Insaisissable

4 janvier 2009

La Rédaction

A l’heure où le SGV Cognac appelle à une grande manifestation le jeudi 30 mai, expression d’un « ras-le-bol général », alors qu’à la vigne se construit le fameux rendement agronomique, source de tant de vicissitudes, le climat viticole est plus que jamais insaisissable.

 Trop de contractions l’assaillent. Pour la première fois peut-être, des viticulteurs en pleine activité abandonnent la profession. Devant des difficultés financières sans nom, dans un réflexe salvateur, ils préfèrent jeter l’éponge pour se reconstruire… ailleurs. Dans certains secteurs, si l’on parle encore des jeunes, on ne les voit plus. Ils ont renoncé à s’installer. Fait anecdotique mais pas tant que cela : les divorces n’ont jamais été aussi fréquents en viticulture. Quand les difficultés brisent le noyau familial, ce n’est pas bon signe. Dans le même temps, les viticulteurs sont passés maîtres dans l’art de capter les signes encourageants, quitte à pratiquer la foi du charbonnier. Mais ont-ils vraiment le choix ? L’entreprise viticole est une grosse cylindrée. Elle ne se conduit pas comme un pousse-pousse. Sa force d’inertie est telle qu’une fois lancée, la machine a du mal à s’arrêter. « The show must go on ». Et puis la viticulture charentaise n’est pas uniforme. Se dégagent des « familles ». Il y a les situations assises, qui thésaurisent les surfaces parce qu’elles croient au Cognac et parce qu’elles possèdent un trésor de guerre qui leur en donne les moyens. Il y a les viticulteurs de « niches » – vente directe, agro-tourisme – qui ont diversifié depuis longtemps et qui s’en portent bien. Et puis il y a les autres, les plus nombreux, ceux qui se posent des questions. Une quatrième famille mériterait presque de figurer dans cette catégorisation « sauvage » : celle des viticulteurs « historiques » du Cognac, eux-mêmes taraudés de doutes sur le sens de leur métier. Dépasser les différences pour trouver un dénominateur commun qui vaille la peine de se battre ensemble ! C’est certainement le défi qui se pose aujourd’hui à la viticulture charentaise, confrontée, comme beaucoup d’autres activités de production, à une libéralisation peu ou pas contrôlée, à une perte du sens de l’intérêt général, à la montée de la dérégulation, à tous les niveaux de décisions. Phrase entendue au détour d’une réunion viticole : « La liberté, on en crève ! » Dans le contexte électoral actuel, cette phrase renvoie à d’insondables tourments. Le SGV Cognac saura-t-il fédérer les énergies et dégager la voie – la voix – de la viticulture charentaise ? A son crédit, l’on peut déjà inscrire un ton apaisé et une écoute, écoute qui s’est manifestée lors des assemblées générales de crus organisées récemment par le syndicat. On prête au nouveau Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, de détester la brutalité en politique. « On ne peut réformer que par la confiance » prétend-il. « La manière forte est-elle une solution ? Non, car l’ultravolontarisme ne convient pas à la politique française. » Mais convient-il à quiconque ?

Sans que ce chiffre soit absolument définitif, la région délimitée aura distillé sur la dernière récolte 390 000 hl AP, soit environ 10 000 hl AP de plus qu’en 2000-2001 et 66 000 hl de plus qu’en 1999-2000. Mais cette dernière campagne de distillation était certainement la plus faible que la région ait connue depuis longtemps. Compte tenu des sorties, de 397 000 hl AP et de l’évaporation, de 70 000 hl AP, la région va encore déstocker cette année, ce qui ramène le coefficient de rotation du stock à environ sept années. Un chiffre sur la bonne pente même si le stock, composé de qualités vieilles, brille par son déséquilibre par rapport aux ventes. Avec 397 000 hl AP, chiffre qui inclut les expédients sur les marchés étrangers (311 514 hl AP), sur le marché français (21 406 hl AP et les mutations (63 970 hl AP), les sorties se rapprochent du seuil des 400 000 hl AP. Seuil duquel la région avait décroché depuis 1995-1996. Les Etats-Unis s’affirment de plus en plus comme le premier marché du Cognac. En 1995-1996, le marché américain représentait 72 000 hl AP. Aujourd’hui, il pèse pour presque 120 000 hl AP, soit pas loin d’un tiers des ventes de Cognac. Le deuxième marché, le Royaume-Uni, arrive très loin derrière (31 433 hl AP). Il est largement battu par le Cognac utilisé pour les mutations (Pineau, liqueurs…), qui connaît une progression de 20 % sur l’année mobile. Eu égard à la domination des Etats-Unis, certains craignent un état de dépendance et redoute une fragilisation. Mais les négociants de Cognac, au contact des marchés, ont tendance à se montrer souvent plus pragmatiques : « quand il arrive qu’un marché porteur fasse défaut, un autre prend le relais. Ce n’est pas comme si nous ne faisions pas d’efforts ailleurs qu’aux Etats-Unis. »

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