Flavescence dorée : Une nette amélioration de la situation

4 janvier 2009

Les campagnes de sensibilisation autour de la flavescence dorée réalisées depuis cinq ans dans l’ensemble du vignoble charentais semblent avoir eu une audience significative auprès des viticulteurs de la région délimitée, et tout particulièrement auprès de ceux qui sont situés dans les périmètres de lutte obligatoire. Les efforts conséquents déployés par la filière technique régionale ont permis de prendre la juste mesure du risque potentiel que représente cette maladie et de créer une dynamique de lutte collective autour d’un problème parasitaire qui, sur le plan des relations humaines, n’est pas particulièrement facile à gérer. Le bilan de la situation 2001 est plutôt encourageant puisque la maladie n’est plus dans une phase d’expansion et le périmètre de lutte obligatoire 2002 évolue très peu sur le plan des surfaces.

La découverte d’un nouveau foyer de flavescence dorée engendre des contraintes lourdes à la fois pour les exploitations directement impliquées dans le cœur des foyers et toutes celles situées dans les périmètres de lutte obligatoire. La lutte contre la maladie nécessite la mise en œuvre de pratiques ayant un caractère impopulaire mais qui sont incontournables. La réalisation de prospections systématiques chaque année dans les parcelles et l’arrachage des ceps contaminés (disséminés dans le vignoble ou concentrés sur une même parcelle) sont des démarches lourdes à mettre en œuvre et elles ne seront pleinement valorisées que si la lutte contre le vecteur de la maladie, la cicadelle de la flavescence dorée, est aussi parfaitement maîtrisée. Le caractère systématique de la protection insecticide et la difficulté qu’ont les techniciens à en fixer sa durée dans le temps sont aussi des éléments qui vont à l’encontre de toutes les démarches de luttes raisonnées qui sont actuellement mises en avant. La flavescence dorée est une maladie grave qu’il est possible d’endiguer grâce à la mise en œuvre d’une lutte globale sur une période longue et sans véritable échéance dans l’état actuel de la situation. Le repérage des souches contaminées, leur arrachage et une protection insecticide sans faille constituent les trois maillons indissociables d’une démarche de lutte efficace à l’échelle d’aires géographiques importantes qui sont passées de 7 000 ha en 1998 à plus de 36 000 ha en 2002.
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Une amélioration de la situation qui ne justifie pas encore un relâchement de la lutte

A l’issue des prospections de l’automne 2001, M. Bernard Robert, du SRPV de Cognac, considère que la situation s’améliore assez nettement et l’épidémie, après avoir connu une forte expansion jusqu’en 2000, semble maintenant s’être stabilisée : « On est passé du rouge au orange mais il ne faut pas penser pour autant que la partie est gagnée. Le sérieux des viticulteurs depuis trois ans s’avère payant mais, pour l’instant, il n’est pas envisageable de relâcher la lutte. » Les arrachages au printemps 2001 de ceps disséminés et de parcelles entières avaient tous été réalisés avant que les premières cicadelles potentiellement contaminantes ne soient observées. Au printemps dernier, une vaste campagne d’information par le biais d’affichage dans les mairies, des bulletins d’Avertissements agricoles, les communications des Chambres d’agriculture, les actions des distributeurs, les réunions d’information et l’envoi de 3 550 courriers personnels à l’ensemble des viticulteurs situés dans les périmètres de lutte obligatoire ont contribué à la réussite de la lutte insecticide. Les premières éclosions de larves (stades L1) se sont déroulées autour du 15 mai 2001 et les premières larves contaminatrices sont apparues autour du 15 juin. Au cours du printemps et de l’été 2001, la période d’éclosion a été plus étalée et elle s’est poursuivie jusqu’à la mi-juillet et le troisième traitement insecticide s’avérait indispensable.

Les opérations de contrôles inopinés réalisés par le SRPV de Cognac ont attesté de la mise en œuvre effective des trois traitements au sein des 68 communes du périmètre de lutte obligatoire. Seuls deux cas de non-conformité ont été relevés et, quelques jours plus tard, la réalisation de nouveaux tests témoignaient sur ces sites d’une application récente d’insecticides.

