Flavescence dorée : Una campagne de prospection capitale

24 octobre 2012

La forte mobilisation des professionnels de la région de Cognac autour du dossier flavescence dorée sera-t-elle suffisante pour endiguer la progression de la maladie ? Indéniablement en 2012, des moyens plus conséquents ont été mis en œuvre pour inciter tous les viticulteurs à réaliser des prospections de symptômes dans tout le vignoble. Le caractère plus tardif du millésime a facilité les choses mais, à l’inverse, la forte croissance végétative a pénalisé l’expression des symptômes. Il est encore possible de poursuivre les observations jusqu’à la chute des feuilles. La collecte de fiches de prospections par la FREDON de Cognac au cours du mois de septembre semble plus forte, mais il faudra attendre la fin novembre pour évaluer l’efficacité des recherches de symptômes en 2012.

L’implication forte de l’UGVC dans le pilotage de la stratégie de lutte 2012 a créé une nouvelle dynamique, principalement au niveau de la recherche des symptômes à l’intérieur du PLO comme dans les secteurs réputés sains jusqu’à présent. C’est d’ailleurs dans ces zones que les efforts de prospections doivent être intensifiés. En effet, si « on veut prendre de vitesse le développement de la maladie », un état des lieux de la situation FD sur l’ensemble du territoire viticole est fondamental. Jusqu’à présent, les méthodes de travail mises en œuvre n’ont pas permis d’atteindre cet objectif. Or, aucune stratégie de lutte efficace et globale ne s’avérera efficace si un inventaire exhaustif des foyers n’est pas réalisé.

Des actions pour responsabiliser les viticulteurs

L’engagement de l’UGVC dans le dossier FD s’est accompagné d’actions efficientes visant à responsabiliser les viticulteurs et à les inciter à réaliser les prospections. Une démarche d’information d’envergure a été conduite à partir de la mi-juillet, avec l’envoi à chaque viticulteur d’un dossier complet contenant une plaquette de reconnaissance des symptômes, des fiches de prospection personnalisées avec un relevé parcellaire. Les délégués de secteur de l’UGVC sont devenus des agents locaux de la FD qui ont la charge d’organiser la lutte dans leur environnement proche (les 2-3 communes voisines). Enfin, la FREDON de Cognac est devenue le seul organisme référent au niveau de la mise en œuvre de la lutte. Les moyens humains de la FREDON de Cognac ont été renforcés avec le recrutement d’une technicienne supplémentaire (Laeticia Sicaud), chargée en particulier de travailler étroitement avec les délégués locaux FD.

Eliminer l’agent responsable de la maladie est prioritaire

Dans les communes contaminées, les viticulteurs proches des foyers sont très motivés car arracher des ceps isolés et des parcelles entières représente un gros manque à gagner dans la conjoncture actuelle. Par contre, dès qu’on s’éloigne des zones infestées, le degré de sensibilisation a tendance à s’amenuiser. La couverture insecticide est encore trop souvent considérée comme « l’arme fatale » de la lutte. Or, ce n’est pas du tout vrai ! Le fait de traiter le vecteur, les cicadelles, ne représente que le volet secondaire de la lutte. La priorité est d’éliminer l’inoculum de phytoplasmes (l’agent infectieux responsable de la maladie) dans les parcelles en arrachant les ceps porteurs de la maladie. L’organisation de la recherche des symptômes par des prospections généralisées chaque automne est donc l’acte de lutte prioritaire. La réalisation des prospections est une intervention perçue comme impopulaire par certains viticulteurs. Cela représente une charge de travail supplémentaire de 1 h à 1 h 30/ha qu’il faut intégrer au calendrier des interventions de fin août ou de début septembre. En Charentes, les professionnels ont fait jusqu’à présent le choix de confier le travail de prospection aux viticulteurs. C’est pour cette raison que les efforts de sensibilisation aux prospections en 2012 ont été si importants. Le sens des responsabilités des 5 200 viticulteurs est donc mis à contribution.

Se former à la reconnaissance des symptômes avant de prospecter

L’organisation concrète des prospections bute souvent souvent sur la méconnaissance des symptômes car cette maladie est récente. Dans toutes les formations viticoles, les démarches d’enseignement abordent cette maladie depuis seulement 10 ans et souvent de manière succincte. Demander à un viticulteur qui n’a jamais vu de symptômes de faire des prospections est hasardeux. Il n’est pas envisageable de commencer à parcourir les parcelles sans un minimum de formation sur le terrain. Passer une demi-journée à observer des vignes contaminées permet d’une part de « se faire l’œil » et d’autre part de se rendre compte du pouvoir de nuisibilité de la maladie. L’ensemble des délégués locaux de l’UGVC ont suivi une formation de reconnaissance des symptômes encadrée par les techniciens de la FREDON et des Chambres d’agriculture. Ensuite, ces personnes ont eu la charge de créer une dynamique de recherche de symptômes dans leur environnement proche (sur 2, 3, 4 communes). Souhaitons que les efforts conjugués des 80 délégués portent leurs fruits. Souvent, le dialogue sur la mise en œuvre des prospections bute sur un problème simple : « le temps que demande cette intervention ». Il ne faut pas le nier : faire des prospections sur 5, 10, 20, 50 ha… nécessite du temps que tous les responsables de propriétés ne s’octroient pas de manière systématique.

