Sans vouloir paraître désobligeant, Paradis Impérial sera peut-être le dernier Cognac où s’exprimera de manière aussi conséquente la « Yann touch » avant le passage de relais, dicté par l’intraitable métronome des années. En tout cas, lors de la présentation de Paradis Impérial en décembre 2010 sur les quais Hennessy, flottait dans l’air quelque chose de cet ordre : transmission d’un héritage, d’un savoir, d’une sensibilité aux eaux-de-vie et à leurs assemblages. Comme si, au second versant de sa carrière, le maître de chai livrait sa vision ultime du Cognac. Finesse, élégance, persistance… Pour Yann Fillioux, ces qualificatifs ont toujours représenté l’alpha et l’oméga d’un Cognac d’exception. Paradis Impérial les incarne au plus juste.
une place à part
Dans la galaxie de la marque, Paradis Impérial occupe d’emblée une place à part. Il ne s’assimile pas à une série limitée, comme l’ont été en leurs temps Ellipse, Timeless ou, plus récemment, Paradis Horus. Non, Paradis Impérial intègre la gamme. Le flacon a vocation à durer dans le temps, même si ça ne sera qu’en quantité réduite, compte tenu de la rareté des eaux-de-vie. « C’est un nouveau membre de la famille Hennessy » a confirmé Bernard Peillon, P-DG d’Hennessy. Dans une offre somme toute resserrée, qui se déclinait jusqu’alors en cinq qualités – Hennessy VS, Fine de Cognac, Hennessy XO, Hennessy Paradis et Richard Hennessy – Hennessy Impérial se glisse entre Hennessy Paradis et Richard Hennessy. C’est en tout cas vrai en terme de prix. Il en coûtera 1 500 € pour acquérir un flacon Paradis Impérial alors que la carafe Richard Hennessy se positionne à 2 000 €. Quant à parler de hiérarchie entre les produits, ce n’est pas vraiment le propos. Les deux Cognacs cultivent des styles très différents. A Richard le caractère puissant et masculin alors que Paradis Impérial magnifie délicatesse et légèreté.
A l’acte de création, président toujours une envie, un concept, une histoire. Ici l’histoire remonte à 1818. Maria Feodorovna souhaite offrir à son cher fils, le tsar Alexandre 1er, un cadeau et un Cognac exceptionnel. Elle s’en ouvre, en termes choisis, à la maison Hennessy (la lettre a été conservée). La société s’est appuyée sur ce geste pour repartir sur les traces de la coupe d’origine ou, en tout cas, sur son évocation. Et le flacon est à l’unisson.
Brillance, éclat, chatoiement, cabochon, capiton… Nous voici plongés dans les fastes de la sainte Russie revisités par un 21e siècle au luxe plus épuré. Isabelle Decitre, directeur marketing et communication, s’est chargée de la supervision du projet. Elle a confié la conception du flacon à Stéphanie Balini, lauréate du Comité Colbert en tant que « meilleur jeune designer ». Deux cristalleries se sont alliées pour réaliser cette carafe très complexe, la cristallerie de Sèvres et la société Brosse.
paradis de chine
Quel meilleur endroit que la Chine pour accueillir le lancement officiel de Paradis Impérial. Depuis plusieurs années, l’empire du milieu s’affirme comme le temple de la consommation de luxe. C’est dans le palais de Hangzhou, aux bords de lacs immémoriaux, que le flacon a été présenté les 15 et 16 décembre à plusieurs centaines d’happy fews, acheteurs, distributeurs. En plus de l’Asie, Paradis Impérial sera présent dans les capitales internationales, les hauts lieux du luxe ainsi qu’à Cognac, en exclusivité dans le magasin des Quais.
Le Paradis avait vu le jour en 1979, Richard en 1996. Paradis Impérial fait son entrée en 2011. « Décidément, nous sommes sur un rythme de 15 ans » s’est amusé B. Peillon. « Nous avons peut-être encore une ou deux idées, mais en tout cas, ce n’est pas pour l’immédiat. » Le P-DG d’Hennessy a redit le caractère infiniment particulier de cette création. « Nous touchons à une sorte d’aboutissement, la rencontre entre des eaux-de-vie exceptionnelles et un maître de chai qui arrive au summum de son art. Nous sommes dans le beau geste, l’expression de la continuité Hennessy. »