Gel et grêle, le « cocktail » indigeste du début du millésime

23 mai 2019

Encore un mauvais départ de cycle végétatif en 2019 : les années se suivent et se ressemblent !

 

            Le cycle végétatif 2 019 commence sous de mauvais auspices pour un certain nombre de propriétés de la région qui ont subi deux sinistres, une grêle très précoce et un épisode de gel de printemps au final assez puissant. Le 26 avril dernier, l’un des tous premiers orages de l’année a déversé des quantités de grêlons significatives sur une bande de territoire située entre de Montendre, Baignes, Barbezieux, Angoulême et Champniers. Les dégâts ont concerné 2 000 ha de vignes dont un bon Tiers serait très touché. La mauvaise série ne s’est pas arrêtée là puisque deux  matinées successives de gel, les 05 et 6 mai ont ravagé des milliers d’hectares. Ce coup de froid printanier a touché principalement les zones basses de la région. Ses conséquences perçues comme étant au départ très limitées par rapport au gel de 2017, s’avèrent de jour en jour plus importantes. L’extériorisation des dégâts a été très progressive en raison de l’état d’avancement de la végétation et des conditions climatiques particulières (forte hygrométrie et peu de vent). Les pertes de production liées à ce gel de printemps caractéristiques concernent une grosse dizaine de milliers d’hectares. Les viticulteurs confrontés à ces sinistres sont forcément très affectés et certains manifestent leur inquiétude avec force.  

La chute du thermomètre entre 0 et – 2 °C lors des deux matinées des 05 et 6 mai derniers a brûlé de nombreux hectares dans la région de Cognac. Le vignoble a été confronté à une véritable gelée de printemps qui a touché principalement l’ensemble des Zones basses souvent réputées gélives de la région délimitée. Seules les surfaces des îles de Ré et d’Oléron et de la frange très littorale du vignoble ont été totalement épargnées. Cette gelée a paru dans un premier temps affecter des surfaces limitées mais trois jours après le sinistre, les dégâts s’avèrent plus conséquents. Le gel de printemps 2019 s’est joué à très peu de chose : « A 0,5 °C prés, le potentiel de production a été perdu, partiellement détruit ou sauvé ». L’importance des surfaces gelées sera moindre qu’en 2017 ou les températures étaient souvent descendues entre – 3 et – 4 °C. Néanmoins, ce nouveau sinistre va pénaliser la production de nombreuses propriétés et probablement aussi celle de l’ensemble de la région délimitée.

 

Les vignes gelées à plus de 80 % vont devoir supporter un second débourrement

 

            Cette année, le sinistre a impacté de façon plus systématique les zones basses avec parfois une intensité marquée. Dans ces parcelles souvent détruites à plus de 80 %, les perspectives de production reposent désormais sur la ressortie de nouveaux rameaux à partir des contre bourgeons pas encore débourrés et de bourgeons sourds. Compte tenu de l’état d’avancement de la végétation au moment du gel, en grande partie des réserves dans les souches a déjà été utilisée. Le redémarrage de la végétation qui s’apparente à un second débourrement va nécessiter beaucoup d’énergie. Sa qualité sera directement en relation avec les potentialités agronomiques des souches et le climat du mois de mai. Le vécu récent des fortes gelées de 2017 a démontré que dans des circonstances de gel à plus de 80 %, les perspectives de rendement dépassent rarement 50 hl/ha. Le caractère précoce du millésime 2 019 est tout de même un atout pour le second cycle de développement de la végétation à venir.

