Le Détour Cognaçais

21 décembre 2008

Suivez la flèche… A la faveur d’événements longtemps différés et qui trouvent enfin leur concrétisation, Cognac fait partie des détours obligatoires en ce début d’année.

D’abord pour Jean-Pierre Raffarin, président du Conseil régional, Jean-Luc Dairien, directeur de l’ONIVINS, Jean-Pierre Richer, préfet de Région, Jacques Gérault, le nouveau préfet de Charente et Anthony Zonta, directeur régional de l’Agriculture qui, au BNIC, le jeudi 17 janvier, sont venus officiellement présenter le programme d’adaptation de la viticulture charentaise conclu par l’Etat et la Région dans le cadre du 12e contrat de Plan. Ensuite pour Patrick Ricard, directeur général de Pernod-Ricard qui, le lendemain, était à Chanteloup pour s’exprimer sur l’intégration de la société Martell & Co au sein de son groupe. Il s’agit en effet de « la » grande nouvelle du moment, programmée depuis un an mais que de vétilleux contrôles des autorités américaines au sujet de la concurrence avaient reportés sine die. Voilà, c’est fait. Pernod-Ricard prend les commandes de Martell. Créditée de vouloir « faire du volume », et « d’y mettre les moyens » la grande marque d’anisés engendre un écho plutôt favorable sur le terrain. Elle-même affirme que Martell fait partie des marques prioritaires du groupe, qui, désormais, n’en manque pas (Chivas Regal, Clan Campbell, Jameson, le gin Larios, la vodka Wyborowa…). Tout n’est pas réglé pour autant. Les achats de Martell à la propriété ont beaucoup baissé cet an-ci, sans doute pour régler un surstockage latent. « Au pied du mur », la maison a pâti de longs mois d’attente, même si les chaînes d’embouteillage connaissaient un regain d’activité, peut-être à mettre au crédit de l’épatante campagne de publicité initiée l’an dernier avec Miss Martell. Sortir de l’incertitude et se mettre en ordre de marche, rien de tel pour vous changer une ambiance.

La région délimitée s’apprête à vivre une nouvelle période d’élections. La première avait eu lieu en juin 1998 et il ne s’agissait pas à proprement parler d’élections mais d’un test de représentativité des syndicats viticoles, appelés à siéger à l’interprofession. Un plan d’adaptation, le premier, avait déjà été lancé et le but consistait à le faire avaliser par la Viticulture. Pour y arriver, on avait pensé substituer le « consensus a minima » d’avant par un processus de vote. La grande idée : se compter pour décider ! Au bénéfice de ce test, des organisations viticoles, traditionnellement absentes du paysage viticole cognaçais, étaient sorties de l’ombre (Coordination rurale, Confédération paysanne, mouvement des caves particulières). Tous les ressortissants du BNIC, c’est-à-dire la communauté viticole de 8 ou 9 000 viticulteurs, avaient été invités à se prononcer mais non pour des hommes ni pour des listes mais pour des organisations syndicales. Quatre ans plus tard, que s’est-il passé ? Le premier plan d’adaptation n’a pas vraiment rencontré l’adhésion des viticulteurs. L’arrachage et/ou la reconversion sont restés timides, en tout cas bien en deçà des objectifs. Un deuxième plan d’adaptation, davantage encadré par l’Etat et la Région, sous la férule de la Communauté européenne, a vu le jour. Côté syndicats, ces derniers ont fait l’expérience de la pluricité et ce faisant, découvert les vertus de l’union. Il faut dire que, pour les y aider, les modèles ne manquaient pas, à travers les syndicats d’appellations des régions d’AOC. Alors que le test de représentativité de 1998 s’attelait à la question du « comment faire vivre des syndicats ensemble ? », les élections de 2002 abordent celle de « comment vivre à l’intérieur d’un syndicat ? » Peut-être était-ce la première question à se poser mais, après tout, il n’est pas interdit de prendre quelques détours. Par rapport au test de 1998, ces élections présentent plusieurs particularités. D’abord, elles ne sont ouvertes qu’aux adhérents du Syndicat général des vignerons, ce dernier s’étant préalablement constitué à l’aide, d’une part, d’une sorte de « shadow cabinet » directement issu de la représentativité BN, chargé entre autres de mettre en route le processus électoral et d’autre part, d’une campagne d’adhésion qui s’est déroulée en 2001. Ensuite, il s’agit d’élections de liste où l’on ne vote, cette fois, que pour des hommes. Ces représentants désigneront eux-mêmes les administrateurs du syndicat qui, normalement, seront chargés d’incarner l’unité de la Viticulture face à ses interlocuteurs.

Au 31 décembre 2001, date limite de dépôt des dossiers d’arrachage indemnisé pour la campagne 2001-2002, la délégation régionale ONIVINS recensait 700 ha d’arrachage prévisionnel, contre 530 ha l’an dernier. Si l’on ne peut pas parler de flambée des chiffres, ce différentiel significatif s’explique sans doute par l’effet CTE. La signature d’un contrat territorial d’exploitation permet en effet de profiter – et à cette condition seulement – d’une bonification de la prime de restructuration communautaire pendant la durée du plan (2005-2006) mais au taux plein jusqu’en 2002-2003 (la fameuse prime à 100 000 F). A noter que le CTE doit être signé avant le 31 juillet 2002 (date officielle de fin de campagne) pour ouvrir droit à bonification au titre de cette campagne (31 juillet 2003 pour la campagne 2002-2003). Les viticulteurs intéressés – ceux qui ont déposé un dossier d’indemnisation d’arrachage avant le 31 décembre – vont recevoir un courrier individuel en ce sens. La prime de 100 000 F « à guichet ouvert » ferait sans doute bien plus d’émules. Mais quid de la pérennité des exploitations, du sort de primes externalisées de l’agriculture, du financement de cette prime ? Peut-on demander à une viticulture exsangue beaucoup d’efforts supplémentaires ? C’est ce type de questions que draine le Fonds commun d’adaptation, questions qui tardent sans doute à trouver leurs réponses. D’où un effet de brouillage, toujours préjudiciable.

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