Bernard Lucquiaud reçoit les insignes de chevalier dans l’ordre national du mérite

13 mars 2009

Entouré de ses amis, Bernard Lucquiaud a reçu chez lui les insignes de chevalier dans l’Ordre national du mérite. Décernée par Dominique Bussereau alors qu’il était ministre de l’Agriculture, cette distinction lui a été remise le 4 octobre dernier par Jean Vincent Coussié, ancien directeur de la coopérative Unicoop.

 

dcoration_lucquiaud_opt.jpegBernard Lucquiaud a présidé le Comité national du Pineau de 1983 à 1986. C’est officiellement à ce titre que la République l’a distingué. Mais cette récompense dépasse le strict cadre de l’interprofession du Pineau. En fait, la décoration honore une carrière de 39 années au service du Cognac, du Pineau et plus généralement de la viticulture charentaise. C’est aussi, comme l’a rappelé J.V. Coussié, une manière de rendre hommage à une lignée d’hommes entreprenants, les Lucquiaud. C’est en août 1929, au cœur du marasme économique, que le grand-père, Pierre-Lucien Lucquiaud, fonde avec quelques viticulteurs de Grande Champagne la Coopérative de Cognac et des vins charentais, ancêtre d’Unicoop et, plus loin, de H. Mounier. Cet homme cultivé – il lisait Goëthe dans le texte – est aussi un « hyper-actif » avant l’heure. Il crée un journal, Le Paysan, dote la coopérative d’équipements, la lancera bientôt sur les marchés. Ayant besoin de crédits pour financer l’achat de ses premières eaux-de-vie, il fonde avec ses partenaires viticulteurs la caisse de Crédit agricole du pays de Cognac en 1930. Chaque administrateur s’engage personnellement à hauteur de 125 000 F auprès de la Banque de France. Rigueur, intuition, perspicacité seront quelques-uns des traits marquants du personnage. Son fils, Pierre-Jean Lucquiaud, le rejoint quelques années plus tard à la coopérative. Alors que le commerce des eaux-de-vie s’avère toujours très difficile, son père lui transmet une consigne simple : « Je te donne 50 hl de Cognac à vendre ; tu reviendras quand tu les auras vendus ! » Devenu directeur de la coopérative, Pierre-Jean Lucquiaud sera à l’initiative du rachat de la marque Prince Hubert de Polignac et fera preuve de vista en anticipant la délocalisation des chais de Cognac hors de la ville. La propriété du Laubaret, acquise dans les années 60, abrite aujourd’hui toute l’activité de la société H. Mounier. En 1965, Bernard Lucquiaud intègre la coopérative, dirigé à l’époque par Jean Vincent Coussié. Diplômé de l’université de Cambridge, maîtrisant parfaitement la langue anglaise, le jeune homme se révèle un fin négociateur, particulièrement doué pour le commerce. Devant un parterre déjà acquis à la cause, J.V. Coussié a réhabilité la fonction commerciale au sein de l’entreprise. « On a trop tendance à penser, en France, que pour être un bon commercial, il suffit d’avoir un bon bagout et surtout se souvenir que 2 + 2 = 5. Quelle erreur manifeste ! Tous ceux qui ont pratiqué la vente savent qu’on ne vend pas un produit mais qu’on cherche à le faire acheter. Un acheteur n’achète pas sans confiance. » Globe-trotter infatigable, Bernard Lucquiaud effectuera plus de mille voyages professionnels pour défendre les produits de la société partout dans le monde. Directeur commercial France-export, sa vie – et celle de sa famille – se rythme au gré de 15 jours de voyage pour 15 jours à Cognac. A la longue, résister à une telle alternance réclame une belle énergie et un courage certain. Bernard Lucquiaud n’en manque pas, il le prouvera. Ardent défenseur de la marque de Pineau Reynac, il participe de façon déterminante à l’ouverture du marché belge. Des Belges avec qui il se sent des affinités, tout comme avec les Anglo-Saxons, ses interlocuteurs préférés dans le monde des affaires. Les Russes, il les trouve sympathiques. Les Japonais sont plus énigmatiques. Quant aux chinois, « ils sont redoutables. Ils ne cèdent sur rien. Mais ils méritent notre respect. Ils domineront le monde ». On n’arpente pas impunément la planète des vins et spiritueux pendant plus d’un quart de siècle sans se constituer un solide carnet d’adresses doublé d’un réseau relationnel et amical dense. En 1996, B. Lucquiaud visite le groupe de distribution américain Sydney Franck, société qu’il connaît bien. Sydney Franck en personne lui confie rechercher une Vodka française. Ce sera le point de départ de la saga Grey Goose. Alors que la coopérative Unicoop est au bord du gouffre, la mise au point de la Vodka à Gensac-la-Pallue, grâce à un travail d’équipe, contribuera au sauvetage de la coopérative. Huit années plus tard, Sydney Franck vendra la Vodka Grey Goose au groupe Baccardi pour la somme de 2 milliards de dollars, signant là un des « jackpots » les plus ébouriffants de l’histoire des spiritueux.

Alors que sa décoration lui était remise le jour de son anniversaire, le 4 octobre, Bernard Lucquiaud a chaleureusement remercié les amis qui l’entouraient, qui avaient tous répondu présents à son invitation. A ses côtés son épouse Françoise, sa mère, ses filles Laetitia et Virginie.

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