 

De nombreuses parcelles portent des rameaux « enrhumés »

 

Le gradient des températures négatives souvent compris entre – 0,5 et – 2 °C a aussi provoqué des symptômes plus diffus dans la végétation. Des marquages foliaires au départ légers, discrets ; de petites nécroses pas toujours à identifier dans les heures suivant le gel se sont ensuite révélées progressivement. Un certain nombre de rameaux présents sur les bois de taille extériorise un aspect « enrhumé », qui correspond à un état de gel partiel. Ils côtoient des pousses indemnes au même stade de développement. Les feuilles et les apex sont légèrement grillés à leurs extrémités et présentent des zones rougies par l’effet du froid. Ces symptômes ne sont apparus qu’au bout d’une grosse demi-journée et parfois un à deux jours plus tard.

 

De fortes incertitudes sur le devenir des parcelles enrhumées

 

            Le développement à venir de ces rameaux fragilisés et de la charge de récolte qu’ils portent est véritablement préoccupant. Leur croissance va-t-elle reprendre, être retardée ou s’arrêter ? Les inflorescences vont-elles tenir ou filer ? Va-t-on assister dans les semaines à venir au desséchement progressif des apex ayant déjà une forme en crosse ? La présence de cette végétation persistante et fragilisée ne va-t-elle pas gêner le développement de nouveaux rameaux potentiel ? La concurrence des rameaux encore sains sur les lattes ne va-t-elle pas aspirer toute l’énergie des souches ? Les interrogations sur les conséquences physiologiques à venir de ce gel partiel de la végétation sont importantes. Peu d’études scientifiques récentes permettent d’y apporter des réponses et c’est bien dommage !

 

Un seul constat, « les vignes en formes » s’en sortent mieux

 

Une telle situation rend la quantification précise des dégâts très délicate. La seule réponse technique sur le devenir des rameaux vient des remontées du terrain que certains techniciens ont observé sans réellement mettre en place de protocole d’évaluation précis. Leur vécu après les gelées de 2017 et de 2016 est une source d’information récente qui a révélé un enseignement principal : La réaction des parcelles a été très variable et est liée à deux facteurs clés : « l’état des potentialités agronomiques des vignes et les conditions climatiques suite au gel. Les vignes bien tenues et bien nourries s’en sortent mieux sans mettre en œuvre de pratiques correctives particulières ». Faut-il appliquer une stratégie d’alimentation curative dans les vignes enrhumées ? La réponse, la aussi n’est pas simple car aucune étude scientifique n’est en mesure de cautionner ou d’invalider de telles stratégies. Le sujet correction alimentaire de post gel n’est pas prioritaire en Charentes et pourtant depuis cinq ans, les sinistres se succèdent ! Les techniciens de terrain très sollicités sur ce sujet vont devoir entourer et conseiller honnêtement les viticulteurs qui ont subi le gel sans être en mesure de s’appuyer sur des références fiables. Le bon sens plaide pour laisser redémarrer naturellement la végétation.

 

Des tissus végétaux plus évolués qui réagissent sûrement différemment à l’impact du gel

 

Les conditions très particulières du gel 2 019 expliquent cette situation atypique d’extériorisation progressive et décalée des dégâts. Le contexte climatique et l’état physiologique du début du cycle végétatif ont favorisé la réceptivité de la végétation à la baisse du thermomètre. Tout d’abord, l’état de développement de la végétation assez avancée pour l’époque de l’année représentait forcément une situation à risque plus fort. C’est la conséquence directe du réchauffement climatique. Les débourrements interviennent régulièrement entre le 10 et le 15 avril et forcement début mai la végétation est déjà bien développée. Le déroulement de séquences de gel sur de telles végétations, plus avancées, plus structurées d’un point de vue biologique est aussi peu étudié. Les tissus végétaux, des rameaux, des feuilles, des apex et des inflorescences ont atteint une structure de développement interne qui doitmodifier l’impact et l’extériorisation des symptômes de gel.

