La maison des Quais vient de lancer un beau flacon inspiré d’un Cognac créé en 1920 par James Hennessy, avec la complicité du maître de chai de l’époque, Alfred Fillioux. Renaud de Gironde a présenté le nouvel opus d’Hennessy, fruit de la réinterprétation de son oncle, Yann Fillioux.
« Quel que soit l’environnement économique général, il faut toujours rester dynamique, continuer à lancer des produits. Cet esprit de conquête irrigue la maison Hennessy. » Dans le cadre raffiné du château de Bagnolet, sous un soleil printanier qui colorisait de mille paillettes le parc et la rivière en contrebas, Renaud de Gironde s’est employé à qualifier la nouvelle création de la maison. « Le Cognac est structuré et élégant, forcément complexe puisqu’il marie deux éléments quasi “antithétiques”, vigueur presque “virile” d’un côté, finesse d’eaux-de-vie patinées par le temps de l’autre. A la limite, l’exercice est plus complexe que lorsqu’il s’agit d’illustrer un style floral ou fruité. Ici tout est affaire d’équilibre, pour que l’un ne soit pas le parent pauvre de l’autre. » Cette exigence d’équilibre mâtinée de retenue, l’Art déco l’a fait sien. Lignes épurées, formes droites qui rappellent le classicisme d’antan. Cet art quasi minimal qui tire son nom de l’exposition des arts décoratifs, architectes et designers l’incarneront dans les années 25-30, en réaction au mouvement dit « Art nouveau » du début du siècle, plus adepte des formes « molles » ou encore du « style nouille ». Ces hommes s’inspirent
Le potentiel des eaux-de-vie
C’est en 2002 que Renaud de Gironde intègre la société Hennessy après une école de commerce et un master de Wine business en Australie. Au sein du service eaux-de-vie, il travaille avec l’équipe des relations viticoles et participe au comité de dégustation. Chaque matin de l’année ou presque ce groupe de huit personnes – dont l’expérience court de 6 à 40 ans – goûte des eaux-de-vie. Son fil rouge ? Travailler sur le potentiel des eaux-de-vie car « sans sélection à l’origine ni suivi dans le temps pour détecter l’apogée d’une eau-de-vie, il n’y a pas d’assemblage possible. C’est pour cela que nous réévaluons tous les ans notre stock en goûtant l’ensemble des eaux-de-vie » souligne R. de Gironde. Une entreprise « qui ne s’arrête jamais » et qui semblerait a priori titanesque s’il n’y avait pas la notion de lot. « Un lot peut représenter 10, 20 ou 30 barriques, correspondant à une année, un cru et une qualité. Nous ne goûtons pas chaque barrique individuellement mais une barrique de cette rime de cette manche. » Bien que pratiquant l’exercice depuis maintenant sept ans, Renaud de Gironde se considère encore en phase d’apprentissage. « Il faut pratiquement dix ans de pratique quotidienne pour commencer à maîtriser les canons de la dégustation du Cognac. C’est un métier qui requiert de l’humilité. Seriez-vous un excellent dégustateur de vin, il vous faudra repartir de zéro pour la dégustation des eaux-de-vie. Au contact de personnes plus expérimentées, vous progresserez tous les jours. Les dégustateurs chevronnés aiment partager leur savoir et vous vous enrichissez de la parole des autres même si vous exprimez votre opinion. C’est un échange permanent. » Le jeune dégustateur parle d’un métier de passion – qui sans cela ne résisterait pas à l’épreuve du temps – et d’une activité exercée sans dogmatisme. « Au départ, toutes les eaux-de-vie ont leur chance. »