Jean-Marie Baillif : « Pas une bombe, un attentat ! »

5 avril 2011

Parmi ceux qui, dans la région délimitée, s’opposent à la libéralisation des droits de plantation, Jean-Marie Baillif est certainement celui qui, aujourd’hui, tient le discours le plus abouti. Il l’a rodé lors des réunions de section préalables à l’AG du Syndicat des producteurs de Pineau, le 12 avril à Archiac.

Jean-Marie Baillif – « Si un jour les droits de plantation ne devaient plus exister, nous n’aurions plus l’occasion de nous réunir. Car, tout bonnement, nous n’existerions plus. Ce n’est pas une bombe que lance la Commission, c’est un attentat qu’elle perpétue. Si on voulait tuer la viticulture européenne, l’on ne s’y prendrait pas autrement. Le droit de plantation touche à plusieurs aspects. Le patrimoine du viticulteur tout d’abord. Le viticulteur doit rester maître d’œuvre du système, même si rien n’empêche, bien sûr, que le potentiel de production soit cogéré au plan interprofessionnel. Mais c’est quand même le viticulteur qui investit. C’est à lui que revient le droit de savoir s’il veut ou non planter.

Au niveau régional, il n’est pas concevable d’envisager des systèmes de gestion différenciés entre le Cognac, le Pineau, les vins. Le vignoble ne fait qu’un. Le bassin représente la bonne dimension.

Bien entendu, l’encadrement de la production ne saurait être qu’européen. La France peut toujours envisager de réguler mais si l’Europe ne suit pas, cela ne servira à rien.

Le régime du Pape (Potentiel annuel de production par exploitation), prôné par certains, est extrêmement dangereux et illusoire. C’est une erreur de penser que l’on peut gérer le court terme et le long terme avec le même outil. Ce n’est pas possible. On ne peut pas gérer de concert le potentiel de production (le rendement) et la plantation. C’est comme si votre banquier vous consentait un prêt sur 10 ans pour financer vos achats phytos de l’année. On sait très bien qu’une vigne est plantée pour au moins 25 ans. Quand elle est en place, les gens ont beaucoup de mal à l’arracher. Planter ne serait-ce que 2 000 ha en trop sèmerait la panique dans la région.

Le combat que nous menons contre la libéralisation des droits de plantation n’est pas le combat du Pineau, des vins de pays ou du Cognac mais le combat de tous, pour défendre notre patrimoine viticole, notre potentiel de production. Que les droits de plantation soient rénovés, cela parle d’évidence. Les interprofessions peuvent participer à leur gestion. Mais, il faut se battre pour le maintien de l’outil. Il n’a jamais été dit que, dans une économie libérale, il ne devait pas y avoir de réglementation. La préservation des droits de plantation représente un point crucial. C’est quelque chose qui touche au fond de notre existence. S’ils devaient disparaître un jour, je pense qu’il faudrait changer de métier, tous autant que nous sommes, petits ou gros viticulteurs, coopérateurs, bouilleurs de cru, livreurs de vin, vendeurs directs. Des gens sont défaitistes. Nous, nous considérons que les seuls combats à être perdus, sont ceux qui ne sont pas menés. »

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