Flavescence Dorée : Une situation toujours hétérogène

11 mars 2009

La flavescence dorée continue de « faire parler d’elle » en Charentes en bien comme en mal. La maladie se développe sur certains secteurs et régresse ailleurs mais, globalement, la situation reste assez inquiétante. Plus de 39 000 ha de vigne seront encore soumis à la lutte obligatoire en 2007.

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Un cep marqué extériorisant des symptômes.

La flavescence dorée est une maladie un peu diabolique car elle sait profiter de la moindre faille dans un dispositif de lutte pour continuer à se montrer dangereuse. Peut-on sérieusement envisager de faire disparaître la flavescence dorée d’un vignoble une fois qu’elle y a fait des ravages ? Cette question, beaucoup d’experts se la posent sans réellement pouvoir y répondre de façon positive. La maladie est connue, son vecteur est identifié mais la lutte est complexe à mettre en œuvre. Elle repose à la fois sur des mesures prophylactiques visant à éliminer les pieds porteurs de la maladie et sur des traitements chimiques visant à limiter les risques de diffusion autour des foyers identifiés. Cette double stratégie a démontré à la fois son efficacité dans de nombreuses régions viticoles et aussi ses limites quand elle n’est pas mise en œuvre de façon suffisamment rigoureuse.


Une situation hétérogène associant espoirs et inquiétudes

La réalisation des prospections en fin d’été pour rechercher les souches extériorisant des symptômes constitue un travail indispensable mais fastidieux car sa mise en œuvre doit s’appuyer sur une grande volonté, un sens des responsabilités et des compétences. Plus les moyens humains et techniques mis en œuvre sont importants, plus les résultats sont spectaculaires. Or, il arrive fréquemment que le contexte économique ne permette pas toujours d’avoir les moyens de réaliser parfaitement ce travail et la maladie s’installe alors durablement dans un vignoble. Actuellement, la communauté de techniciens n’est pas en mesure de proposer d’autres solutions et malgré les réelles bonnes volontés, la flavescence dorée reste toujours présente.

En Charentes, cette maladie est apparue il y a une dizaine d’années et malheureusement elle est toujours présente et on a la « mauvaise » impression que l’on n’arrivera pas à l’endiguer totalement. Au moment de la découverte des premiers foyers, la mobilisation dans les zones concernées et auprès de la plupart des techniciens et des viticulteurs a été forte mais ensuite, au fil des années, on constate une érosion de la motivation globale. Les efforts des techniciens régionaux de la FREDON, du SRPV, du BNIC, des Chambres d’agriculture ne semblent pas avoir les mêmes échos alors que le périmètre de lutte obligatoire concerne pratiquement 50 % de la superficie du vignoble. Au cours de l’été 2006, les quatre réunions d’information sur la maladie dans le périmètre de lutte obligatoire n’ont attiré que 71 personnes alors que 3 600 viticulteurs sont concernés par le problème. La mobilisation semble donc s’éroder un peu au fil des années alors que l’état sanitaire global de la région ne s’améliore pas. Rétrospectivement, la situation en matière de FD dans le vignoble de Cognac a connu dans un premier temps une phase de développement inquiétante, puis une certaine stabilisation et depuis quelques années, un contexte plus mitigé fait d’espoir de rémission sur certaines zones et de nouvelles inquiétudes ailleurs.

Plus de 39 000 ha de vignes concernés par le périmètre de lutte obligatoire en 2007

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Mme Laëtitia Poulhac, du SRPV de Cognac.

Le bilan des prospections de l’été 2006 n’échappe pas à cette règle avec de l’espoir et des résultats probants sur certaines zones, une situation stabilisée ailleurs et malheureusement de nouvelles inquiétudes avec la montée en puissance et la détection de foyers récents. Mme Laëtitia Poulhac, du SRPV de Cognac qui a en charge le dossier flavescence dorée, considère que la campagne de prospection menée à l’automne 2006 par les techniciens régionaux a été aussi importante que les années précédentes ; mais, par contre, les suivis réalisés par les viticulteurs ont été plus décevants.

Les techniciens des différents organismes officiels et de la distribution ont prospecté 3 000 parcelles (1 700 en Charentes et 1 300 en Charente-Maritime) et l’inventaire sanitaire a porté sur plus de 4 300 parcelles. Dans les zones récemment contaminées ou qui se sont engagées dans des démarches de sortie du périmètre de lutte obligatoire, la motivation des viticulteurs reste nettement supérieure à la moyenne. L’enjeu du travail de prospection est bien sûr d’établir un état des lieux annuel représentatif de l’état sanitaire du vignoble et il est donc naturel que l’équipe du SRPV de Cognac souhaite avoir un maximum de relevés de prospections. Les résultats de tout ce travail ont débouché sur l’établissement d’un périmètre de lutte obligatoire qui concernera en 2007 plus de 39 263 ha répartis sur 171 communes (dont 19 640 ha en situation contaminées). Plus de 5 500 ceps porteurs de flavescence dorée et de bois noir ont été identifiés et marqués.

