Entre 0,5 et 3 hl ap/ha. C’est le stock moyen de réserve climatique des crus de la région délimitée Cognac. Des provisions qui aideront bon nombre de producteurs à l’heure du bilan de la récolte 2017. La démarche de déblocage est sécurisée afin d’éviter les risques de dépassement de rendement liés aux erreurs de calcul. Dans des cas spécifiques de besoin de trésorerie ou de mise en stock précoce, le déblocage pourra être conduit de façon anticipée, c’est à dire avant de connaître les quantités réellement mises en œuvre. Une procédure délicate à manipuler avec précaution pour éviter les non-conformitées aux règles de l’appellation.
« La première année de mise en place du dispositif, nous avons constaté 300 erreurs de calcul qui ont conduit à des dépassements de rendement. Une bonne part était liée au calcul de sortie de réserve climatique. » interpelle Céline Rayer du BNIC à l’occasion de la journée du courtier. Des écarts généralement mineurs mais qui impliquent systématiquement la mise en place de la batterie de mesures prévues par le plan de contrôle de l’appellation. Pour éviter ces désagréments, le BNIC a mis en place une démarche sous la forme d’aller-retour documentaire avec le viticulteur.
Cas particulier : La sortie de réserve avant la fin des mises en œuvre.
Nombre de viticulteurs sinistrés par le gel, auront besoin en 2017 de ne pas attendre que la totalité de leurs vins soient achetés ou distillés pour pouvoir débloquer leurs réserves. Des situations souvent justifiées par les besoins de trésorerie ou les cas de stockage en chais collectifs.
C’est une procédure à manipuler avec précaution avertissent les personnes en charge de la gestion de la réserve climatique. En cas d’erreur sur le calcul du rendement, le viticulteur se retrouve « sans filet » et risque de se voir appliquer les sanctions prévues par le cahier des charges, à savoir, une diminution proportionnelle de la production pour la récolte suivante ou l’obligation de détruire les quantités excédentaires.
Le BNIC recommande aux producteurs concernés par un déblocage précoce de faire leur demande dès que la déclaration de récolte est validée. Les quantités mentionnées sur la déclaration étant indicatives, il conviendra de solliciter le déblocage d’un volume correspondant à une valeur estimative plutôt élevée. Lorsque le BNIC aura approuvé la demande, 2 cas de figure se présenteront :
Si le déficit n’est pas comblé par le stock en réserve : il n’y a pas de risque de dépassement de rendement et le viticulteur peut expédier la totalité de sa réserve.
Si la réserve est suffisante pour combler le déficit : il est recommandé de ne pas expédier la totalité des volumes libérés tant que les chiffres définitifs de l’écoulement des vin ne sont pas connus et vérifiés.
Dans tous les cas, le chiffre définitif qui entérinera le déblocage de la réserve sera celui qui est mentionné sur la déclaration de fabrication valant revendication. Il ne peut, en aucun cas être supérieur à l’autorisation du BNIC, mais il est tout à fait possible de l’ajuster à la baisse si nécéssaire.
L’exemple de Mr Duboifin :
Mr Duboifin a déclaré un volume de vin mis en oeuvre 1000 hl à un degré moyen de 8% vol sur 10 ha
(8 hl ap/ha).
Il sollicite le déblocage de 40 hl ap de sa réserve (4 hl ap/ha) avant que ses vins ne soient distillés.
Le BNIC valide ce chiffre et Mr Duboifin vend aussitôt 25 hl ap de réserve.
Quelques semaines plus tard, à l’enlèvement des vins, le TAV constaté est de 8,5%vol au lieu de 8% vol.
Le volume maximum à sortir de la réserve était donc 35 hl ap au lieu de 40 hl ap.
Au 30 avril 2018, Mr Duboifin mentionnera sur sa déclaration de fabrication le volume effectivement débloqué à hauteur de 35 hl ap.
Il conservera donc les 5 hl ap de différence pour les récoltes futures.
L’avis des experts
Faut-il tout débloquer en cas de récolte déficitaire ?
Pascal Godeau. Conseiller d’entreprise CER France. Agence de Saintes
La réserve climatique s’est rapidement imposé comme un outil indispensable pour le pilotage des exploitations cognaçaises. A la base, elle est sensée préserver les viticulteurs « coups durs » comme le gel ou la grêle mais, dans la pratique, elle permet parfois de parfaire des productions dites « régulières ». C’est en particulier les cas des exploitations qui peinent à atteindre les rendements importants des dernières années en raison du vieillissement et de la mortalité des vignes.
Traditionnellement dans la région, les stocks d’eaux de vie racises non-engagés, permettaient de générer des liquididés en cas de coup dur. Mais aujourd’hui, ces stocks se font rares. Il devient alors indidspensable d’associer la climatique aux outils classiques d’assurance pour garantir la régularité des revenus des exploitations dans le temps. Pour le millésime 2017, nous recommandons de débloquer le maximum possible mais il faudra analyser au cas par cas s’il est pertinent en terme de fiscalité de tout vendre sur un même exercice. Il faut être prudent car nous savons que le plus délicat à gérer dans les aléas de récolte, c’est la récurence.
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