En 2012, l’expression de la maladie est moins marquée

L’autre handicap de l’année 2012 se situe au niveau de l’extériorisation des symptômes, qui est intervenue de façon plus tardive et surtout avec une moindre intensité qu’en 2011. La forte croissance végétative de la vigne et le caractère tardif du cycle n’ont pas permis de voir les premiers symptômes avant tout début septembre, ce qui a retardé le déroulement des prospections. Les décolorations de feuilles et le retard d’aoûtement ont rendu le travail de détection plus complexe. En 2011, les symptômes étaient plus nets et plus faciles à identifier. Cette année, même dans les parcelles infestées, la maladie semble s’extérioriser de façon discrète. Agnès Dartou, la responsable du dossier FD à la FREDON de Cognac, explique ce niveau d’expression moindre par un effet de dilution de la présence des phytoplasmes dans les rameaux et les feuilles suite à la forte vigueur des vignes. Les toxines émises par les phytoplasmes dans la plante ont mis plus de temps à déclencher les jaunissements des feuilles, à empêcher l’aoûtement… mais la maladie est toujours aussi présente. Des viticulteurs aguerris à la reconnaissance des symptômes, qui dans des parcelles infestées pour la première fois en 2011 s’attendaient à une expansion des symptômes, ont été généralement déçus. Là où, en 2011, 20 souches avaient extériorisé des symptômes, seulement trois ou quatre en ont exprimé en 2012. En plus il a fallu attendre la mi-septembre pour les repérer. De tels constats sont assez fréquents et suscitent beaucoup d’interrogations. La moindre expression de la maladie est-elle liée à une nette tendance de régression des nuisances ou un effet millésime limitant son extériorisation ? Compte tenu de la gravité de la situation en Charentes, les techniciens plaident pour un effet millésime limitant l’expression des symptômes en raison d’une climatologie propice à la vigueur. Décidément, la flavescence dorée n’est pas une maladie simple !

Poursuivre les prospections jusqu’à la chute des feuilles est toujours possible

La date limite de retour des fiches de prospection à la FREDON de Cognac, qui avait été fixée au 20 septembre, ne représente pas une échéance butoir compte tenu du caractère tardif du millésime. Agnès Darton et Laeticia Sicaud ont reçu les premières fiches de prospection début août avec des signalements de symptômes qui en fait se sont avérés être de l’esca. Courant août, la collecte de fiches de prospection indiquant une absence de symptômes suscitent de véritables interrogations au niveau de la qualité des actions de recherches de symptômes. Les mauvaises découvertes à l’intérieur et à l’extérieur du PLO ont commencé début septembre, mais l’époque de vendange plus tardive a permis de prolonger les prospections jusqu’à la fin de ce mois. L’équipe de la FREDON de Cognac a reçu depuis la mi-septembre un nombre important de retours de fiches de prospection qui sont en train d’être enregistrées pour établir la cartographie de nuisibilité de la maladie. Les techniciens ont multiplié les visites dans le vignoble pour valider les foyers déclarés et réaliser les prélèvements de feuilles qui sont envoyés à analyser pour une confirmation par analyse (PCR) dans des laboratoires. Dans les vignes ayant un bon état foliaire, les prospections peuvent se poursuivre jusqu’à la chute des feuilles.
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Une action collective de prospection à Auge-Saint-Médard
Au cours de l’année 2011, la commune de Auge-Saint-Médard a été intégrée au PLO en tant que commune de sécurité, suite à la découverte du foyer de Bresdon. La proximité de ce site bien infesté (quelques kilomètres à vol d’oiseau) a incité les viticulteurs à être plus attentifs. Dans le courant des mois de juillet et d’août 2011, des ceps isolés porteurs de symptômes caractéristiques ont été identifiés dans plusieurs îlots de vignoble. L’information a circulé rapidement et a créé un petit électrochoc. Le souhait des viticulteurs était d’organiser une démarche de reconnaissance de symptômes avant de réaliser les prospections, mais la précocité des vendanges 2011 n’avait pas rendu possible la mise en place d’une telle initiative. L’idée de créer au niveau de la commune une mobilisation de lutte collective n’a pas été enterrée. Elle s’est finalisée cet été. Courant juillet, une petite réunion des 12 viticulteurs de la commune en présence d’Agnès Darton, de la FREDON, a permis de concrétiser le projet. Un rendez-vous collectif de formation à la reconnaissance des symptômes a été pris pour le 11 septembre, avec la présence de Laeticia Siacaud, de la FREDON. Cela a été l’élément déclencheur d’une démarche de prospection sur tout le territoire de la commune. François-Jérôme Prioton, le délégué UGVC et FD du secteur, anime cette initiative locale. Les viticulteurs des communes voisines d’Anville, Verdille et Bonneville avaient été aussi invités à s’associer à l’action. Une trentaine de personnes ont participé à la réunion et dans la foulée un nouveau rendez-vous pour faire le point sur les recherches de symptômes a eu lieu le 25 septembre. Les viticulteurs se sont bien investis en raison de l’intérêt suscité par les deux réunions de terrain. Les échanges entre les viticulteurs et les techniciennes de la FREDON dans les parcelles ont permis à chacun de mieux reconnaître les symptômes et d’aborder les prospections avec moins d’inquiétude.

 

 

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