Les pays des PECO (Pays d’Europe Centrale et Orientale) constituent un ensemble hétérogène, avec des différences aussi marquées qu’entre les quinze pays de l’UE. Globalement, l’agriculture est un secteur clé de leur économie, avec des handicaps mais aussi des facteurs de compétitivité.
Avec plus de 20 % de la population active, l’agriculture et le développement rural représentent à coup sûr une priorité pour l’ensemble des PECO. La superficie agricole y est importante même si l’agriculture n’a pas retrouvé le niveau de compétitivité d’avant 1989. Traditionnellement subventionné (prix et moyens de production), le secteur agricole a dû faire face à un arrêt brutal des soutiens d’Etat et à la libéralisation des prix. Il en est résulté de fortes hausses des prix à la consommation, alors que les salaires restaient bloqués. Une importante récession a suivi, avec une baisse de la production agricole, s’accompagnant d’une forte décapitalisation, notamment dans le secteur animal. La réforme structurelle reste largement inachevée. Trois formes de structures prédominent : les grandes exploitations sociétaires issues de la transformation des fermes d’Etat (souvent entre 700 et 2 000 ha) ; les petites structures de semi-subsistance (de 2 à 3 ha), les exploitations de taille moyenne, intégrées au marché, encore minoritaires. Des éléments de compétitivité le disputent à des handicaps certains. Une main-d’œuvre et une terre abondante et bon marché donnent aux PECO des avantages comparatifs importants. Par contre, ces pays ont du mal à répondre aux normes de qualité. Le principal défi concerne l’alignement de la politique vétérinaire et de la protection de la santé publique par les IAA. L’importance de la main-d’œuvre alourdit les charges des entreprises qui, par ailleurs, ne bénéficient pas d’une gestion suffisamment souple pour s’adapter à la concurrence. L’évolution des structures de production et de transformation est freinée par le contexte économique et social : hausse du chômage, manque de financement, taux d’intérêts élevés, précarité des baux ruraux, infrastructures insuffisantes.
Pologne : le poids lourd des PECO – La Pologne est le plus grand pays des « dix » (38,6 millions d’habitants). Sa taille est supérieure à celle de l’Italie et sa SAU s’élève à 18,6 millions d’ha (13,4 % de celle de l’UE). L’agriculture y représente un secteur d’emploi très important (21,5 % de la population active) mais un faible poids dans l’économie (3,3 % du PIB en 2000). L’agriculture exerce un lobby important auprès des autorités, avec le Parti paysan (PSL), mouvement à forte tendance populiste dirigé par Jaroslaw Kalinowski. On note une prédominance des exploitations familiales de polyculture-élevage (82 %), petites et morcelées, un faible niveau d’équipement et d’investissement, une part importante d’autoconsommation, un potentiel arable important mais dont un tiers est de mauvaise qualité. Si les productions végétales dominent (59 %), la Pologne arrive en tête des PECO pour les productions animales. Sa gamme de production est variée : lait, sucre, viande porcine, pommes de terre, céréales, pommes, fruits rouges.
Pays baltes : une production laitière dominante – La Lituanie est le plus grand des pays baltes. Sa superficie équivaut à 50 % de celle de la Grèce et le pays compte 3,7 millions d’habitants. L’agriculture jouit d’une tradition paysanne et représente le quatrième secteur de l’économie (7 % du PIB, 18 % de la population active). La population rurale (32 % de la population totale) y est plus importante que dans les autres pays baltes. La réforme structurelle reste inachevée. Une hausse de production a été constatée dans le secteur végétal (céréales, pommes de terre, lin, colza, sucre, betterave à sucre) malgré une faible productivité. La production laitière est importante : 17 % de la production totale. La Lettonie compte 2,38 millions d’habitants. Son agriculture se caractérise par de petites structures, une forte autoconsommation, avec une dominante élevage (lait, porc, volailles). Le plus petit des pays baltes, l’Estonie est d’une taille équivalente à celle du Danemark. En tant que pays nordique, il possède des handicaps climatiques et des sols de qualité médiocre. Les structures sont de 20,7 ha en moyenne sur 70 % de la SAU. Les grandes structures représentent 30 % de la SAU (+ de 500 ha en moyenne). Face à une production laitière dominante, les IAA s’avèrent en surcapacité.
République tchèque : une agriculture relativement faible – Le pays de Vaclav Havel dispose d’une superficie équivalente à celle de l’Autriche et d’une population proche de celle du Portugal (10,3 millions d’habitants). Le poids de l’agriculture est relativement faible et en baisse (3,7 % du PIB) et le nombre des actifs agricoles représente 5 % de l’emploi pour une SAU de 3,6 millions d’ha. Si le potentiel agricole est limité, il bénéficie toutefois d’une bonne productivité. Il s’agit d’une agriculture de grandes structures : 80 % de la production s’effectue dans les exploitations de plus de 1 000 ha alors que les exploitations familiales (28 ha) occupent le quart de la SAU. Le secteur des grandes cultures est prépondérant. Les productions animales sont en baisse. La production laitière sous quotas est excédentaire, avec des IAA sous-utilisées. Une restructuration est en cours.
Slovaquie : le plus petit des PECO – Il s’agit du plus petit des PECO. Sa taille équivaut à la moitié des Pays-Bas, avec 5,3 millions d’habitants. Les conditions naturelles sont difficiles. Un tiers de la SAU se situe en zone de montagne. L’agriculture, en récession, représente un faible poids dans l’économie. La Slovénie présente à peu près le même profil avec une population inférieure à 2 millions d’habitants.
Chypre et Malte : agriculture méditerranéenne – Ces deux îles sont typiques de l’agriculture méditerranéenne, avec la présence de la vigne, de l’olivier, des légumes et des fruits. La balance agro-alimentaire y est très déficitaire.
La Roumanie et la Bulgarie : candidature réexaminée en 2007 – Retoquée lors du premier examen de passage, la candidature de ces deux pays à l’UE devrait être réexaminée en 2007, avec toutes les chances d’avis favorable cette fois-ci. Leurs agricultures jouissent de conditions naturelles favorables, avec même une vocation exportatrice de la Bulgarie sur certains secteurs comme le foie gras, le vin, le tabac, les fruits et légumes. La Bulgarie est le plus méridional des PECO.
Extrait du n° de novembre 2002 (915) du magazine « Chambre d’agriculture »