C’est pourquoi il est impératif de mettre en place dès à présent des mesures prophylactiques afin de réduire la quantité d’inoculum et de diminuer les risques de contamination du vignoble et, parallèlement, de procéder à la restauration ou au remplacement des pieds malades afin de diminuer les impacts de ces maladies (rajeunissement du vignoble, hétérogénéité des parcelles complantées, baisse du potentiel aromatique…).
Plantation et formation du cep
Vérifier systématiquement la solidité du point de greffe : test du « coup de pouce » (une greffe fragile peut être due, entre autres choses, à la présence de l’un de ces champignons.
Lors de la formation du tronc, préférer systématiquement un épamprage en vert réalisé au sécateur sans raser la plaie (fait à la main par arrachage, il crée de profondes zones de nécroses qui vont gêner la circulation de sève et constituer autant d’entrées possibles pour les parasites. Un épamprage en hiver exposera les plaies de taille aux contaminations).
Eviter, si cela est possible, les tailles Guyot (sauf en Bourgogne et Champagne où leur effet favorisant sur ces maladies n’est pas vérifié).
Diminuer le nombre et la dimension des plaies de taille en limitant la vigueur (fertilisation, enherbement…).
Diminution et prévention des risques
Ces mesures sont les plus importantes et seront d’autant plus efficaces que si elles sont pratiquées par tous les vignerons.
L’enlèvement hors de la parcelle des ceps et des bras morts est indispensable. Ils devront être brûlés, dès que possible et de toutes façons avant la taille. L’opération sera facilitée par un repérage des ceps malades au stade 8-12 feuilles pour l’eutypiose et en pré-vendange pour l’esca et le black dead arm.
Dans le cas du black dead arm et de l’esca, il est souhaitable d’éliminer par le feu les sarments des ceps atteints, ceci de préférence avant le prétaillage et surtout avant broyage éventuel de ceux-ci.
Les tas de souches éparpillés au vignoble à l’air libre doivent être impérativement brûlés (les bâches de protection parfois utilisées se perforent malheureusement très rapidement…).
Dans l’état actuel de nos connaissances, ces mesures ne remettent en cause ni le prétaillage, ni le broyage des sarments à condition de sortir préalablement les bois de plus de 2 ans et de les brûler.
Dans les exploitations dont la superficie et la disponibilité en main-d’œuvre le permettent, une taille tardive en sève montante et en période sèche est vivement conseillée (cette mesure est par contre déconseillée en présence de nécrose bactérienne), tout particulièrement sur jeunes plantations.
Restauration des pieds malades
En vigne basse, la base du tronc est rapidement colonisée : prévoir un complant ou un provin.
Sur vigne haute, le recépage est utilisable sur des ceps d’une vigueur encore suffisante.
1) Repérer les ceps malades (mai-juin pour eutypiose et black dead arm ; juillet-août pour black dead arm et esca) par un lien ou avec une bombe de peinture.
2) Protéger le gourmand choisi en l’attachant ou en installant un manchon plastique si un épamprage ou un désherbage chimique sont prévus.
3) Coupez le tronc en hiver au-dessus du gourmand (la section doit être saine et exempte de toute nécrose ; dans le cas contraire, abaisser éventuellement la coupe au niveau du porte-greffe et prévoir un regreffage en place si la vigne a moins de 30 ans environ).
4) Protéger la plaie de taille (inutile en période de sève montante).
5) Tuteurez le gourmand.
6) Sortir et brûler le tronc coupé.
Protection chimique
L’Escudo est la seule spécialité autorisée simultanément sur esca et eutypiose. Ce produit à usage préventif est à badigeonner sur toutes les plaies de taille immédiatement après la coupe, opération malheureusement longue et fastidieuse.
A ce jour, aucune méthode de lutte chimique ou biologique n’est validée au vignoble. Des expérimentations sont d’ores et déjà en place ou prévues pour évaluer différentes techniques de protection.
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