Le « coup de gueule » de Jean-Yves Landier

22 mars 2009

fermage_landier_opt.jpegViticulteur à Foussignac, près de Jarnac, Jean-Yves Landier a souhaité réagir aux montants des fermages viticoles à échéance fin 2007, fixés en Charente et Charente-Maritime par arrêtés préfectoraux à l’automne 2008. Lui-même fermier en Charente-Maritime sur une partie de son vignoble, il trouve ces valeurs « démentes » et encore plus la progression enregistrée entre 2006 à 2007. Il le dit, haut et fort.

 

 

J.-Y. Landier – « C’est du délire. De la part des professionnels siégeant aux commissions consultatives des baux ruraux, c’est complètement irresponsable d’avoir accepté de telles valeurs. Imaginez ! Dans la plupart des cas, le prix du vin fermage fixé en 2008 (échéance 2007) équivaut à peu près au prix du vin de distillation de l’actuelle campagne, voire le dépasse. Quant aux augmentations d’une année sur l’autre, elles sont complètement surréalistes, notamment en Charente-Maritime : + 53 % en Petite Champagne et Borderies, + 46 % en Fins Bois, + 70 % en Bons Bois et Bois fermage_1.jpgOrdinaires ! Je ne vois pas un jeune s’installer avec des fermages aussi élevés. Que les autorités aient entériné de tels montants me dépasse ! Et il ne se trouve personne pour réagir ! A croire que cette région cultive l’idiotie. En 2005, j’ai versé à mes propriétaires 711 E l’hl AP, en 2006, 10 % de plus, en 2007 je donnerai 46 % de plus. En 2008, je vais leur faire un chèque de 38 000 E de plus-value, toujours pour la même surface. La QNV a augmenté, le marché du Cognac s’est rétabli en 2007-2008. Il paraissait normal que les fermages suivent. Mais dans de fermage_2.jpgtelles proportions, c’est complètement fou ! Quel responsable peut négocier ça ! Quand j’ai vu que les gens des Bons Bois 17 allaient payer un fermage de 710 E l’hl AP, je me suis demandé si je n’étais pas tombé sur la tête. Déjà que le prix fermage est trop cher en Charente mais en Charente-Maritime, cela dépasse tout ! Est-ce normal que les propriétaires de Petite Champagne 17 perçoivent plus que leurs collègues de Charente au titre des fermages à échéance 2007 ? J’ai connu des gens de Charente-Maritime qui n’avaient même pas accès au Cognac pour 1 hl AP. Et aujourd’hui, tout se passe comme s’ils vendaient tout. Je trouve ça scandaleux, inadmissible. Je ne comprends pas que les syndicats viticoles, SGV comme SVBC, ne soient pas montés au créneau. Au lieu de passer son temps en palabres, le syndicalisme viticole aurait intérêt à se saisir des vraies questions, essentielles pour nos exploitations. En dépendent notre capacité à embaucher du personnel, à investir, à faire tourner la région. Alors que le marché se montre déjà un peu moins brillant que l’an passé et qu’il y a deux ans, nous marchons à contre-courant, en alourdissant les comptes d’exploitations. Aujourd’hui, il n’existe pas beaucoup de placements aussi lucratifs que des vignes en Charentes. Je suis d’accord ! Un rattrapage était nécessaire. Mais, à un moment donné, il faut savoir s’arrêter. Personnellement, je suis en fin de parcours mais cette situation m’écœure malgré tout. A l’époque de la FSVC, je fus président du cru Fins Bois, j’ai siégé au BN. Je connais bien la question. Je trouve lamentable que personne n’ait réagi. Ne nous trompons pas. Je ne suis pas contre les bailleurs, loin de là. J’en suis moi-même un. Mais, à ce tarif-là, qu’on ne s’étonne pas si les jeunes ne veulent pas s’installer. Comment voulez-vous qu’un jeune de l’île de Ré ou d’Oléron s’en sorte en versant un fermage à 710 E l’hl AP. A moins d’avoir fait une super-récolte, il n’y parviendra pas. Je sais bien que le montant du fermage va baisser dès l’an prochain, mais est-ce vraiment le but de jouer ainsi au yo-yo ? Que les propriétaires gagnent leur vie, on est tous d’accord, mais ce n’est pas la peine que les fermiers galèrent à côté. Une fois de plus, j’ai le regret de dire que cette région marche sur la tête. »

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Fermages Viticoles

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1998-2008

 

Région délimitée Cognac

Les chiffres clés de la récolte 2008

Les chiffres issus du service statistique du BNIC font apparaître une récolte 2008 se situant en queue de peloton vis-à-vis du rendement en alcool pur : 8,95 hl AP/ha. Sur la dernière décennie (1999-2008), seule la récolte 2007 lui aura été inférieure et encore de bien peu (8,80 hl AP/ha en 2007). Sinon, toutes les autres années l’auront dépassée (1999 : 12,99 hl AP/ha – 2000 : 10,18 – 2001 : 11 – 2002 : 11,05 – 2003 : 11,43 – 2004 :12,49 – 2005 : 12,73 – 2006 : 11,88). Sur la dernière récolte, le TAV moyen (le degré) s’est élevé à 9,88 % vol. pour un rendement volumique moyen des Vins Blancs Cognac de 90,61 hl vol. Au total, en Charentes, la récolte 2008 se sera soldée par 6,767 millions d’hl vol. Selon les crus, cette récolte s’est répartie de la manière suivante : Bois Ordinaires : 84 734 hl vol. (1,3 %) – Bons Bois : 831 074 hl vol. (12,3 %) – Fins Bois : 2,9 millions d’hl vol. (42,5 %) – Petite Champagne : 1,5 million d’hl vol. (21,8 %) – Borderies : 367 691 hl vol. (5,4 %) – Grande Champagne : 1,1 million d’hl vol. (16,7 %). Avec 99,14 % des volumes Vins Blancs Cognac affectés au Cognac (renseignement tiré de l’exploitation des déclarations de récolte), le débouché phare de la région délimitée aura encore fait le plein cette campagne. L’affectation « moûts Pineau » a concerné, quant à elle, 68 993 hl vol., 112 491 hl vol. pour les Vins de pays et 72 261 hl vol. pour les Autres débouchés. Dans la région délimitée, les Vins blancs autres que Cépages Cognac ont représenté en 2008, 42 835 hl vol. (152 465 hl vol. pour les vins rouges). Au nombre de 5 233, les exploitations charentaises mettent en valeur une surface en production de 74 692 ha. Charente et Charente-Maritime se partagent égalitairement la récolte Cognac : 3,3 millions d’hl vol. pour la Charente et 3,4 millions d’hl pour la Charente-Maritime.

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