Filière brandy marquée par la pénurie d’alcool

29 avril 2013

A l’échelle du monde, il manquerait 55 millions d’hl vol. de vin. D’où les difficultés de la filière brandy à s’approvisionner et des tensions sur les  prix, à l’achat comme à la vente. Directeur de l’UFAB, Jean-Marc Crouzet a procédé à un état des lieux.

p32.jpg« Pendant très longtemps, on a arraché à tour de bras ; de l’argent a été donné pour rétrécir le vignoble, en oubliant peut-être un peu vite que la vigne était une plante pérenne. Aujourd’hui, on manque drastiquement de produit à peu près partout, pour les MCR, la filière jus de raisin, la filière brandy. C’est un peu n’importe quoi ! » A l’UCVA, Jean-Michel Letourneau a donné le ton. La « décapitation du vignoble » a du mal à passer. Et il faut reconnaître que sous ces latitudes, ce point de vue est empreint d’une certaine constance.

Pour la filière brandy, cela se traduit – un – par une pénurie de matière première – deux – par une hausse du prix de l’approvisionnement et – trois – par une flambée des prix de vente. Le tout lié à la déperdition des volumes et aussi au changement réglementaire de marché « alcool de bouche ». Car, à partir de 2008, l’Europe a supprimé totalement ses aides à l’achat (trois ans plus tard pour l’Espagne et l’Italie).

Faire évoluer la définition du brandy

Mais, à la limite, Jean-Marc Crouzet, directeur général de l’UFAB (Union française des alcools et brandies), s’accommode mieux de la hausse de prix que du manque de produit. Pourquoi ? Parce que la progression des prix n’engendre pas de distorsion de concurrence. Elle s’applique à tous de la même façon. Le plus grave, c’est sans conteste le manque de marchandise. D’où la demande introduite par la filière brandy française de faire évoluer, au plan communautaire, la définition du brandy pour qu’il puisse incorporer une partie de distillat d’origine vinique, marc et lies. L’idée, promut notamment par la France, a reçu le soutien d’autres pays. Mais, pour devenir réalité, elle devra rallier la majorité des Etats membres.

Pour l’heure, J.-M. Crouzet dit « redoubler d’efforts » pour trouver des alcools de bouche, d’abord dans l’Hexagone – marque de fabrique du « brandy français » – mais
aussi hors des frontières. Pas facile quand la tension de marché se nourrit à de multiples sources : forte demande « vin de table » des pays tiers, faiblesse congénitale des récoltes… Ainsi, le décalage se creuse entre approvisionnement et commercialisation.

L’UFAB a néanmoins réussi à boucler un bel exercice 2011-2012. Le « bras armé » des coopératives en matière d’alcool de bouche a commercialisé plus de 91 000 hl AP sur l’exercice. « Un chiffre important pour une structure comme la nôtre » a précisé son directeur général. Le chiffre d’affaires a progressé de + 22 % (20 millions d’€), avec un résultat net après impôt – et surtout après provision pour hausse de prix – de 370 000 €.

Comme déjà dit, un climat de flambée des prix a marqué l’exercice. Sur les deux dernières années, le prix des eaux-de-vie a doublé et quadruplé sur les six dernières. Dans ce contexte, la seule solution consiste à « tamponner les hausses, lisser les augmentations de prix auprès des clients ». J.-M. Crouzet s’y est employé tout au long de l’exercice, avec une certaine réussite au regard des chiffres. Ses clients sont toujours là.

 

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