 

 

Des rameaux au stade 5 à 6 feuilles au moment du gel

 

Cette année, les ugni blanc avaient atteint régulièrement le stade 4 à 5 feuilles étalées (avec des niveaux des longueurs de rameaux se situant entre 12 à 15 cm) au moment du gel. Les merlot, les colombard, les sauvignon étaient en moyenne au stade grappes séparées avec des rameaux atteignant 20 à 25 cm de longueur. La sortie de bourgeons était globalement assez régulière et porteuse d’espoir d’une récolte très correcte. La végétation était globalement assez homogène sauf dans les parcelles taillées très tardivement ou fiancées. Dans ces situations, la végétation plus en retard dans les ugni blanc était au stade moyen 2 feuilles étalées. Dans les parcelles les plus avancées, la perspective de voir les contre bourgeons fructifères se développer reste à la fois un espoir et une interrogation. Un viticulteur qui avait fiancé des parcelles gélives a constaté le bien-fondé de son initiative : Dans ces parcelles fiancées, taillées très tard et bien gelées, une proportion forte de contre bourgeons n’était pas encore sortie. Cela laisse entrevoir une espérance de rendements plus correcte. En 2017, cela avait marché et on était arrivé à produire 70 à 80 hl/ha ».

 

De l’humidité la veille du gel et une absence de nuages

 

            La fréquence de petites pluviométries dans l’après-midi du samedi 4 mai a sans aucun doute accentué la sensibilité au gel de nombreuses parcelles. L’atmosphère humide de la fin de journée a provoqué une humectation forte de la surface des sols et de toute la végétation et une baisse des températures plus fortes au lever du jour. L’absence de couverture nuageuse durant les deux nuits et surtout au lever du jour a aussi amplifié l’effet de refroidissement. En présence d’un ciel bien clair, l’interception des rayonnements par les nuages étant impossible, la perte de chaleur au niveau du sol devient plus grande et l’effet de gel est amplifié. La présence de vent globalement assez faible les deux matinées du 05 et 6 mai a limité la circulation des masses d’air froides. Ce phénomène a été plus marqué dans des îlots entourés de bois ou de haies denses et dans les situations de cuvette

 

Des dégâts en général proportionnels à l’altitude des parcelles

 

            L’effet altitude est d’ailleurs visuellement très perceptible quand on circule dans les secteurs vallonnés du vignoble. La végétation verte qui a disparu de la base des coteaux réapparaît progressivement avec l’altitude et reprend son aspect normal. Ces observations révèlent que l’intensité du gel en fonction de la topographie a dû se jouer à peu de chose. Un responsable d’un important domaine de Grande Champagne a illustré ce constat avec le propos suivant : « En 2017 le thermomètre était descendu beaucoup plus bas à – 3 à – 4 °C et le plafond de gel avait été plus haut. Cette année, on était à la fois à peu de dixièmes de température d’éviter le gel et aussi de griller des surfaces importantes ». Il est aussi arrivé cette année que des îlots d’altitudes moyennes aient été touchés souvent en raison de la stagnation des masses d’air froides. À l’inverse, quelques zones basses ont été épargnées justement par des effets de forte ventilation.

 

L’état d’entretien des sols a eu une forte influence

 

             L’état d’entretien de la surface des sols a aussi joué un rôle non négligeable. Les sols propres et présentant une végétation rase ou peu développée (des herbes jusqu’à 15 cm de hauteur) ont toujours amoindri les effets du gel. À l’inverse ; les couverts végétaux abondants sous les ceps (et parfois dans les interlignes), les mulchs de broyat d’herbes récents, les entretiens mécaniques dans les jours précédant le gel ont systématiquement amplifié la réceptivité du milieu aux conditions humides et à la chute des températures. Le procès trop systématique qui est fait à la pratique du désherbage chimique en plein ponctuel par les promoteurs de la viticulture durable est-il efficient et réaliste par rapport à l’ensemble des surfaces en vignes basses et gélives de la région de Cognac.

