« Une Dynamique Pour Chaque Région De l’Île »

28 février 2009

L’étude terroirs commandée à René Morlat* n’est pas seulement pédologique. Elle mêle les aspects climatologiques et physiologique de la vigne pour déboucher sur des itinéraires techniques différenciés. Une approche qui a de quoi rasséréner les esprits inquiets. Une première présentation de l’étude a eu lieu en avril 2005.

Pour caractériser l’effet terroir dans l’île de Ré, René Morlat ne s’est pas borné à ouvrir des fosses pédologiques (800 au total) sur les 1 900 ha couverts par l’étude. Il a également cherché à caractériser le climat, la profondeur de la nappe phréatique, un élément déterminant dans le contexte insulaire. Le croisement de ces paramètres sur les 56 parcelles du réseau Viti-Avenir a permis de mettre en évidence une variabilité d’itinéraires techniques. Avec comme conclusion « qu’aucune des régions de l’île ne devrait être exclue d’une dynamique ».

Si la somme des températures annuelles mesurées conclue à l’existence de trois zones climatiques sur l’île ; si, de tout temps, la partie de Sainte-Marie fut plus arrosée que les autres, les différences ne sont pas nettes. La coupe géologique paraît bien plus déterminante. Elle permet de voir que l’île de Ré est un massif de calcaire doté d’une petite inclinaison, surmonté dans sa partie centrale par une dune de sable. En fonction de la topographie, les nappes phréatiques à l’étiage (aux basses eaux) présentent des niveaux différents. L’étude les a regroupées en deux profondeurs : nappe 1 entre 0,5 à 3,75 m et nappe 2 en dessous de 3,75 m. Par la notion de stress hydrique qu’elle induit, la profondeur de la nappe semble jouer un très grand rôle sur les performances de la vigne dans les différents terroirs. A partir des comptages de baies avant vendanges, l’équipe de R. Morlat a essayé d’analyser statistiquement l’interaction entre effet millésime (effet année), cépages, groupes de sol, profondeur de la nappe. Au final, des zones s’avèrent plus propices, qui aux Chardonnay, qui aux Sauvignon blanc, Merlot, Cabernet franc, Cabernet Sauvignon. Prenons l’exemple du Merlot. C’est un cépage qui, finalement, s’accommode assez bien de différentes profondeurs de nappe. Tout le contraire des Cabernet franc et Cabernet Sauvignon dont les composés de couleurs et de tanins s’avèrent plus faibles en condition de nappe 1. Chargé du transfert produit, François Guilbaud identifie la nappe 1 comme favorable au Trouse-Chemise, le vin mousseux de la cave issu du Chardonnay, car le vin effervescent a besoin de vivacité. La nappe 2 conviendra mieux au Brise de Mer, vin blanc tranquille lui aussi issu de Chardonnay, qui nécessite de la concentration. « L’étude terroir va nous permettre de progresser dans notre relation avec la clientèle particulière. Le consommateur va devenir de plus en plus un chercheur de sens, via les racines de la vigne. »

* René Morlat est directeur de recherche à l’INRA d’Angers.

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