Un Orage d’Une Rare Intensité

18 mars 2009

La Rédaction

grle_4_opt.jpegLe mercredi 28 mai, en fin de soirée, une averse de grêle d’une rare intensité s’est abattue sur six ou sept communes du canton d’Archiac, touchant un peu plus de 450 ha de vigne. C’est sans doute l’épisode le plus grave d’un printemps 2008 « pourri » où grêle, eau, vent, tempête occasionnèrent des « frappes chirurgicales » un peu partout. Une autre zone a été très éprouvée par la grêle : le vignoble de Saint-Sornin, en Haute-Charente.

Les temps changent, même au niveau atmosphérique. Ces fameuses « pontoises », orages de grêles qui, de mémoire d’anciens, de Pons fondaient sur la vallée du Né, ne font plus recettes. Contrevenants à tous les usages, c’est de Jonzac, du sud – sud-est, qu’est venue l’averse de grêle qui, une heure avant la tombée de la nuit, a touché environ 450 ha de vignes sur les communes de Celles, Lonzac, Saint-Martial-sur-Né, Sainte-Lheurine, Jarnac-Champagne, Germignac, Cierzac. Une réplique, de moindre intensité, s’est abattue le samedi suivant sur Archiac, Arthenac, Saint-Palais-du-Né, occasionnant des dommages sur une quarantaine d’ha. Reste que l’épisode du mercredi 28 a marqué les esprits. « On n’avait jamais connu ça » raconte Jean Miot, l’ancien maire de Saint-Martial-sur-Né, qui qualifie l’accident atmosphérique « d’inédit ». Un orage d’une telle intensité, il ne s’en souvient qu’en 1950. Les viticulteurs localisent son épicentre sur les lieux-dits de Gribaud et des Varennes, commune de Saint-Martial-sur-Né. Mais de gros dégâts se constatent aussi aux abords du village de Celles. L’orage de grêle a duré dix minutes-un quart d’heure, avec des grêlons gros « comme des marbres », jetant 5 cm de grêle dans les cours de ferme. Le lendemain, à midi, une couche de grêlons persistait au fond des fossés. Au stade boutons séparés-début floraison, la vigne a beaucoup souffert, grle_2_opt.jpegavec parfois 10 à 15 impacts de grêle sur les entrecœurs. Les premières estimations donnaient, « à la volée », de 30 % à 99 % de dégâts. Certains viticulteurs ont été touchés sur plus de la moitié de leur vignoble. « C’est d’autant plus rageant, disent-ils, qu’une année comme celle-ci, il fallait produire. » Dans ce contexte, l’intérêt de la réserve climatique saute aux yeux de tous. « Quand on pense à tout ce qu’on a jeté ! » L’incidence économique, les viticulteurs l’attendent cette année mais aussi l’an prochain : problème de trésorerie, « trou » dans le roulement des eaux-de-vie, taille plus courte… Un jeune nouvellement installé se demande s’il ne va pas interrompre son chantier d’installation d’une chaudière Cognac. Coût total de l’investissement : 150 000 € entre le matériel et le bâtiment. Réflexion d’un autre : « Même si on n’a pas de stock derrière, les annuités continuent de courir. » Le 5 juin, Jean-François Berthelot, secrétaire général de la FDSEA ainsi que le président cantonal d’Archiac, Jean-Claude Lorion, ont organisé une réunion à la mairie de Saint-Martial. Une soixantaine de viticulteurs y assistaient. L’action syndicale vise non seulement à présenter à la DDAF un état circonstancié des dégâts mais aussi à étayer un dossier de demande d’aides. Certes, en tant que risque assurable, la grêle ne relève pas de la procédure des calamités agricoles. Par contre, légalement, il est possible de bénéficier d’un dégrèvement des impôts fonciers. Par ailleurs, des démarches individuelles vont être initiées auprès de la MSA, des banques pour obtenir prises en comptes, décalages de charges… Les viticulteurs sont repartis de la réunion avec des imprimés à retourner en mairie ou via leurs responsables syndicaux.

Viticulteur à Saint-Martial, lui aussi très affecté par les dégâts de grêle, Dominique Barribaud a relaté la solidarité qui a joué en Alsace l’an dernier. Le 20 juin 2007, un terrible orage de « fin du monde » détruisait 70 à 80 % de la récolte d’une région. Par le canal de l’Association des viticulteurs d’Alsace – le Syndicat viticole du cru – la profession viticole s’était organisée pour mettre en relation offreurs et demandeurs de raisins. « La filière charentaise serait-elle capable d’un tel élan de générosité ? » s’interrogeaient des viticulteurs.

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