« Va Benne »

13 mars 2009

La Rédaction

Durant cette période des vendanges, qu’est-ce qui peut réjouir davantage le viticulteur charentais sinon de beaux raisins bien lourds, pendus dans ses rangs de vignes ? Rendement agronomique ou pas rendement agronomique, la prévision d’une récolte abondante est toujours source de satisfaction, ne serait-ce que par la perspective d’une trésorerie plus facile et la possibilité de pouvoir « trier », c’est-à-dire d’extraire le meilleur de son potentiel. Comme disent les Italiens : « Va benne », ça va bien donc. D’autant que le rendement agronomique a été porté cette année à 130 hl vol. Cette décision, qui s’inscrit dans la logique de la campagne, n’était pourtant pas acquise. Elle est à mettre au crédit de ceux qui l’ont demandée – SGV, Syndicat des vins de table – et de ceux qui l’ont acceptée, au ministère de l’Agriculture. Cet assouplissement du curseur va sans doute permettre à plus de gens de respecter le rendement agronomique – bascule économique autour de 170-180 hl vol. – et va éliminer quelques problèmes environnementaux. On ne parlera pas du bonus attaché au disponible plus important dans le hors QNV.

Comment se porte le Cognac ? En cette période charnière de fin de campagne, les chiffres sortent, et ils sont plutôt bons. Si l’on fait abstraction du pic de 1991, les sorties de Cognac ont rattrapé leur niveau d’il y a quinze ans. De l’avis général, cette tendance incite à un optimisme mesuré mais à un optimiste tout de même, surtout si l’on compare la situation du Cognac à celle des vins tranquilles. Certes le marché des Etats-Unis se tasse un peu – on parle à son égard « d’asymptote » – et sa progression ne sera que de 1,5 % sur la campagne 2004 par rapport à 2003. Mais il faut dire que le marché engrangeait tous les ans 10 % de mieux et cette croissance à marche forcée ne pouvait pas durer indéfiniment. Les négociants restent néanmoins confiants. A leurs yeux, l’Amérique, avec l’Asie, sont les deux marchés à offrir aujourd’hui le meilleur potentiel de développement. Autre signe encourageant pour les viticulteurs : la progression du VSOP qui, en deux ans, a vu ses ventes augmenter de 13,8 % (+ 5,8 % pour les Cognacs VS sur la même période). Ce bon « trend » se traduit dans les achats du négoce, au moins en volume. A la réunion de la coopérative Champaco, la maison Rémy Martin a annoncé une augmentation de sa commande de 7 %. Les mises en stocks de la récolte 2004 s’élèveront à 31 000 hl AP contre 29 000 hl AP pour la récolte 2003. Là aussi, on retrouve les chiffres d’il y a une dizaine d’années. Côté prix cependant, c’est le statu quo qui l’emporte. Vincent Géré a annoncé une reconduction des prix de l’an dernier, en insistant sur le revenu ha, bonifié par l’augmentation du volume, sur le fait que Rémy Martin « avait une cote et la respectait » et aussi sur les primes de qualité, qui participent au prix d’achat. Lors de la réunion de Champaco, Dominique Hériard-Dubreuil a présenté aux délégués Jean-Baptiste Maugars. Depuis neuf mois dans la société, ce dernier occupe le poste de directeur général de Rémy Martin, Jean-Pierre Lacarrière gardant lui aussi cette fonction. En tant que directeurs généraux, ils siègent tous les deux au sein du groupe CLS-Rémy-Cointreau. Présidente de Rémy-Cointreau, Dominique Hériard-Dubreuil est également présidente du groupe. J.-B. Maugars a bâti son expérience professionnelle dans le monde du parfum, des cosmétiques et dans celui du Champagne.

Rémy Martin n’a pas l’exclusivité des changements d’organigramme. Un communiqué du groupe LVMH, daté du 27 septembre dernier, a annoncé le départ de Roland de Farcy, qui dirigeait la maison Hennessy depuis 2002. Il est remplacé à la tête de la société par Patrick Sauvageot. Diplômé de l’ESSEC, une grande école de commerce, ce dernier a exercé des responsabilités commerciales et marketing au sein du groupe Danone, notamment dans le secteur des bières, des eaux minérales et des produits frais. Depuis 2002, il était P-DG de Danone France Produits laitiers, une des divisions les plus importantes du groupe. La rumeur du départ de Roland de Farcy courait depuis plusieurs jours et, précisément, depuis le 17 septembre. A l’occasion des journées du Patrimoine, c’est Christophe Navarre, ancien P-DG d’Hennessy, aujourd’hui à la tête du secteur vins et spiritueux de LVMH, qui accueillaient les hôtes lors d’une réception au château de Bagnolet.

Même si son séjour en Charentes fut de courte durée, Roland de Farcy laissera l’image d’un homme curieux et ouvert, simple et direct dans son approche des gens et des choses. Un « honnête homme », au sens que le siècle des lumières accordait à ce terme, c’est-à-dire cultivé et humaniste. Sans doute pourrait-on dire qu’il n’avait pas le panache de son prédécesseur. Une vertu qui, pour une entreprise de luxe, prend toute sa consistance.

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