Jean-Bernard de Larquier a été élu président du BNIC le 18 novembre dernier. En vertu de l’alternance entre les deux familles, un représentant viticole succède à un représen-tant du négoce à la tête de l’interprofession de Cognac. Investi depuis plus de 30 ans dans le syndicalisme viticole, Jean-Bernard de Larquier a exercé à peu près tous les mandats professionnels, Cognac comme Pineau. Avec la fonction de président du BNIC, il accède à une nouvelle stature, à de nouvelles strates de responsabilités. Un mandat qu’il découvre, qui engage et qui génère des attentes.
L’engagement syndical et professionnel, une seconde nature chez Jean-Bernard de Larquier. En 1978, à peine installé, le jeune homme de 22 ans adhère au cercle cantonal des Jeunes Agriculteurs puis ce sera très vite la commission viticole J.A, la présidence du syndicat départemental. Dès cette époque, il est sensible aux divisions qui traversent la viticulture charentaise : division entre la Charente et la Charente-Maritime, division entre les crus, division entre les Bois et les Champagnes. Peut-être le fait d’appartenir au canton d’Archiac (son exploitation est sur la commune d’Arthenac) l’immunise-t-il contre un certain sectarisme – « De Charente-Maritime mais de Petite Champagne quand même » dit-il dans un sourire. En tout cas, il n’aura de cesse de jouer l’unité viticole. Il rejoint d’abord la FVC (Fédération des viticulteurs charentais), le syndicat qui, depuis les temps lointains du phylloxera, a assuré la représentation viticole charentaise. Il y côtoie les Marie-Paule Arvoire, Christian Baudry, Jean-Claude Courpron, Michel Pelletier, Jacques Bégouin, Jean-Noël Rivières et même le docteur Noël – « auprès de qui j’étais un gamin ». Une bonne école où il apprend l’art de bien maîtriser ses dossiers. Puis il intègre la FSVC (Fédération des syndicats viticoles de crus) et plus spécialement le syndicat de Petite Champagne, avec toujours la même idée : « ensemble, on est plus fort ». Cette même conviction le conduit au Syndicat du Pineau, où il sera amené à exercer les fonctions de président du Syndicat des producteurs puis du Comité interprofessionnel. Il rentre au BNIC où il deviendra quelques années plus tard chef de famille puis vice-président de l’interprofession. Parallèlement, il fut de ceux – avec Philippe Boujut, Bernard Laurichesse, Yves Auffray et les autres – qui en 2000 installèrent le SGV Cognac sur le terreau encore fumant des barrages. Plus tard, dans une atmosphère plus pacifiée et alors que le rapprochement du SGV et du SVBC est consommé, il participera à la création du Bassin Charentes-Cognac et à la naissance de la Fédération des interprofessions, quelque chose qui lui tient manifestement à cœur, lui l’homme de la diversification (sur ses 45 ha de vignes, 13 sont affectés à d’autres débouchés que le Cognac). Jean-Bernard de Larquier accède aujourd’hui à la présidence du Bureau national du Cognac. Cette nouvelle responsabilité représente à coup sûr une reconnaissance de son parcours professionnel, non seulement le sien mais aussi celui de toute une génération, ses collègues qui, comme lui, ont consacré trente-cinq ans à la représentation syndicale.
Assemblée plénière constitutive
Le 18 novembre, s’est tenue l’assemblée plénière constitutive du BNIC, celle qui installe les nouveaux membres de l’interprofession, pour un mandat de trois ans. Au préalable, chacune des deux familles, via leurs syndicats respectifs – SMC et UGVC – avait livré la liste de leurs membres pressentis pour siéger au BNIC. Restaient à élire président et vice-président ainsi qu’à désigner les membres du comité permanent, l’organe exécutif du Bureau national. Le suspense n’était pas insoutenable en ce qui concerne la présidence.
Jean-Bernard de Larquier, seul candidat au sein de sa famille, a recueilli les suffrages des membres du BNIC. A la tête de l’interprofession, au nom de l’alternance, un représentant viticole succède donc à un représentant du négoce (Jean-Marc Morel, Martell & Co). Comme vice-président, l’assemblée a accordé ses voix à Yann Fillioux (société Hennessy), lui aussi présenté par sa famille. Les deux chefs de famille (un poste important) sont respectivement Philippe Coste (qui remplace Yann Fillioux à cette fonction) et Christophe Véral. Ils ont comme suppléants Vincent Chappe dans les rangs du négoce et Christophe Forget dans ceux de la viticulture. Christophe Véral, déjà chef de famille sous la précédente mandature, retrouve sa fonction.
En ce qui concerne le Comité permanent, sur les quatorze membres qui le composent (sept de chaque côté), quatre sont dits « membres de droit ». Il s’agit du président et du vice-président du BN ainsi que le président de l’ODG et son vice-président, respectivement Eric Billhouet et Jacques Tournat nouvellement nommés. Siègent également au Comité permanent Christophe Forget, Bernard Laurichesse, Olivier Louvet, Stéphane Roy au titre de la viticulture et, au titre du négoce, Vincent Chappe, Philippe Guettat, Nicolas Hériard-Dubreuil, Patrice Pinet.
