Aucun texte ne parle explicitement de récupérer les eaux de lavage des pulvérisateurs. Par contre, la loi sur l’eau du 3 janvier 1992, complétée par les règlements sanitaires départementaux et la loi sur la police des eaux (1), fait une obligation générale de restituer des eaux de qualité, sans charge polluante. C’est sur cette base juridique, assez floue mais bien réelle, que se fondent les prescriptions environnementales relatives aux rejets viticoles. Lorsqu’il y a rinçage intérieur des pulvérisateurs sur une aire de lavage – l’immense majorité des cas à ce jour – la règle voudrait qu’il y ait stockage des rejets. On serait alors en face d’un déchet industriel spécial (DIS), pour lequel il n’existe aujourd’hui qu’une solution de retraitement : une destruction par un organisme agréé d’incinération, à des coûts bien sûr prohibitifs (on parle de 4 000 e). L’alternative « vendue » par le ministère de l’Environnement consiste à promouvoir une mesure d’amont, le rinçage à la parcelle. Au plan réglementaire, on est alors considéré comme se situant toujours dans une phase initiale d’application et il n’y a donc pas lieu de parler de déchet. Bien sûr, le rinçage à la parcelle s’assortit de recommandations techniques. Dans le cadre des Bonnes Pratiques Agricoles, un organisme institutionnel comme le CORPEN (2) conseille de rincer le matériel aussitôt après la fin du traitement, afin d’éviter le séchage des résidus et de les éliminer ainsi plus facilement lors du rinçage. Il préconise par ailleurs de diluer le volume résiduel de bouillie avec un volume d’eau au moins égal à 10 % du volume nominal de la cuve ou au moins égal à 5 fois le volume diluable, puis de le pulvériser sur une parcelle déjà traitée ou sur une fondrière enherbée éloignée des points d’eau. Une expérimentation menée par l’ITV Champagne en collaboration avec le CIVC (Comité interprofessionnel du vin de Champagne) a mis en évidence l’efficacité du rinçage sur la dilution de la matière active, en l’occurrence du soufre (voir schéma). Mais, pour ce faire, il faut bien sûr posséder un pulvérisateur équipé d’un dispositif permettant de diluer le fond de cuve et de le repulvériser. A quelques rares exceptions près (prendre la précaution de vérifier tout de même), les nouveaux pulvérisateurs de plus de 400 l en sont normalement tous équipés depuis 1997. C’est la nouvelle norme AFNOR qui le prévoit. En équipement de base, le système comprend un petit jerricane d’eau potable à l’extérieur, pour le lavage des mains et, à l’intérieur ou à l’extérieur du pulvérisateur, un réservoir d’eau claire embarqué, d’une capacité au moins égale à 10 % de celle de la cuve. Ce bac est relayé à une vanne trois voies pour pomper soit dans la cuve de traitement soit dans la cuve d’eau claire. Parfois, un système asservi permet d’actionner le rinçage de la cuve de la cabine du tracteur. En option existe également des roto-jets pour améliorer le rinçage. Les puisards en fonds de cuve ont été reconditionnés pour qu’il reste le moins de liquide possible (environ 1,5 l). Demeure cependant le problème de ce reliquat et des quelques grammes de matières actives restant dans le fond du pulvérisateur. Pour l’instant, il n’existe pas de réponse satisfaisante, sauf à dire qu’en matière environnementale, l’utilisateur est toujours responsable de ses déchets.
(1) La police de l’eau : elle précise les sanctions applicables à quiconque a entraîné des effets nuisibles sur la santé ou des dommages à la flore ou à la faune par un déversement de substances dans les eaux superficielles ou souterraines.
(2) CORPEN : Comité d’Orientation pour les Pratiques agricoles respectueuses de l’ENvironnement.
Sources : Station viticole du BNIC (Bernard Gally). ITV France – Station régionale Champagne (C. Alliot). Société Paris (M. Patey, 47200 Sainte-Bazeille).
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