Interprofession de Cognac

21 décembre 2011

Le 28 novembre dernier, l’assemblée plénière du BNIC, chargée du renouvellement des membres de l’interprofession pour les trois prochaines années, a élu Jean-Marc Morel, de la maison Martell, à sa tête. Jean-Bernard de Larquier, viticulteur, devient vice-président de la structure. Christophe Véral et Philippe Coste sont appelés au poste de chef de famille, l’un de la viticulture, l’autre du négoce.

p6.jpgAu nom de l’alternance viticulture/négoce, c’est donc à un représentant de la famille du négoce que revient, pour les trois prochaines années, la présidence du Bureau national du Cognac. Si Philippe Coste, membre du négoce, a accepté d’assurer l’intérim après le décès de Bernard Guionnet, c’est pourtant bien un mandat viticole qui s’est achevé le 28 novembre dernier. Il laisse place à un mandat du négoce. Le processus de désignation est toujours le même. Les syndicats proposent, les familles entérinent et l’assemblée dispose. C’est ainsi que le SMC (Syndicat des Maisons de Cognac) a proposé le nom de Jean-Marc Morel à la famille du négoce, qui l’a elle-même proposé au vote de l’assemblée plénière du BNIC. Le nom de Jean-Marc Morel « ne sortait pas d’un chapeau ». Le directeur général adjoint de Martell a présidé jusqu’à récemment le SMC (après le départ à la retraite de Jean-Marc Olivier) et fut vice-président du Bureau national du Cognac lors du mandat de Bernard Guionnet. Côté viticulture, une logique similaire a fonctionné. La nouvelle formation UGVC (Union générale des viticulteurs pour l’AOC Cognac) a proposé la candidature de Christophe Véral au poste de chef de famille. L’ancien chef de famille de la viticulture, Jean-Bernard de Larquier, accède à la fonction de vice-président du BNIC. A Philippe Coste, président par intérim du BNIC, revient le poste de chef de famille du négoce. Dans le même temps, Philippe Coste, représentant « naturel » des PME du Cognac, prend la présidence du SMC. Il succède à J.-M. Morel.

Dans les rouages interprofessionnels

Jean-Marc Morel est arrivé dans la région en mars 2008 et, tout de suite, il s’est investi dans les rouages professionnels régionaux. Philippe Coste a salué « sa capacité mais surtout son envie d’écouter tout le monde ». « Depuis 2008, a-t-il dit, M. Morel a marqué les esprits par son empathie sincère… et en plus je le pense » a décoché le nouveau chef de famille du négoce. Et de poursuivre : « Le SMC a accueilli avec enthousiasme la candidature de Jean-Marc Morel. Faire acte de candidature n’est pas chose simple. Il faut que l’entreprise soit d’accord pour rendre son dirigeant disponible. Nous en remercions la maison Martell, le groupe Pernod-Ricard et tout particulièrement Lionel Breton. »

Sa mandature, le nouveau président du BNIC la place sous le signe « du dialogue permanent entre les deux familles ». Il y voit « la clé du succès ou plutôt des succès de ces dernières années ». « Je fais toute confiance aux deux chefs de familles pour préserver ce climat. » Sur le contexte économique, J.-M. Morel a relevé une certaine forme de paradoxe : « Philippe achève son mandat sur une période historique où les ventes de Cognac n’ont jamais été aussi fortes et, qui plus est, très bien réparties géographiquement, avec une progression des qualités hautes. Mais le contre-pied de ce fort développement, c’est une certaine tension sur les volumes. C’est de notoriété publique que les approvisionnements sont tendus et les prix élevés. Au plan macro-économique, a-t-il poursuivi, la nouvelle mandature démarre dans un contexte de crise de la dette européenne. Nous ne devons pas l’ignorer mais il ne s’agit pas non plus de sombrer dans le pessimisme. Pour l’instant les expéditions sont bonnes. Il ne faudra pas “crier au loup” au moindre signe de repli. On ne peut pas battre des records tous les ans. Quand on est au plus haut, c’est compliqué de faire mieux, même si les entreprises y travaillent tous les jours. »