Sous le signe de l’unité
Interrogé sur le sens de son mandat, Jean-Bernard de Larquier l’a placé d’emblée sous le signe de l’unité, unité entre négoce et viticulture. « De par ses caractéristiques, sa dimension fortement exportatrice, le Cognac possède une viticulture et un négoce aux compétences extrêmement différentes : l’une sait produire, l’autre sait vendre. L’un sans l’autre, ça ne fonctionne pas. Quand nous arrivons au ministère ou à Bruxelles et que nous sommes capables de parler d’une même voix, nous sommes entendus. Nous avons encore à consolider notre façon de travailler pour que les positions soient très partagées entre les deux familles. De vrais enjeux existent autour de l’organisation française par Bassin. Cognac doit prendre toute sa place dans cette organisation. » Commentaires de Yann Fillioux : « Je crois que nous sommes cités comme l’une des interprofessions françaises où les relations viticulture/négoce fonctionnent le mieux. C’est quelque chose d’assez fondamental. On peut toujours souhaiter mieux faire mais que les choses continuent comme ça ! »
Au-delà des « fondamentaux » du Cognac – protection de l’appellation, lutte contre les obstacles au commerce, promotion… – J.-B. de Larquier a évoqué les dossiers prioritaires. Et, à cet égard, il a plus parlé de continuum que de rupture. « Vous savez que nous travaillons sur le Business Plan Cognac. Nous devons le finaliser, afin de mettre en œuvre le nouveau régime d’autorisation des plantations. Un autre dossier à poursuivre concerne la réserve de gestion, pour en faire un outil durable. Nous reste aussi à travailler sur le cahier des charges et le plan de contrôle car une appellation, c’est quelque de chose de vivant.
Une vigne est plantée pour 30 ans. Mais si le marché évolue, il faut donner aux viticulteurs les moyens de s’adapter. Dans les cartons, nous avons le PAPE ou Potentiel annuel de production par exploitation. Le Cognac a besoin d’ouvrir de nouveaux marchés. Sans nouveaux marchés, il n’y a pas d’évolution possible de la filière. Si nous sommes confiants dans l’évolution positive du Cognac, nous savons aussi que ça ne se fera pas sans à-coups. Ainsi tous les outils que nous mettons en place n’ont qu’un seul but : gérer les aléas dans le temps ; que les besoins du négoce puissent être alimentés et que la viticulture, si elle doit produire moins, soit capable de s’adapter. »
Une course de fond
Le mandat du président de l’interprofession dure trois ans. Il s’agit non pas d’un marathon mais, tout le moins, d’une course de fond. Au quotidien, comment s’organiser pour faire face aux obligations générées par le poste ? J.-B. de Larquier vient de recruter un salarié supplémentaire et l’interprofession a décidé de prendre en charge le coût de ce nouvel emploi. Une démarche qui constitue une première, que l’intéressé explique : « Quand le président est issu des rangs du négoce, son groupe a les épaules plus larges pour assumer un détachement partiel. Ce n’est pas le cas d’un viticulteur, dont l’entreprise est souvent unipersonnelle. » Et de signaler que dans un passé pas si lointain, les présidents de l’interprofession étaient des hauts fonctionnaires, issus de l’administration publique. Catherine Le Page, directeur du BNIC, a confirmé la plus-value attachée à la disponibilité d’un président : « A Paris ou à Bruxelles, le fait d’intervenir en binôme, président et directeur, change la donne. C’est tout simplement essentiel. » Même appréciation du vice-président de l’interprofession. « Si la relation entre les deux familles a autant progressé au cours de la dernière mandature, c’est en partie grâce à une forte présence des professionnels. Ce n’est pas la seule explication mais c’est indispensable pour entretenir une relation forte. »
A 67 ans, Yann Fillioux est le doyen de l’assemblée interprofessionnelle. C’est d’ailleurs lui, qui en qualité de doyen, a ouvert la première session. Il est rentré au Comité permanent du BNIC en 1992, il y a plus de vingt ans.
OCM viti-vinicole
Aides aux investissements de chai : mise en ligne des documents
Initié avec l’OCM 2008, le programme d’aides aux investissements viti-vinicoles se poursuit. Le 20 novembre dernier, FranceAgriMer a mis en ligne le dispositif applicable en 2015 ainsi que les formulaires de demandes d’aide, à télécharger. Pas ou peu de changement sauf des délais raccourcis.
