« Le progrès historique est vraiment lent. Il faut parfois tout un siècle pour reculer de cinquante ans »

25 mai 2023

Je préfère qu’on fasse « une pause » si tu veux bien…

Alors qu’il présentait à l’Elysée son plan de « réindustrialisation », le 11 mai dernier, le Président de la République française, Emmanuel Macron, a lancé vouloir faire « une pause » dans l’adoption de nouveaux textes environnementaux – au niveau européen – afin de préserver les acteurs locaux soumis à une concurrence dont les normes sont beaucoup moins contraignantes, la Chine par exemple. « Une pause » qui a fait beaucoup réagir la classe politique y compris au sein de l’Union européenne. En effet, nombreux s’interrogent sur la déclaration du chef de l’Etat. Venant à sa rescousse, c’est la première ministre, Élisabeth Borne, suivie de près par une petite armée composée d’une dizaine de ministres, qui a voulu minimiser l’impact de la déclaration jupitérienne lors de son discours sur Planification écologique devant les membres du Conseil national de la transition écologique (CNTE), le 22 mai. Il s’agit en effet de ne pas en faire plus, sans pour autant en faire moins. Encore faut-il atteindre les engagements pris précédemment en la matière ? Rappelons que le paquet énergie-climat adopté en 2007 devait permettre aux Etats membres d’atteindre, en 2020, le triple objectif d’une réduction de leurs GES de 20 % par rapport à leurs niveaux de 1990, des économies d’énergie de 20 %, mais aussi une part de renouvelable devant franchir – a minima – la barre des 20 %, avec un chiffre arrêté à 23 % pour la France. Si, sur 27 Etats membres, 26 ont tenu leurs engagements sur le renouvelable, la France est en bas de classement, avec une part dans le mix de 19,1 % à cette échéance. Et ce n’est pas fini ! Pour se conformer à ses engagements européens, la France doit réduire ses émissions de dioxyde de carbone (CO2) de 50% d’ici à 2030 par rapport à 1990 afin d’arriver à 270 millions de tonnes équivalent CO2 (MteCO2), contre 408 millions en 2022. Soit une baisse deux fois plus importante dans les huit prochaines années que celle réalisée en plus d’une trentaine d’années. D’accord pour la pause Monsieur Macron, mais attention car le point de rupture est proche !  

« Le Senat donne au gouvernement le pouvoir de suspendre les décisions de l’Anses »

Le 23 mai dernier, soit seulement quelques jours à peine après la déclaration du président de la République, le Sénat a adopté un texte permettant, entre autres mesures, au ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire de suspendre l’interdiction de pesticides décidée par l’Anses, tout en autorisant leur pulvérisation par drone ! Cela « après avoir réalisé une balance détaillée des risques sanitaires, environnementaux et de distorsion de concurrence avec un autre État membre de l’Union européenne, et évalué l’efficience de solutions alternatives ». Une faveur dont le Senat aurait pu s’émouvoir, mais qu’il a pourtant décliné, préférant « construire avec l’Anses une stratégie sur les produits phytosanitaires qui ne soit pas seulement la stratégie de l’analyse scientifique, mais celle de la transition » et surtout de la fin des distorsions de concurrence entre Etats membres. « Si des pesticides sont interdits en France et pas dans les 26 autres pays, qu’est-ce que j’ai gagné ? Serait-ce à dire que les 26 autres pays se moquent de la santé des gens ? Quel jugement d’arrogance ce serait de dire ça », ajoute le ministre de l’agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Marc Fesneau. 

Alors on avance ou on recule ? Plus près de chez nous, la filière Cognac est engagée dans une démarche collective de viticulture durable et s’est fixée comme objectif de certifier l’ensemble des exploitations d’ici à 2028. Dans ce contexte de « pause environnementale », que va-t-on dire aux professionnels de Cognac qui investissent leur temps, leur argent, qui se forment, etc. ou à ceux qui souhaitent sauter le pas ?

Exergue : « Le développement durable n’est ni une utopie ni même une contestation, mais la condition de survie de l’économie de marché », Louis Schweitzer.

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