Malgré son enthousiasme et la participativité de son équipe, la coopérative des Coteaux de l’Angoumois, trois ans après son lancement, se heurte toujours aux exigences de la communauté de communes de Châteauneuf. Pour débloquer la construction d’un bâtiment relais, les élus lui réclament de trouver 20 ha supplémentaires. Parlant de conseil communautaire, Gensac-la-Pallue a annoncé son intention de se retirer de la communauté de communes de Grande Champagne. Motif : une divergence de vue sur le soutien de la collectivité publique à la diversification, via l’ACV. Après avoir engagé les producteurs à planter à 5 000 pieds/ha et malgré un contrat qui les liait pour dix ans, le négociant bordelais CVBG a rompu ses relations avec le club Phénix. Raison invoquée : le manque d’enthousiasme des viticulteurs charentais pour les vins de pays. Ces quelques exemples illustrent la difficulté de la diversification charentaise à trouver son rythme de croisière. Pourtant les problèmes n’empêchent pas le courage et la foi dans l’avenir chez ceux qui font le choix de la diversification. Et il y en a, nombreux, en commençant par tous les viticulteurs engagés dans les différentes structures déjà citées, Coteaux de l’Angoumois, ACV, association Phénix. Tous témoignent d’une grande lucidité et en même temps d’une ferme détermination. Sans croire aux miracles, s’ils s’engagent, c’est pour aller au bout de leur démarche.
Coteaux de l’Angoumois : une détermination tÊtue
« Il faut arriver à la faire vivre, cette coop ! » On sent chez Eric Montigaud, le jeune président de la coopérative des Coteaux de l’Angoumois, une détermination têtue, de cette sorte d’entêtement qui vous fait vous dépasser pour aller au bout de vos rêves. La vingtaine d’adhérents avait rêvé d’une « vraie » coopérative fonctionnant en autonomie, indépendante de tous partenaires extérieurs, où les apporteurs ne seraient pas de simples livreurs de raisins mais des cogérants, intervenant sur toutes les décisions, du travail à réaliser en passant par la politique tarifaire, le choix de l’étiquette ou de la bouteille. Et ils y sont arrivés. L’Angoumant, le vin de la coopérative, est en passe d’être reconnu. Au concours des vins de pays charentais, il a obtenu, en rouge, une grappe d’argent et en rosé une grappe de bronze. Pas si mal quand on démarre de zéro. E. Montigaud parle de la bonne cohésion des membres, du partage des compétences, de l’apport des stages suivis en commun. Mais ce travail de qualité a réclamé beaucoup d’efforts, d’aucuns diront des sacrifices. C’est là que l’on retrouve le sang, la sueur et les larmes de W. Churchill. Au nom de la « philosophie » de la cave, les adhérents ont décidé de concéder 8 jours par an à la coopérative. Certains tiennent leur engagement, d’autres moins et d’autres encore font pratiquement leurs 8 jours dans le mois. C’est peut-être pour cela que le président parle « d’aventure humaine pas facile », une expression où se mêle à la fois le sentiment de participer à quelque chose d’exceptionnel et la difficulté à faire vivre cette belle idée. Mais comme « on a rien sans rien », tous ces efforts seraient vite oubliés si la coopérative n’avait aujourd’hui le sentiment de buter contre un mur. Alors que le terrain vient juste d’être acquis sur la zone d’emploi de Hiersac, à proximité de la R.N. 141, la communauté de communes de Châteauneuf pose une nouvelle condition à la mise à disposition d’un bâtiment relais sous forme de location-vente : que la coopérative trouve 20 ha supplémentaires. A ce jour, les Coteaux de l’Angoumois collectent entre 40 et 50 ha alors que, c’est vrai, les prévisions de départ étaient plus proches des 100 ha. Mais la montée en puissance des plantations a été plus lente que prévu, la structure n’échappant pas à ce qu’il faut bien appeler « l’essoufflement des vins de pays ». Sous l’argument de devoir « rendre des comptes à la collectivité publique », les élus pointent la difficulté d’une petite structure à amortir des frais fixes comme ceux d’une station d’épuration ou d’un conquet. Pour atteindre la taille critique minimale – que d’aucuns fixent autour de 100 ha – une solution pourrait être le partage d’un bâtiment avec une autre structure. Si cette idée peut paraître séduisante à première vue, certains n’omettent pas de soulever les difficultés pratiques de mise en œuvre, voire la philosophie différente qui peut animer deux structures. Pour l’heure, les adhérents de la coopérative des Coteaux de l’Angoumois ont un peu l’impression que les élus jouent « au chat et à la souris » avec eux. Tenue par la promesse de la collectivité territoriale d’acquérir le terrain de Hiersac, qui présente d’indéniables atouts, la coopérative n’a pas cherché ailleurs de position de repli. Cependant, on lui met de nouveaux bâtons dans les roues alors que son dossier suit son cours et que les subventions pour l’achat de cuves commencent à tomber (cuves inox pour les rouges, fibres pour les blancs). Pour vinifier ses vins, la coopérative a trouvé des solutions palliatives (vinification chez un adhérent, Alain Vergnion, sur la commune de Saint-Saturnin) mais cette situation ne saurait s’éterniser, surtout quand le rythme de croisière sera atteint, autour de 3 500 hl vol. La cave avait parlé de rémunérer ses adhérents 30 000 F l’ha. Aujourd’hui, elle serait plus proche de 25 000 F l’ha même si elle ne désespère pas d’arriver un jour à l’objectif qu’elle s’était fixé. Son magasin de vente, ouvert à Hiersac en mars 2002, fonctionne bien. En six mois, la moitié de la récolte 2001 a été vendue, soit 500 hl. La même tendance se dessine pour la récolte 2002, sauf que la coopérative produit moitié blanc, moitié rouge et que le rouge part mieux que le blanc (6-7 bouteilles de rouge pour 2 de blanc). Les prix de vente au magasin s’établissent à 3,20 euros pour les blancs (Sauvignon, Chardonnay) et à 4,5 euros pour les rouges élevés en fûts de chêne. La cave vend aussi des bag in box et du vin de table en vrac, à 1,30 euro le litre.
