Si les exportations françaises de V&S s’affichent en légère hausse sur l’année 2016, elles le doivent en grande partie au Cognac qui a connu sur le marché américain une progression historique : + 13,5 % en volume, + 14,1 % en valeur, le tout sur des bases déjà très élevées.
Il y avait bien eu en 2007 le taux record de ventes de Cognac en Chine (+ 72 %). Mais la base de départ était beaucoup plus faible : 19 000 hl AP pour atteindre 12 mois plus tard 32 000 hl AP. En 2016, le côté spectaculaire de la performance du Cognac aux Etats-Unis, c’est d’avoir porté sur des quantités très élevées. En un an, les expéditions sont passées de 182 785 hl AP à 207 527 hl AP (+ 13,5 % en volume), pour un chiffre d’affaires qui a évolué de 942 038 € à 1,075 milliard d’€ (+ 14,1 % en valeur). Un record historique ! Si le taux de change euro / dollar et la bonne santé économique des Etats-Unis expliquent en partie le phénomène, on peut y ajouter sans risque d’erreur les effets « circuit de distribution » et « stratégie de marque » (avec les pluriels que l’on voudra – ou pas – y mettre). A la forte dynamique du produit outre-atlantique s’est ajoutée la reprise du marché chinois, même si les chiffres concernés n’ont rien à voir avec ceux d’avant les campagnes « anti-extravagance » de 2013. Au global, sur l’ensemble de ses marchés, le Cognac a progressé de + 5,5 % en volume et de + 6,5 % en valeur. Ce qui lui vaut en 2016 de figurer en tête des chiffres d’affaires export de la catégorie V&S (2,8 milliards), suivi du Champagne (2,6 milliards) , de Bordeaux (1,8 milliard d’€), de la Bourgogne et du Beaujolais (900 000 €). Conformément aux années précédentes, le quatuor truste plus des deux-tiers de la valeur des exportations françaises de V&S.
Tendance plate pour le vin
Comparées au Cognac et aux spiritueux en général, les exportations de vins, tranquilles ou effervescents, affichent une tendance « flatish », plate. Les professionnels du secteur l’expliquent par au moins deux raisons : un manque récurrent de disponibilité – volumes déficitaires depuis plusieurs années – qui oblige les opérateurs à « faire passer des hausses de prix », un exercice toujours compliqué ; la baisse drastique de la livre sterling, due au Brexit. Cette perte de taux de change d’environ 20 % a particulièrement impacté le Champagne, sachant que la Grande-Bretagne représente le deuxième marché export du vin effervescent.
Christophe Navarre, président de la FEVS depuis 2014 mais aussi Pdg de Moët Hennessy a commenté la situation. « Quand une devise « dévisse » à un tel niveau, cela ne peut avoir qu’un effet sur les prix et provoquer des tensions. Car à quoi sert de faire du business si vos marges s’effondrent. Vous êtes condamné à augmenter vos prix. Le Bexit est quelque chose de compliqué pour nos entreprises. On va voir ce que ça va donner. »
L’effet temps ?
A Paris le 9 février dernier, lors de la conférence de presse de la FEVS, les interrogations sur la politique de Donald Trump ne pouvaient être éludées. Ainsi arriva une question sur les tentations protectionnistes du président des Etats-Unis, avec l’exemple de la dénonciation de l’accord de partenariat transpacifique (TPP). Le président de la FEVS y répondit mais de manière circonscrite et pour tout dire circonspecte, sans doute parce qu’en la matière les inconnues restent légion et peut-être aussi pour ne pas injurier l’avenir. Ainsi sa réponse, d’une tonalité résolument rassurante, se cantonna au seul marché américain – « Il ne sert à rien de spéculer. Il convient de rester calme. Pour l’instant aucun signal, aucun indicateur permet de dire que de nouvelles taxes pourraient toucher le secteur des V&S sur le sol américain. Notre histoire avec les Etats-Unis date de plus de 200 ans. C’est quelque chose d’important. De plus, les américains apprécient nos produits. S’il convient de rester vigilant, je ne suis pas trop inquiet sur le sujet. »
En 2015, les exportations de vins et spiritueux avaient crevé les plafonds, se situant à des niveaux jamais atteints. Cette année et malgré la moindre performance des vins – expéditions étales, pour certaines en recul – le secteur réussit quand même à s’inscrire en hausse, de + 1,2 %. Ce qui permet au secteur des V&S, avec un montant total d’exportations de 11, 9 milliards d’€, de décrocher une nouvelle fois son « plus haut historique ».
Dans la balance commerciale de la France, les V&S se situent toujours au troisième rang, derrière les secteurs aéronautique et cosmétique. Christophe Navarre s’est dit optimiste pour la suite – « L’année 2017 n’a pas mal débuté ».