52 communes assainies ou en voie d’assainissement

Parmi les bonnes nouvelles de l’année, les commissions ont statué sur les demandes de changement de statut de 70 communes. Les efforts collectifs de luttes depuis plusieurs années sont récompensés dans la majorité des secteurs qui s’étaient engagés dans ces démarches. Dans les zones contaminées, 7 communes, Nercillac, Saint-Preuil, Saint-Simeux, Salles-d’Angles, Viville, Germignac, et Saint-Martial-sur-le-Né sont reconnues assainies, c’est-à-dire exemptes de symptômes de FD après deux années de prospections successives. Néanmoins, ces communes restent dans le périmètre de lutte obligatoire en 2007 (en tant que communes de sécurité) et la lutte insecticide y restera obligatoire.

La grande satisfaction de l’année concerne bien sûr les 24 communes déjà dans le périmètre de sécurité qui après deux années de prospections exhaustives sortent définitivement du périmètre de lutte obligatoire. Les viticulteurs de ces zones ne seront plus tenus en 2007 d’effectuer la protection insecticide systématique. En Charente cela concerne les parties nord et est du vignoble avec les communes d’Ars, Birac, Boutiers, Champagne-Vigny, Champmillon, Châteauneuf, Cherves, Eraville, Etriac, Hiersac, Mainfonds, Mérignac, Merpins, Mosnac, Réparsac, Saint-Brice, Saint-Saturnin, Saint-Simon, Trois-Palis et Vibrac. En Charente-Maritime, les communes de Chadenac, Clam et Saint-Germain-de-Lusignan sortent du périmètre de lutte obligatoire. L‘autre bonne nouvelle concerne les 28 communes qui ont validé leur première ou seconde année de prospection. Si aucun symptôme de FD n’est repéré sur ces zones à l’issue des prospections 2007, un changement de leur statut pourra être envisagé.

Une extension de la maladie dans les secteurs de Saint-Eugène, Burie, Mirambeau et dans le Blayais

A l’inverse, les foyers de Saint-Eugène continuent d’extérioriser assez fortement la maladie avec notamment la détection de ceps contaminés dans les communes de Brie-sous-Archiac et Saint-Palais-sur-le-Né. Dans le secteur de Burie, la maladie a été repérée sur trois nouvelles communes (Brizambourg, Saint-Bris-des-Bois et Saint-Sulpice-de-Cognac) et le périmètre de sécurité connaît une forte extension. Il intègre six nouvelles communes (Bercloux, Chérac, Ecoyeux, Louzac-Saint-André, Mesnac et Saint-Césaire) qui représentent des surfaces viticoles assez importantes.

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Le périmètre de lutte obligatoire pour la campagne 2007.

L’autre mauvaise surprise a concerné la découverte très tard en saison par des techniciens de quelques souches contaminées dans le sud de la région délimitée sur les communes de Mirambeau et de Saint-Bonnet-sur-Gironde. L’apparition de la maladie sur cette zone jusqu’à présent saine est inquiétante compte tenu de la densité de vignes du côté Charentes et Gironde.

Dans la région toute proche du Blayais, le canton de Saint-Ciers-sur-Gironde intégrait déjà en 2006 4 communes dans le périmètre de lutte obligatoire (Anglade, Braud-Saint-Louis, Reignac, Saint-Aubin-de-Blaye). En 2007, le périmètre de lutte obligatoire sera étendu à trois nouvelles communes limitrophes de la Charente-Maritime (Pleine-Selve, Saint-Palais et Saint-Ciers-sur-Gironde. Les techniciens ne cachent pas leur inquiétude car la découverte par hasard de quelques souches contaminées du côté Charentes laisse craindre une implantation plus profonde de la maladie. En effet, il n’a pas été possible de mettre en place des prospections exhaustives sur cette zone à l’automne 2006.

Une Lutte obligatoire contre le Bois Noir

La forte détection de pieds touchés par le bois noir depuis quelques années a incité les techniciens à faire évoluer le contexte réglementaire vis-à-vis de cette maladie. Visuellement, il n’est pas possible de différencier les symptômes de bois noir et de flavescence dorée lors de la réalisation des prospections. Seules les analyses permettent d’identifier de façon sûre les deux maladies et jusqu’à présent, les ceps qui à l’analyse se révélaient porteurs du bois noir n’étaient pas arrachés. En 2006, 89 % des analyses effectuées à l’issue des prospections se sont révélées positives au bois noir dans les deux départements.

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Les communes recensées positives au bois noir lors des prospections 2006.

La crainte des techniciens était de tester tous les ans dans les mêmes parcelles des ceps atteints de bois noir. Comme cette maladie est en forte progression et que le coût des analyses n’est pas anodin, l’idée d’arracher les souches atteintes de bois noir a donc germé.

En effet, cette maladie mal connue affecte la physiologie des souches touchées et elle est transmise par un vecteur, un fulgore, qui ne vit pas sur la vigne. La mise en place d’une lutte insecticide n’est donc pas envisageable. Les membres des commissions départementales ont donc décidé d’intégrer la lutte contre le bois noir dans les arrêtés préfectoraux de Charente et de Charente-Maritime organisant la lutte contre la flavescence dorée.

Un article spécifique stipule que, désormais, la lutte contre le bois noir est obligatoire sur l’ensemble des communes concernées par la lutte obligatoire par la flavescence dorée. Cette lutte est basée sur le marquage et l’arrachage des pieds de vigne porteurs du bois noir. Leur arrachage devient obligatoire au même titre que ceux qui sont touchés par la flavescence dorée (c’est-à-dire pour la campagne en cours, avant le 31 mars 2007).

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