Jusqu’à présent, une certaine omerta entourait le dossier des droits de plantation Cognac. Trop tôt, pas assez d’éléments, « laissons au cabinet d’étude Eurogroup le temps d’étudier »… Même les réunions de secteurs du syndicat UGVC semblaient avoir intégré une sorte de consigne de discrétion. Un non-dit qui devenait pesant quand, dans la campagne, les propos allaient bon train. A l’occasion de l’assemblée générale de la Sica Cognac (coopérative associée de la maison Marnier-Lapostolle), Jean-Bernard de Larquier, vice-
président de l’interprofession, a publiquement abordé la question devant un parterre de viticulteurs. Une clarification salutaire.
Où il ressort que les représentants viticoles au BNIC sont d’accord pour soutenir un projet d’augmentation de surface du vignoble
Cognac, tout en souhaitant l’assortir d’élé-ments temporisateurs, au cas où…
Ce sont les fameux « outils de pilotage », en discussion en ce moment et objet de la phase 3 de l’étude d’Eurogroup baptisée « Business Plan ». La phase 1, souvenons-nous, concernait les besoins de marché à horizon 2026. Sur la base d’une hypothèse « modérée » d’évolution des ventes de Cognac de 2,8 % l’an, l’étude avait conclu à des besoins en hausse de plus ou moins 50 % à échéance de 15 ans, soit des ventes passant de 14 millions de bouteilles à 21-24 millions de bouteilles.
« Cela peut paraître énorme. C’est peut-être plausible » a commenté J. de Larquier. Qui s’est empressé d’ajouter : « Bien sûr, l’évolution ne sera pas linéaire. Certaines fois, nous aurons des + 3, + 7 % et d’autres fois des – 8 %, – 4 % comme aujourd’hui. »
Dans une phase 2 de l’étude, il avait été demandé à un groupe de viticulteurs de définir la moyenne de production sur dix ans qu’ils jugeaient atteignable. Réponse : 11,66 hl AP/ha. « Un gros effort à demander au vignoble » a souligné le vice-président de l’interprofession.
A l’évidence, les représentants professionnels considèrent que la seule replantation n’y suffira pas. Le recours à des plantations nouvelles sera nécessaire. A quel niveau, à quel rythme ? C’est tout l’objet de la phase 3 du « Business Plan », comme l’a indiqué Jean-Bernard de Larquier. « Analyser le coefficient de couverture des besoins, définir les outils de pilotage pour accélérer, ralentir cette couverture des besoins. »
Si, au sein de l’interprofession Cognac, une volonté semble donc exister pour augmenter la zone plantée, les viticulteurs insistent sur la « feuille de route » des modalités pratiques : les moyens financiers à mobiliser, la main-d’œuvre, le partage du risque, le retour sur investissement… « Nous devrons être d’accord sur cette feuille de route avant fin juin 2014 pour coller au calendrier français, européen » a précisé J.-B. de Larquier.
A l’heure où le vignoble des Charentes s’apprête à débattre à l’occasion des élections UGVC, il était plus que temps que le sujet des plantations Cognac arrive sur la place publique. C’est fait. Reste maintenant à tous les protagonistes de s’en emparer, y compris les premiers intéressés, les viticulteurs.