 

Un désherbage chimique ponctuel en post-débourrement dans les zones basses, un vrai plus

 

Les secteurs du Pays Bas, de la Vallée du Né, des plaines de Gensac, de Segonzac, de Mainxe, de la Nérolle, d’Allas Champagne, de Gensac La Pallue, de Genté, de Gondeville, de Jarnac, de Gondeville, de Moings, de Meux, de Brie-Sous Archiac, de Saint Ciers Champagne, de Baignes, de Touvérac, ….. représentent un potentiel d’hectares et de d’hl très conséquent : Plus de 15 000 ha, qu’il ne faudrait pas condamner à geler tous les trois ans. La politique des vignes conduites « aux méthodes pro-verte » est un vrai sujet technique et politique pour l’avenir de notre région et du Cognac. Progressivement, ces engagements ont conquis l’esprit de la majorité des viticulteurs qui s’investissent dans des démarches ambitieuses et aussi cohérentes par rapport à la situation de leurs propriétés. Néanmoins, faire preuve de bon sens, de modération et de capacité d’adaptation aux différents terroirs est tout aussi important vis-à-vis de la constance des volumes de production. De nombreux viticulteurs ont été très surpris par de déclarations récentes de certains responsables de l’UGVC qui semblent avoir oublié cette réalité toute viticole. Espérons que le nouvel épisode de gel d 2019, permettent d’engager un discours plus solide sur tous ces sujets de fond ?

 

 

 

« Cultiver trop vert » sans aucun herbicide est un vrai risque pour notre propriété du Pays Bas     

Un viticulteur au cœur du Pays Bas ne cachait pas son amertume suite à ce nouveau coup de gel en voyant certaines des parcelles d’un proche voisin désherbées en plein beaucoup moins grillées que les siennes : « Dans notre secteur très bas naturellement, plus sensible au gel, le fait de maintenir les sols bien propres avec un désherbage chimique en plein temporaire dans la période de post-débourrement nous a pendant longtemps sauvés ou préservé partiellement de sinistres de gel de faible intensité à des températures de – 1 à – 2 °C. Aujourd’hui, notre stratégie de conduite du vignoble plus environnementale nous amène à travailler autrement et on prend de vrais risques. Chez nous cette année, les interceps ont été désherbés chimiquement à la fin mars, on a fait des couverts végétaux dans une allée et l’autre a été cultivée mécaniquement suite à ce début de printemps sec. Au final, on gèle beaucoup plus fort que des voisins qui ont désherbé en plein. Cela interpelle car la perte économique est encore lourde. En 2016 un peu de gel, en 2017 100 % de pertes et en 2019 cela recommence ? Cultiver plus vert, c’est souhaitable mais en ne perdant pas de vue les réalités de production des zones basses de la région. Si dans 5 à 10 ans, l’utilisation des herbicides est totalement proscrite dans notre secteur, les belles vendanges deviendront rares ! Les mesures trop radicales dans tous les domaines ne sont jamais de bonnes décisions ».

 

8 000 ha de très gelés plus 4 000 à 5 000 ha de vignes « enrhumées »

 

            Les nombreuses interviews téléphoniques de viticulteurs et de techniciens de distributions (plus de 250) que nous avons réalisées dans tous les secteurs de la région délimitée permettent d’avoir une première évaluation de la situation dont les données doivent être prises en compte avec réserve. Nous n’avons pas l’ambition d’avoir conduit une analyse exhaustive de la situation mais seulement d’avoir réalisé une première analyse partielle dans les trois jours suivant le sinistre. L’appréciation des vignes détruites par le gel à plus de 60 à 80 % a été plus facile que celles des surfaces « enrhumées » dont la quantification reste plus difficile et leur devenir est incertain. Les surfaces gelées à plus de 60 à 80 % sont concentrées dans les secteurs bas de la région délimitée, le secteur du Pays Bas, les plaines connues de Segonzac, Mainxe, le Vallée du Nez et toutes les parcelles basses dans tous les crus, de la Grande Champagne aux Bon Bois. Le recoupement de tous ces éléments permet d’estimer que 8 000 ha de vignes seraient fortement gelés. À cela, se rajoute les surfaces «  enrhumées » bien plus difficiles à quantifier, peut-être 4000, 5 000 ha ou plus. Au final, il ne serait pas impossible que le gel 2 019 ait affecté 12 000 ha de vignes soit 15 % de la totale du vignoble. Ce sinistre a donc fait très mal à beaucoup de propriétés dont certaines « enchainent » les aléas climatiques depuis trois ans. Même bien assuré, les pertes économiques s’accumulent et deviennent conséquentes pour certains viticulteurs.

