Un Besoin De Visibilité

3 mars 2009

Prenant la parole à l’AG du SGV, le président du Syndicat des vins de table a contesté le chiffre de 400 000 hl vol. concédé par la viticulture à sa filière à travers l’estimation des surfaces pour le calcul de la QNV Cognac. Il réfute par avance la critique selon laquelle la filière vin de table n’aurait pas tenu ses engagements et défend un besoin de visibilité.

herv.jpgSi les 400 000 hl de débouché vin de table alloués à sa filière semblent insuffisants à H. Pogliani, c’est surtout par rapport à la perception que se font les acheteurs d’un bassin d’approvisionnement digne de ce nom. « En dessous de 600 000 hl vol., on peut dire qu’un vignoble n’existe pas au niveau européen. » Quant à laisser entendre que la filière vin de table n’a pas tenu ses engagements d’enlever 900 000 hl vol. lors de la précédente campagne, le président du Syndicat des vins de table réfute tout simplement l’argument. « Pour que nous puissions acheter ce volume, encore aurait-il fallu que l’on nous le proposât ! Il est erroné de prétendre que nous n’avons acheté “que” 300 000 hl vol. La vérité, c’est qu’on ne nous en a laissé que 300 000 hl vol. » Il a rappelé que sa filière, sur une moyenne de 10 ans, avait retiré un million d’hl vol. par an dans la région délimitée. Et sur quatre ans – y compris la petite campagne dernière – la moyenne ressort encore à 500 000 hl vol., « soit l’équivalent de 4 000 ha ». « Et pour les prix, vous faites une moyenne sur 10 ans ? » a lancé un viticulteur dans la salle. Réponse immédiate d’Hervé Pogliani. « Je vous rappellerai que je fus le seul au sein de l’interprofession à ne pas voter le rendement agronomique, que j’ai toujours considéré comme une aberration économique. Les prix des vins de base mousseux sont forcément européens et ça, on n’y peut rien. Par contre, à 250 hl/ha, un viticulteur italien peut vivre correctement des vins de base. Ce n’est pas le cas d’un viticulteur charentais contingenté par un double plafond, celui de la QNV vin de table à 114 et celui du rendement agronomique à 130 hl vol/ha. » A l’évidence, le Syndicat des vins de table s’associe à la demande interprofessionnelle de décrocher les 130 hl/ha de QNV vin de table dès cette année, qu’il aimerait bien voir corrélés à un rendement agronomique « d’au minimum 150 hl/ha ». Profitant de la présence du ministre de l’Agriculture, Hervé Pogliani a voulu attirer l’attention des pouvoirs publics sur les handicaps structurels de sa filière. « Nos concurrents espagnols ont bénéficié de beaucoup d’aides à la restructuration. Par ailleurs, le fait qu’ils soient organisés sous forme coopérative leur permet de vendre la marchandise avant de rétribuer leurs adhérents. Nous, nous sommes obligés de payer nos fournisseurs à l’avance, 30 jours après la livraison. Nous nous retrouvons pénalisés. »

Le 11 mai dernier, une délégation charentaise, composée de viticulteurs et de négociants, a rencontré le Syndicat français des vins mousseux à Paris*, en présence de membres du ministère de l’Agriculture. Réunion constructive, qui a confirmé l’intérêt des acheteurs pour le vignoble charentais. A conditions égales – le prix de marché européen – les acheteurs préfèrent s’approvisionner en Charentes. Après une seconde rencontre, une note d’orientation cosignée des deux parties – la filière vin charentaise et le Syndicat des négociants en mousseux – a été envoyée au ministère de l’Agriculture. Les opérateurs s’y disent prêts à s’engager sur des volumes, de l’ordre de 300 000 hl pour la prochaine récolte, quantités qui pourraient aller crescendo lors des récoltes suivantes (500 000 hl en 2007 et 700 000 hl en 2008). Ils demandent une mise à niveau des installations et bien sûr des rendements gonflés. Sans pouvoir s’assimiler à un engagement formel, la missive est qualifiée par H. Pogliani de « bonne lettre d’intention », témoignant d’un esprit d’ouverture des acheteurs.

* Le Syndicat français des vins mousseux est l’une des composantes de la FFVA (Fédération française des vins d’apéritif), la nouvelle organisation qui a remplacé la FEVISE le 1er janvier 2006. La FFVA compte également dans ses rangs le Conseil national des vins aromatisés et le Syndicat des grandes marques de Porto.

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