Les Filières Tirent Leur Bilan

22 mars 2009

Au sein de la filière viticole, bouteilles, transport et bâtiments font partie des postes les plus « énergétiques » et donc émetteurs de CO2. Des résultats relativement transposables d’une région à l’autre, même si chaque vignoble possède sa propre « empreinte carbone ».

En viticulture, la filière Champagne fut pionnière dans la démarche. Elle a réalisé son bilan carbone en 2006. Parmi les facteurs d’émission, la lourde bouteille de verre champenoise arrive en bonne place. A elle seule, sa fabrication et son civc_maison_opt.jpegsurcoût d’émission pèsent pour 15 % des émissions de GES (gaz à effets de serre). Dans le domaine de la viticulture champenoise (et non plus de la filière), les principales émissions proviennent de la consommation de fuel (tracteurs, chauffage des bâtiments d’exploitation…), suivi de la fertilisation azotée, du brûlage de la végétation à l’air libre… Partant de ce diagnostic, la filière champenoise a lancé son « plan climat » avec pour objectif de réduire les émissions de 20 à 30 % en dix ans. Les principales pistes de travail ont trait à la bouteille allégée (un dossier récurrent en Champagne), l’éco-conception des bâtiments, la valorisation énergétique de la biomasse produite par le vignoble, l’émission/séquestration de gaz à effet de serre par les sols viticoles, la lutte antigel, le machinisme viticole, le fret… Le CIVC (l’interprofession champenoise) justifie ainsi son engagement : « Economie et écologie peuvent se rejoindre dans un cercle vertueux d’amélioration des pratiques. En outre, l’image du Champagne ne peut qu’en sortir renforcée. Enfin, il va de l’intérêt de notre produit que la composante climatique évolue le moins possible. »

raccourcissement du cycle végétatif

En 2008, la filière vin Bordeaux a procédé à son propre bilan carbone. Comme en Champagne, le changement climatique interpelle au premier chef la famille bordelaise. Ainsi, sur les 20 dernières années, des travaux scientifiques ont mis en évidence un raccourcissement du cycle végétatif avec, pour corollaire, un débourrement plus précoce et donc un risque accru de gelée de printemps. L’étude pointe aussi du doigt de possibles modifications de la flore et de la faune par émergence et/ou disparition de parasites et de ravageurs. A Bordeaux comme en Champagne, le poste « verre » occupe une place prépondérante dans l’émission de GES (à lui seul 50 % des émissions liées aux matériaux entrants). Viennent ensuite le transport du vin (18 % des émissions, essentiellement composées du transport routier vers les clients), suivi du déplacement des personnes (12 %) et de l’énergie pour la viticulture (10 % dont une bonne part due au fioul pour les tracteurs). A noter qu’à la rubrique « déplacement des personnes », la moitié des émissions est liée à l’œnotourisme. Une composante dont la filière ne peut s’empêcher de s’enorgueillir. « Cela traduit l’importance de l’activité touristique autour des vins de Bordeaux. » Pour se rapprocher de l’objectif national des 75 % de réduction d’ici 2050, des pistes d’amélioration sont bien entendu proposées : allègement des bouteilles et amélioration des process verriers, développement du fret maritime depuis Bordeaux, éco-conduite des transporteurs, réglage et mutualisation des engins agricoles, réduction de l’emploi des engrais…Le libellé de ces mesures n’échappe pas à un certain esprit de catalogue mais comment y échapper !

