Une première journée encourageante

18 mars 2009

La Rédaction

photo_25.jpgMini-Salon le 19 mai dernier pour les vignerons bio des Charentes à la Maison des viticulteurs de Cognac. Si la première édition n’a ramené dans son filet que quelques cavistes et restaurateurs (le public visé), les vignerons bio ont l’intention de récidiver l’an prochain. En apportant sans doute quelques aménagements à leur manifestation. En ce qui concerne la convivialité, pas d’inquiétude, elle était bien au rendez-vous.

Sur les 1 500 invitations envoyées, seulement une dizaine de cavistes et restaurateurs s’étaient déplacés à la journée des produits bio de la vigne. « Si l’on considère l’objectif premier, nous n’avons pas été bons » reconnaît en toute honnêteté Jean-Gabriel Beillard, l’animateur de l’association Viti-bio. « Par contre, ajoute-t-il aussitôt, cette manifestation a permis de rassembler des gens qui nous soutiennent financièrement. En terme d’image, elle s’est traduite par des retombées positives et d’autres exemples prouvent qu’il faut du temps pour qu’une initiative de ce genre trouve sa vitesse de croisière. » Si le principe d’une nouvelle journée bio est acquis pour l’an prochain, des aménagements seront sans doute à trouver. Pourquoi inscrire nécessairement la journée durant la semaine du Printemps bio alors que cette date ne fait pas forcément écho dans la région ? N’y aurait-il pas intérêt à jouer date commune avec d’autres formations – les Vignerons indépendants par exemple – pour drainer le maximum de contacts sur la journée, dans le respect de l’indépendance de chacun ? En ce qui concerne la convivialité, il convient de ne surtout rien changer. Dans la salle de réception de la Maison des viticulteurs, les vignerons bio étaient aux coudes à coudes, suffisamment proches pour créer un effet de nombre parmi leurs invités et suffisamment différents l’un de l’autre pour que la personnalité de chacun s’exprime. Visite guidée (non exhaustive).

Marie-Lise Aubinaud, viticultrice bio à Champmillon (domaine de la Petite Chapelle)

De son pétillant de raisin au Cognac « Impériale », elle en parle beaucoup mais n’en dit pas trop. On saura seulement qu’il titre 13,5 %, comme le Champagne. C’est une création de l’an 2000, qui vient s’ajouter à la gamme des vins de pays rouge et rosé et du jus de raisin. Alors qu’elle exerçait une activité totalement extérieure à la viticulture, M.-L. Aubinaud a appris les métiers de la vigne. Son viatique : pouvoir tout faire et montrer que l’on sait faire.

Jean-Luc Bellet, viticulteur bio à Bardenac

Sur sa commune, il ne reste plus que 35 ha de vignes. Entre Chalais et Brossac, il fait partie, avec quelques autres, de cette escouade de viticulteurs des confins, qui, ne l’oublions pas, sont aussi les premiers ambassadeurs de la région viticole, car aux avant-postes de l’aire délimitée. La première impression du vignoble de Cognac, c’est à eux qu’on la doit. D’où l’envie de dire que ces viticulteurs mériteraient mieux que l’ignorance dont parfois on les tient. Quoi qu’il en soit, J.-L. Bellet met tout en œuvre pour ne pas se faire oublier. Du 17 juillet au 18 août, il propose tous les week-ends (V.S.D.), non-stop de 15 heures à la nuit, une visite de sa ferme. On y trouve entre autres des Cognac, Pineaux rouge et blanc « non bio », du jus de raisin bio, un Sauvignon bio et bientôt un vin rouge bio.

Biocéan, le vin de la coopérative des Vignerons bio

Eric Berthonnaud, le président de la coopérative des Vignerons bio des Charentes, a toujours un petit air désarmant, comme pour s’excuser de ne pas être totalement là où on l’attend. Le conformisme n’est pas sa tasse de thé. Des vins de la coopérative, vinifiés par la cave du Liboreau dans des conditions bien précises d’identification et d’isolement, est née une gamme composée de vins rosés et blancs, bientôt rejoints par du rouge. Un vin sans soufre va aussi être commercialisé, pour répondre à une demande, notamment américaine.

Jacques Brard-Blanchard, viticulteur bio à Boutiers

N’ayons pas peur des mots. C’est « la » référence bio en Charentes, de par son antériorité mais aussi de par l’excellence de ses produits. Monsieur a raflé la médaille d’or au Concours général agricole 2003 pour son VSOP, comme il avait déjà empoché celle de 2002. Une médaille d’or deux années de suite et à la « loyale » entre bio et conventionnels. Qui dit mieux ! De quoi faire tomber en tout cas la vieille idée reçue selon laquelle « le bio, c’est moins bon ». J. Brard-Blanchard, toujours très « zen » dans ses propos, s’explique. « C’est vrai que chez les bio comme chez les conventionnels, il peut y avoir des problèmes mais il ne faut pas tirer de quelques cas une généralité. Au départ, nous avons déjà une matière première de meilleure qualité. Si nous la suivons bien, ce peut être très bon. Quand j’ai commencé, il y a trente ans, j’ai commis quelques erreurs de parcours. Et puis avec le temps, on se trompe un peu moins. Un feuillage correct permet d’arriver à une maturité correcte. L’an dernier par exemple, au mois de septembre, mes vignes étaient très vertes alors qu’à côté, le mildiou avait sévi. Quelque part, ça fait plaisir, non pas que je me réjouisse du malheur du voisin mais plutôt d’avoir contrôlé la situation en bio. » Alors que la fabrication de Cognac bio semble encore poser des problèmes à certains, J. Brard-Blanchard n’a jamais ressenti de tels interdits. « Du Cognac bio, on peut en faire » affirme-t-il. Dans son cas, voilà plus de 20 ans qu’il en produit, lorsqu’au 1er Salon Marjolaine, il s’est aperçu que les marcs de Bourgogne voisinaient avec les marcs du Jura ou du Sud-Ouest. Pourquoi pas le Cognac !

