Voulues Par Les Producteurs Eux-MÊmes

12 mars 2009

photo_3516.jpgMarc Feugnet, de Rouillac, préside Cap 16, la Coopérative agricole porcine de la Charente mais aussi l’interprofession régionale porcine. Il fut l’un des moteurs des démarches « qualité » en Poitou-Charentes. Des démarches qualité non pas subies par les producteurs mais voulues par eux-mêmes pour s’interposer à l’arbitraire de leurs acheteurs.

 

Le départ de ces démarches, Marc Feugnet le situe il y a une douzaine d’années, au début des années 90, à une époque où rien n’incitait encore à prendre d’assaut la forteresse qualité, dans ses aspects traçabilité ou sécurité alimentaire. Dès cette époque pourtant, les éleveurs contestent de plus en plus les classements effectués par les abattoirs. A base d’appréciations visuelles et de pesées approximatives (1 kg n’équivaut pas toujours à 1 000 grammes), ces contrôles ne présentent pas tous les gages de sérieux. Les producteurs se sentent floués. Sur le grand Ouest (Bretagne, Pays de Loire, Poitou-Charentes), ils créent Uniporcs, une coopérative chargée d’effectuer la pesée-classement. Révolution dans les abattoirs qui voient d’un très mauvais œil arriver des intrus dans leur univers. Il ne fait pas toujours bon dans les ateliers de découpe. Des couteaux sont lancés sur le sol par les ouvriers. Nouvelle « agression » de la part des producteurs quand ceux-ci recrutent sur fonds d’élevage deux ingénieurs qualité qu’ils installent au cœur même du process, dans les abattoirs de Celles-sur-Belle et de Saint-Maixent. Les producteurs en ont assez de se voir adresser des reproches à longueur d’année alors que l’hygiène n’est pas toujours au rendez-vous. Les ouvriers fument, leurs bottes ne sont pas toujours propres… De cette première incursion dans le domaine de la qualité, va naître tout un mouvement, dont l’une des illustrations sera en 1992, le Porc de la Frairie, première marque de porcs certifiés en France. Pourquoi une certification plutôt qu’un label ? Pour pouvoir entraîner plus de gens. Et pourquoi la Frairie ? Parce qu’à Rouillac et ailleurs, la frairie est synonyme de fête au village, comme le jour de la cuisine de cochon. Il faudra de nombreuses réunions pour faire passer l’idée d’un cahier des charges, non seulement aux éleveurs mais aussi aux techniciens du groupement. Entre-temps, l’élevage en Poitou-Charentes aura accompli sa mutation. De dix groupements porcins, et autant de groupement bovins, ce nombre aura été réduit à trois groupements porcins (un seul en Charente) et deux groupements bovins. A la certification « Porc de la Frairie » va se greffer d’autres cahiers des charges, comme celui du jambon de Bayonne. Marc Feugnet explique par quel mystère l’IGP (indication géographique de provenance) du jambon de Bayonne a droit de cité en Poitou-Charentes. On le doit à une bizarrerie de l’histoire, d’où la vigne n’est pas étrangère. « Après le phylloxera, dit-il, la région avait perdu ses paysans. Des migrants venus de Vendée ou du Pays de Loire vont la repeupler, emmenant avec eux leurs vaches. A l’époque, le beurre et le fromage ne valorisent qu’un tiers du lait. Le petit lait sert à l’alimentation des cochons. Mais où trouver les porcelets ? Il se trouve qu’entre Bayonne, Dax et Tarbes, il existe une longue tradition de naisseurs. Les paysans partent avec leurs charrettes vendre leurs porcelets sur les marchés. Un courant d’échange va s’instaurer entre le Sud-Ouest et le Poitou-Charentes, qui vaudra à la région de se retrouver dans la zone de production du jambon de Bayonne. Par contre l’affinage et la fabrication du jambon de Bayonne sont circonscrits à quatre cantons autour de la côte basque.

Une lourde baisse des prix

Le porc va mal. Début avril, son cours est passé sous la barre d’un euro le kg (6,30 F). Il y a deux ans, il valait le double (autour de 13 F le kilo). Comment en est-on arrivé là ? Les explications sont multiples mais on assiste actuellement à une diminution générale de la consommation de la viande (6 à 7 % de perte), corrélée à une légère reprise de la viande bovine (+ 6-7 %) . Dans ce contexte, la consommation de viande de porc a reculé de quelques points. Et encore ne parlera-t-on pas de la concurrence des volailles brésiliennes, qui arrivent en Europe à des prix sacrifiés ou de la perte de contrôle des prix à la grande distribution. Les quatre grands groupes à la manœuvre s’octroient des marges aberrantes de l’ordre de 50 %. Il n’en fallait pas tant pour déréguler une filière porcine sans filets protecteurs (pas de système de stockage aidé), où le plus léger excédent se répercute automatiquement sur les cours. Ces cours sont fixés deux fois par semaine sur le marché au cadran de Plerin en Bretagne pour une viande base 54 (54 % de taux de muscle). Ils sont censés refléter le marché, même si de grosses structures ne passent plus au cadran. Les hausses comme les baisses sont limitées à 40 c par cadran mais comme il y a deux marchés par semaine, les choses peuvent aller très vite. La profession porcine n’a pas d’autres choix ! Elle compte sur les prix pour épurer la situation, en clair que les cours bas ramènent les consommateurs vers l’achat de viande de porc et ce malgré les marges captées par la grande distribution.

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