La belle récolte tant attendue est là !

9 novembre 2018

Le millésime 2 018 sera fait dans la région délimitée à la fois de belles réussites et aussi de grosses déceptions. Des niveaux de production très généreux côtoient la rareté dans les secteurs très touchés par la grêle. Le vignoble de Cognac va produire cette année des volumes importants et très supérieurs à ceux des derniers millésimes. On peut d’ores et déjà dire que la production d’eaux-de-vie de 2018 sera abondante sans pour autant être en mesure de la quantifier précisément. En effet, l’hétérogénéité de la production a été importante en raison de l’impact de la grêle et du mildiou. Le niveau de richesse en alcool des vins relativement élevé va sans doute « booster » la production globale d’eaux-de-vie mais dans des proportions difficiles à apprécier.

 

            La nature avait doté les bourgeons d’une charge d’inflorescences importante dont le développement a été soumis à des conditions climatiques contrastées, parfois difficiles et aussi propices. Les viticulteurs très impliqués dans la conduite de leurs vignobles ont été récompensés de leurs efforts avec des niveaux de rendements élevés, une maturation poussée et un très bon état sanitaire des raisins. Les vignes jeunes et bien entretenues ont littéralement fait des « scores » qui vont rester gravés dans les mémoires. Un bon nombre de parcelles d’ugni blanc ont retrouvé en 2018 leur « peps » d’antan.

 

            Pourtant, tout n’a pas été simple ! En début de saison, l’humidité quasi-permanente jusqu’au début du mois de juillet a rendu le mildiou très agressif et la moindre brèche dans le dispositif de lutte s’est avérée pénalisante. Les dégâts précoces juste au moment de la floraison ont été les plus pénalisants et souvent dans ces situations les niveaux de production ne dépassent pas 6 à 7 hl d’apr./ha. Ensuite, le contexte climatique a littéralement basculé dans une séquence longue de sécheresse estivale qui a duré jusqu’à la fin des vendanges. Le soleil et la chaleur espéré et attendu au départ sont devenus au cours de la maturation un sujet d’inquiétude. Dans certains sols, la fréquence des flétrissements des grappes à l’approche de la récolte paraissait préoccupante. Or, à l’issue des vendanges, l’impact de la sécheresse a été au final limité.

 

             Les grappes ont quand même réussi à libérer des quantités de jus surprenantes ! Les vignes ont apparemment assez bien supporté les situations de stress hydrique. Ce constat plutôt exceptionnel est sans doute à relier aux faibles niveaux de rendements de beaucoup d’îlots en 2017 et aux efforts d’entretien agronomique du vignoble constants. L’autre élément marquant de l’année dans les vignes « en pleine santé » a été les teneurs en sucres élevées des moûts au moment de la récolte. Même en présence de rendements volumiques importants, la belle climatologie d’août et de septembre a boosté le processus de maturation. Les niveaux de richesse alcoolique des vins sont donc la bonne surprise de l’année ! Des niveaux de TAV proches de 10 % Vol sont fréquents avec des rendements de 130 à 150 hl/ha. Dans les propriétés ayant produit que 100 à 120 hl en moyenne, les teneurs en alcool des vins se situent souvent entre 11 et 12 % vol.

 

            Dans les zones grêlées, la réaction des vignes a été proportionnelle à l’intensité des dégâts et d’une manière générale, les rendements sont un peu meilleurs que prévu. Les îlots les plus touchés ont produit entre 10 et 30 hl/ha et ceux moins affectés approchaient la centaine d’hl. Le redémarrage du cycle végétatif après l’épisode de grêle du 26 mai, a tiré le meilleur profit du bel été. Les grappes de deuxième génération et les verjus ont pu se développer et atteindre un niveau de maturité correct et bien supérieur à ceux de 2014 ou de 2016. L’apport volumique de ce potentiel de raisins secondaire a parfois représenté 1 à 3 hl d’apr./ha. Néanmoins, beaucoup de propriétés dans les secteurs grêlés auront des niveaux de productions qui ne permettront pas de couvrir leurs charges.

 

            En cette mi-octobre, beaucoup d’observateurs s’interrogent sur le volume de production régional. Produira-t-on 800 000, 850 000, 900 000 hl d’apr ou plus ? Il faut faire preuve d’un peu de patience car les dernières cuves récoltées sont encore en pleines fermentations et les pleins sont loin d’être terminés. Avec un niveau des sorties de 613 000 hl d’AP (en progression de 5,4 %), les mises en stock de la récolte 2 018 seront de toute façon importantes. L’économie régionale attendait une belle récolte et apparemment, elle est là ! Souhaitons que les acteurs commerciaux qui la « réclamaient » mettent en œuvre des stratégies d’achats cohérentes et pérennes pour en assurer son écoulement dans de bonnes conditions. La filière de production régionale s’est engagée dans un cycle de développement à moyen terme conséquent qui mobilise des capacités d’investissement importantes. Cet objectif partagé et défini par les acteurs de la viticulture et du négoce représente un engagement de responsabilités fort pour l’avenir.

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