Libéralisation des droits de plantation

Au sujet des grands enjeux qui se profilent à l’horizon, Jean-Marc Morel en a cité plus particulièrement trois : la libéralisation des droits de plantation, la gestion de la production avec la question de la réserve de gestion et enfin les aspects de développement durable. En ce qui concerne « l’enjeu transversal de la libéralisation des droits de plantation », le nouveau président du BN en a appelé à la promotion du PAPE (Production annuelle par exploitation), un projet soutenu par l’interprofession de Cognac et dérivé du quota d’exploitation du Plan Guionnet. « Il s’agit d’un enjeu majeur pour nous. Nous avons rencontré la semaine dernière des représentants du négoce venant d’autres bassins viticoles français. Ils ont été intéressés voire impressionnés par la qualité du dialogue interprofessionnel, son niveau de maturité et la force de proposition que cela représente. » Tout en suggérant de changer le nom du PAPE – « nous n’avons pas prévu de rentrer dans les ordres » – J.-B. de Larquier a confirmé que les deux familles du négoce et de la viticulture cognaçaise « étaient en phase » sur le PAPE, de même, a-t-il précisé, « qu’avec un certain nombre de nos collègues des autres régions ». « S’il n’y a plus de droits de plantation, à nous de réfléchir à l’encadrement de nos produits. Le fait de lier au sol le droit à produire aboutit à faire de l’outil économique PAPE un vrai outil juridique d’encadrement. Si la Commission européenne est fermée sur le sujet des droits de plantation, il faut être en mesure de proposer un nouveau système. »

Sur la réserve de gestion, président et vice-président ont signalé que l’assemblée plénière du 28 novembre avait débattu de la question et avait émis une motion. En ce qui concerne la politique de développement durable à laquelle J.-M. Morel semble manifestement attaché, le nouveau président du BN a surtout insisté sur « la valorisation des outils existants ». « Avec le plan éco-phyto, le bilan carbone, les travaux de la Station Viticole, nous possédons une excellente base de travail. Il suffit de mettre en cohérence ces outils. » Il a volontiers admis qu’il ne pouvait y avoir d’objectifs de développement durable que s’ils étaient « économiquement acceptables ».

Avant de rentrer de plain-pied dans ses nouvelles fonctions, Jean-Marc Morel a tenu à remercier l’ensemble des gens qu’il avait côtoyé durant ces quatre années passées à Cognac. « Ils m’ont communiqué leur passion du Cognac. Ce que je trouve de formidable dans cette interprofession, c’est qu’elle est dépositaire de l’appellation. Les uns et les autres, viticulteurs et négociants, nous avons à renforcer cette appellation. C’est notre première mission. » Le président de l’interprofession a exprimé tout ce qu’il devait à Bernard Guionnet. « Durant mes deux premières années à Cognac, je fus vice-président du BN à ses côtés. J’ai passé pas mal de temps avec lui. Ce compagnonnage a sans doute compter dans le choix de présenter ma candidature. » Jean-Marc Morel a remercié Philippe Coste pour sa prise de responsabilité à la tête du BNIC. « Dans des circonstances qui malheureusement n’étaient pas prévues, il a assumé sa tâche de façon brillante, avec la confiance des deux familles. De manière respectueuse et digne, il a maintenu la mémoire de Bernard Guionnet. » A son tour, Philippe Coste a remercié Catherine Le Page et ses services « pour m’avoir accueilli avec beaucoup de bienveillance. J’en suis sincèrement reconnaissant ».

Bio : Au sein du groupe Pernod-Ricard depuis 1987, Jean-Marc Morel est âgé de 50 ans. Ingénieur agronome de formation, il a fait un MBA (Master of Business Administration) à HEC, la grande école de commerce parisienne. Avant d’arriver chez Martell, J.-M. Morel était directeur des opérations de la société Pernod. Jean-Marc Morel est Parisien d’origine.