Roland Seguin, viticuteur bio à Villars-les-Bois

Un autre « dinosaure » du bio en Charentes. Sa conversion remonte à 1982. Sur son tarif, s’affichent pas moins de 29 propositions, mariant les contenances, couleurs ou qualités des vins, Pineaux, Cognacs. « Pros » du bio, Roland Seguin et sa famille sont aussi des « pros » de la vente directe, qu’ils pratiquent depuis des décennies.

Jean-François Rault, distillerie du Peyrat à Houlette

Il s’appelle Méloa, c’est un cocktail à base de pamplemousse rose et de Cognac. Lancé depuis plus d’un an, le cocktail de François et Sonia Rault a obtenu la médaille Saveurs Poitou-Charentes 2001 dans sa catégorie. La distillerie du Peyrat propose du pétillant de raisin et va bientôt sortir un Cognac VS en bio ainsi qu’un VSOP.

Alain Chadutaud, viticulteur bio à Bourras

Après ses trois années de conversion, il a obtenu le label bio pour la récolte 2002. Pour l’instant il commercialise un jus de raisin gazéifié et du vin rouge bio, à partir d’un encépagement varié (Merlot, Cabernet, Pinot noir, Gamay). Si son VSOP est non bio (eaux-de-vie bio encore jeunes), il va pouvoir élaborer du Pineau bio dès la prochaine récolte.

Jean-Paul et Marie-Claude Seguin, à Marsac

Sur la ferme des Chenvriers, on cultive non seulement de la vigne mais aussi des céréales en agriculture biologique. Des chambres d’hôtes sous le label « Accueil paysan » complètent le dispositif.

Cognac Lafragette Pure Organic – Société L & L

A l’intérêt porté pour les « marchés de niche » la société L & L ajoute le soin consacré au packaging. C’est un peu sa marque de fabrique. La bouteille de Cognac Pure Organic brillait par un design très contemporain. Le flacon dédié au Pineau des Charentes s’inscrit dans la même veine. D’ailleurs les deux bouteilles se ressemblent, à quelques nuances colorielles près. Comme pour le Cognac, la société de négoce a choisi de travailler pour le Pineau avec quelques viticulteurs, avec qui elle a mis en place une politique de vieillissement. « Dans la planète bio, le Pineau des Charentes trouve plus facilement sa place que le Cognac qui reste perçu comme un alcool fort » indique Patrick Léger, directeur du site de Cognac et bras droit de Jean-Paul Lafragette en terre de Charentes. Le marché bio s’ouvre mais très lentement au Pineau et au Cognac. Si le rayon « vin bio » est dorénavant perçu comme une obligation par la grande distribution classique, elle hésite pour les alcools. « Elle est encore prête à faire l’impasse. » Reste en France les circuits spécialisés (comme Naturgie qui distribue la marque Michel Montignac) ou le réseau Biocoop, premier réseau français de magasins et supermarchés de produits bio. A l’étranger, une demande existe dans les pays scandinaves – Finlande, Danemark, Norvège –, un peu en Angleterre tandis que le marché américain (sur la côte ouest notamment) s’ouvre mais reste difficile.

Jean-Luc et Marie-Françoise Pasquet, viticulteurs bio à Eraville

Jean-Luc Pasquet serait plutôt du genre MacGiver, version pied de vigne. Il invente, il essaie, il transforme. Son mousseux bio mélange deux cépages – Ugni blanc et Montils – et deux années, 1997 et 1999. Rien que de très classique. Plus innovant déjà, ces deux produits de liqueur à la framboise, qui s’appuient sur du jus de raisin parti en fermentation, dont on arrête la fermentation avec du Cognac et que l’on fait macérer avec des framboises. Mais sa prouesse technique, son bâton de maréchal (jusqu’à la prochaine création), il le tient avec Raisignac, du jus de raisin muté avec du Cognac comme du Pineau mais à faible degré (11 % d’alcool). Suivent une gazéification, une pasteurisation et il en résulte plein de senteurs nouvelles. Au dire de son inventeur « c’est aussi bon que le Pineau champagnisé mais moins méchant ». J.-L. Pasquet et son épouse exploitent 7,5 ha de vignes déclarées en bio depuis 1995. Ils disent l’avoir fait « pour la santé de la vigne ».

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