 

La réserve climatique devient « un leurre »

 

            D’ailleurs, lors des nombreux contacts avec les hommes représentant « les forces vives » de la viticulture Charentaise, plusieurs réflexions concernant les conséquences du gel sur l’organisation de production de la région nous ont été remontées régulièrement. L’une d’elle, concerne la réserve climatique et divers témoignages de viticulteurs attestent du regret de plus pouvoir en élaborer : « La réserve climatique est un outil fabuleux qui a été pensé et mis en œuvre par des responsables qui avaient une pleine conscience de la variabilité naturelle de la production dans les propriétés viticoles. Or, depuis quelques années, il est devenu impossible de reconstituer ce capital de sécurité économique. Avec un rendement de 14,64 hl d’AP/ha en 2018, on a quasi définitivement mis au placard cet outil de régulation de la production pour les viticulteurs et de l’approvisionnement pour les négociants. On ne pourra en produire que lors de millésimes ultra-généreux. C’est à croire que la culture de viticolité historique du moyen terme disparaît progressivement au profit d’intérêts à courtermistes. L’épargne solidaire que représente la réserve climatique n’est plus accessible. Aujourd’hui, la stratégie du toujours plus de volumes commercialisables semble être devenu le cap prioritaire des décideurs de la viticulture ».

 

Des craintes autour du niveau du rendement Cognac 2019         

 

            L’autre sujet de crispation de beaucoup de viticulteurs de la base concerne le futur rendement Cognac 2 019 qui selon beaucoup d’entre eux est déjà acté avant même l’engagement des premiers débats. Divers propos souvent argumentés témoignent de cette crainte : « Après le record historique du niveau de rendement Cognac de 14,64 hl/ha en 2 018 dont le niveau avait été justifié par la recherche de volumes supplémentaires compensant le déficit de production des surfaces grêlées, on peut s’interroger sur celui de 2 019. Il ne faut pas oublier que les volumes distillés au cours de la dernière campagne ont été très supérieurs aux attentes et aux besoins établis par les outils de calcul. 100 000 hl d’AP de plus ont été mis en stocks. Or, depuis quelque mois, les expéditions de la région continue de se développer mais à un niveau de croissance inférieur (de seulement 2,2 %). Les conséquences du gel et de la grêle de ce printemps vont engendrer un déficit de production qui sera automatiquement intégré dans les calculs du rendement 2019. Va-t-on encore privilégier la stratégie du maximum de volumes commercialisables ou faire preuve de modération et de sens de la cohésion de en favorisant la reconstitution d’un peu de réserve climatique ? La majorité silencieuse des viticulteurs a vécu le rendement 2018 avec stupéfaction au départ et s’inquiète maintenant des mises en stocks importantes. La modération souhaitée pour le rendement 2019 sera-t-elle entendue et prise en compte ?».

 

           

Des moyens de lutte efficaces en 2019 en Charentes

 

            La lutte contre le gel est en train de devenir un sujet de réflexion important pour de nombreuses propriétés de la région suite à la succession des sinistres depuis 5 ans. Dans les secteurs bas et potentiellement gélif, l’implantation de moyens de prévention est peut-être entrain un investissement à intégrer dans le budget plantation. Lors des matinées de gel du 05 et 6 mai dernier, plusieurs initiatives de lutte dans la région semblent avoir donné satisfaction.

