A Bordeaux, lors de la délivrance du DNO (Diplôme national d’œnologie), le 4 juillet dernier, toute la communauté du vin avait adressé un amical salut à Denis Dubourdieu (voir Paysan vigneron n° 1179. La maladie l’a emporté le 26 juillet. Denis Dubourdieu avait 67 ans. Né à Barsac, dans cette région du Bordelais vouée aux vins blancs liquoreux (Barsac, Loupiac, Sauternes), issue d’une famille de viticulteurs, il sera successivement ingénieur agronome, œnologue, professeur d’œnologie. En 1982, sa thèse de doctorat porte sur la composition macromoléculaire des vins liquoreux. En 2009, il fondera et deviendra le directeur de l’Institut des Sciences de la Vigne et du Vin (ISVV). Exerçant toujours ses fonctions à la tête de l’Institut, le professeur Dubourdieu se préparait à la retraite.
L’œnologue est non seulement un enseignant et un pédagogue mais aussi un praticien. A la tête d’un vignoble de 135 ha, composé de plusieurs châteaux (Chateau Doisy-Daëne, Chateau Reynon, Chateau Cantegril…), il dirige ses domaines en vigneron. Il déploit également une importante activité de consultant, en France et à l’étranger. Commentaire d’un de ses confrères – « C’était quelqu’un de libre dans son discours et, dans le monde actuel où prime l’approche commerciale, cette liberté de ton était remarquable. » Par ses recherches, il fera avancer la vinification en blanc. Ses travaux portent tout particulièrement sur les arômes du Sauvignon. Ce qui lui vaut le qualificatif « d’homme des Sauvignons » ou encore de « pape de la vinification en blanc ». Un autre œnologue se souvient – «Il m’a fait prendre conscience que faire du vin, c’était faire de la science, avec sérieux. Cela a donné un sens à ma carrière. »