ACV : un dossier passionnel
Soumise au vote de l’assemblée communautaire, la décision de construire le bâtiment a été prise à la majorité. La procédure de soumissionnement des travaux est engagée et l’ouverture des plis prévue fin mai. Les nouvelles installations devraient être prêtes pour les vendanges 2003 même si l’on risque d’être une nouvelle fois « ric-rac » au niveau des délais. Ce faisant, la commune de Gensac-la-Pallue a demandé son retrait de la communauté de communes de Grande Champagne. Pourtant, on ne saurait aussi facilement faire sécession d’une structure intercommunale. Le retrait est soumis à une procédure très verrouillée. Dans un premier temps, deux tiers des élus doivent se prononcer favorablement (la réunion du conseil communautaire de Grande Champagne est prévue le 25 mai). Et si tel est le cas, les textes prévoient une consultation de la population, où, là aussi, deux tiers des électeurs doivent dire oui au retrait. Si Michel Baldacchino ne nourrit pas de doutes sur le résultat de la première consultation (le vote des maires), il assure qu’il n’en restera pas là. « Si la communauté de communes vote non au retrait, ce qui est probable, nous agirons en conséquence. Quand on parle de démocratie et de redonner du pouvoir aux maires, il n’y a pas de meilleur moyen de le prouver. L’idée que l’on cherche à nous garder uniquement pour l’argent n’est pas acceptable. »
Club Phénix : il ne renaîtra pas de ses cendres
(1) Communauté de communes de Grande Champagne : Ambleville, Angeac-Champagne, Criteuil-la-Magdeleine, Gensac-la-Pallue, Genté, Juillac-le-Coq, Lignières-Sonneville, Saint-For-sur-le-Né, Saint-Preuil, Salles-d’Angles, Segonzac, Verrières.
Cave du Liboreau
Départ de Michel Not
Michel Not vient de quitter la cave du Liboreau. Arrivé il y a un peu plus de deux ans et demi à Siecq, cet homme du Sud – il est originaire des Corbières – a fait toute sa carrière dans le monde de la coopération viti-vinicole, d’abord dans sa région d’origine puis en Champagne où il travaillait dans un très gros groupe coopératif, spécialisé dans la fourniture d’appro. C’est le tandem Jean-Yves Marilleau/Michel Not, associé au tandem Henri Jammet/François Bonnin qui s’est occupé de mettre en place l’union commerciale entre les deux caves. Au Liboreau, cet accord s’est notamment traduit par la montée en puissance des produits embouteillés. Pour autant, les marges ont-elles toujours été au rendez-vous ? En tout cas, Michel Not, âgé de 56 ans, a fait l‘objet d’un licenciement économique. Henk Alferink l’a remplacé en tant que responsable commercial de la cave. Comme la qualification de son poste le laisse entendre, H. Alferink a clairement été recruté sur sa fibre commerciale. Ce cadre de 37 ans vient de la société cognaçaise CCG (Cie commerciale de Guyenne) où, depuis 13 ans, il animait une zone export. D’origine hollandaise, marié et père de trois enfants, Henk Alfering parle l’anglais et l’allemand en plus de sa langue natale et du français. Dépourvu de toute culture coopérative, le cadre commercial ne s’occupera pas, au moins dans un premier temps, des relations avec les adhérents, cet aspect étant directement assumé par le conseil d’administration. Pour l’heure, le nouvel arrivant s’imprègne des relations commerciales en cours, sachant qu’une marge de manœuvre existe pour développer les ventes.