BNIC – Dix présidents en soixante-dix ans
Créé il y a soixante-dix ans, le 5 janvier 1941, en tant que « Bureau de répartition des vins et eaux-de-vie de Cognac », le BNIC vient d’élire, sauf erreur, son dixième président.
En 1998, Bernard Guionnet a inauguré un nouveau cycle, celui d’une présidence professionnelle du BNIC. Jusqu’alors, des hauts fonctionnaires présidaient l’interprofession de Cognac.
Les différents présidents du BNIC, des origines à aujourd’hui :
− Premier président du Bureau national de répartition : l’ingénieur général Siloret, assisté d’Alfred Picard.
− Yves Baudy, directeur régional de l’Agriculture.
− Jean Graille, sous-préfet.
− Bernard Gans (30 mars 1995 – 6 mars 1996).
− Jacques Guibé, inspecteur général de l’Agriculture (mars 1996 – décembre 1998).
− 15 décembre 1998 : Bernard Guionnet devient le premier président du BNIC issu des rangs professionnels. Candidat de la viticulture, il succède, au nom de l’alternance, au candidat du négoce, J. Guibé. B. Guionnet a alors 50 ans. Son premier mandat s’achève en 2003.
− Juillet 2003 – juillet 2008 : Jean-Pierre Lacarrière (société Rémy Martin) assure un mandat complet de président.
− Juillet 2008 – octobre 2008 : intérim de trois mois de J.-P. Lacarrière, en attente de la création de la FVPC (Fédération des viticulteurs producteurs de Cognac), chargée de désigner le candidat viticole.
− Novembre 2008 – avril 2011 : 2e mandat de Bernard Guionnet, interrompu brutalement par son décès le 12 avril 2011.
− La présidence par intérim est assurée par Philippe Coste (Compagnie commerciale de Guyenne), membre de la famille du négoce.
− 28 novembre 2011 : l’assemblée plénière du BNIC élit Jean-Marc Morel (société Martell) à la tête du BNIC. Sauf erreur, c’est le 10e président de l’interprofession.

Comité permanent
Président : Jean-Marc Morel
Vice-président : Jean-Bernard de Larquier
Chef de famille du négoce : Yann Fillioux (suppléant : David Careyte)
Chef de famille de la viticulture : Christophe Véral (suppléant : Christophe Forget)
Membres du négoce : James Bannier, Philippe Coste, Yann Fillioux, Jean-Marc Girardeau, Jean-Marc Morel, Patrick Piana, Patrice Pinet (suppléant de MM. Coste et Girardeau : David Careyte).
Membres de la viticulture : Patrick Brisset, Christophe Forget, Philippe Guélin, Jean-Bernard de Larquier, Olivier Louvet, Stéphane Roy, Christophe Véral.
Assemblée plénière
Président : Jean-Marc Morel
Vice-président : Jean-Bernard de Larquier
Chef de famille du négoce : Yann Fillioux (suppléant : David Careyte)
Chef de famille de la viticulture : Christophe Véral (suppléant : Christophe Forget)
Membres du négoce : James Bannier, Vincent Chappe, Philippe Coste, Yann Fillioux, Alexandre Gabriel, David Careyte, Jean-Marc Girardeau, Frédéric Larsen, Pierre-Hubert Lassalle, François Le Grelle, Jean-Marc Morel, Patrick Peyrelongue, Patrick Piana, Patrice Pinet, Patrick Raguenaud, Jérôme Royer, Lilian Tessendier.
Membres de la viticulture : Jean-Christophe Baraud, Eric Billhouet, François Bonneau, Patrick Brisset, Raphaël Brisson, Isabelle Clochard-Gualbert, Xavier Desouche, Christophe Forget, Philippe Guélin, Sylvain Gillet, Jean-Bernard de Larquier, Bernard Laurichesse, Olivier Louvet, Raphaël Martinaud, Philippe Martineau, Stéphane Roy, Christophe Véral.

 

 

 

 

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