de ces actions. Lors des autodiagnostics, la majeure partie des exploitants se trouvent plutôt rassurés de la bonne notation de leur structure dans le modèle informatique. La dimension collective de ce premier état des lieux est un outil précieux pour que la filière dispose de données précises et factuelles pour communiquer positivement sur ces pratiques.

 

Une méthode simple et accessible.

L’autodiagnostic personnel de chaque exploitation est réalisé en ligne, sur la plateforme extranet du BNIC. Après avoir paramétré le périmètre d’activité de l’exploitation viticole (Production de raisin, vinification, distillation à domicile, stockage à domicile), chaque exigence du référentiel est exposée de façon simple sous la forme d’une question explicite. L’utilisateur y répond en cochant simplement une case « oui », « non » ou « non-concerné ». Le référentiel du diagnostic se divise en 6 chapitres clefs :

  •  
    • La pérennité du vignoble.

    • La protection du milieu naturel.

    • La Maîtrise des produits phytosanitaires.

    • La gestion des effluents de chais et de distillerie.

    • La Formation, la santé et la sécurité.

    • La viticulture et le voisinage.

      A l’issue de l’inventaire, un bilan exprime en pourcentage de conformité le profil de la structure. « En général, les stagiaires sont plutôt agréablement surpris de leur bon résultat, se félicite Valérie Baumann, cela démontre qu’il ne reste finalement que peu d’efforts à réaliser pour parvenir à la certification. »

      Et sur ce point aussi, l’outil informatique vient accompagner les stagiaires en planifiant par ordre de priorité et au bon vouloir de chacun les investissements ou les pratiques nécessaires à la mise en conformité.

       

      Niveau 1, niveau 2, quelle différence ?

      Le référentiel viticulture durable  mis au point par la Filière du Cognac comporte 2 niveaux. Le premier niveau consiste simplement à s’engager dans la démarche en procédant à l’autodiagnostic de son exploitation. Ce stade comprend essentiellement des obligations règlementaires et quelques contraintes spécifiques à la filière. Le second niveau est encore en cours de validation. Il sera plus engageant pour permettre d’atteindre le niveau 2 de la certification environnementale. Il devrait consister, par exemple, à réduire le volume d’intrants phytosanitaires (hors herbicides) pour que la moyenne triennale de l’IFT (indice de fréquence de traitement) de l’exploitation soit inférieure à celle publiée par la station viticole du BNIC. Le niveau 2 pourrait aussi envisager l’interdiction pure et simple des produits classés CMR (cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction). Concernant l’utilisation d’un pulvérisateur confiné, le niveau 1 de la démarche demande au producteur d’investir lors du remplacement du pulvérisateur en fonctionnement alors que le niveau 2 imposera une pulvérisation confinée pour au moins 50% des superficies traitées (et 100% en zone sensible).

       

       


      La démarche HVE de Rémy Martin

      En France, les domaines Rémy Martin figurent parmi les premiers vignobles à avoir  obtenu  la certification environnementale HVE de niveau 3. C’est fort de cette expérience réussie  que la maison a proposé aux livreurs d’Alliance d’emboiter le pas. D’ici 2020, la totalité des adhérents de la coopérative devront être engagés au niveau 1 de la démarche de certification environnementale et la certification Haute Valeur Environnementale niveau 3 devra être atteinte pour 50% d’entre eux d’ici 2022. Un Challenge ambitieux mais pas inaccessible selon la maison qui constate que les efforts sont minces pour atteindre ce but.

       

       

       

       

       

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