Journée des courtiers, jeudi 8 septembre

7 octobre 2011

Avec un sourire, Patrick Béguin, président du Syndicat des courtiers de la région de Cognac, s’est excusé auprès de ses collègues. « Je ne vous ai pas arrangé la vie ». Pourtant fixée tôt dans la saison, la journée des courtiers n’a pas réussi à devancer les vendanges. Assistance malgré tout honorable et informations au rendez-vous.

p14.jpgIls étaient au rendez-vous, et les courtiers dont beaucoup avaient mis entre parenthèses une demi-journée de planning serré et les invités, dont aucun n’avait fait défection. Encore une fois, la Journée des courtiers a tenu son rôle d’introducteur de la campagne viticole. Avec la Réunion des vendanges du SGV Cognac, c’est un moment privilégié pour se repérer dans le maquis toujours foisonnant et complexe de la réglementation viticole charentaise. Comme à son habitude, le Syndicat des courtiers y a ajouté le « bonus » d’un point technique et l’éclairage indispensable des marchés.

Des chiffres « plaisants »

Cette année, aux manettes de la réglementation Cognac, Janine Bretagne bien sûr, indétronable dans sa fonction de « passeur ». A ses côtés Céline Rayer, sur les aspects ODG, Laurence Guillard, délégué territorial INAO de la région Centre-Ouest (Cognac-Aurillac), Sophie Quillet, responsable des interventions vitivini. à France-AgriMer Poitiers, Stéphane Archambaud, du Syndicat des producteurs de Pineau, Jean-Jacques Häuselmann, du Syndicat des producteurs de Vins de pays charentais. Au niveau technique, c’est Patrick Vinet, responsable du laboratoire d’œnologie de la Chambre d’agriculture 16, qui officia, avec brio. Quant aux professionnels, pas un ne manquait à l’appel : Philippe Coste, président du BNIC, accompagné de Patrice Pinet, P-DG de Courvoisier, représentant le Syndicat des maisons de Cognac (SMC), présidé par Jean-Marc Morel, Jean-Marie Baillif, président du Syndicat des producteurs de Pineau des Charentes, Jean-Louis Barraud, président du Syndicat des producteurs de vins de pays des Charentes, Hervé Pogliani, président du Syndicat charentais des négociants en vins. Catherine Le Page, directrice du BNIC, clôtura la réunion.

p14b.jpgEn introduction à cette rencontre, Patrick Béguin s’est ouvertement interrogé. « Si nous produisons cette campagne 750 à 800 000 de pur, ces quantités seront-elles toujours adaptées à nos besoins ? Ne risquent-elles pas de peser dans quelques années, même si nous allons sûrement arriver assez rapidement aux 500 000 hl AP de sorties Cognac (492 218 hl AP au 31 août 2011) ? » Questionnement légitime auquel, bien sûr, ni Philippe Coste ni Patrice Pinet purent répondre précisément. Mais de leurs interventions respectives émanèrent quelques éclairages. Le président du BNIC a confirmé « que, sur les marchés, le Cognac campait sur des chiffres « plaisants ». « Nous avons sans doute mieux passé la crise que d’autres vins & spiritueux. Au pire moment, en 2008, nos ventes ne reculèrent que de 15 % et nous sommes sortis de la crise plus rapidement que les autres. » Patrice Pinet a dit un mot de la crise boursière, pour reconnaître « que chaque crise engendrait des problèmes. Soyons extrêmement vigilants. » « En Angleterre, a-t-il dit, les difficultés économiques appellent déjà de notre part des efforts sur les prix, afin que nos clients n’aillent pas vers le brandy. » Mais il n’oublie pas non plus que le Cognac a terminé la campagne 2010-2011 à + 11 %, avec des ventes de VSOP à + 17 % contre + 3 % pour les VS. « Les Asiatiques, principaux consommateurs de VSOP, apprécient l’image mais aussi le goût du VSOP. Ils aiment la rondeur du VSOP et des qualités supérieures. »

Le P-DG de Courvoisier a parlé d’un stock globalement équilibré mais présentant des failles, des manques, dans les vieux comptes d’âges. Il a plaidé pour une réserve de gestion qui puisse monter jusqu’au compte 10 et, pourquoi pas, être différenciée par cru. « Le marché a besoin de fluidité. Une bonne gestion du stock est tout sauf manichéenne. Elle réclame souplesse et adaptabilité. La réserve de gestion est l’outil idéal. Avec ses sorties décalées dans le temps, elle ne vient pas polluer les qualités les plus jeunes. »

Prémices de rétention

Dirigeant d’une « PME du Cognac », Philippe Coste s’est ému quant à lui des prémices de rétention qu’il perçoit en viticulture. « Nous, PME, avons fait beaucoup d’efforts de contractualisation. C’est un peu attristant de voir se profiler ce genre d’attitude. N’oublions pas que le leitmotiv du Cognac est de satisfaire ses clients. Les phénomènes d’allocation qui se mettent en place ici et là ne sont pas satisfaisants. »

C’est le moins que l’on puisse dire que le responsable du laboratoire d’œnologie de la Chambre d’agriculture de Charente maîtrise son sujet. Patrick Vinet a fait un exposé brillant sur la vendange, son traitement et le lien avec la qualité du Cognac. Il a très bien décrit une récolte marquée par une immense hétérogénéité liée à la pluviométrie, la nature du sol, des réserves hydriques très variables et des pratiques culturales « parfois déficientes ». Il s’est arrêté longuement sur le rôle de l’azote, fondamental pour assurer la multiplication des levures et la fermentation complète de l’ensemble des sucres. Ceci dit, « tout dépend des objectifs » : simplement obtenir une fermentation complète, élaborer un vin équilibré ou élaborer un vin riche en esters. Mais attention aussi à des apports de sulfate d’ammoniaque qui accélère la vitesse de fermentation et augmente significativement la température. » Température ! Un des mots clés de la vinification 2011. La précocité induit des vendanges en conditions chaudes et donc, quelque part, des risques de non-qualité. Le danger ! Que les levures indigènes se développent rapidement et empêchent les LSA (levures sèches actives) de s’implanter. Quid aussi de ces moûts « à problème » issus de parcelles ayant souffert de la sécheresse. Quelle stratégie adopter quand le TAV est de 8,3, l’acidité totale de 5,3 et le pH de 3,88 ? Patrick Vinet a indiqué quelques pistes, en insistant sur la conservation de ces vins. « Il faudra les rentrer en distillation assez rapidement. »

Dans son intervention, Catherine Le Page a rappelé les six axes de travail validé par l’interprofession – défense de l’appellation, gestion de la production, promotion du produit, communication institutionnelle… Mais le point le plus novateur, cité en dernier par le directeur du BNIC, fut celui de la « gestion de crise ». « Un vrai chantier » a-t-elle dit. Prémonitoire ?

 

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