Une diminution du nombre de ceps porteurs de la maladie

Au mois de septembre dernier, les prospections se sont déroulées dans de bonnes conditions malgré une moindre affluence des viticulteurs aux onze réunions de secteurs. La participation s’avère toujours plus intéressante dans les zones plus récemment touchées par la lutte obligatoire que dans les foyers historiques où les observations de 2000 et 2001 attestaient d’une amélioration de la situation. M. Bernard Robert considère toujours que les remontées d’informations du terrain à cette époque de l’année sont fondamentales pour cartographier l’évolution ou la régression de la maladie. Le retour d’un nombre de fiches d’informations inférieur à celui de l’année dernières est toujours sujet à des interprétations contradictoires. Cela veut-il dire que, suite à une lutte efficace depuis quelques années, la maladie rentre dans une phase de régression ou que l’efficacité des prospections a été moindre en raison de la difficulté à sensibiliser les viticulteurs ? Les 83 fiches recueillies émanaient de 58 communes différentes et à l’issue des prospections, il s’avère que les 3 546 ceps isolés sont porteurs de la maladie, soit un niveau significativement plus bas qu’en 2000 (5 328 ceps) et 2001 (7 317 ceps). La prise en compte de ces seuls chiffres traduit une diminution assez régulière du nombre de ceps extériorisant la maladie, mais M. B. Robert considère cette tendance à la fois encourageante mais pas forcément totalement représentative de la réalité. L’autre point positif est aussi qu’aucune parcelle ne dépasse un taux de contamination de 30 % des ceps et au printemps 2002, il n’y aura pas d’arrachage de parcelle entière dans le vignoble charentais.
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Un périmètre de lutte obligatoire de 36 341 ha qui augmente peu

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Les résultats des analyses (tests PCR et ELISA) réalisées à l’issue des prospections 2001 traduisent aussi une amélioration de l’état sanitaire puisque seulement 10 résultats positifs à la flavescence dorée ont été observés. Trois nouvelles communes sont reconnues contaminées en Charentes : Reignac (déjà située dans le périmètre de lutte obligatoire), Rioux-Martin et Chalais qui représentent les deux nouveaux foyers découverts cette année. Néanmoins, ces foyers peuvent être qualifiés de « légers » par rapport à ceux découverts ces dernières années car ils ne comportent au plus qu’une dizaine de ceps atteints. Les propriétaires des parcelles, bien qu’ils n’étaient pas situés dans le périmètre de lutte obligatoire, réalisaient depuis deux ans une protection insecticide sérieuse et cela a dû considérablement limiter la dissémination de la maladie. La prise en compte de ces informations a amené les commissions départementales « flavescence dorée » à décider pour la campagne 2002 d’associer au périmètre de lutte obligatoire de 2001, 13 communes supplémentaires sur le canton de Chalais ainsi que Rouffiac sur le canton d’Aubeterre. Le périmètre de lutte obligatoire 2002 couvrira une surface totale de 36 341 ha (302 ha en plus) répartis sur 154 communes dont 40 identifiées comme contaminées.

2002 devra être la confirmation des signes encourageants

Au vu des résultats qui sont présentés, la situation à l’issue de l’année 2001 est plutôt encourageante puisque la progression de la maladie dans le vignoble semble endiguée et M. B. Robert estime que 2002 devra être la confirmation de signes encourageants et en aucun cas il est possible de relâcher la lutte pour l’instant. La lutte collective s’est montrée payante jusqu’à présent et les trois approches que sont l’arrachage des ceps contaminés, la réalisation des protections insecticides et la réalisation des prospections demeurent indispensables et indissociables. Il ne faudrait pas que l’amélioration de la situation ne démobilise les viticulteurs car le vignoble charentais devra continuer de gérer pendant des années le problème de la flavescence dorée. Durant le mois de mai, une vaste campagne d’informations (réunions, circulaires dans les mairies, courriers personnels) va être lancée dans le périmètre de lutte obligatoire pour créer une forte sensibilisation autour de la protection insecticide d’été. L’observatoire technique mis en place en Charentes sur la flavescence dorée s’inscrit dans une démarche de pérennité. La réalisation des prospections chaque automne est et sera indispensable dans l’avenir pour suivre l’évolution de cette maladie « incurable ». M. B. Robert ne cache pas que, dans les années à venir, si la situation continue à s’assainir un retrait partiel de certaines petites zones des périmètres de lutte obligatoire pourrait être envisagé (à l’échelle de quelques communes voire d’un canton maximum) moyennant que tous les viticulteurs concernés aient une attitude constructive pour continuer les prospections et effectuer un bilan annuel de la situation.
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