Sur la base de l’OCM vin de 2008, le programme d’aide aux investissements viti-vinicoles a été réinitialisé pour une nouvelle période courant de 2014 à 2018. Sur l’année 2015, l’enveloppe annuelle reste élevée : 150 millions d’€. Sont éligibles les équipements liés à la commercialisation mais aussi et surtout ceux relatifs à la vinification, bâtiment et matériel de chai : réception de vendange, pressoir, cuves, équipement de thermorégulation… A noter que lorsqu’un matériel sert à la fois à la vinification et à autre chose (comme la thermorégulation pour la distillation par exemple), il devient non éligible. Une règle qui a tendance à complexifier les choses en Charentes.
Pour pouvoir prétendre aux aides, un seuil de déclenchement existe : au moins 10 000 € d’investissement. Quant au taux d’aide, il s’élève sans changement à 35 % pour les PME (la très grande majorité des dossiers). Nouveauté en 2015 ! Les très grandes entreprises (chiffre d’affaires supérieur à 200 millions d’€, plus de 750 salariés) peuvent prétendre aux aides mais à un taux minoré (8,75 %). Par contre, ce qui va changer pour tout le monde en 2015, y compris pour les petites entreprises, ce sont les délais.
Le dossier de demande d’aide se présente toujours en deux parties : une première partie qui concerne la « réservation de l’enveloppe », avec accusé de réception de FAM. Et une seconde partie qui intéresse le projet lui-même : descriptif des travaux, fourniture de devis… Jusqu’à présent, les délais couraient de janvier à avril. Sur 2015, c’est un peu différent. La partie 1 du dossier est à remettre du 6 janvier au 30 janvier. Et la partie 2 doit parvenir aux services de FranceAgriMer avant le 27 février. Comme on le voit, les délais se sont raccourcis. Par contre, s’il reste des crédits, il est prévu de pouvoir réouvrir une deuxième phase d’instruction du mois de mars jusqu’au 30 avril. Mais évidemment, pour le viticulteur, jouer la montre comporte une part de risque.
Les documents nécessaires à la constitution du dossier sont en libre accès sur le site de FranceAgriMer à l’adresse suivante : http://www.franceagrimer.fr/fam/filiere-vin-et-cidriculture/Vin/Aides/Investissements/Programme-d-investissements-des-entreprises-vitivinicoles-Appel-a-projet-2015
Pour remplir et déposer son dossier, n’existe aucune obligation de faire appel à un intermédiaire, même si plusieurs interlocuteurs proposent leurs services, dans des cadres différents (prestations gratuites ou payantes).
Renseignements : Service FranceAgriMer Poitiers, 15 rue Arthur-Ranc – CS 40537
86020 Poitiers cedex – Standard : Tél. 05 49 03 11 81 – Fax 05 49 03 11 36
« Regards croisés sur le Cognac », une conférence proposée par la Faculté de droit de Poitiers
Le mardi 20 janvier 2015, l’Institut de droit rural de la Faculté de droit de Poitiers et la Fédération Territoires (portail scientifique de l’Université dédié aux… territoires) propose une conférence sur le Cognac. A travers un regard à la fois panoramique et plus pointilliste, les intervenants présenteront quelques-unes des clés de compréhension du Cognac, spiritueux majeur à l’échelle mondiale.
Programme – 17 h : Accueil par Yves Jean (président de l’Université de Poitiers) et Denis Rochard (directeur de l’Institut de droit rural) – 17 h 15 : Marché du Cognac par Sébastien Dathané (consultant) – 17 h 35 : Histoire du pro-duit et de sa région par Jean-Marie Augustin (professeur honoraire) – 17 h 55 : Elaboration du produit par Jean-Luc Braud (consultant) – 18 h 15 : Consécration juridique du produit par Gabrielle Rochdi (enseignant-chercheur) et Denis Rochard (enseignant-chercheur) – 18 h 35, La grappe du Cognaçais, stratégies et enjeux de ses acteurs par Marie Ferru (enseignant-chercheur) et Benjamin Guimond (ingénieur d’études) – 18 h 55 : Copie, imitation, contrefaçon et spiritueux par André Le Roux, (enseignant-chercheur) – 19 h 15 : Le Cognac vu de l’intérieur par David Boileau (ambassadeur du Cognac BNIC) – 19 h 35 : Conclusion par Philippe Lagrange (doyen de la Faculté de droit et des sciences sociales) – 20 h : Cocktail à base de Cognac avec le soutien de Jas Hennessy et du lycée agricole de l’Oisellerie.
Conférence tout public – Gratuite – Inscription obligatoire sur : http///droit.univ-poitiers.fr/droit-rural (dans la limite des places disponibles)
Contact : Elisabeth Rebillier – Secrétariat Master 2 Droit de l’activité agricole et de l’espace rural elisabeth.rebillier@univ-poitiers.fr
Mardi 20 janvier 2015 (17 h – 20 h). Faculté de droit et sciences sociales, amphithéâtre Carbonnier – 15, rue Sainte-Opportune – Poitiers (centre-ville). Possibilité de stationner parking Notre-Dame.
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