la place de la distillation

A son tour, l’interprofession du Cognac vient de se saisir du sujet « Bilan carbone ». A l’instar de leurs collègues des autres régions viticoles, les professionnels charentais estiment qu’il est difficile de s’exonérer d’une telle démarche. Dans l’air, flotte pourtant une crainte : que la distillation charentaise soit stigmatisée. Car si, peu ou prou, tous les bilans foyer_prfabriqu_2_opt.jpegcarbone des filières viticoles mettent en avant la verrerie et des transports, à Cognac, il est clair que la distillation jouera comme un facteur discriminant. Bernard Galy, chargé du suivi de la distillation à la Station viticole entre autres dossiers, s’en émeut par avance. « Il ne faudrait pas faire apparaître la distillation comme un boulet traîné par la région délimitée. C’est vrai que la distillation est exigeante en énergie fossile – 50 kg de propane pour distiller un hl d’AP – mais aujourd’hui, on ne sait pas faire tellement autrement, si l’on veut respecter les critères de l’appellation. La distillation à feu nu constitue l’un des piliers de l’AOC Cognac. » L’œnologue relève le délicat équilibre entre AOC, image et environnement. « Bouger un élément, c’est courir le risque de déstabiliser les autres. » Si le bilan carbone lui semble incontournable, le technicien cognaçais alerte sur la prudence qui doit présider à sa mise en œuvre. « Il ne s’agit pas de tout focaliser sur le bilan carbone en occultant le reste. La réflexion environnementale est bien plus vaste que cela. » Comment en effet ne pas penser à la problématique de l’eau et celle des effluents ou encore à celle des produits phytosanitaires, dans la perspective d’une base de 50 % des pesticides à l’horizon 2018, pour se mettre en conformité avec la recommandation européenne.

Pour les ressortissants du BNIC – livreurs de vin, bouilleurs de cru, distillateurs, négociants – le bilan carbone de l’interprofession peut être considéré comme « non événement ». En tout cas il sera indolore. Principalement renseigné à partir d’éléments documentaires, il ne sollicitera pas la participation active des acteurs de la filière. Ce sont les services de l’interprofession, en l’occurrence la Station viticole du BNIC, qui sera chargée de faire l’interface avec le bureau d’étude choisi.

SGV Cognac – Négociations… sur le gaz

Alors que la campagne de distillation est déjà entamée, la tendance fortement baissière des cours du gaz va-t-elle se répercuter à la citerne ? Quand la démarche syndicale rencontre la démarche stratégique des entreprises.

C’est l’indice Platt’s (du nom du principal pourvoyeur d’information sur l’énergie) qui sert de référence au cours du gaz. Aujourd’hui, cet indice Platt’s est en chute libre. Il faut y voir la conséquence directe de la dégringolade du prix du baril de pétrole (brent), passé en quelques mois du record historique de 147 $ le baril le 11 juillet 2008 à 55 $ à la mi-décembre, soit une baisse de valeur de près de 60 %. Car le prix du gaz est irrésistiblement lié au cours du pétrole. Quand celui-ci dimi nue, il impacte sans coup férir le prix du gaz, quel que soit l’état des disponibilités en gaz naturel. Dans une région fortement consommatrice de gaz comme Cognac, les compagnies gazières vont-elles répercuter cette baisse à leurs clients ? Depuis quatre ans, le SGV Cognac mène une énergique « opération gaz ». En septembre, avant chaque début de campagne, un petit groupe de personnes rencontre les différents opérateurs. Objectif : tenir les prix du gaz dans une fourchette de prix raisonnable, y compris sur les éléments annexes au contrat (location de citerne, dépôt de garantie…). Et il faut dire que la démarche fut plutôt couronnée de succès. Un effet d’émulation a conduit les opérateurs à modérer leurs tarifs. L’an dernier, dans un contexte de forte hausse, les prix n’ont augmenté « que » de 14 à 17 %. Pour cette campagne encore, Antargaz a joué le jeu en annonçant rapidement une hausse limitée à 4 % sur toute la campagne, puisque l’une des caractéristiques d’Antargaz est de s’engager sur des prix fixes jusqu’au 31 mars. Sa proposition constituait une bonne base de négociation pour discuter avec les autres compagnies (Butagaz, Primagaz, Totalgaz). Sauf que la donne a changé depuis septembre avec la baisse drastique de l’indice Platt’s. Aujourd’hui, Butagaz annonce plus de 100 € de baisse à la tonne sur son tarif applicable du 1er janvier au 31 mars 2009. Antargaz, qui pratique un prix fixe sur toute la période de distillation, va-t-il consentir à revoir ses tarifs à mi-campagne, compte tenu de la tendance fortement baissière ? Les délégués du SGV reprennent leur bâton de pèlerin.

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