Des grosses bougies ont préservé 0,70 ha à Auge Saint-Médard

            François Jérôme Proton et son fils Pierre ont implanté dans une petite parcelle très basse (de 0,70 ha) située à Auge Saint-Médard 220 grosses bougies de paraffine dans les rangs. Ce choix de lutte adapté à la protection de petites zones est intervenu après le gel de 2017 qui avait ravagé totalement cette vigne. La nuit du 5 mai, les bougies ont été allumées de 4 heures à 7 heures et le lendemain de 5 heures jusqu’à leur extinction vers 8 heures. L’allumage a mobilisé deux personnes pendant une petite heure. À l’issue de ces deux nuits de lutte, les deux viticulteurs jugent le résultat convaincant : « Nous avons toujours tenu les températures à un niveau positif d’environ 1,5 °C en présence de conditions d’hygrométrie fortes. Cette vigne n’a pas gelé alors que le bas d’un autre îlot situé à la même altitude a été bien touché ». L’investissement dans les bougies pour couvrir 1 ha s’élève à 2 500 € HT pour une durée d’utilisation de 8 à 10 heures qui correspond à 2 matinées de gel.

 

La tour à vent de Houlette a démontré son efficacité depuis longtemps

 

            L’autre initiative qui a donné pleine satisfaction sur des surfaces importantes concerne des tours à vent fixes.

            Amaury et Martial Mauxion sont véritablement des pionniers de ce principe, de lutte en Charentes. Ils ont installé leur tour avec Chauffage en 2003 dans un îlot de vignes de 9 ha à Houlette (dans la cuvette du Cluzeau) au cœur du Pays Bas. En 2016 et en 2017, le système a permis de sauver la récolte des surfaces allant de 6 à 9 ha en fonction de l’intensité du gel. Cette année A Mauxion et son père ont passé deux nuits courtes les 05 et 6 mai mais leurs efforts ont été récompensés : « En fin d’après-midi, le 4 mai, une averse a fait chuter les températures et dès 3 h 30 du matin, on a mis en route la tour avec le chauffage. La lutte a duré jusqu’à 8 heures et le lendemain, la tour a fonctionné de 5 heures jusqu’à 8 heures. La présence d’humidité a rendu le gel fort mais on est arrivé à tenir les températures au-dessus 0 les deux nuits. 9 ha ont été totalement préservés du gel alors que les 20 ha environnants ont été bien grillés. Les températures au lever du jour en dehors de la zone protégée étaient de – 2 °C ».

7 tours à vent ont protégé plus de 40 ha à Saint Ciers Champagne

 

            Les vignobles Vinet-Delannoy ont mené à partir de l’été 2017 une réflexion d’installation de tours à vent dans la zone très gélive de la plaine de Saint-Ciers Champagne (entre 20 et 40 m d’altitude). Dans cet îlot représentant une surface totale de 120 ha et impliquant 6 propriétaires différents, ils exploitent 30 ha de vignes jeunes. Frédéric Berlureau, le responsable de la propriété a associé un voisin, M. Jacky Bernard dans le projet d’installation. 7 équipements du constructeur Filextra (des tours à gros débit d’air sans chauffage fonctionnant au propane avec un moteur de 250 CV) ont été implantés au cours des deux dernières années. Cinq d’entre eux appartiennent aux vignobles Vinet-Delannoy et le retour sur investissement de ce projet est immédiat dès ce printemps : « L‘investissement de 50 000 € dans une tour (le matériel, l’implantation, la plateforme) est conséquent mais dans cette zone ultrasensible au gel, on ne le regrette pas. Cette année, lors des deux nuits de gel, les cinq équipements nous ont permis de sauver totalement la production de 30 ha. On a quasiment rentabilisé cet investissement dans cet îlot sensible au gel dès la deuxième année d’utilisation ».

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