Entretien avec B. farges, président de la CNAOC : « ne pas bruler les étapes »

25 juillet 2013

Président de la CNAOC, Bernard Farges fut un président attentif, très présent sans être intrusif. Il a très tôt compris les lignes de forces du dossier : se concentrer sur l’essentiel, ne pas brûler les étapes. Il appelle à la vigilance pour demain. « Un nouvel outil, on peut bien s’en servir ; comme mal s’en servir. »

 

 

p14.jpg« Nous avons réussi avec l’appui de tous les professionnels, en France et dans les autres pays européens ; avec l’appui de tous les parlementaires ; de deux ministres de l’Agriculture successifs, appartenant à des majorités différentes. Ce n’était pas chose aisée que d’inverser une décision votée par les Etats membres en 2008. La Commission s’arc-boutait sur sa position. Pour nous, il n’était pas question de défendre jusqu’au bout un système qui avait tout de même montré ses limites ; mais il fallait décrocher un nouveau dispositif qui puisse encadrer la production. Le vrai défi fut d’amener tout le monde à se regrouper derrière cette idée. Des doutes sur l’issue du combat, j’en ai eus, jusqu’à la fin. C’était très dur, très compliqué, très long. Il ne fallait surtout pas brûler les étapes. Nous devions avancer pas à pas, sans se disperser. Nous avons dû résister à la pression de ceux qui, très vite, voulurent aborder les questions intérieures comme celles de la gouvernance. Trop tôt ! Nous devions d’abord obtenir l’outil communautaire d’encadrement.

Un tel combat n’est jamais le fruit de la réflexion d’une ou deux personnes. Effectivement, sur ce sujet, la CNAOC s’est retrouvée en pointe mais si tout le monde n’y avait pas participé, la filière viticole française et européenne n’aurait pas gagné. De leur côté, les membres de la Commission s’appuyaient sur un texte voté par les ministres de l’Agriculture des 27. C’était normal. En tant que citoyen, c’est même plutôt rassurant de voir que le processus démocratique est respecté. Le commissaire Ciolos a joué un rôle essentiel dans la négociation. Il ne pouvait pas se mettre en porte-à-faux vis-à-vis de ses services même si ses propres convictions le portaient sans doute à sentir l’utilité d’un encadrement. Nous redoutions les GHN (Groupe à haut niveau) mais, effectivement, l’approche initiée par D. Ciolos s’est révélée très positive ; comme le fut l’intervention de Michel Dantin. Avec Astrid Lulling, présidente de l’intergroupe vin, le rapporteur du Parlement sur la PAC a joué un rôle fondamental. Il s’est exprimé très tôt, sur des positions très proches de celles de la viticulture. Dans les discussions, il a incarné une ligne dure et forte, notamment sur la date de 2030. Le trilogue organisé entre les trois instances européennes a permis d’afficher l’évolution du dossier. Pourtant, le 14 décembre 2012, tout pouvait encore basculer. Cette réunion était vraiment perçue comme décisive. Le résultat nous satisfait. Je crois que nous ne pouvions pas espérer mieux. Maintenant, il faut être vigilant. Nous allons découvrir l’outil. Il va falloir apprendre à le gérer. Un outil, on peut bien s’en servir ; ou mal s’en servir.

Depuis trois ans – depuis notre assemblée générale d’Angers en 2010 – un travail considérable a été accompli. Je remercie tous les permanents de la CNAOC et particulièrement Pascal Bobillier-Monnot ; EFOW, notre Fédération européenne ainsi que tous les syndicats généralistes et de filière. A ce niveau-là, c’est un combat exceptionnel. Car il implique les deux niveaux, national et communautaire. »

 

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